Définitions de l’estime de soi selon les pionniers

L’estime de soi est généralement définie comme la façon dont une personne se voit, se juge, comme le processus par lequel un individu porte sur lui-même des jugements, positifs ou négatifs [1]. L’estime de soi est un concept ancien, dans son Traité sur les passions de l’âme, Descartes en 1649 affirmait déjà que « nous pouvons ainsi nous estimer et nous mépriser nous-mêmes » [2]. Elle a fait l’objet de plusieurs études depuis le XIXe siècle, dans le monde entier. Si bien qu’elle fait partie intégrante en société. Depuis quelques années, elle est devenue l’une des plus grandes préoccupations dans le monde. Notre société a tendance à accorder une importance croissante à l’épanouissement de chaque individu aussi bien dans le domaine social, que familial, scolaire ou professionnel. C’est ainsi qu’au Québec, cette valorisation de l’estime de soi s’est manifestée par la volonté de promouvoir le développement de compétences associées à l’estime de soi dans le cadre du Programme de formation de l’école québécoise [3]. D’autres pays, comme la France, ont reconnu l’importance de créer des programmes encourageant le développement de l’estime de soi dans le domaine de l’éducation [4]. Aux États-Unis, ces programmes existent depuis le début des années 1990. Elle est étudiée non pas seulement pour ses vertus de faire du bien dans la société mais également en vue de diminuer les troubles pathologiques puisque c’est un déterminant de la santé mentale.

L’ESTIME DE SOI

Définitions 

Définitions générales
De nombreux auteurs ont tenté de définir ce qu’est l’estime de soi et c’est un des construits les plus étudiés en psychologie sociale. Elle vient du mot latin « oestimare» qui signifie « déterminer une valeur » et « avoir une opinion favorable sur». L’estime de soi est un des construits essentiel de l’identité. C’est une évaluation de soi sur soi, c’est la manière dont on se voit et dont on se juge. Elle est fortement corrélée au sentiment que l’on a du jugement et du regard des autres sur soi. C’est ainsi une expérience subjective. L’estime de soi est également un déterminant de la santé mentale. Des auteurs retrouvaient que la faible estime de soi est associée à la dépression, aux trouble anxieux, aux psychoses, aux troubles de comportements alimentaires et les abus et dépendance aux toxiques. [12] Dans certaine culture, le concept de l’estime de soi a été souvent assimilé à l’amour-propre et au narcissisme et avait pris une connotation péjorative puisque constamment associé à la vanité et à la culpabilité. En ce qui concerne la recherche, on remarque que la question de l’estime de soi survient très souvent en lien avec des problèmes pathologiques apparentés à une faible estime de soi. C’est donc le dysfonctionnement de l’estime de soi qui a guidé les recherches. Mais l’intérêt porté par les scientifiques sur l’estime de soi ne date pas d’aujourd’hui.

Définitions de l’estime de soi selon les pionniers

Les définitions suivantes ont été élaborées par des figures importantes, ayant le plus contribuées à l’élaboration du concept d’estime de soi. Les pionniers abordés dans cette sous-section seront William James, Robert White, Morris Rosenberg, Stanley Coopersmith et Nathanie1 Branden.

illiam James
La notion d’estime de soi a été évoquée depuis la fin du XIXème siècle, notamment par William James dans son livre « Principles of Psychology » en 1890. Il y écrivait « self-esteem is success divided by pretensions ».

Il a donc défini l’estime de soi comme le résultat d’un rapport entre nos succès et nos prétentions dans les domaines importants de notre vie. Et la personne peut modifier son degré d’estime de soi en diminuant le dénominateur aussi bien qu’en augmentant le numérateur. Le dénominateur de cette formule existentielle représente nos valeurs, nos buts, et nos aspirations (prétentions). Nos comportements (succès) constituent le numérateur, indiquant que ce que nous faisons dans différents domaines a des conséquences sérieuses sur la manière dont nous nous connaissons et nous expérimentons nousmêmes. L’estime de soi est ainsi une évaluation résumée qui reflète le degré selon lequel la personne croit qu’elle réussit bien dans les domaines où elle aspire à bien faire. La contribution de William James à définir l’estime de soi serait donc en résumé, que l’estime de soi est un phénomène affectif, orienté sur les compétences (efficacité des comportements) et qu’elle serait un phénomène dynamique, donc ouvert aux changements [15].

Robert White
Robert White a défini l’estime de soi dans un contexte développemental lié à trois processus importants. Tout d’abord, la disposition biologique qui pousse un organisme à vouloir s’adapter de façon compétente à son existence et aux tâches qu’exigent ses environnements. Deuxièmement, l’émergence et l’augmentation d’habilités motrices et cognitives sophistiquées et enfin, le développement du sens de soi et de l’identité.

