Les écosystèmes de mangrove sont généralement des milieux qui présentent des ressources naturelles et économiques. D’abord elles présentent l’avantage d’être des ressources naturelles qui participent à l’équilibre et au maintien des écosystèmes. Ainsi la mangrove est considérée comme une «formation végétale des littoraux tropicaux faite de plantes qui peuvent s’oxygéner malgré la vase grâce à des racines aériennes (rhizophores) ou creuses (pneumatophores)» (BRUNET R. et al. 1992). Mais elle est tout de même une formation végétale assez complexe et spécifique puisqu’elle ne pousse que dans des eaux où la température et la salinité sont en moyenne équilibrées. Pourtant les mangroves qui sont des milieux peu hostiles, sont présentes un peu partout dans le monde, depuis les zones tropicales jusqu’aux régions subtropicales. Aussi elles sont classées parmi les éléments les plus productifs concernant les écosystèmes littoraux. Quotidiennement ces écosystèmes fournissent des produits et des besoins inestimables aux populations locales. Malheureusement cette superficie occupée par les mangroves ne cesse de connaitre une certaine diminution d’espace. Cette régression est estimée de l’ordre 18,8 millions d’hectares en 1980 et à 15,2 millions en 2005 ; soit une perte d’espace de 3,6 millions d’hectares en 25 ans (FAO, 2005). Cette situation touche pratiquement toute la planète y compris le continent africain qui voit également ses mangroves se détériorer avec une réduction de 510 000 hectares depuis 1980 (FAO, 2005). En effet plusieurs facteurs, que l’on peut résumer en deux, sont à l’origine de ces pertes : D’une part il y’a les facteurs physiques et d’autre part les facteurs anthropiques qui demeurent les plus significatifs. Le Sénégal, situé sur le littoral Ouest du continent africain, présente des mangroves précisément au niveau du delta du Sine-Saloum, de la Petite côte, de Saint-Louis et de la Casamance. Cette mangrove, naguère très riche et développée avait sans conteste un apport économique pour la population locale qui en tirait des bénéfices de divers ordres. La Casamance est une « région » floristique dotée d’importantes richesses naturelles. Sa mangrove est exactement localisée autour du fleuve Casamance. Mais, suite aux différentes menaces qu’elle subit constamment de la part de l’homme et des incidents climatiques que le Sénégal a connu dans les années 1970, la dégradation de la mangrove est devenue une préoccupation majeure, à cause des pertes de superficie que celle ci entraine dans cette partie du territoire sénégalais. La région de Ziguinchor, située au sud du pays, est, depuis plus d’une trentaine d’années, victime d’une crise armée qui a eu des conséquences négatives sur l’économie de la région. A cela viennent s’ajouter les effets de la sécheresse qui augmentent la salinité des terres, ce qui les rend impropres à l’agriculture. Toutes ces circonstances vont sans doute entrainer la baisse des rendements agricoles qui se fait sentir au niveau rural, notamment dans la communauté rurale de Niaguis dont l’agriculture est la principale source de revenus. La communauté rurale de Niaguis est située dans l’arrondissement Niaguis, dans le Département et la région de Ziguinchor. Elle s’étend sur une superficie de 160 km², et se limite au Nord par le fleuve Casamance, au Sud par la communauté rurale de Boutoupa Camaracounda, à l’Est par la communauté rurale d’Adéane et à l’Ouest par l’arrondissement de Nyassia. Elle a également connu les effets nocifs de la crise qui a commencé en 1982. Cette crise a entrainé la réduction de la production agricole et la baisse des terres cultivables à cause de la présence des mines. Tout en affectant leur principale activité les populations se tournent vers la pêche. Hormis la situation conflictuelle à Niaguis viennent s’ajouter les effets du barrage de Guidel qui, depuis son aménagement, a contribué à l’acidification et la salinisation des sols de mangroves. De même la construction de la route reliant Niaguis à Ziguinchor a empiété sur la mangrove la divisant en deux parties l’une riche et l’autre appauvrie en eau ce qui laisse place aux tannes.
METHODOLOGIE
La recherche porte sur la Communauté Rurale de Niaguis, située dans la région de Ziguinchor. L’analyse a pour finalité de réfléchir sur les causes et les conséquences qui pèsent sur la dégradation de la mangrove. Et pour la réussite de cette recherche, il serait plus adéquat de mettre en œuvre une méthodologie qui est un ensemble de procédés agencés pour aboutir à un résultat. Ainsi, il sera tout à fait possible d’organiser le travail autour de trois principaux axes :
● la recherche documentaire ;
● les travaux de terrain ;
● le traitement et l’analyse des données.
