Définition, Historique et mode de transmission des IST
Une infection sexuellement transmissible (IST), est une maladie infectieuse qui se transmet entre partenaires au cours de différentes formes de rapports sexuels non protégés : contacts génitaux, rapports oraux, vaginaux ou anaux (muqueuses et fluides corporels)[82]. Autrefois, ces maladies étaient appelées maladies vénériennes, l’adjectif provenant du nom de Vénus, déesse de l’amour. Puis, Jusque dans les années 1990, l’appellation MST (Maladie sexuellement transmissible) était d’usage courant. Depuis 1999, le terme MST est peu à peu remplacé par celui d’IST, car le terme « infection » plutôt que « maladie » prend mieux en compte les sujets asymptomatiques porteurs et vecteurs de ces agents, dont l’importance épidémiologique apparaît majeure [82].
Comme leur nom l’indique, les infections sexuellement transmissibles (IST) se transmettent principalement lors des rapports sexuels non protégés par voie vaginale, anale ou orale. Il existe plus de trente agents infectieux, bactéries, virus ou parasites, transmissibles de cette manière. Certaines IST peuvent se transmettre par contact cutané lors d’un rapport sexuel. Les organismes responsables des IST peuvent également se propager par d’autres voies, comme les transfusions sanguines et les greffes. Un grand nombre d’IST (notamment la chlamydiose, la gonorrhée, la syphilis, l’hépatite B et les infections à VIH, à VPH et à HSV2) se transmettent aussi de la mère à l’enfant pendant la grossesse et à l’accouchement. Sur les plus de 30 agents pathogènes connus, neuf sont responsables de la majorité des cas. Il s’agit de la gonorrhée, les chlamydioses, la syphilis, la trichomonase, le chancre mou, l’herpès génital, les condylomes génitaux, l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et l’hépatite B.
On peut actuellement guérir cinq des neuf infections qu’ils provoquent: la syphilis, la gonorrhée, la chlamydiose et la trichomonase. Les quatre autres (l’hépatite B, l’herpès, l’infection à VIH et l’infection à VPH) sont par contre des infections virales incurables dont on peut toutefois atténuer ou moduler les effets par traitement.
Données épidémiologiques et facteurs de risque des IST
Les IST ont de profondes répercussions sur la santé sexuelle et génésique dans le monde; elles figurent parmi les cinq catégories de maladies pour lesquelles les adultes consultent le plus. Chaque jour, plus d’un million de personnes contractent une IST et on estime que, chaque année, 500 millions de personnes contractent l’une des quatre IST suivantes: chlamydiose, gonorrhée, syphilis et trichomonase. Plus de 530 millions de personnes vivent avec le virus HSV2. Plus de 290 millions de femmes souffrent d’une infection à VPH, l’une des IST les plus courantes [82]. Outre leurs conséquences immédiates, les IST peuvent avoir de graves effets. Certaines IST peuvent multiplier par trois voire plus le risque de contracter le VIH. La transmission d’une IST de la mère à l’enfant peut entraîner un décès néonatal, un faible poids de naissance, une septicémie, une pneumonie, une conjonctivite du nouveau-né ou des malformations congénitales. La syphilis chez la femme enceinte cause chaque année quelque 305 000 décès fœtaux et néonataux et expose 215000 nouveau-nés à un risque accru de décès par prématurité, de faible poids de naissance ou de maladie congénitale. L’infection à VPH est responsable chaque année de 530 000 cas de cancer du col de l’utérus entraînant 275 000 de décès. Les IST comme la gonorrhée et la chlamydiose sont des causes majeures d’inflammation pelvienne, d’issues défavorables de la grossesse et de stérilité[82].
Il existe une prédominance de ces affections dans les pays en voie de développement (PED), avec plus de 40 % des cas mondiaux en Asie du Sud et du Sud-est, et 20 % en Afrique subsaharienne. L’incidence et la prévalence de ces affections y sont remarquablement élevées. Ainsi, chez la femme adulte vivant en Afrique sub-saharienne, les prévalences sont de l’ordre de 4% pour la syphilis, 3 % pour les infections dues à Neisseria gonorrheae, 7 % pour les chlamydioses et 14 % pour la trichomonase [70]. Les principaux facteurs de risque retrouvés sont: un âge jeune (avec une mention particulière pour la vulnérabilité des adolescents); le sexe féminin, à la fois pour des raisons biologiques et socioculturelles; et certains facteurs socio-économiques, comme les flux migratoires, la désintégration du tissu social, et d’une façon plus générale la pauvreté. En cumulant plusieurs de ces facteurs de risque, les professionnelles du sexe (PS), les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) et les consommateurs de drogues injectables apparaissent particulièrement exposées.