Rosenberg 

Rosenberg (1965) a contribué de façon importante à la compréhension et au développement du concept d’estime de soi et cela, de plusieurs façons, et notamment par sa dimension sociale. Il a défini l’estime de soi comme serait une attitude positive ou négative à propos de soi-même. Selon lui, les valeurs en soi et surtout l’acquisition de ces valeurs, sont intimement liées à de nombreux processus interpersonnels et culturels. Selon cet auteur, l’estime de soi élevée est un indicateur d’acceptation, de tolérance et de satisfaction personnelle à l’égard de soi, tout en excluant les sentiments de supériorité et de perfection. L’estime de soi élevée implique ainsi le respect de soimême. Rosenberg a notamment créé un instrument de mesure, « Rosenberg’s SelfEsteem Scale » qui permet de capter la perception globale des sujets quant à leur propre valeur. Cet échelle a suscité l’intérêt de nombreux chercheurs et a fait l’objet d’une validation française .

Coopersmith
Coopersmith en 1967 a suggéré que l’estime de soi est l’expression d’une approbation ou de désapprobation portée sur soi-même. Elle indique dans quelle mesure un individu se croit capable, valable et important. Selon lui, l’estime de soi est une expérience subjective qui se traduit aussi verbalement que par des comportements significatifs. [14] C’est ainsi que Coopersmith s’est intéressé à mesurer les comportements, afin d’en extirper les manifestations comportementales de l’estime de soi comme étant une variable intégrale du comportement humain. La définition de l’estime de soi doit prendre en compte des variations dues aux expériences individuelles, au genre, à l’âge et autres aspects fixant les rôles. Ainsi, il a également insisté sur le fait que quelqu’un peut se considérer comme très estimable en tant qu’étudiant, assez estimable en tant que joueur de tennis et très peu valable en tant que musicien. Et que « Chacun construit son appréciation selon l’importance subjective qu’il leur accorde » [16] Coopersmith considère également l’estime de soi comme une variable multidimensionnelle qui peut être appréhendée relativement aux différents secteurs de la vie d’un individu. Selon sa conception, l’estime de soi renvoie au jugement que les individus portent sur eux-mêmes, quelles que soient les circonstances. C’est une expression de l’assurance avec laquelle un individu croit en ses capacités de réussite, en sa valeur sociale et personnelle, qui se traduit par les attitudes adoptées face à des situations de la vie courante (vie sociale, familiale et professionnelle). Ainsi, il distingue l’estime de soi globale (qui renvoie à un jugement personnel général), l’estime de soi sociale, l’estime de soi familiale et l’estime de soi professionnelle ou scolaire. [17]

a) Le domaine familial correspond à l’ensemble des expériences vécues par un jeune avec les membres de sa famille. Ces expériences apparaissent être fermement en rapport avec l’estime de soi des adolescents. Parmi les aspects relevés par les écrits comme étant en relation avec l’estime de soi, on retrouve la relation vécue avec les parents, la composition familiale, l’attention paternelle, le style éducatif ainsi que certaines conditions familiales. Une relation manquante ou déficiente avec les parents, particulièrement le père, la composition familiale ainsi que certaines conditions familiales sont autant de facteurs qui semblent influencer l’estime de soi au sein du domaine familial [16]. La mesure d’Estime de soi familiale évalue la perception qu’une personne a d’elle-même dans le cadre de la cellule familiale ;

b) Le domaine social correspond à l’ensemble des expériences vécues par un jeune avec des personnes de son entourage. Parmi celles-ci figurent les personnes significatives et les amis. Ces gens semblent avoir une grande influence sur l’image de soi et sur le niveau d’estime de soi des adolescents. Au nombre des aspects qui semblent influencer l’estime de soi en ce domaine figure le nombre d’amis et le niveau de popularité. Les jugements verbaux ou non-verbaux des autres, surtout lorsque ceux-ci sont des personnes significatives, semble prendre la même tangente, positive ou négative, que l’évaluation qu’un individu fait de luimême [16]. La mesure de l’Estime de soi sociale concerne l’évaluation de soi d’une personne quant à ses relations avec ses pairs ;

c) Le domaine général réfère aux éléments concernant la personne ellemême. Ce domaine est très vaste à la lecture des indicateurs du Self Esteem Inventory (SEI). Ils concernent, entre autres, la capacité qu’a un individu de prendre des décisions, de résoudre des problèmes, de s’adapter à quelque chose de nouveau, de se faire confiance, de s’aimer, de s’exprimer, de se débrouiller, d’être fier de soi. C’est le jugement plus ou moins positif qu’un individu a de son comportement en général. Coopersmith (1967) mentionne qu’une personne qui possède une estime de soi élevée s’aime, se respecte et se considère estimable. La mesure d’estime de soi globale, traduite par les résultats exprimés sous forme de scores positifs totaux au Coopersmith’s Self Esteem Inventory reflète l’évaluation positive ou négative qu’une personne fait d’elle-même ;

