Définition et origine de la violence dans la société
Depuis l‟antiquité jusqu‟à nos jours, la violence a été toujours un phénomène récurrent dans toute société, c‟est pourquoi l‟analyse du discours et d‟autres discipline comme la sociologie, l‟anthropologie et la psychologie en ont fait un terrain d‟étude pour comprendre la réalité de la vécue quotidienne des individus.
La violence est l‟un des concepts dont le sens n‟épargne à personne et qui, cependant, est difficilement définissable. On la qualifie la plupart du temps à l‟idée de rupture de l‟ordre sociale des choses, de bouleversements, d‟insultes, d‟atteinte à la vie privée, de menaces de morts etc… C‟est dans cet ordre d‟idée que DUPONT Yves soutient :
Tout comme les foyers épidémiques, les violences, à travers l’histoire, se déplacent et changent de forme. La naissance du capitalisme constitue à cet égard une étape remarquable de cette possible mutation. La violence n’est pas seulement physique, mais elle devient aussi psychologique et intellectuelle. Elle atteint l’homme dans sa chair et dans sa psyché, dans ses représentations et ses désirs qui évoluent au rythme imposé par la société marchande. (2003, P410) .
La violence est aussi difficile à définir car elle dépend largement des critères qui sont en vigueur d‟une société à une autre pour caractériser ce qui est normale ou anormale dans leurs façons de parler, de faire ou d‟agir. Donc la définition de la violence est soumisse à cette relativité culturelle des sociétés. Mais néanmoins on peut la définir comme l‟a fait DUDOND (P-A) et ERKOHEN-MARKUS(M) :
Il s’agit de l’usage d’un pouvoir physique, hiérarchique, psychologique, normal ou social, de façon ouverte ou camouflée, spontanée ou délibérée, motivée ou non par un individu, un groupe ou une collectivité, via ses comportements ou ses structures, qui a pour effet de contraindre ou de détruire, partiellement ou totalement, par des moyens physiques, psychologiques, moraux ou sociaux, un objet (biens matériels, personnes, symboles) afin d’assurer la réponse à un besoin légitime ou de réagir à ce besoin non comblé (2000, P27) .
Ce qu‟on peut retenir, c‟est que la violence n‟est pas seulement physique ou mentale mais elle est définie dans le cadre dans lequel l‟acte se trouve limité. En outre la violence est l‟un des concepts qui reflètent une origine polysémique du fait que plusieurs recherches scientifiques ont été menées dans ce domaine par les philosophes, les sociologues, les anthropologues etc…Selon les philosophes comme Rousseau « la violence est née de ce qu‟on appelle la société car l‟individu à l‟état de nature n‟est pas cruel et mauvais mais vit en parfaite harmonie avec la nature environnante ainsi qu‟avec ses semblables qu‟il fréquente d‟ailleurs peu. Une forme de pitié le retient de faire du mal à autrui. Seulement, le processus de socialisation a voulu que les hommes aillent vers toujours plus de propriétés, et donc d‟inégalité et d‟injustice, aboutissant à l‟édification de distinctions civiles. Les avancées de la socialisation de l‟individu ont eu finalement pour conséquence de rendre un être méchant en le rendant sociable », donc la violence, on peut dire, qu‟elle est originaire de la société puis que la plupart du temps ou la quasi-totalité des cas définis comme violences sont engendrés par les biens faits de la société (propriétés, maison, immeuble, espace, ethnies, culture etc…), d‟autres comme Thomas HOBBES en pensent le contraire. Pour HOBBES la violence est originaire du comportement naturel de l‟individu, sa volonté d‟accomplir ses besoin sans aucune contrainte. Mais les analystes du discours et les sociologues ne se cantonnent pas à définir la violence par ses racines, c‟est à dire tracer une histoire de celle-ci depuis son apparition comme le font les philosophes et les anthropologues, mais ils essayent d‟analyser, à travers les discours produits dans la société, les causes et les conséquences d‟une violence physique ou mentale. Autrement dit ils se cantonnent d‟analyser ce qu‟est la violence à travers les traces ou l‟identité discursive et social que tout d‟individu prise de parole peut laisser explicitement ou implicitement, consciemment ou inconsciemment dans son discours.
S‟il est difficile de donner une définition intangible de la violence, y compris de la violence physique, cela tient à sa dimension relative et donc changeante. En effet, un même comportement sera jugé violent en fonction de normes et valeurs qui varient selon les époques et les cultures. Il reste que l‟on peut évaluer de degré de violence d‟un acte commis dans une société donnée par rapport à la sanction susceptible de frapper son émetteur. Etudier les manifestations de la violence permet par conséquent d‟étudier les origines, les normes, les valeurs sociales et leur traduction juridique au sein des sociétés.
Le traitement de la violence dans les quotidiens Sénégalais
Les médias sénégalais participent de façon indéniable à la formation de la conscience populaire, au réchauffement et à l‟apaisement du climat social. Ils sont des acteurs du changement de mentalité, de comportement, de préjugés, l‟adoption ou le rejet de nouveaux produits et symboles (la mode, la musique, le langage, la religion), etc. Les médias sont aussi de plus en plus présents dans notre vie avec des capacités de mobilisation manifestes entraînant cris, acclamations, larmes, flashs, évanouissement, violence, etc.
