Définitions par rapport au niveau d’intégration des disciplines

Pendant le cours du tronc commun, deux professeurs des écoles (PE) sont en train d’écrire une note destinée aux parents d’élèves, pour une randonnée d’une journée à Luminy le vendredi 18 novembre (ou vendredi 25 novembre selon la météo). Nous, stagiaires en mathématiques, nous nous demandons : « est-ce qu’ils se rendent compte de tout ce qui est derrière la météo? Est-ce qu’ils savent comment les prévisions météorologiques sont faites ? » Juste après les conseils de classes, quelques professeurs du collège se retrouvent en salle des professeurs. Le sujet du moment est le dernier sondage pour l’élection présidentielle. Un professeur d’histoire-géographie dit à haute voix : « La mise en œuvre complète de la réforme du collège dépend des résultats ! ». D’autres professeurs du lycée sont en train d’organiser leurs vacances à la montagne : Est-ce qu’il y aura de la neige cette année ? – Regarde la météo des neiges lui répond quelqu’un. Nous, stagiaires, nous regardons et la même chose traverse nos pensées : « On doit d’abord savoir si l’échantillon pris pour le sondage est représentatif de la population ou non ». Un des stagiaires commente : « On n’a même pas fini de faire nos cours qu’ils pensent déjà à aller au ski. Il faudrait être plus proche de la date pour avoir une meilleure prévision météorologique. » .

Qu’est-ce que l’interdisciplinarité ?

Les concepts d’interdisciplinarité

Selon une définition citée par (REVERDY, 2015) : « Le concept d’interdisciplinarité se situant sur le plan épistémologique, on peut considérer qu’il se réfère à la coopération de disciplines diverses, qui contribuent à une réalisation commune et qui, par leur association, permettent l’émergence et le progrès de nouveaux savoirs». Cette définition initiale, très générale, avait l’avantage de fixer les limites du concept. Étant donnée la multiplicité de conceptions possibles de l’interdisciplinarité, d’autres interprétations et définitions ont émergé, permettant de préciser le cadre et les différentes actions interdisciplinaires :

• définition basée sur l’intégration des disciplines ;
• définition de modalités générales d’interdisciplinarité ;
• définition de modalités d’enseignement interdisciplinaires.

Définitions par rapport au niveau d’intégration des disciplines

Le niveau d’intégration des disciplines dans l’enseignement et la recherche appuie une classification de l’interdisciplinarité. Selon ce modèle, plus les disciplines sont intégrées sans qu’une discipline ne domine l’autre, plus il sera aisé d’atteindre l’interdisciplinarité. Cette classification proposée par (REVERDY, 2015) est la suivante :

Transdisciplinarité Dans cette modalité, l’équilibre entre les différentes disciplines est total. L’optimisation des contacts et de la communication entre les disciplines permet leur dépassement et la création d’une nouvelle discipline. Dans l’enseignement, la transdisciplinarité permet d’étudier un objet en dépassant le cadre disciplinaire, en permettant de dégager des éléments transversaux à toutes les disciplines.

Interdisciplinarité L’équilibre entre les influences des disciplines est ici maintenu. Le décloisonnement des disciplines permet le croisement des démarches et des méthodes. L’impact des éléments quantitatifs et qualitatifs n’est toutefois pas suffisant pour créer une nouvelle discipline.

La Pluridisciplinarité Aborde un objet d’étude par la juxtaposition de plusieurs disciplines, mais la communication entre elles tend à être sporadique, ce qui peut entraîner un morcellement de l’objet d’étude.

Multidisciplinarité C’est la forme la moins développée d’interdisciplinarité. La communication entre les divers milieux est réduite au minimum.

Si l’on considère que la multidisciplinarité n’est pas une forme d’intégration des disciplines, mais plutôt leur juxtaposition sans création de lien entre elles, on peut simplifier cette classification par les termes proposés lors du congrès de l’UNESCO en 1985 (D’HAINAUT, 1985) :

• « la pluridisciplinarité qui appelle seulement l’intervention de plusieurs disciplines et se limite souvent à leur juxtaposition ;
• l’interdisciplinarité qui suppose une bonne connaissance des concepts entre disciplines et qui repose essentiellement sur une approche systémique ;
• la trandisciplinarité, encore plus ambitieuse, qui suppose une unification conceptuelle entre disciplines. »

