Démences et maladie d’Alzheimer
Théorie / Aspects théoriques
Le cadre de référence de ce travail se base sur la théorie de soins du Caring développée par Jean Watson en 1979. Cadette d’une famille de 8 enfants, elle est née en 1940 en Virginie où elle a grandi. Elle a obtenu son baccalauréat en sciences infirmières et psychologie, une maîtrise en soins infirmiers psychiatriques et santé mentale, puis un doctorat en psychologique de l’éducation et counseling de l’Université du Colorado. Elle est par la suite devenue professeure à l’Ecole des sciences infirmières de l’Université du Colorado et a publié d’innombrables travaux décrivant sa théorie du Human Caring. Celle-ci permet d’humaniser les soins de l’infirmière. Durant toute sa carrière, elle s’est montrée très investie pour le transfert des savoirs en soins infirmiers au sein de différents pays et universités (Alligood, 2014, pp. 79-81). Sa théorie s’appuie sur le processus du Care qui se définit comme un processus de devenir pour le patient et l’infirmière impliquant ainsi la volonté de chaque participant (2002, cité dans Meleis, 2011, p.171). Les patients et les infirmières sont des humains en devenir qui coexistent de manière commune selon un rythme constitué. Ils se retrouvent dans un même environnement où leurs actions sont réfléchies afin de partager leurs responsabilités. [traduction libre] (Meleis, 2011, pp.171-172)
De plus, différents concepts majeurs dont les dix facteurs caratifs constituent sa théorie. Watson les a développés en « processus caritas » qui permettent d’élargir ces concepts à une dimension spirituelle et aux aspects d’amour et de Caring. [traduction libre] (Alligood, 2014, pp.79-81) Le terme caritas, provenant latin, définit un élément précieux et fragile qu’il faut chérir. Par ces processus caritas, Watson voulait exprimer une connexion fondée sur la pratique des soins infirmiers, la théorie du Caring et le concept universel d’amour (cité dans DiNapoli, Nelson, Turkel, & Watson, 2010, pp.15-16). Les facteurs caratifs, qui ne seront pas présentés dans ce travail, ainsi que les dix processus caritas guident la pratique infirmière et permettent de fonder une démarche soignante s’intéressant aux expériences humaines (voir Appendice B) (Cara & O’Reilly, 2008).
La relation de Caring transpersonnelle est un autre concept majeur de la théorie de Watson et se définit comme une forme de connexion entre l’infirmière et le patient s’appuyant sur des valeurs humanistes. « Le but de cette relation est de protéger, améliorer et préserver la dignité humaine, l’intégralité et l’harmonie de la personne soignée » (Cara & O’Reilly, 2008, p.39). Le point fort de ce concept vise à comprendre la signification propre au patient quant à la représentation de sa santé et d’en tenir compte lors des soins (Cara & O’Reilly, 2008). Chez le résident dément, il est difficile de comprendre sa propre signification des soins bucco-dentaires en raison de son déclin cognitif important. Cependant, la théorie permettra d’intégrer les proches, afin de mieux connaître ses expériences passées. Chaque moment d’interaction entre l’infirmière et la personne soignée est un moment de Caring soit un moment d’échange d’humain à humain. Cette théorie serait alors optimale dans une institution, car les infirmières sont régulièrement auprès des résidents (Cara & O’Reilly, 2008).
Concepts Notre travail se base également sur deux concepts qui sont le concept d’humanitude et celui de l’approche centrée sur la personne. Ces deux concepts s’intègrent dans la théorie du Caring de Jean Watson de 1979. Le concept d’humanitude a émergé dans les soins en 1989 grâce à Lucien Mias, un gériatre français. Ce concept a été défini par Albert Jacquard (généticien et philosophe français) en 1987 comme étant « l’ensemble des cadeaux d’évolution que les humains se sont faits les uns aux autres au cours des générations, depuis qu’ils ont conscience d’être, et qu’ils peuvent se faire encore en un enrichissement sans limites » (Jacquard, 1987). A partir de ce concept, en 1995, Gineste-Marescotti ont développé une philosophie de soins qui regroupe différents thèmes dont le Caring. Ils la définissent comme « l’ensemble des particularités qui permet à l’homme de se reconnaître dans son espèce, l’humanité, et de reconnaître un autre homme comme faisant partie de l’humanité » (cité dans Formarier, & Jovic, 2012, pp. 312-313).
Le choix de ce concept est pertinent pour ce travail, car il regroupe des aspects de la théorie de soins du Caring, comme l’authenticité de chacun et l’apport de bénéfices mutuels entre chaque participant lors de la relation. Bien que la philosophie de soins de l’humanitude ne soit pas développée dans ce travail, elle porte un intérêt à ce travail. En effet, ses trois composantes (regard, parole et toucher) permettent d’approcher de manière plus humaine une personne âgée atteinte de démence, dans le but d’éviter qu’elle ne se sente agressée par les soins. En effet, chez les personnes démentes, les comportements d’agitation pathologique (opposition verbale ou physique) entravent régulièrement les soins, ce qui augmente alors leur sentiment d’insécurité et la non-compliance aux soins (Gineste, Marescotti, & Pellissier, 2008, pp. 42-55).
