Dégradation et système d’exploitation des ressources naturelles

L’horticulture

   Cette activité bien que nouvelle, gagne de plus en plus en l’ampleur. Elle est réservée à des types d’exploitants souvent non autochtones. Les « maraîchers du dimanche »comme on les appelle communément viennent acheter de vastes surfaces pour les mettre en valeur.. Ces types d’exploitations se multiplient et la plupart d’entre elles , sont équipées de forages. Ce qui leur permet d’irriguer de vastes surfaces. Ces surfaces sont transformées en de véritables fermes exclusivement vouées à l’agriculture et à l’élevage. La production y est très variée allant des légumes aux spéculations fruitières dont on peut citer : les mangues, les bananes, les oranges, les mandarines, les goyaves, les papayes et les citrons etc.

Évaluation des ressources Hydriques

   L’abondance de l’eau est une particularité de cette zone dite des Niayes. Une nappe moins profonde et des cuvettes remplies en permanence entretenaient les hommes et leurs activités durant toute l’année. Vers l’intérieur, les cours d’eau étaient importants .Selon des témoignages, il se développait, avant les années de sécheresse (avant 1970), des activités agricoles et d’utilisation des ressources naturelles sans que cela n’affectent les ressources et il existait des points d’eau permanents dans toute la zone. Aujourd’hui, la surface d’inondation et le temps de séjour de l’eau dans les mares se rétrécissent du fait de la raréfaction des précipitations ainsi que de l’exploitation abusive des ressources La présence de l’eau a attiré des exploitants de tout genre et toute catégorie. Suivant les moyens d’exhaure dont ils disposent, allant des puits, des motopompes, aux forages, ils exploitent la ressource de manière anarchique. Ces prélèvements entrainent le déstockage des réserves. Le bilan de la nappe semble être négatif puisque depuis quelques décennies, les surfaces jadis inondées ne sont plus atteintes par les crues. Les conséquences sont désastreuses. Le rabattement de la nappe est de plus en plus important Ceci entraine un abaissement du niveau piézométrique. Cet abaissement du niveau piézométrique a pour conséquence l’avancée du biseau salé vers les localités bordant le lac Tanma. A cela, il faut ajouter la forte évaporation en saison non pluvieuse qui entraine l’assèchement rapide ainsi que la salinisation des dépressions et lacs. Cette situation pose un réel problème aussi bien en termes de quantité qu’en termes de qualité de la ressource en eau pour les populations. Les pesticides utilisés lors du traitement des cultures atteignent les eaux des nappes et affectent leur qualité. Pourtant les populations de plusieurs villages utilisent encore pour leur boisson l’eau puisée directement du puits et sans aucun traitement

Le Maraichage dans le village serer de Darou Alpha

   Le village de Darou Alpha est un village sérer établi sur un territoire de 654 ha. Il se situe au sud-est du village peul de Toula (figure 1.12). Il a été fondé en 1927 par un marabout de la confrérie des Tidianes du nom de Serigne Alpha Thiombane ; personnalité religieuse très influente, un érudit nommé représentant de la confrérie Tidianes dans la zone des Niayes dont le village porte le nom. Le village compte 1079 habitants. La population est composée de 44% d’hommes, de 35 % de femmes et 21 % de jeunes (filles et garçons). Il est traversé par la route Thiès-Notto nouvellement bitumée. Les habitants vivent de l’agriculture arachidière, céréalière, et maraichère. Les grandes cultures (mil, arachide) ont régressé du fait de la sécheresse et des oiseaux granivores. Les cultures récentes de manioc et de niébé (haricot) sont souvent détruites par des parasites. L’arboriculture et le maraîchage ont pris le relais. Les plus importantes plantations sont les manguiers et les agrumes. Les plus importantes cultures horticoles sont la tomate, le piment, les choux et l’aubergine. Dans le village et autour, il y’avait une forte colonie de Neocarya macrophylla, de Celtis integrifolia. Aujourd’hui, il ne reste que quelques reliques. En termes de plantations, les populations souhaitent l’apport extérieur de citronniers, de jujubiers et de manguiers. Ils font déjà des pépinières individuelles de manguiers dans les maisons. Parallèlement, il s’y développe des vergers semi industriels à manguiers sur des dizaines d’hectares. L’aviculture est une activité locale qui procure des revenus aux populations qui peuvent aussi réserver une partie pour leur consommation propre et pour l’accueil de leurs hôtes. En termes d’infrastructures, le village est électrifié (mais les lampadaires d’éclairage publique ne fonctionnent plus) ; une borne fontaine fonctionnelle pour l’eau courante existe. Le problème d’eau pour l’irrigation se pose même si des puits sont forés. Le développement de cette activité dans le village sérère de Darou Alpha est lie à la présence du marigot de « cef » (Voir Photo) derrière le village de Darou Alpha .Ce marigot est le lieu de concentration des eaux de ruissellement issues des différentes localités (cf. carte des sols et des cours d’eau). A la fin de l’hivernage, après l’assèchement de la mare, les populations des villages environnants y pratiquent d’intenses activités maraichères. La proximité de la route permet aux populations de cette zone, d’écouler facilement leur production.