Les modes d’interdisciplinarité

Les différents aspects de l’interdisciplinarité peuvent également être envisagés selon le mode d’intégration des disciplines et non plus, comme précédemment, selon leur niveau d’intégration. On distingue alors, en fonction de la manière dont les disciplines sont intégrées par rapport aux problèmes à résoudre :

1. L’interdisciplinarité des problèmes. Dans le cas de problèmes qui ne s’inscrivent pas dans le champ d’une discipline déterminée. La collaboration entre plusieurs disciplines est alors nécessaire afin de traiter les différentes dimensions du problème.
2. L’interdisciplinarité des méthodes. Ce type d’interdisciplinarité est rencontré dans des situations ou les méthodes propres d’une discipline, peuvent être appliquées dans la résolution de problème s’inscrivant dans le champ d’une autre discipline.
3. L’interdisciplinarité des concepts. Par analogie au type précédent d’interdisciplinarité, les concepts et modèles d’une discipline sont ici appliqués dans la recherche au sein d’une autre discipline.

Que ce soit pour l’interdisciplinarité de méthodes ou de concepts, la question des équilibres des échanges entre disciplines peut se poser. En effet, une méthode peut être simplement appliquée à une discipline différente mais également s’en trouver enrichie en retour.

Enseignement interdisciplinaire

L’interdisciplinarité scolaire recourt aux savoirs provenant de différentes disciplines dans une perspective éducative, en considérant les objets d’étude dans leur complexité, favorisant ainsi la création de liens et de transfert de connaissances entre disciplines. Elle a pour but la mise en place des conditions les plus appropriées pour permettre l’intégration des savoirs et des méthodes par les élèves, afin qu’ils soient en mesure de les réutiliser dans des situations de la vie courante (LENOIR et SAUVÉ, 1998a).

Utilité de l’interdisciplinarité

Les travaux de recherche de Hasni et Lenoir (LENOIR et SAUVÉ, 1998b ; LENOIR et SAUVÉ, 1998a ; LENOIR et SAUVÉ, 1998c ; Interdisciplinarité et enseignement des sciences, technologies et mathématiques au premier cycle du secondaire : Place; Modalités de mise en œuvre ; Contraintes disciplinaires et institutionnelles), mettent en évidence différents arguments justifiant le recours à l’interdisciplinarité d’un point de vue éducatif. Premièrement, il apparaît que l’interdisciplinarité est compatible avec les fondements psychologiques de l’apprentissage. En effet, l’enseignement interdisciplinaire a l’avantage de présenter les savoirs de manière globale en accord avec la perception de la réalité par les enfants, chez qui la perception globale précède l’analyse systématique. L’interdisciplinarité est également considérée comme un moyen de différenciation pédagogique en abordant un sujet d’étude avec des points de vue variés. Enfin, la contextualisation des savoirs permet d’augmenter la motivation et la réussite éducative des élèves. Le travail de recherche de Hasni et.al. 2012 (Interdisciplinarité et enseignement des sciences, technologies et mathématiques au premier cycle du secondaire : Place ; Modalités de mise en œuvre ; Contraintes disciplinaires et institutionnelles) résume les justifications à la mise en œuvre de l’interdisciplinarité comme la jonction des trois pôles suivants :
• Le pôle didactique et épistémologique : l’enseignement interdisciplinaire permet la construction d’une représentation adéquate du monde et d’un rapport au savoir fondé sur la complexité ;
• Le pôle sociologique : l’interdisciplinarité doit être pensée pour favoriser l’égalité des chances face aux savoirs et l’appropriation d’un savoir utile pour tous, autant sur le plan individuel que sur le plan collectif. Un savoir qui permet d’exercer une citoyenneté éclairée ;
• Le pôle pédagogique : l’enseignement interdisciplinaire doit prendre en considération les processus psychopédagogiques, afin d’augmenter la motivation et l’intérêt des élèves.