Diagnostic des IST
Le diagnostic des IST est rendu difficile par la grande fréquence des formes asymptomatiques et pauci symptomatiques. Le défaut de personnel et de laboratoire qualifié dans les pays en développement complique encore le diagnostic des formes symptomatiques et justifie une approche syndromique des IST. Les démarches diagnostiques et les algorithmes varient selon le syndrome clinique et la disponibilité des examens complémentaires (spéculum, examen microscopique direct, culture) [44].
Prévention des IST
Les interventions comportementales et de conseil permettent d’assurer une prévention primaire des IST/VIH. On peut citer:
❖ Une éducation sexuelle complète et des conseils avant et après le dépistage des IST/VIH.
❖ Des conseils sur l’abstinence sexuelle, la fidélité réciproque et l’usage de préservatifs.
❖ Des interventions ciblant les populations vulnérables et les plus concernées, comme les adolescents, les travailleuses du sexe, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes et les consommateurs de drogues injectables.
En outre, la dispensation des conseils peut améliorer la capacité qu’ont les gens de reconnaître les symptômes des IST et accroître la probabilité qu’ils consultent ou encouragent un partenaire sexuel à le faire. Malheureusement, le manque d’adoption de pratiques sexuelles sans risque, l’insuffisance des connaissances du public et de la formation des agents de santé, de même que la stigmatisation fréquente dont les IST font depuis longtemps l’objet, sont autant d’obstacles à un recours plus large et efficace à ces interventions. Les seules IST prévenues par la vaccination sont l’hépatite B et l’infection à VPH [44].
RAPPEL SUR LE VIH/SIDA
Histoire
En 1981, des chercheurs du CDC (Center for Disease Control) d’Atlanta aux Etats-Unis, dans le Mortalily and Morbidity Weekly Report, décrivaient l’apparition chez des jeunes homosexuels masculins d’une infection rare présentant un tableau clinique inhabituel. A la même époque, les pneumonies à Pneumocystis jiroveci anciennement appelé carinii puis les sarcomes de Kaposi observés chez les malades étaient corrélés à un déficit immunitaire profond déjà reconnu étant lié à une disparition des lymphocytes T CD4. C’est ainsi en 1983, l’équipe de Montanier [13] isola pour la première fois des cellules lymphoïdes ganglionnaires d’un patient atteint de lymphoadénopathie généralisée persistante, un rétrovirus humain encore inconnu à l’époque. Ce virus fut dénommé quelques années plus tard, Virus de l’immunodéficience humain (VIH). Dès 1985, la notion de variabilité génétique du VIH a été évoquée par la découverte chez des patients travailleuses de sexe originaires d’Afrique de l’Ouest, d’un second virus apparenté au premier mais génétiquement distinct [32]. Ces virus de la même famille, considérés comme agents responsables du SIDA, furent dénommés après une harmonisation taxonomique, VIH-1 et VIH-2. En 1996, les premiers tests commerciaux pour la détermination de la charge virale de l’infection à VIH-1 ont été disponibles ainsi que les premières thérapies [68].
Définition- Taxonomie
Le SIDA est une maladie infectieuse, virale, chronique due au Virus de l’Immunodéficience Humain (VIH), caractérisée par la diminution des moyens de défense de l’organisme entrainant de fait la survenue de nombreuses infections opportunistes. Le VIH est un lentivirus appartenant à la famille des Retroviridae [34]. Les Retroviridae ou Rétrovirus constituent une vaste famille de virus à ARN, caractérisée par la présence d’une enzyme, la transcriptase inverse, responsable de la transcription de l’ARN viral en ADN. Cette famille est subdivisée en deux sous familles, celle des Orthoretrovirinae renfermant toutes les espèces pathogènes pour l’Homme (dont le VIH-1 et le VIH-2) et celle des Spumaretrovirinae sans rôle pathogène connu chez l’être humain. (http://www.ictvonline.org/virusTaxonomy.asp).