La recherche documentaire
La recherche documentaire regroupe essentiellement la revue documentaire et la synthèse bibliographique.
La revue documentaire
Elle est la base de tout travail de recherche qui nous permettra de mieux cerner notre sujet. Cette étape à pour but de faire ressortir tout ouvrage traitant sur mon sujet de recherche. Ainsi dans ce sens, nous avons pu visiter plusieurs centres de recherche tel que l’IRD, la CSE, ENDA, ISE, la bibliothèque universitaire, du département de géographie et de l’IFAN où nous avons eu à consulter des mémoires, des thèses, des livres, des rapports et ouvrages. Aussi nous avons eu à recueillir des données numériques grâce au réseau internet où nous avons consulté des rapports, articles, mémoires et thèses avec le moteur de recherche Google et le site de l’IRD. Tout ceci, nous a permis d’avoir une vue large sur notre thématique et de mieux orienter notre recherche et ce malgré l’insuffisance de travaux portant sur notre zone d’étude. Au sortir de cette étape, on a procédé à une synthèse bibliographique.
– La synthèse bibliographique
Plusieurs études ont été menées sur la mangrove à travers le monde, notamment dans nos pays africains. Cette étape à pour but de faire ressortir tout ouvrage traitant sur notre sujet de recherche. Partant de là, nous avons eu à consulter des mémoires, des thèses, des livres, des rapports et ouvrages. Ce qui nous a permis de faire des synthèses et des solutions par rapport à notre problématique.
En effet, la mangrove est une forêt littorale typiquement tropicale des côtes marécageuses qui vit sur des sols boueux d’alluvions et caractérisés par des ramies aériennes et pneumatophores . Actuellement, elle est fortement éprouvée par des actions humaines mais aussi naturelles. Les effets anthropiques sur la mangrove peuvent s’expliquer par la richesse et la diversité biologique que compose ce dernier. L’homme en tire des produits alimentaires, pharmaceutiques, des colorantes, des tanins, des bois de service, du bois de chauffe et du charbon de bois, matière énergétique de base pour différentes activités domestiques et de petites industries (four à chaux) (A. DOYEN, 1985). Ces besoins croissants menacent l’équilibre de ces zones et le bien être des populations accentué par la poussée démographique contribuant au renforcement du processus de dégradation de l’environnement . La mangrove est l’un des écosystèmes les plus productifs, les plus riches, mais aussi les plus menacés et les facteurs explicatifs à cette dégradation se regroupent autour de deux causes : physique et humaine. Prenant les causes physiques, la dégradation, est liée à la sécheresse qui est évoquée et développée à travers plusieurs articles et ouvrages. En effet, le changement climatique intervenu au cours des années 70 avec une baisse de la pluviométrie et le réchauffement global de la terre a contribué à une augmentation de l’évaporation. La sécheresse a touché l’ensemble du territoire en handicapant plusieurs secteurs. Ses impacts ont été très ressentis en Basse-Casamance. Elle a provoqué une augmentation de la salinité à cause des faibles apports en eau douce. Cette sursalure a des répercutions sur les sols et les végétations qui s’est gravement répercutée sur la mangrove . Avec aussi une remontée de la langue salée qui va envahir les nappes et les vallées dont la salinité est parfois 2 à 3 fois supérieure à l’eau de la mer. Selon C. MARIUS (1979 1985) à partir de ses travaux sur le marigot de Bignona observe la disparition brutale des Rhizophora dans la partie amont des marigots. Ces terrains, presque dénudés et couverts d’efflorescences salines, constituent les tannes. Tout ceci va entrainer un appauvrissement du milieu et une simplification de l’écosystème avec une dégradation de l’environnement de l’amont à l’aval. Ainsi, la sécheresse à conduit à la tannification des zones de mangroves. Les tannes jadis herbus se dénudent à un rythme accéléré. La diminution des apports d’eau douce et la présence de plus en plus nette des eaux salées empêchent le renouvellement de la végétation . Autres des facteurs liés à la dégradation de la mangrove ce sont les facteurs anthropiques. En effet, l’homme est le principal acteur qui intervient dans le façonnement et le maintien de son environnement, de part ces activités. Ceci s’explique par une surexploitation de la ressource à travers les coupes abusives et illégales qui n’ont pas de périodes ni de lieux spécifiques. La coupe des palétuviers est