Les facteurs naturels de la dégradation des ressources hydriques

   La péjoration des conditions climatiques affecte à tous les niveaux les ressources en eau. Depuis les années 1970, cette zone connait une baisse très sensible de sa pluviométrie. Les précipitations sont devenues rares et irrégulières. De 1970 à nos jours, les totaux pluviométriques ont fortement régressé comme nous le montre le graphique des indices de précipitations annuelles analysés dans la première partie. L’évolution des précipitations dans la région de Thiès montre une opposition entre deux périodes. Une période allant de 1943 à 1970 avec des valeurs de l’indice pluviométrique positives qui s’oppose à une deuxième période allant 1970 à 2004 marquée par des valeurs très négatives de l’indice pluviométrique. Ainsi la comparaison entre ces deux périodes montre que les valeurs des précipitations sont plus importantes dans la normale 1943-1973. Dans cette normale, seules quelques rares années ont des valeurs négatives. Les valeurs négatives sont observées à partir de 1967 alors que dans la normale 1970-1999 l’essentiel des indices ont des valeurs négatives. On y observe quelques rares années à pluviométrie importante comme 1974,1979, 1989 et 1999. Cette évolution témoigne de la baisse drastique de la pluviométrie .Les quantités de pluies reçues n’assurent plus correctement la recharge des nappes souterraines. Plus grave encore, elles ne permettent plus aux cultures sous pluie d’arriver à terme. Les plans d’eau de surface connaissent un tarissement précoce du fait de la forte évaporation.

Les facteurs anthropiques de la dégradation des ressources hydriques

   Pour la dégradation des ressources hydriques, ils peuvent être liés à l’action anthropique si l’on sait que la diminution des espèces végétales de la couverture végétales peut entrainer une faible évapotranspiration et par conséquent la pluviométrie. Il faut aussi citer parmi ces facteurs de dégradation anthropique, l’usine d’eau minérale « Fontaine» de Thiaye qui puise son eau à partir d’une source participant à l’alimentation souterraine du lac Tanma. Cela contribue au tarissement précoce du lac.

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Table des matières

Introduction générale
Définitions de quelques concepts
Première Partie Présentation de la zone d’étude
Chapitre I : le cadre physique
I. I. Le Relief
II. La trame Géologique
III. Les données Géomorphologiques
IV. Les Types de Sols
VI. La Faune
VII. Les Eaux Souterraines
VIII .L’Hydrographie
IX. Le Climat
Chapitre II: Le Cadre Humain
I L’Histoire du Peuplement
II. Les Données Démographiques
III Les Activités
V. Les Contraintes
Deuxième Partie Les ressources naturelles et la dynamique d’exploitation
Chapitre I: Evaluation de l’état des ressources naturelles
Chapitre II ; Unités d’occupation-utilisation des sols
Chapitre III : LA Dynamique du maraichage et de l’arboriculture
Troisième Partie Dégradation des Ressources Naturelles et perception paysannes
Chapitre I : Les Facteurs de Dégradations
1. Les facteurs naturels
2. Les facteurs anthropiques
Chapitre II. L’impact du maraîchage dans la dégradation des R .N
Chapitre III Perception paysanne et lutte
Conclusion générale

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