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CADRE THEORIQUE ET DISCUSSIONS CONCEPTUELLES
Mots clés: recompositions territoriales – espace – territoire – dynamique urbaine – centre/périphérie – gestion et gouvernance urbaine – décentralisation – aménagement du territoire – développement territorial.
La Recomposition désigne la reconstruction, la transformation ou encore le renouvellement d’un espace. On pourra ainsi visualiser l’espace dans sa morphologie et ses évolutions. En ce sens, le dictionnaire LAROUSSE (2009) définit la recomposition comme étant une « restructuration sur des bases nouvelles, c’est-à-dire le changement de l’ordre naturel des données ». En effet avec la dynamique urbaine on assiste au renouvellement du paysage urbain, des modes de construction, la création d’activités nouvelles et de l’émergence de nouveaux acteurs. En conséquence s’y ajoutera sans doute la multiplication des besoins croissants en équipements urbains.
En outre, la recomposition territoriale est analysée d’après certains auteurs commeKabata à partir des changements sociopolitiques et économiques exercés sur le territoire. Selon l’auteur, l’examen des politiques économiques et les stratégies d’adaptation des acteurs sont à l’origine de la recomposition territoriale qui est matérialisée souvent à travers un schéma montrant l’évolution spatiale à l’exemple du Congo Kinshasa au cours de ses quarante dernières années. L’auteur avance la thèse selon laquelle les mutations spatiales sont influencées par des forces politiques, socio-ethniques et économiques. Ces forces entrainent la transformation des structures territoriales dont il importe d’analyser l’évolution.
Cette analyse entre dans le cadre de notre étude qui consiste à voir l’impact des transformations socio-spatiales sur un espace urbain.
Dans plusieurs espaces, les recompositions territoriales en cours exigent d’interroger les notions d’espace et de territoire pour une meilleure connaissance des différents enjeux nés de leur transformation.
De l’espace au territoire
L’espace peut être définie comme « un système hiérarchisé complexe, composé d’un nombre impressionnant d’éléments de différentes natures qui réagissent les uns sur les autres ».
Ainsi, Alain Plésiat (1997) , montre à travers un schéma, comment la société produit l’espace. En effet, c’est à partir du milieu naturel que la société produit d’autres espaces structurants. C’est le cas des espaces économiques à l’instar les espaces de la production économique (zones industrielles), de liaison ou de transport. La société produit aussi les espaces de consommation (habits, centres commerciaux, équipements publics…) ou encore des espaces abstraits de gestion à partir de la gestion sociétale. Cet espace fait référence au découpage administratif, cadastre, mais aussi les espaces symboliques et de représentation comme les monuments ou les espaces portant les mémoires de l’histoire. A partir de ces instants, cet espace fait l’objet d’appropriation par la société. En ce sens, H. Lefebvre (1974), considérait l’appropriation comme « la transformation d’un espace naturel afin de servir les besoins et les possibilités d’un groupe ».
L’espace devient ainsi socialisé et approprié. A partir de ce moment l’espace devient un territoire. En allant plus loin dans la réflexion, on peut dire qu’il fait aussi l’objet d’identification par la société. Celle-ci s’y identifie en marquant son territoire. La délimitation administrative des pays en constitue un exemple. Ainsi, la société façonne l’espace . CE concept d’ « appropriation » est aussi souvent utilisé pour apporter des éclaircissements sur le concept de « territoire ». Celui-ci peut renvoyer aux domaines décisionnels et organisationnels ainsi qu’aux représentations sociales. Une réflexion plus poussée sur le concept est nécessaire pour une meilleure compréhension du sujet.
Le territoire
La notion de « territoire » a fait l’objet de nombreuses interrogations partagées par les sciences sociales. En effet, géographes, sociologues, économistes, etc donnent des visions multiples et diverses sur cette notion.
