Soutenance mémoire
La Commune de Notto Gouye Diama regorge des ressources hydriques et pédologiques très importantes. Ses potentialités étaient visibles à travers l’affleurement de la nappe phréatique (céanes) avec la présence de mares jusqu’à 1975. La présence de dépôts tourbiers renforçait les potentialités pédologiques des dépressions inter-dunaires riches en espèces végétales. Les crises cycliques de sécheresse ont amenuisé de manière exponentielle ces ressources. En 2000, les étangs de surface temporaire en saison sèche ont disparu. Les effets sont ressentis à travers la détérioration du couvert végétal, de reliques forestières au niveau des zones déprimées. Les reliefs sont presque dépourvus de végétation fixatrice des particules sableuses. Il s’ensuit un dépôt important de flux détritiques qui participent à la disparition des zones tourbières. Un déséquilibre s’opère au niveau des horizons supérieurs du sol et un nouveau processus morphodynamique s’opère. En outre, la sécheresse (02j/ 10 par an en moyenne) réduit la capacité de recharge des nappes. Les voies d’écoulement d’eau douce souterraine sont occupées de plus en plus par les eaux salées. La proximité de l’océan renforce cette prédisposition de recharge en eau salée des nappes.
Ainsi, un phénomène de salinisation affecte les eaux qui deviennent de moins en moins propices aux espèces horticoles cultivées du fait de l’augmentation de la teneur en sel. L’accroissement des besoins d’irrigation du fait de la sécheresse et de l’augmentation des besoins de la population augmente les pressions.
Dégradation des ressources pédologiques des dépressions interdunaires
Le processus éolien dans la commune de Notto se rapporte à la capacité notoire du vent à transporter des hautes terres (dunes) des particules sableuses et leur dépôt dans les dépressions inter-dunaires. Ces zones déprimées constituent les surfaces immédiates que surplombent les dunes d’où un transfert rapide des particules sableuses. L’efficacité de l’action éolienne est tributaire aussi de la position géographique du Notto, du déséquilibre installé par les cycles répétés de sécheresse aboutissant à une disparition de la végétation qui cède la place à des terrains sableux soumis au joug des vents. Actuellement, ce phénomène s’accélère sous l’emprise de la pression anthropique sur les ressources naturelles.
Un déséquilibre pédologique permanent
Le constat fait sur la dégradation et l’altération répétée des ressources pédologiques dans les dépressions inter-dunaires de Notto provoque une amplification de ce phénomène. Elle semble atteindre actuellement un mouvement de non-retour. Cette activité modifiante du relief est la résultante de facteurs naturels et anthropiques.
Les causes naturelles de l’érosion éolienne
Les causes naturelles sont l’ensemble des facteurs ayant une origine naturelle et qui exclut toutes actions anthropiques. Les causes les plus remarquables sont liées à la position géographique qui entraîne une intensification des vents. Il s’ensuit une modification des structures originelles des Niayes dues aussi au changement climatique. Ce dernier agit sur la réduction du couvert végétal et de surcroît l’écran protecteur du sol.
La position géographique de la Commune
Les Niayes sont une caractéristique majeure de la grande côte. Le système dunaire a subi pendant des ères géologiques des transformations mineures sous l’action du vent. Actuellement, la disparition complète de forêts couvrantes ce relief, a entraîné une intensification de l’action des vents (Alizés et Harmattan) qui sont souvent d’origine marine et continentale. Ces vents intensifient la déflation éolienne. L’ampleur et l’efficacité du phénomène éolien sont dues aussi à la présence d’une catégorie de dunes avec une granulométrie très fine des particules de sable.
La détérioration climatique
Depuis 1969, la Commune de Notto connait une longue et intense période de sécheresse sans équivalent dans le passé. La principale remarque est la réduction du nombre de jour pluvieux 2j/10 ans et de l’accroissement du nombre de jours secs 4j/10ans (CABEX et CERAD, 2002). Ces scénarii ont conduit à une disparition totale des zones inondées en permanence, la réduction du couvert végétal et une intensification des vents avec comme corollaire l’érosion et l’ensablement rapide des dépressions.
Les activités anthropiques
La main de l’homme à travers l’activité forestière est la plus notée dans la destruction du couvert végétal qui semble atteindre son seuil. Les inspections effectuées au niveau de ces « Niayes » révèlent des dépressions inter-dunaires où le couvert végétal protecteur a complètement disparu (photos 7 et 8). La pression anthropique qui se manifeste par un surpeuplement des « Niayes ». Ce surpeuplement entraine la non rotation des parcelles de cultures. L’échec de la mise en défens contre le vent est dû au non maintien de ce glacis défensif. Ces facteurs sont à l’origine de l’enclenchement et de l’amplification de l’action érosive.