d) Le domaine scolaire fait ici référence à l’ensemble des expériences vécues par l’élève au sein d’une classe, qu’elles soient fonction des résultats scolaires, de la relation avec les enseignants, du niveau d’implication et du sentiment de confort ressenti. Selon lui, compte tenu de l’importance de l’école dans la vie des enfants, nous avons de bonnes raisons de croire que les succès et les échecs peuvent avoir des conséquences sur l’estime de soi. La mesure de l’Estime de soi scolaire sert à évaluer la perception qu’une personne a de son rendement académique et de ses attitudes en classe.

Nathaniel Branden
Selon Nathaniel Branden, l’estime de soi aurait deux aspects inter corrélés. L’estime de soi inclurait un sentiment d’efficacité personnelle et un sentiment de valeurs personnelles. Selon lui, les convictions ont le pouvoir supplémentaire d’amener une personne à poser des actions puissantes, parfois jusqu’à vouloir même mourir pour elles. Les convictions auraient, une implication de valeur fondamentale qui mènerait à l’authenticité et serait intrinsèque à l’être humain. Donc les travaux de Branden s’appuyaient principalement sur des arguments plutôt philosophiques et des études non empiriques [14].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. L’ESTIME DE SOI
I.1. Définitions
I.1.1. Définitions générales
I.1.2. Définitions de l’estime de soi selon les pionniers
I.2. Développement de l’estime de soi
I.2.1. Chez l’enfant
I.2.2. Chez l’adolescent
I.3. Les trois composantes de l’estime de soi
I.4. Evaluation de l’estime de soi
I.5. Le niveau d’estime de soi
I.5.1. Estime de soi « forte »
I.5.2. Estime de soi « faible »
I.6. L’importance de l’estime de soi
II. LES STYLES PARENTAUX
II.1. Définitions
II.2. Les types de styles parentaux
II.2.1. Selon Baumrind
II.2.2. Selon Maccoby et Martin en 1983
II.3. Le style parental optimal
III. L’ADOLESCENCE
III.1. Définitions
III.2. Les transformations au cours de l’adolescence
III.2.1. Le développement physique
III.2.2. Le développement affectif
III.2.3. Le développement cognitif
III.2.4. Le développement social
III.3. L’estime de soi et l’adolescence
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. METHODES
I.1. Types d’étude
I.2. Méthode de sélection
I.2.1. Méthodes d’échantillonage
I.2.2. Population et période d’étude
I.3. Méthode d’évaluation
I.4. Instruments
I.4.1. L’inventaire d’estime de soi de Coopersmith ou S.E.I
I.4.2. Le questionnaire sociodémographique
I.4.3. Le questionnaire de style parental
I.5. Analyse statistique
I.6. Considérations éthiques
II. RESULTATS
II.1. Taux de participation
II.2. Information sociodémographique
II.2.1. Age et genre
II.2.2. Relation avec les professeurs
II.2.3. Relation avec les autres élèves
II.2.4. Nombres d’amis
II.2.5. Situation parentale
II.2.6. Nombre de fratrie
II.2.7. La ou les personnes avec qui l’adolescent vit
II.2.8. Relation avec les parents
II.3. L’estime de soi
II.3.1. Estime de soi et genre
II.3.2. Estime de soi et âge
II.3.3. Estime de soi et établissements scolaires
II.3.4. Estime de soi et relation avec les professeurs
II.3.5. Estime de soi et relation avec les autres élèves
II.3.6. Estime de soi et nombre d’amis
II.3.7. Estime de soi et l’appartenance à un groupe
II.3.8. Estime de soi et situations des parents
II.3.9. Estime de soi et nombre de fratrie
II.3.10. Estime de soi et rang dans la fratrie
II.3.11. Estime de soi et personnes avec qui l’adolescent vit
II.3.12. Estime de soi et relation avec les parents
II.4. Le style parental
II.4.1. Répartition des styles parentaux
II.4.2. Estime de soi et style parental
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. POINTS FORTS DE L’ETUDE
II. LIMITES DE L’ETUDE
II.1. Cadre de l’étude
II.2. Les moyens
III. DISCUSSION
III.1. Les facteurs qui peuvent influencer l’estime de soi
III.1.1. L’âge
III.1.2. Le genre
III.1.3. Environnement scolaire
III.1.4. Environnement social
III.1.5. Environnement familial
III.1.6. Le style parental
CONCLUSION

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