Depuis quelques années, le territoire est placé au cœur des préoccupations des géographes ainsi que tous les acteurs de développement. Défini comme étant une portion humanisée de la surface terrestre, il est aussi perçu comme « un nouveau paradigme de développement »17. En effet, le territoire, est selon Lardo et al (2001) « un espace socialisé, c’est-à-dire approprié, organisé, qui a du sens et qui donnent du sens à ceux qui vivent ou qui exercent des activités, et pour qui ceux qui ne sont pas du lieu, présentent une spécificité ». Ainsi, le territoire constitue un support des activés et s’il est bien organisé, peut être générateur de revenus. Il s’est imposé en économie du développement ces dernières décennies et a largement pénétré la sphère politique dans le temps, par le biais notamment de programmes de développement.
En outre, le territoire est analysé comme étant une projection « d’un système d’intentions humaines sur une portion de la surface terrestre » (Raffestin 1986). Ces intentions peuvent être des projets multiples et divers sur le territoire en vue d’un développement. En ce sens, les recompositions territoriales constituent souvent l’aboutissement ou le résultat d’un changement du système d’intentions dont le territoire fait l’objet. En effet, « le territoire est le champ d’un système d’intentions en activité » (Offner et Pumain, 1996). Le renouvellement d’un système d’intentions peut entraîner des recompositions territoriales dans la mesure où on assiste à une modification du territoire qui change de limites ou de contenus. Ces systèmes d’intentions ne sont-ils pas une manière de s’affirmer par le fait de l’appropriation du territoire par la société ?
En s’appropriant un territoire, la société l’investit de significations et de représentations. Dès lors, cette appropriation de l’espace aboutit à l’émergence d’une identité territoriale.
Selon Mathis Stock19, l’identité territoriale n’est pas seulement liée à un seul lieu d’ancrage des individus par exemple, habiter, travailler ou tout simplement évoluer dans son lieu d’origine ou de naissance. Mais elle est liée à la mobilité géographique et la pratique des lieux. Concernant la mobilité géographique, le phénomène de migration des populations vers les villes constitue un exemple. La population qui se déplace vers les villes s’adonne à la pratique des lieux dans l’espoir de trouver de meilleures conditions d’existence. Ainsi c’est à partir de la pratique des lieux que la société marque encore son identité par rapport à un nouvel espace. Par ailleurs une forte identité territoriale peut conduire vers une territorialisation. Celle-ci est définie comme étant un processus de construction d’un projet de société de territoireEn. ce sens, la territorialitéest selon G. Di Méo (2004) « une relation individuelle et/ou collective dans un rapport complexe au (x) territoire(s) qui se construit à partir d’un système de relation existentielle, des espaces vécus et perçus et des référentiels représentés d’échelles multiples de formes territoriales. »
La pédologie
La commune de Keur Massar fait partie du domaine éco-géographique des Niayes qui est composé des dépressions inter-dunaires et une succession de dunes. L’ensemble des dunes reposent sur un substratum marneux couvrant tout le département de Pikine. Entre les dunes se trouve une série de lacs asséchés et de bas-fonds très fertiles appelés « Ndiayes ». On distingue des sols dunaires ou sols Dior qui sont ferrugineux tropicaux non lessivés favorable à l’activité agricole et l’habitation ; les sols halomorphes qui se caractérisent par la présence des eaux et les sols hydro-morphes marqués par la saturation des eaux soit par engorgement permanent en profondeur du lac soit par engorgement temporaire. Ces types de sols sont très favorables à la culture maraichère et à la floriculture.
Aux environs du lac Mbeubeuss, se trouve une zone marécageuse et la présence de sols salés et hydro morphes autour de celui-ci.
Un climat favorable
Le climat est de type subcanarien; il est sous l’influence des facteurs géographiques et atmosphériques. Il y a la présence d’un alizé maritime de décembre à juin, d’où l’existence d’une fraîcheur et d’une humidité quasi permanente et relativement forte. Le régime des vents est marqué par l’influence prédominante de l’alizé. Ce dernier est issu de l’anticyclone des Açores.
La pluviométrie
La pluviométrie est caractérisée par une durée relativement courte de l’hivernage, variant entre trois et quatre mois de juin à octobre. En effet l’isohyète moyen annuel dans la commune de Keur Massar s’inscrit entre 400 et 500mm/an pour une saison pluvieuse de trois mois. La pluviométrie est marquée, d’une part, par une inégale répartition dans le temps et dans l’espace et, d’autre part, par la faiblesse des quantités d’eau.