L’action éolienne, facteur d’une dégradation avancée
Les initiatives de stabilisation des dunes entreprise depuis 1925 au niveau de la grande côte, soutenue et renforcée par l’aide américaine et canadienne entre 1980 et 1985 n’ont pas permis d’atteindre des résultats satisfaisants. Les actions morpho-dynamiques se maintiennent et sont de plus en plus déterminant dans l’avancée du front sableux vers les zones maraîchères (photo 9). Toutefois, une mesure méthodique a été adoptée pour appréhender la vitesse de dépôt des sédiments sableux au niveau des dépressions de certaines localités. La mesure de la vitesse de dépôt des flux détritiques s’est effectuée de manière journalière en tenant compte de certains paramètres à savoir :
– la fréquence directionnelle du vent ;
– la durée journalière en heures des vents efficaces (vents de vitesse supérieure ou égale à 4,1m/s ou vitesse seuil de mise en mouvement de sable). Cette durée est variable au cours de l’année. Ainsi, de Décembre à Mars, cette durée est égale à 12h;
– La vitesse critique de mise en mouvement de particules sableuses (4m/s) ;
– Des trappes sédiments conçues en fonction des objectifs visés sont utilisées au niveau des zones déprimées pour une étude sur le court terme (un jour).
Dégradation des ressources hydriques des dépressions interdunaires
La péjoration climatique s’est accompagnée d’une accélération de la salinisation et d’acidification des parcelles de cultures au niveau des dépressions. Ce phénomène constitue un facteur dégradant de la qualité des sols et par ricochet l’activité maraîchère dans la commune. La salinisation appelée aussi la « mort blanche » est très préoccupante dans la zone, car elle constitue la cause essentielle d’abandon des parcelles et de destruction des cultures.
L’avancée du sel dans les dépressions
La remontée saline vers les horizons superficiels du sol est la conséquence directe de la structure du sol, de la valeur de la pente et des bouleversements pédologiques issus de la sécheresse et surtout de la proximité de l’océan mais aussi de la pression anthropique sur les ressources en eau.
La proximité de la mer
L’étude des axes de drainage de la nappe au niveau des « Niayes » montre une faible pente de l’ordre de 1° à la proximité du rivage dans le secteur de la commune de Notto. Cette tendance faible est favorable à l’avancée vers l’intérieur des terres du biseau salé. La morphologie et la constitution des horizons superficiels du sol favorisent l’expansion horizontale et verticale du sel avec la complicité du climat vers les zones déprimées.
Les causes climatiques
Les dépressions inter-dunaires constituaient le prolongement de l’étendue marine à l’intérieur des terres d’où sa salinisation primaire. Mais la péjoration climatique qui se manifeste par une augmentation du nombre de jours sèche 4 jours/10 ans depuis 2004 et des températures est à l’origine d’un déficit de recharge des nappes superficielles. Les anciens réseaux hydrographiques souterrains, jadis constitués d’eau douce, sont occupés actuellement aux dépens de sécheresses récurrentes par la langue salée. En plus de cette invasion saline, le pouvoir évaporant très important entraîne une remontée par capillarité du sel.
Les causes anthropiques.
La salinisation lente des inter-dunes est due à la morphologie et aux phénomènes naturels. Celle-ci prend des proportions alarmantes dans la commune. Actuellement, elle s’accélère à cause des pratiques anthropiques. Le puisage excessif exercé sur l’exhaure (56,4% en 2012), par l’homme pour ses besoins hydriques, a fini par bouleverser la forme élémentaire du processus de salinisation. Ainsi, nous assistons à une salinisation voire une alcalinisation des dépressions dans la commune. Le piétinement excessif des bovins au niveau des dépressions favorise la salinisation des horizons superficiels du sol. Elle est actuellement une cause d’abandon de parcelle dans les niayes. Toutefois, cette accélération est la conséquence négative des techniques d’irrigation en déphasage avec la qualité d’eau que dispose la commune.
|
Table des matières
Introduction générale
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie
Première partie : Étude du Cadre Physique et des Activités Socio-économiques
Chapitre 1 : Étude du milieu physique
Chapitre 2 : Étude de la population et des activités socio-économiques
Deuxième Partie : Dégradation des ressources pédologiques et hydriques des dépressions inter-dunaires de la Commune de Notto
Chapitre 1 : Dégradation des ressources pédologiques des dépressions inter-dunaires
Chapitre 2 : Dégradation des ressources hydriques des dépressions inter-dunaires
Troisième partie : Système de production, vulnérabilité et réactions face à l’érosion éolienne et la salinisation des dépressions inter-dunaires
Chapitre 1 : Système de production et contraintes
Chapitre 2 : La vulnérabilité à l’érosion éolienne et à la salinisation
Chapitre 3 : Les diverses réactions à l’érosion éolienne et à la salinisation dans les dépressions inter-dunaires
Conclusion générale
Bibliographie
Table de matières
Annexe
