La prévalence de la prématurité est très élevée dans les pays en développement où elle représente la première cause de mortalité chez les nouveau-nés [24]. En dehors du risque de décès, le nouveau-né prématuré est exposé à des séquelles [25] qui peuvent rendre très difficile la prise en charge médicale et sociale de ces populations. La réduction de la mortalité liée à la prématurité est une des priorités absolues pour l’atteinte de l’objectif du millénaire pour le développement numéro 4 (OMD 4) (réduction de 2/3 de la mortalité des enfants de moins de 5 ans à l’horizon 2015). Cette dernière passe par la mise en œuvre de stratégies à base factuelle, réalistes et réalisables dans nos pays où les ressources sont très limitées. Au Sénégal, la prévalence de la prématurité est difficile à préciser dans le cadre des enquêtes en population car il n’est souvent pas facile de déterminer chez la plupart des parturientes l’âge exact de la grossesse surtout dans les zones rurales ; la date des dernières règles n’étant pas souvent connue et l’échographie de datation peu accessible. Ainsi, la plupart des données disponibles sont issues d’études hospitalières [5, 12, 13, 27] qui ne sont nécessairement pas extrapolables à la population générale. Toutefois, ces dernières ont le mérite de dégager un pro fil approximatif de l’épidémiologie et du prono stic dans les grandes agglomérations urbaines.
DEFINITION ET CLASSIFICATION DE LA PREMATURITE
Définition
La prématurité est une naissance avant 37 semaines de gestation révolues, soit avant le 259éme jour depuis le 1er jour des dernières règles .
➤ Classification :
• Selon l’âge gestationnel :
– Extrême prématurité : l’âge gestationnel entre 22 à 25 SA.
– Très grande prématurité : l’âge gestationnel est entre 25 à 28SA.
– Grande prématurité : l’âge gestationnel est entre 29 à 32 SA.
– Prématurité modérée à légère : l’âge gestationnel est entre 33 à 37 SA.
• Selon la trophicité
✓ Prématuré sans RCIU :
Le poids de naissance est normal pour l’âge gestationnel ; il est compris entre le 10ème et le 90ème percentile sur les courbes de croissance intra-utérine.
✓ Prématuré avec RCIU :
Le poids de naissance est inferieur au 1 0ème percentile sur l es courbes de croissance intra-utérine.
EPIDEMIOLOGIE
Dans le monde
Dans le monde, la fréquence globale de la prématurité est de 9,6% [24]. Dans les pays développés, la fréquence tourne autour d’une moyenne de 7,5%. Elle est 6,2% en Europe, 6,4% en Océanie (Australie, Nouvelle Zélande) et 10,6 % en Amérique du nord. Dans les pays moins développés, la fréquence tourne autour de 8,8%. Dans les pays sous-développés, elle est en moyenne de 12,5% avec une prévalence de 11,9 % en Afrique et 9,1% en Asie [24].
Près de 40 % de tous les accouchements prématurés surviennent avant 34 semaines d’âge gestationnel, et 20 % d’entre eux avant 32 se maines. Ils contribuent à plus de 50 % du total de la morbidité et de la mortalité périnatales. Les taux de prématurité augmentent dans le monde. Dans les milieux défavorisés, le fait de naitre prématurément expose le bébé à un risque extrême de décès pendant la période néonatale. Plus l’âge gestationnel de l’accouchement est bas, plus le besoin d’intervention onéreuse et de soutien pour améliorer les chances de survie est grand. Le manque d’infrastructures modernes pour les soins néonatals dans les pays en voie de développement conduit à des taux élevés de mortalité et de morbidités néonatales chez les prématurés [20].
En Afrique
En Afrique, la fréquence de la prématurité varie considérablement selon les régions. En moyenne, elle tourne autour de 11,9% [24]. Au Burkina Faso, une étude hospitalière rapporte une fréquence de 15,88% ; la mortalité varie autour de 40,4% [39].Au Maroc dans la ville de Rabat, une étude hospitalière montre une fréquence de 8% [3] .Au CHU de Brazzaville, dans la clinique de gynécologie obstétrique, la fréquence est de 16, 7% [31] .Au Kenya une étude dans un c entre hospitalier de niveau 3 a permis de noter une fréquence de 15,2 % [20]. Dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, la prématurité est le premier facteur de mortalité périnatale. Dans le cadre d’une évaluation de la mortalité périnatale portant sur sept pays d’Afrique en voie de développement, l’accouchement prématuré spontané était l’événement obstétrical conduisant le plus souvent à un dé cès périnatal (28,7%) ; la prématurité était la cause principale de mortalité néonatale précoce (62%) .