➤ La sous-famille des Orthoretrovirinae est constituée de 47 espèces réparties entre 6 genres dont les Alpharetrovirus (9 espèces), les Betaretrovirus (5 espèces), les Deltaretrovirus (4 espèces), les Epsilonretrovirus (3 espèces), les Gammaretrovirus (17 espèces) et les Lentivirus avec 9 espèces dont les VIH-1 et VIH-2 (http://www.ictvonline.org/virusTaxonomy.asp). Les Lentivirus sont associés à des maladies à évolution lente accompagnées de troubles neurologiques ou pulmonaires. Ce sont des virus dites cytopathogènes c’est-à-dire qu’ils détruisent les cellules qu’ils infectent. Ils regroupent en plus des VIH-1 et VIH-2 (homme), les SIV (singes), le FIV (chat)…
➤ La sous-famille des Spumaretrovirinae ne renferme qu’un seul genre, le genre Spumavirus regroupant 6 espèces retrouvées dans pratiquement toutes les espèces (http://www.ictvonline.org/virusTaxonomy.asp).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Rappel sur les IST
I.1. Définition, Historique et mode de transmission des IST
I.2. Données épidémiologiques et facteurs de risque des IST
I.3. Diagnostic des IST
I.4. Prévention des IST
II. RAPPEL SUR LE VIH/SIDA
II.1. Histoire
II.2. Définition- Taxonomie
II.3. Caractères du virus
II.3.1. Morphologie et structure
II.3.2. Organisation génomique du virus
II.3.3. Cycle de multiplication du virus
II.4. Epidémiologie
II.4.1. Habitat-Mode de transmission
II.4.2. Répartition géographique de l’infection à VIH
II.5. Histoire naturelle de l’infection à VIH
II.6. Diagnostic biologique
II.6.1. Prélèvement
II.6.2. Diagnostic indirect
Il.6.2.1. Tests de dépistage
Il.6.2.2. Tests de confirmation
II.6.3. Diagnostic direct
II.6.3.1. Détection de l’Ag p24
II.6.3.2. L’isolement du VIH par culture cellulaire
II.6.3.3. Détection des acides nucléiques viraux
II.7. Suivi biologique de l’infection
II.8. Traitement- Prophylaxie
II.8.1. Traitement
II.8.2. Prophylaxie
III. RAPPELS SUR CHLAMYDIA TRACHOMATIS
III.1. Historique
III.2. Définition- Taxonomie
III.3. Caractères bactériologiques
III.3.1. Caractères morphologiques
III.3.2. Cycle de développement
III.3.3. Structure antigénique
III.3.4. Caractères culturaux
III.4. Epidémiologie
III.4.1. Habitat et mode de transmission
III.4.2. Répartition géographique
III.5. Manifestations cliniques
III.5.1. Les infections uro-génitales
III.5.1.1. Formes non compliquées
III.5.1.2. Evolution et complications
III.5.2. Autres formes cliniques provoquées par Chlamydia trachomatis
III.6. Diagnostic biologique
III.6.1. Prélèvement
III.6.2. Diagnostic Direct
III.6.3. Diagnostic Indirect : Le sérodiagnostic
III.7. Traitement- prophylaxie
III.7.1. Traitement
III.7.2. Prophylaxie
IV. RAPPELS SUR NEISSERIA GONORRHOEAE
IV.1. Historique
IV.2. Définition-taxonomie
IV.3. Caractères bactériologiques
IV.3.1. Morphologie
IV.3.2. Caractères culturaux
IV.3.3. Caractères biochimiques
IV.3.4. Structures antigéniques
IV.4. Epidémiologie
IV.4.1. Habitat- transmission de la bactérie
IV.4.2. Répartition géographique
IV.5. Manifestations cliniques
IV.6. Diagnostic biologique
IV.6.1. Prélèvements
IV.6.2. Examen microscopique direct
IV.6.3. La mise en culture
IV.6.4. Diagnostic moléculaire
IV.6.4.1. Détection de l’ARNr de Neisseria gonorrhoeae
IV.6.4.2. Amplification et détection de l’ADN
IV.7. Traitement- prophylaxie
IV.7.1. Traitement
IV.7.2. Prophylaxie
CONCLUSION