CADRE HUMAIN
Historique
Crééen 1987 par les lébous, Keur Massar est l’une des 16 communes d’arrondissement de la ville de Pikine. Elle est située à l’entrée de la presqu’ile du Cap_ vert, à l’est de Dakar. Elle couvre une superficie de 25 km² et compte aujourd’hui 201653habitants.34
Keur Massar a d’abord été occupé par les familles à majorité Olof, lébous et hal pular depuis trois décennies. De plus en plus le village s’agrandit avec l’arrivée de nouveaux venus à l’exemple des migrations d’agriculteurs et éleveurs entrainent l’évolution de la population autour du village traditionnel.
Le phénomène d’urbanisation des années 1990 est aussi un fait important car elle est la cause de l’extension de Dakar et de Pikine jusqu’aux villages traditionnels. Cette transition de la population du centre vers le village traditionnel de Keur Massar a fait naitre des nouvelles zones de peuplement comme les parcelles assainies Malika, les cités Ainoumady, de SCI BASSE, de la coopérative de la gendarmerie, de la coopérative des gardes pénitenciers, de SCI Darou Salam et des parcelles assainies Keur Massar.
Les caractères sociodémographiques de la commune de Keur Massar
La population de la commune de Keur Massar est caractérisée par une évolution sans cesse croissante de la population. Celle-ci se distingue par un certain nombre de caractères qu’il importe d’analyser.
Cette analyse de la structure démographique de la population de Keur Massar exige de prendre certains variables comme l’âge, le sexe, l’ethnie et la situation matrimoniale pour mieux caractériser la population.
L’analyse de la structure par âge des CM.
En ce qui concerne la structure par âge, la figure 1 nous montre une population moyennement jeune : 38% sont âgées entre 35 à 44 ans ; 30% sont âgées entre 45 à 59ans. 20% sont âgées entre 60 et plus tandis que 10% seulement sont âgées entre 25 à 34 ans. On remarque une petite minorité des plus jeunes de moins de 25ans. Ceci s’explique par le fait que les personnes interrogées constituent pour la plupart des chefs de ménages.
La population de la commune de Keur Massar est essentiellement dominée par le groupe des hal pulars (43%) suivie des wolofs (23%) et ensuite des sérères (20%). Le groupe des hal pulars est composé de toucouleurs et peulhs. Ils sont pour la plupart, originaires du Fouta sénégalais attirés et encouragés par l’installation de leurs compatriotes appartenant au groupe des déguerpis, d’autres sont originaires de la région de Kolda et des guinéens. Le groupe wolof est constitué principalement de lébous (7%), population autochtone des villages traditionnels. Les lébous sont les premiers habitants de Keur Massar. Ils se sont implantés dans le village traditionnel qui s’est peu à peu élargi pour donner d’autres quartiers environnants. Une autre partie de l’ethnie wolof concerne des premiers arrivants déguerpis des quartiers de la ville de Dakar (Médina, Grand Médine, etc) et des migrants ayant quitté les autres régions du Sénégal à la suite des 13 années de sécheresses qui ont frappé le pays pendant au moins 33 ans (1970 et 2003). Aujourd’hui, la forte présence des wolofs s’explique par le fait qu’ils ont recours aux logements spacieux.
La répartition selon le genre
Les enquêtes effectuées au niveau des ménages nous révèlent une prédominance des hommes par rapport aux femmes. On constate une proportion de 66,7% des hommes contre 33,3% de femmes comme l’atteste la figure 3.
La situation matrimoniale
L’état matrimonial a sans doute des implications sur les transformations profondes de la société compte tenu de leur effet sur la fécondité. Force est de reconnaitre que le mariage demeure le cadre privilégié de la procréation à laquelle la société sénégalaise attache une valeur particulière. Malgré la délicatesse du sujet, on a pu avoir des informations sur l’ensemble des personnes interrogées dont la majorité est déjà dans les liens du mariage (86,7%) comme l’indique la figure 4. Le reste constitue le groupe des célibataires (8,3%) et des veufs (5%).
ANALYSE DES CARACTERES SOCIO- ECONOMIQUES DES MENAGES
Cette analyse nous permet de pouvoir dégager les caractéristiques qui fondent la situation économique des ménages.