En effet, les relations entre la violence véhiculée ou représentée dans les messages diffusés par les médias et celle qui se manifeste dans la société peuvent être abordé une double perspective. D‟abord la violence relativement liée aux conflits collectifs que constituent les guerres et les génocides et celle liée relativement aux comportements agressifs que constituent les actes de violence isolés dénommés violence individuelle ou privée dont les quotidiens d‟informations sénégalaises nous en rendent compte de tous les jours. Cette forme de violence individuelle qui semble être la plus fréquent dans les articles du journal écrit observateur retiendra principalement notre attention dans cette analyse de la violence criminelle.
Les médias nous rapportent quotidiennement des scènes de violence, souvent des plus horribles, dans toutes les parties du monde. En effet on en entend parler de tous les jours, dans les médias, des crimes (drames humains) partout dans notre société. Pour analyse ce phénomène de la violence (crime) dans les discours de la presse écrite observateur, une sélection d‟extraits d‟articles a été tirée dans la presse écrite du journal observateur. Cette sélection rendra compte de la rhétorique émotionnelle utilisée dans les discours de la presse écrite observateur. En effet, les crimes ou violences personnelles présentent un revirement dépressif qui crée l‟existence d‟une à plusieurs victimes atteintes physiquement ou psychologiquement. Ces crimes personnels sont alors propices à la mise en place d‟une rhétorique émotionnelle qui se déploie autour de l‟atteinte à l‟intégrité physique ou morale. C‟est d‟ailleurs ce que souligne Bérénice MARIAU : « Le fait divers, parce qu‟il touche à l‟humain et met en tension diverses notions comme l‟ordinaire et l‟extraordinaire, le singulier et le général, l‟exemplaire et l‟anecdotique, présente des enjeux pathémiques » (2014, p5).
En effet, cette pathémisation que reflète tout fait divers semble être une matière première à exploiter par les journalistes afin d‟éveiller les cordes sensibles dormants de ses lecteurs qui vont au retour agir d‟une manière émotionnelle, agressive, méprisante ou haineuse face à la situation ou au contexte qui se présente sous leur vécu quotidien et dont ils jugent, selon leurs coutumes et leurs croyances religieuses ou non, comme n‟étant pas la bonne norme reconnue par la société dans laquelle ils (locuteurs) appartiennent. Dans le cadre de la présente analyse, nous trouvons être intéressant de nous concentrer sur les extraits de certains articles de presse portant sur la violence et qui ont été rapportés de manière directe par les journalistes, car ceux-ci présentent les pourcentages de manifestations d’émotions les plus susceptibles à créer des effets chez les destinataires.
Nous trouvons aussi que ces sections d‟articles comportent statistiquement le plus grand nombre d’unités susceptibles d’intéresser l’analyse et d’être représentatives des phénomènes d’intégration et d’expression émotionnelle. Au cours de cette analyse nous allons faire appel en même temps, à certains notions énonciatifs que sont : le discours rapporté, plus précisément le discours rapporté indirect, les procédés de focalisation, et s‟il est possible nous allons les définir en faisant appel à certains linguistes ou grammairiens.
Pour faire cette analyse, nous avons sélectionné deux cas de meurtres qui nous semblent être les plus susceptibles de montrer comment les émotions de drames humaine sont mises en discours dans le paysage médiatique. Tous les deux cas de meurtres sont tirés dans le quotidien Observateur plus précisément dans la période allant d‟octobre à novembre 2016 ; l‟un parle du meurtre de la deuxième vice présidente du conseil économique, social et environnemental (cese), Fatoumata Matar Ndiaye, assassiné le Samedi 19 novembre 2016, à Pikine dans le quartier Khourounar, par son chauffeur Samba Sékou Sow, l‟autre parle de l‟assassinat du chauffeur de Taxi tué le 28 octobre 2016, à la station d‟essence Shell, sise sur la route de l‟aéroport, à Yoff, par Ousseynou Diop, commerçant et acteur en herbe. Ces deux meurtres, comme tant d‟autres, ont suscité sur tous les côtés beaucoup de discours : politique, religieux ou représentants des droits de l‟homme, que la presse n‟est pas manquée de les mettre en discours de manière émotionnellement séduisante.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. DEDICACES
II. REMERCIEMENTS
III. SOMMAIRE
Chapitre 1 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
1.1 LA PROBLEMATIQUE DU SUJET
1.2 LA REVUE DE LITTERATURE
1.3 METHODOLOGIE
Chapitre 2 : UNE ANALYSE SOCIOLOGIQUE DE LA VIOLENCE RELATE DANS LES DISCOURS DE LA PRESSE ECRITE SENEGALAISE
2.1 Définition et origine de la violence dans la société
2.2 Le traitement de la violence dans les quotidiens Sénégalais
Chapitre 3 : LA PRESSE ECRITE ET SON PUBLIC AU SENEGAL
3.1 Une historicité de la presse écrite au Sénégal
3.2 Le quotidien observateur et son lectorat
3.3 La presse écrite au marché de la publicité des faits divers
Chapitre 4 : LES TITRES DU QUOTIDIEN OBSERVATEUR PORTANTS SUR LA VIOLENCE
4.1 Les fonctions des titres de la presse quotidienne Sénégalaise
Tableau 1 : Titres dans le meurtre du Taximan Ibrahima Samba
Tableau 2 : Titres dans le meurtre de Fatoumata Matar Ndiaye
Analyse comparative des données des deux tableaux ci-dessus
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE