« La pauvreté est un phénomène complexe ; il change selon les circonstances des lieux et des temps. » Cette affirmation de Yemba Poyo B, caractérise bien le phénomène de pauvreté qui prévaut à Madagascar. Si au début des années 90, 70% de la population sont considérés comme pauvres, aujourd’hui, près de 83.4% vivent dans l’extrême pauvreté . Et avec une économie fortement dépendante des importations, la situation ne risque pas de s’améliorer.
Cependant, il y a lieu de rappeler que des programmes de lutte contre la pauvreté ont été mis en œuvre depuis plusieurs années. Ces programmes ont été élaborés par les gouvernements de l’époque dont l’objectif principal était de réduire la pauvreté à Madagascar, de restructurer l’économie et voire même de développer le pays. A partir de la mise en œuvre du Document Cadre de Politique Économique ou DCPE, des réformes ont été faits dans le secteur financier afin d’y faciliter l’accès de la population. Le document de stratégie pour la réduction de la pauvreté ou le DSRP, et le Madagascar Action plan ou le MAP ont à leur tour, utilisé la microfinance comme instrument de lutte contre la pauvreté dans le secteur financier. C’est ainsi que, les Institutions de microfinances (IMF) ont vu le jour à Madagascar vers la fin 1990, leur développement a été catalysé par la mise en œuvre du DSRP. Ils étaient même devenus la priorité des autorités dans le secteur financier pendant l’application du MAP.
La microfinance est ici comprise comme « l’offre de service financier à une clientèle pauvre composée des petits travailleurs indépendants urbains et ruraux ». Les crédits accordés par ces IMF sont généralement destinés aux activités génératrices de revenus. L’introduction des IMF dans la lutte contre la pauvreté permettent aux pauvres non solvables d’accéder à des services financiers.
LA PAUVRETE ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
GENERALITE SUR LA PAUVRETE
D’une manière plus générale, la pauvreté est définie comme la situation d’un individu qui ne dispose pas de ressources réputées suffisantes pour vivre dignement dans une société et dans son contexte. En d’autres termes, c’est une situation dans lesquelles on ne dispose pas de ressources nécessaires pour assurer la survie. Ces définitions introduisent la notion de ressources qui permette à une personne de vivre décemment ou pas. Ainsi, le premier critère pour dire qu’on est pauvre ou pas est les ressources, ou le revenu. La population peut donc être subdivisée en plusieurs couches sociales selon les tranches des revenus. Les pauvres se trouvent au plus bas de l’échelle sociale. Dans cette situation, on essayera passer revue toutes les définitions de la pauvreté afin de comprendre tous les aspects et les dimensions relatives à cette notion.
On tiendra compte comme référence la définition de la pauvreté selon le PNUD, puis selon la Banque Mondiale car ces deux institutions sont les premières à accorder une grande importance à cette situation. Ensuite, on verra les différentes approches vis-à-vis de la pauvreté et les dimensions de la pauvreté. Le dernier paragraphe se focalise sur les indicateurs de la pauvreté.
Définition et indicateur de la pauvreté
Définition selon le Programme des Nations Unies pour le Développement ou PNUD et la Banque Mondiale
Ces deux institutions internationales s’accordent à dire que la définition de la pauvreté n’est pas seulement liée au manque de revenu. Elles sont d’accord sur le fait que la pauvreté est un phénomène pluridimensionnel. En effet, le PNUD déclare que la pauvreté n’est pas un phénomène unidimensionnel car un manque de revenu pouvant être résolu de façon sectoriel. Il s’agit d’un problème multidimensionnel qui nécessite des solutions multisectorielles intégrées. De même, la Banques Mondiale affirme que la pauvreté a de « nombreuses facettes » et qu’elle est « le résultat de processus économiques, politiques, et sociaux interagissant entre eux dans des sens qui exacerbent l’état d’indigence dans lequel vivent les personnes pauvres » .
Définition selon le Programme des Nations Unies pour le Développement ou PNUD
La PNUD stipule qu’il existe trois types de pauvreté : « l’extrême pauvreté », « la pauvreté générale », et « la pauvreté humaine ». « Une personne vit dans la pauvreté extrême si elle ne dispose pas de revenus nécessaires pour satisfaire ses besoins alimentaires essentiels qui sont définis sur la base des besoins caloriques minimaux, c’est-à-dire 2400 Kcal par jour.» « La pauvreté générale caractérise la situation d’une personne qui ne dispose pas de revenus suffisants pour satisfaire ses besoins essentiels non alimentaires tel que l’énergie, le logement,… » Et « la pauvreté humaine quant à elle, est présentée comme l’absence des capacités humaines de base : analphabétisme, malnutrition, longévité réduite, mauvaise santé maternelle, » La pauvreté humaine est intrinsèquement liée à la notion de développement humaine qui a vu le jour au début des années 1980 à la suite des travaux d’Amartya Sen.
Le développement humain est la possibilité pour un individu de s’épanouir et d’évoluer dans tous les domaines. Plus précisément, les opportunités essentielles sont une longévité et une bonne condition de santé, sans négliger l’acquisition de connaissances et de savoir, ainsi que pouvoir accéder aux ressources nécessaires pour vivre dans des conditions décentes. Selon le PNUD, la pauvreté humaine signifie « la négation des opportunités et des perspectives fondamentales sur lesquelles reposent tout développement humain » .
Définition selon la Banque Mondiale
A son tour, la Banque Mondiale distingue la pauvreté absolue de la pauvreté relative dans son raisonnement. « La pauvreté absolue correspond à un niveau de revenu nécessaire pour assurer la survie des personnes » ce seuil de revenu est calculé en fonction d’un régime alimentaire de base. La pauvreté relative dépend de la répartition des revenus. Sa signification est « avoir moins que les autres » . En d’autres mots, la pauvreté relative est la situation dans laquelle un individu n’a pas le revenu nécessaire pour participer et vivre dans une société particulière. En outre, la Banque Mondiale évoque les interrelations entre les différentes facettes de la pauvreté, et explique que l’étude approfondie de certains secteurs (l’éducation, la vulnérabilité des populations pauvres, le manque de parole, et le manque de pouvoir) est fondamentale pour saisir la pauvreté dans sa complexité .
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I: LA PAUVRETE ET LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
1.1 GENERALITE SUR LA PAUVRETE
1.1.1. Définition et indicateur de la pauvreté
1.1.2. L’approche théorique de la pauvreté
1.2 LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
1.2.1 Les différents programmes de lutte contre la pauvreté
1.2.2 Les résultats des programmes de lutte contre la pauvreté
PARTIE II : LES IMF A MADAGASCAR
2.1 Les activités des microfinances à Madagascar
2.1.1 Historique et composition des IMF à Madagascar
2.1.2 Le marché des IMF à Madagascar
2.2 Microfinance et lutte contre la pauvreté
2.2.1 L’offre des microfinances arrivent-ils à satisfaire la demande de la population pauvre entre 1996 à 2007 ?
2.2.2 La microfinance face à la crise
CONCLUSION