Niveau d’instruction des ménages
L’analyse du niveau d’instruction des ménages (figure 5) décèle une population dont le niveau dominant est le cycle primaire avec une proportion de 30%. Les personnes ayant le niveau du cycle secondaire représentent 16,7%, le cycle supérieur est fixé à 15% et le cycle moyen est de 11,7%. Par contre, les personnes ayant aucun niveau d’instruction sont évaluées à 21,7%, ce qui représente une proportion assez importante dans un espace urbain.
Cette analyse nous a aussi permis d’étudier la situation actuelle des personnes qui contribuent aux revenus des ménages selon leur niveau d’instruction et de dégager les liens entre le niveau d’instruction, les activités et les sources de revenu.
Répartition des CM selon leur catégorie socio-professionnelle
Sur le plan professionnel, la figure 6 indique une représentation plus importante des catégories évoluant au niveau du secteur informel avec 28,3%. Cette tendance actuelle est Confirmée par le développement du petit commerce, la multiplication des métiers d’ouvriers, d’artisanat. Le groupe des retraités représente 13,3% tandis-que les 8,3% et 1,7% correspondent respectivement aux groupes des cadres moyens et des cadres supérieurs. Cette faible représentation du secteur formel témoigne de l’insuffisance des opportunités en termes d’emplois mais en même temps peut être dû au manque de qualification des jeunes en raison du faible niveau d’instruction comme l’indique la figure 5.
Analyse du revenu des CM.
La figure 7 montre une population dont les revenues sont relativement faibles. Le montant des revenus pour une bonne part des ménages (17%) est compris entre 50000 et 100000F CFA. 12% gagnent entre 100000 à 150000 et entre 150000 à 200000. Les 10% gagnent un montant compris entre 25000 à 50000 et moins de 10% ont un revenu compris entre 200000 à 400000FCFA. Dans l’ensemble, la figure 7 dégage ainsi une tendance relativement faible des salaires ce qui renseigne sur le niveau de pauvreté des ménages. Parmi les 25% constituant les « non réponses », figurent des personnes qui n’ont pas d’activité de rémunération. Ces personnes constituent pour la plupart des non-actives notamment celles qui n’ont pas d’emploi ou d’activité économique. Elles constituent souvent des retraitées, des femmes ménagères (femmes aux foyers) ou des chômeurs. Ainsi, le revenu des ménages influe fortement sur les conditions de vie des ménages. En ce sens Diop (A) affirme que « La pauvreté croissante des populations aux revenus faibles déteint de manière dramatique sur les conditions de vie des populations »35. Par ailleurs, cette situation peut être un facteur qui influence le choix du type de logement pour bon nombre de ménage.
caractéristiques du logement
L’étude des caractéristiques du logement informe sur les conditions de vie des populations. Malgré la disparition progressive des formes de construction à l’image des cases et des baraques, la majorité des ménages dispose des maisons basses (70%). Les ménages qui disposent des maisons à étage représentent 26,7%. Ceux qui possèdent des appartements représentent 1,7%. La dominance des maisons basses s’explique d’une part le fait qu’elles constituent des maisons familiales relatives à la propriété coutumière et d’autres parts, par la faiblesse des moyens financiers des ménages à pouvoir disposer des maisons à étage. Ces types de maison sont localisés au niveau du village traditionnel, des quartiers de Keur Massar Extention, Darou Missette ou Montagne 1. La majorité des maisons à étage est observée au niveau des nouveaux lotissements notamment les parcelles assainies (de KM) et les nouvelles cités. Ces types de maisons appartiennent aux nouveaux propriétaires qui sont à la recherche de meilleure condition de vie. Ceux-ci construisent pour la plupart des immeubles en étage relatifs en R+. Le tableau 3 donne une illustration de la typologie des maisons.
La typologie des logements nous conduit inévitablement à une analyse des matériaux de construction des maisons. Cette analyse nous permet de voir l’évolution des modèles de construction. Ainsi, la figure 8 met en évidence les types de matériaux utilisés dans la CKM. On remarque que 58% des maisons sont construites uniquement en ciment. D’autres (37%) sont bâties avec du ciment associé aux carreaux pour plus de perfectionnement. Les matériaux de ciment avec bois (3%) et ciment avec marbre (3%) sont très faiblement utilisés. Cette faible représentativité du perfectionnement des maisons trouve son explication sur la faiblesse des revenus qui ne permet pas d’assurer le coût.
Situation économique de la CKM
L’économie de la CKM est marquée par différents types d’activités. Ces activités prédominent essentiellement au niveau du secteur informel qui représente une alternative face à une insuffisance d’offre en emplois. En ce sens le commerce occupe une place importante car constituant l’une des principales ressources de la commune dans la mesure où il génère plus de la moitié de la recette fiscale. Par ailleurs, le secteur de l’élevage est très développé notamment la filière avicole. En outre, l’agriculture dominée par le maraichage est favorisée par un type de sol très fertile. Cependant, elle est fortement menacée par la pression foncière du fait de la croissance urbaine.
Caractéristique du type d’habitat dans la CKM
On distingue deux types d’habitat dans la commune de Keur Massar : l’habitat irrégulier et l’habitat régulier.
L’habitat irrégulier concerne des zones qui n’ont pas fait l’objet préalable d’un plan de lotissement et qui n’ont pas été viabilisées. Elles peuvent également se trouver dans des secteurs qui ne sont pas affectés à l’habitation (par exemple des zones abritant des nappes affleurantes, des zones inondables ou non aédificandies, les quartiers flottants). Ces quartiers qui n’obéissent pas aux normes établies par l’urbanisme posent d’énormes difficultés en matière de gestion environnementale.
Parmi ces quartiers on peut citer Keur qui sont des quartiers non lotis d’assainissement.
Baka, Aladji Paté, Darou Missétte, Médina Kel présentant d’énormes problèmes en matière L’habitat régulier : ce sont des terrains lotis, aménagés et qui disposent parfois un plan d’urbanisme. On peut citer des quartiers comme les parcelles assainies malika et les cités Ainoumady, la Fondation Droit à la Ville (FDV).
En somme, dans la CKM, le caractère sociodémographique est marqué par une population moyennement jeune et dominée par l’ethnie poular. Le caractère socioéconomique est marqué par une population à faible niveau d’instruction ce qui se traduit inévitablement par un manque de qualification pour postuler aux métiers des secteurs formels. Par conséquent une partie de la population se consacre aux commerces informels qui offrent des revenues moyennement faibles. La faiblesse des revenus de la majorité des ménages impacte les conditions de vie. En effet, la majorité des ménages ne dispose que des maisons faites à partir d’une architecture simplifiée et modeste. On constate que la majorité des immeubles à étages avec un type de construction moderne et sophistiqué appartiennent aux nouveaux arrivants, notamment des migrants internes de la période de 2010 à 2015. Par ailleurs, on a pu constater que La CKM se caractérise aussi par un type d’habitat irrégulier qui pose des problèmes de gestion socio-environnementale. Ces types d’habitats résultent d’un long processus d’urbanisation qu’il importe d’étudier son évolution.
LE PROCESSUS D’URBANISATION DE LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
C’est surtout après l’indépendance que l’urbanisation s’est accélérée au Sénégal avec une concentration de la population au niveau du centre et dans la partie ouest sous l’influence de divers facteurs. Cette concentration s’est de plus en plus accentuée créant une expansion urbaine fulgurante posant un problème de gestion des espaces urbains.
Dans un contexte de contrôle de l’urbanisation par les autorités administratives qui essaient d’apporter des solutions aux encombrements humains de Dakar et opter pour une urbanisation rationnelle, le déguerpissement de certaines populations de Dakar vers Pikine, a été une des mesures prises. Une partie de cette population est accueillie au niveau des villages traditionnels qui s’étendront progressivement. Parmi ceux, il y a celui se trouvant à Keur Massar qui est actuellement soumise à la mutation progressive de sa structuration et de sa morphologie sous l’effet de la croissance urbaine.