Le concept « personne centrée » est le deuxième concept choisi pour ce travail. Il regroupe plusieurs dénominations comme le patient ou client centré et soins individualisés. Il est défini par Kitwood (1997) comme étant un état ou un statut d’être humain conféré par les autres dans un contexte de relations sociales. En 2004, McCormack complète ce concept en lui attribuant quatre caractéristiques qui sont : être en relation (exister au travers de relations avec les autres), faire partie de la société (les personnes sont des êtres sociaux), être dans un contexte (la personnalité de chacun s’articule autour du contexte) et être avec soi-même (la perception de soi découle de la reconnaissance, du respect et de la confiance accordée). Ce concept rejoint la théorie de soins du Caring de Watson développée en 1979 car les relations humaines se construisent sur des processus interpersonnels.
En effet, dans la pratique infirmière, ce concept permet d’établir des relations basées sur le respect mutuel, la reconnaissance de chacun et le partage des savoirs collectifs avec les patients, leur entourage et/ou les professionnels. [traduction libre] (McCormack & McCance, 2010, p. 26-32) Chez les personnes démentes, cette approche est bénéfique car elle permet de préserver leur personnalité en les considérant comme des êtres à part entière. Cependant, cette approche nécessite une formation spécifique et l’apport de connaissances pour les soignants, sinon quoi les résultats ne sont pas concluants (Oppert, O’Keeffe, & Duong, 2018). Une autre étude démontre que l’enseignement et la supervision de cette méthode de soins permet de diminuer significativement l’agitation chez les personnes âgées démentes (Chenoweth et al., 2009). Il est alors judicieux d’utiliser ce concept dans ce travail.
Présentation des résultats
Sonde et al. (2011), ont élaboré une étude qualitative d’un bon niveau de preuves afin de définir le rôle des soignants dans la prise en charge des résidents atteints d’Alzheimer et de décrire les perceptions et raisonnements de l’équipe soignante sur les soins bucco-dentaires. Pour cette étude, neuf soignants puis quatre infirmières diplômées ont été interviewés. Lors d’un premier échange en groupe, trois thèmes sont ressortis : l’art de prodiguer des soins, les obstacles rencontrés et les stratégies pour y faire face. Le premier thème s’articulait sur l’intégrité des résidents et leur bien-être ainsi que sur l’importance des connaissances des diverses démences. Les principales barrières citées par les soignants sont le manque de temps et le refus des résidents. Ce manque de temps entraînait les soignants à réaliser eux-mêmes les soins, privant ainsi le résident de son autonomie.
De plus, cette conséquence générait une frustration pour le soignant. Trois propositions de stratégies ont été émises : la patience, la réalisation du soin avec aide ou l’abandon avec documentation de celui- ci. Les quatre infirmières interviewées ont ressorti deux thèmes principaux : le partage des responsabilités et les frontières entre la santé et les soins réalisés. Les résultats de l’étude ont démontré que la responsabilité des soins bucco-dentaires devait être clarifiée auprès des infirmières. Les aides-infirmières participaient à la réalisation des soins et l’évaluation de l’état buccal des résidents. Les infirmières ont reporté que la responsabilité de ces soins est alors partagée, mais qu’en cas de péjoration, elles se sentaient responsables de la situation. Trois principales problématiques sont ressorties : la responsabilité des soignants, l’absence de protocoles pour l’hygiène buccale et l’absence de lignes directrices pour le partage interdisciplinaire d’informations. Cet article a été retenu car il apporte le point de vue des soignants sur les soins bucco-dentaires (Sonde et al., 2011).
|
Table des matières
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
Remerciements
Introduction
Problématique
Epidémiologie
Démences et maladie d’Alzheimer
Soins bucco-dentaires : conséquences et barrières
Question de recherche
Objectifs
Cadre théorique
Théorie / Aspects théoriques
Concepts
Méthode
Devis de recherche
Base de données consultées
Critères d’inclusion et d’exclusion
Filtres utilisés
Stratégies de recherche
Procédure d’analyse
Procédure d’évaluation
Résultats
Description des études
Présentation des résultats
Perceptions des soignants vis-à-vis des soins bucco-dentaires
Stratégies
Education
Comportements de résistance
Approche centrée sur la personne
Discussion
Education
Stratégies – Protocoles
Comportements de résistance et approche centrée personne
Leadership infirmier
Conclusion
Recommandations
Forces et limites du travail
Références
Appendice A
Appendice B
Appendice C
Appendice D
Appendice E
Télécharger le rapport complet