Le curriculum intégré 

Un enseignement interdisciplinaire vise à fournir un curriculum intégré, c’est-à-dire à enseigner les notions et compétences essentielles, en articulant plusieurs disciplines autour d’un thème ou concept central ou d’une problématique. Le curriculum intégré implique l’organisation et la programmation du contenu d’enseignement/apprentissage, autour de concepts nécessitant des notions transversales et qui supportent un apprentissage interdisciplinaire. Le décloisonnement des disciplines favorise l’établissement par les élèves de liens entre elles (leur intégration), liens fondés aussi bien sur une exploration naturelle et spontanée que sur des activités. Différentes modalités d’intégration du curriculum ont été décrites (LENOIR et SAUVÉ, 1998c) :
• « Par la mise en relation des matières. Les matières (appelées « domaines de vécu et d’apprentissage ») sont considérées comme une dimension d’un ensemble tridimensionnel, où les autres dimensions sont les processus d’apprentissage et l’environnement pédagogique.
• Par des thèmes, des sujets ou des idées. Le thème est utilisé comme élément organisateur ou intégrateur et on peut s’en servir pour montrer comment des disciplines différentes s’articulent dans l’analyse et l’explication du thème.
• Dans la pensée pratique. Les domaines principaux de la vie quotidienne ne s’insèrent pas dans les matières scolaires traditionnelles ; les demandes sociales et individuelles mettent pourtant leur importance en évidence. Ici, la démarche ne sera pas interdisciplinaire au sens d’une intégration de disciplines différentes, mais plutôt dans le fait qu’elle consiste à aider l’élève à développer sa capacité d’agir efficacement dans un domaine particulier (qui ne relève pas d’une discipline déterminée). L’éducation civique en est un exemple.
• Dans les investigations de l’élève en fonction de ses propres centres d’intérêt. Cette démarche, par sa nature même, ne peut pas s’inscrire dans les limites d’une discipline, car un domaine d’investigation n’y sera pas nécessairement confiné s’il est délimité par les intérêts d’un élève. Ce sera une démarche interdisciplinaire, où l’on mettra en oeuvre différentes disciplines pertinentes pour éclairer et structurer l’investigation. »  .

Selon la définition de Lenoir, l’enseignement interdisciplinaire est donc : « La mise en relation de deux ou de plusieurs disciplines scolaires qui s’exerce à la fois aux niveaux curriculaire, didactique et pédagogique et qui conduit à l’établissement de liens de complémentarité ou de coopération, d’interpénétrations ou d’actions réciproques entre elles sous divers aspects (finalités, objets d’études, concepts et notions, démarches d’apprentissage, habiletés techniques). Ces interactions visent à favoriser l’intégration des processus d’apprentissage et des savoirs chez les élèves.» (LENOIR et SAUVÉ, 1998a) Cette définition a l’avantage de prendre en compte trois aspects de l’interdisciplinarité : curriculaire, didactique et pédagogique, qui correspondent bien à notre souhait de motiver l’apprentissage par la contextualisation.

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Table des matières

Introduction
1 Étude théorique
1.1 Qu’est-ce que l’interdisciplinarité ?
1.1.1 Les concepts d’interdisciplinarité
1.1.2 Définitions par rapport au niveau d’intégration des disciplines
1.1.3 Les modes d’interdisciplinarité
1.2 Enseignement interdisciplinaire
1.2.1 Utilité de l’interdisciplinarité
1.2.2 Le curriculum intégré
1.2.3 Méthodes utilisées par l’enseignement interdisciplinaire
1.3 Quelles sont les conditions à considérer pour l’interdisciplinarité ?
1.4 Hypothèse
2 Analyse a priori
2.1 Plan incliné
2.1.1 Objectifs liés à notre problématique
2.1.2 Contexte
2.1.3 Objectifs visés
2.1.4 Étayage
2.1.5 Organisation Mathématique
2.1.6 Organisation de l’étude
2.1.7 Préparation des séances
2.2 EPI : Arts plastiques et Mathématiques
2.2.1 Contexte
2.2.2 Structure
2.2.3 Étayage
2.2.4 Organisation mathématique et moments de l’étude
2.2.5 Scénario
2.3 Communes et Sénat
2.3.1 Hypothèse
2.3.2 Organisations mathématique et didactique
2.3.3 Contexte
2.3.4 Structure
2.3.5 Objectifs visés
3 Analyse a posteriori
3.1 Le plan incliné
3.1.1 Description : première partie
3.1.2 Analyse des productions : liens avec les indicateurs
3.1.3 Description : deuxième partie
3.1.4 Retour aux objectifs liés à la problématique
3.2 Arts Plastiques et Maths
3.2.1 Description d’une séance
3.2.2 Analyse : Organisation mathématique et organisation de l’étude
3.2.3 Analyse des écarts
3.2.4 Analyse de productions des élèves
3.2.5 Le dispositif a-t-il permis de mobiliser des connaissances mathématiques ?
3.3 Communes et Sénat
3.3.1 Déroulement, phases de la séance
3.3.2 Bilan
3.3.3 Analyse des moments didactiques
3.3.4 Ressenti
3.4 Notre problématique
4 Évaluation
5 Conclusion

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