Le contexte dans lequel s’inscrit cette dynamique urbaine est lié d’une part au phénomène migratoire interne et d’autre part à l’accroissement démographique. Elle s’est faite de façon progressive entrainant des changements sociaux et spatiaux. Le village traditionnel constituant le noyau originel de Keur Massar s’est élargi pour donner naissance à d’autres quartiers. Cet élargissement lui a permis devenir une commune d’arrondissement dans les années 1996 durant l’acte II qui correspond à la régionalisation des collectivités locales et la création des communes d’arrondissements. Elle est devenue une commune de plein exercice en 2013 avec l’acte III qui a instauré le renforcement du statut des CA et l’autonomie de gestion administrative. On assiste ainsi à une évolution institutionnelle, spatiale et démographique.
Il serait intéressant de se pencher sur l’analyse des processus d’urbanisation de la commune de Keur Massar à travers une réflexion orientée au niveau de l’analyse de la dynamique socio-spatiale de la C.K.M.
L’EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE DE LA POPULATION DE KEUR MASSAR.
La dynamique du peuplement combinée à une évolution spatiale constitue un important facteur d’analyse qui permet de cerner les paramètres qui influent sur les mutations des espaces urbains.
UNE CROISSANCE URBAINE FULGURANTE
Le peuplement de la commune de Keur Massar a d’abord débuté avec l’arrivée des migrants ruraux composés essentiellement d’agriculteurs et d’éleveurs en 1920. Ceux-ci entrainent l’évolution de la population autour du village traditionnel. En outre, l’extension du département de Pikine est un facteur contribuant largement à cette évolution de par l’accélération depuis 1955 de la croissance démographique des villages lébou qui accueille les migrants interne du pays.
Au début des années 1990, on observe un peuplement de type nouveau résultant du besoin grandissant à celle de 2002, on remarque une augmentation de 10072 habitants. En 2010, la population croit et compte 69062 et continue d’augmenter pour donner 70542 en 2011 et 72020 en 2012. La saturation de la banlieue pikinoise et de l’engorgement de la ville de Dakar constituent sans doute des phénomènes qui ont renforcé la migration de la population dans d’autres espaces dont Keur Massar. De cette migration urbaine résulte le peuplement des parcelles assainies, des cités Aïnoumady, de SCI BASSE, de la coopérative de la gendarmerie, de la coopérative des gardes pénitenciers…. Ainsi, la population de la commune s’accroit à un rythme très soutenu durant ces dernières années. Le graphique1 nous montre l’évolution de la population de la commune de Keur Massar de 2002 à 2012.
Le graphique 1 montre une population évaluée à 57519 habitants en 2002 selon les projections. En 2008, elle est estimée à 66134 habitants soit une augmentation de 8615 habitants. Cette période est marquée par la restructuration urbaine de certains espaces non lotis. Ces formes d’aménagement mettant les habitants dans des conditions favorables vont attirer de plus en plus de population quittant Dakar centre. Ces espaces privés, bien aménagés contribuent grandement à l’augmentation de la population et renforcent le phénomène de la transition urbaine. Pendant cette période « les réserves foncières s’amenuisent et sont estimées à 54 hectares localisées au nord-est du territoire communal » . Face à cette situation et la facilité d’accès aux terres, les habitants venant pour l’essentiel de Pikine, Guédiawaye et Dakar centre vont recourir aux processus d’acquisition des terres. Selon certains délégués de quartiers, certains vont vendre leur maison à un coût qui dépasse de loin celui qu’ils ont projeté d’acheté à Keur Massar, ce qui vont leur permettre de disposer des économies qui contribueront au financement des matériaux de construction d’une nouvelle maison.
En 2009 la population était estimée à 67591 habitants soit une augmentation de 1457 habitants entre cette année et la précédente. En 2010 on comptera 69062 soit un surplus de 1471 individus, tandis qu’en en 2011 et 2012, on comptera 70542 et 72020 soit une augmentation de 1480 et 1478 individus. Ainsi entre 2009 et 2012, on remarque une augmentation de plus de 1450 individus par année. Cette croissance rapide s’explique par la l’offre de nouveaux lotissements au Nord constituant d’une part des zones de recasement des déguerpis de Dakar centre et à l’Est par des lotissements privés appartement pour l’essentiel aux sociétés privées.