interdite au Sénégal par le Code Forestier National de la loi 98-03 du 08 Janvier 1998 et par son décret d’application n° 98-164 du 20 Février 1998 à l’exception du bois mort dont les populations riveraines ont un droit d’usage. En effet, la mangrove offre une diversité de produits aux populations. Et avec les effets conjugués de la sécheresse et la croissance démographique qui ne cesse de croitre, il est évident que ces derniers se tournent vers la mangrove dont la ressource est gratuite. C’est ainsi que l’exploitation du bois est une activité très développée dans ces milieux, pour le chauffage mais aussi pour la construction car ce dernier est très résistante. En plus, de l’inadaptation des modes d’exploitation des huîtres, et le manque d’application des textes de la législation sur l’écosystème de mangrove, nous avons la crise casamançaise dont les effets induits exercent une pression sur la ressource . Entre autre la surexploitation, l’aménagement des espaces de mangroves contribue à la dégradation. Ces aménagements se traduisent par la construction de routes ou de zones touristiques. A coté de cela, nous avons aussi les politiques d’aménagements effectués à travers la construction de barrages anti-sel pour récupérer les terres gagnés par le sel. Mais ces aménagements vont faillir à leurs missions tout en modifiant le fonctionnement hydrologique des cours d’eau, la qualité chimique des eaux et des sols et la dynamique annuelle des sels . A l’exemple, le barrage de Guidel est construit au niveau du marigot de ce même nom qui traverse Niaguis. Son but était de récupérer un peu plus d’un millier d’hectares de terres rizicoles gagnées par le sel et situées en amont. Mais ce barrage a failli à sa mission.
Ainsi la plupart de ces aménagements ont été abandonnées. Et dans toutes les zones abandonnées on observe une reprise d’Avicennia. A cela, nous avons une forte salinité des sols et des nappes . Aussi, des aménagements pour la riziculture ou l’aquaculture qui font place à la mangrove. Du point de vue de l’aménagement des sols de mangrove, on a un aménagement par les paysans qui aménage pour des fins de riziculture. Tout en aménageant ils coupent les palétuviers et dessouchent leurs racines . La dégradation de la mangrove estimée à 0,8%/an a évidemment des conséquences sur mangrove comme sur l’homme. Parmi lesquelles nous avons une diminution des superficies de mangrove. Selon le service des eaux et forêts de Ziguinchor, 48% de la superficie de la région constituée de mangrove correspond aux territoires sur lesquels se trouvent ces écosystèmes et non l’aire proprement dite qu’ils occupent. Par contre, il existe plus de 100000ha de mangrove dont 35000ha classées. Même s’il existe une évaluation ressente et précise de la superficie de mangrove en Casamance force est de reconnaitre qu’elle est fortement dégradée. Cette superficie n’est pas spécifique, elle varie d’un auteur à un autre. Cette régression va contribuer à une réduction du potentiel des ressources ligneuses et halieutiques (poissons, crevettes) entrainant un déséquilibre de la chaîne alimentaire. Aussi, une montée de la langue salée à partir de l’embouchure, provoquant une diminution de la fertilité des sols, le développement des tannes par une régression des palétuviers, une dégradation de la qualité de l’eau et une solidification de la vasière . De plus, une dégradation du cadre de vie des animaux va accentuer la raréfaction de la faune et de l’avifaune, qui vont se répercuter sur la population par une diminution des revenus.
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Table des matières
Introduction générale
Première partie : Présentation de la communauté rurale de Niaguis
Introduction partielle
Chapitre I : Caractéristiques physiques
Chapitre II : Caractéristiques humaines
Conclusion partielle
Deuxième partie : Dégradation de la mangrove
Introduction partielle
Chapitre I : Présentation de la mangrove et son utilité à Niaguis
Chapitre II : Causes de la dégradation de la mangrove à Niaguis
Chapitre III : Conséquences de la dégradation de la mangrove à Niaguis
Conclusion partielle
Troisième partie : Stratégies de gestion et de conservation de la mangrove
Introduction partielle
Chapitre I : Les stratégies développées par les populations
Chapitre II : Le rôle des pouvoirs publics et mesures à envisager dans la lutte contre la dégradation de la mangrove
Conclusion partielle
Conclusion générale
Bibliographie
Annexe
Table des illustrations
Table des matières