Au Sénégal
Au Sénégal une étude hospitalière à la clinique de gynécologie obstétrique montrait un taux d’accouchement prématuré de 28 pour 1000. Dans la majorité des cas il s’ agissait de prématurité spontanée ; la prématurité provoquée ne représentait que 3,80%. Cette faible fréquence s’explique par le fait que la majorité des femmes sénégalaises (53%) accouchent en dehors des structures sanitaires et sans assistance médicale [13]. A la clinique Pasteur de Dakar, une étude avait retrouvé une prévalence de 33 pour 1000 [5]. A Ziguinchor, une étude sur les facteurs étiologiques de la prématurité avait retrouvé une prévalence de 33,9 pour mille. Les facteurs étiologiques les plus déterminants retrouvés étaient la multiparité, le nombre de CPN inférieur à 3 le paludisme (chez 19,1% des parturientes) [27].
FACTEURS ETIOLOGIQUES
Les causes de la prématurité sont multiples et très souvent intriqués.
Prématurité spontanée
➤ Facteurs maternels et généraux
– Age de la mère inférieur à 18 ans ou supérieur à 35ans.
– Classe sociale défavorisée (absence de travail, condition de vie défavorable).
– Conditions de travail pénibles (microtraumatismes répétés, long trajet journalier, travail debout).
– Femmes maigres dont le poids n’augmente pas lors de la grossesse, femmes de petite taille (<1,55m).
– Parité : primipare et grande multipare (plus de 5 accouchements).
– Espacement des naissances : intervalle entre l es naissances inférieur à 2ans ou supérieur à 6 a ns. Malformations loco régionales : utérine congénitale (hypoplasie, utérus cloisonné uni ou bicorne) ou a cquise (synéchie, utérus cicatriciel, fibrome) les béances cervico-isthmiques.
– Les infections : infections urinaires, infections cervicales, grippe, paludisme, toxoplasmose, toutes les infections générales entrainant une altération de l état générale,
– Les pathologies comme le diabète, les cardiopathies, l’asthme, la dysthroïdie…
– Col court asymptomatique (< 25mm).
– Pré-éclampsie.
– L’anémie.
– Le tabagisme.
➤ Facteurs fœto-annexiels
– Sur distension utérine, hydramnios
– Décollement placentaire
– Placenta prævia
– Insuffisance placentaire
– Grossesses multiples
– Malformations fœtales
– Retard de croissance fœtale.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. DEFINITION ET CLASSIFICATION DE LA PREMATURITE
2. EPIDEMIOLOGIE
2.1. Dans le monde
2.2. En Afrique
2.3. Au Sénégal
3. FACTEURS ETIOLOGIQUES
3.1. Prématurité spontanée
3.2. Prématurité induite
4. DIAGNOSTIC DE LA PREMATURITE
4.1. Date des dernières règles
4.2. Echographie
4.3. Critères de maturation neurologique
4.4. Critères morphologiques
4.5. Examen électro physiologique
5. COMPLICATIONS DE LA PREMATURITE
5.1. Complications respiratoires
5.1.1. La détresse respiratoire idiopathique ou maladie des membranes hyalines (MMH)
5.1.2. Les apnées
5.1.3. La dysplasie broncho-pulmonaire (DBP)
5.1.4. Le retard de résorption du liquide alvéolaire
5.2. Complications métaboliques
5.2.1. Hypothermie
5.2.2. Hypoglycémie
5.2.3. Hyperglycémie
5.2.4. Hypocalcémie
5.2.5. Hyponatrémie
5.3. Ictère
5.4. Complications Hémodynamiques
5.4.1. Persistance du canal artériel (PCA)
5.4.2. Hypo perfusion pulmonaire
5.4.3. Hypotension artérielle du prématuré
5.5. Complications neurologiques
5.5.1. Hémorragies intra ventriculaires (HIV)
5.5.2. Leucomalacies périventriculaires (LPV)
5.6. Complications digestives
5.6.1. Entérocolite ulcéro-nécrosante (ECUN)
5.6.2. Les autres complications digestives
5.7. Les complications infectieuses
5.8. Complications hématologiques
5.8.1. Anémie précoce
5.8.2. Anémie tardive
5.9. Complication oculaires : la rétinopathie du prématuré
5.10. Le rachitisme du prématuré
6. LA PREVENTION DE LA PREMATURITE
6.1. Les buts
6.2. Moyens et méthodes
CONCLUSION