UNE CROISSANCE URBAINE RENFORCEE PAR LES BESOINS EN LOGEMENT
L’étouffement de Dakar et son encombrement poussent la majeure partie des chefs de famille à chercher des logements plus spacieux. Ces derniers sont encore plus motivés par les prix très accessibles. Une large part de la population déménage vers Keur Massar après y avoir construit une maison. Ces dernières années sont marquées par une augmentation de la construction de nouveaux bâtiments composés essentiellement de maisons à étage, des locaux à usage commercial comme les magasins. Cette migration vers Keur Massar s’explique par le fait qu’il y a moins de terrains à bâtir dans le centre ou bien ceux encore disponible sont fixés à des prix qui dépassent largement le budget d’une bonne part de la population. Ces faits ont été confirmés par les enquêtes effectuées. Celles-ci révèlent une forte présence d’habitants non originaires de C.K.M correspondant au groupe des nouveaux propriétaires de maison d’où le constat d’une représentativité de 68% contre 32% uniquement correspondant aux locataires. Ces derniers ne disposent pas encore de maison. La figure 9 constitue une illustration.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
I. PROBLEMATIQUE
1. Contexte
2. Justification
3. Objectifs
3.1. Objectif général
3.2. Objectifs spécifiques
4. Hypothèses
II. CADRE THEORIQUE ET DISCUSSIONS CONCEPTUELLES
III. METHODOLOGIE
1. La revue documentaire
2. La phase de terrain
3. Le traitement de l’information
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
CHAPITRE I : LE MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN
I. LE MILIEU PHYSIQUE
1. Situation géographique et limites administratives
2. La pédologie
3. Un climat favorable
4. La pluviométrie
II. CADRE HUMAIN
1. Historique
2. Les caractères sociodémographiques de la commune de Keur Massar
3. L’organisation des quartiers
CHAPITRE II : ANALYSE DES CARACTERES SOCIO-ECONOMIQUES DES MENAGES
1. Niveau d’instruction des ménages
2. Répartition des CM selon leur catégorie socio-professionnelle
3. Analyse du revenu des CM.
4. caractéristiques du logement
5. Situation économique de la CKM
6. Caractéristique du type d’habitat dans la CKM
DEUXIEME PARTIE : LE PROCESSUS D’URBANISATION DE LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
CHAPITRE I : L’EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE DE LA POPULATION DE KEUR MASSAR
I. UNE CROISSANCE URBAINE FULGURANTE
II. UNE CROISSANCE URBAINE RENFORCEE PAR LES BESOINS EN
LOGEMENT
CHAPITRE II : L’EVOLUTION SPATIALE DE LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
I. LES PROCESSUS D’OCCUPATION DU SOL DANS LA C.K.M
II. L’EXTENSION DU VILLAGE TRADITIONNEL ET L’EMERGENCE DE NOUVEAUX QUARTIERS
TROISIEME PARTIE : DEFIS URBAINS ET GOUVERNANCE TERRITORIALE DANS LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
CHAPITRE I. : ANALYSE DES ASPECTS SOCIO-ECONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX DANS LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
I. ANALYSE DU NIVEAU D’ACCES AUX SERVICES SOCIAUX DE BASE DANS LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
1. L’accès à l’éducation
2. L’accès à la santé
3. L’approvisionnement en eau
4. L’assainissement
5. L’accès aux infrastructures routières
6. Une offre insuffisante en termes d’emplois
7. L’insécurité
II. L’ANALYSE DE LA DYNAMIQUE ECONOMIQUE DE LA CKM
1. Les principaux types d’activités économiques dans la commune de Keur Massar.
1.1. Le poids du commerce dans l’économie locale
A. L’importance des équipements marchands
B. Exemples de quelques marchés
1.2. L’agriculture
1.3. L’élevage
1.4. L’industrie
1.5. Les banques et services
III. LES DEFIS ENVIRONNEMENTAUX
1. L’assainissement, un problème majeur
1.1. Le problème d’évacuation des eaux usées
1.2. La gestion des ordures ménagères
1.3. Le problème des inondations
2. L’impact de la décharge de Mbeubeuss sur le cadre environnemental
CHAPITRE II : LES ENJEUX DE LA GOUVERNANCE TERRITORIALE DANS LA COMMUNE DE KEUR MASSAR
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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