L’enquête auprès des familles
Présentation
Pour tenter de définir si la question de la conciliation des horaires de travail avec ceux des modes de prise en charge extrafamiliale était une préoccupation importante et/ou urgente pour les familles lausannoise, j’ai établi un portrait des familles utilisatrices de deux structures d’accueil lausannoises. Le but n’était pas d’arriver à mesurer la situation réelle, mais plutôt de prendre le climat de cette préoccupation. J’ai retenu deux institutions de la petite enfance, pour des questions de délais et de quantité de traitement des données.
Il s’agit de la garderie Zig Zag Zoug pour la facilité d’accès des données et le Centre de vie enfantine (CVE) de la Chenille, car ce dernier se situe proche de la gare de Lausanne, dans un quartier socio-économique aisé. Il pouvait donc y avoir plusieurs familles qui avaient des besoins d’horaires d’accueil assez amples de par la distance géographique de leur travail (en partant de l’hypothèse qu’ils habitaient proche de la gare de Lausanne parce qu’ils pouvaient travailler à Genève, Fribourg, ou Neuchâtel par exemple).
Méthode
J’ai établi ce portrait en regroupant deux types de données. D’une part, grâce au programme informatique centralisé de gestion des garderies mis en place par la ville de Lausanne, j’ai pu accéder au taux de fréquentation, au revenu, à l’état civil, à la catégorie socio-professionnelle et à la nationalité des familles accueillies dans ces deux IPE.
D’autre part, j’ai élaboré un questionnaire42 portant sur les horaires de travail de chaque parent, les formes éventuelles d’emploi atypique, la durée du déplacement entre l’IPE et le lieu de travail et sur les modes de garde retenus en dehors des horaires d’accueil possibles.
J’ai mis ensuite les deux séries de données en lien, puisque même si ces données ont été traitées de manière anonyme, chaque questionnaire portait un numéro qui permettait de le mettre en parallèle avec les données obtenues grâce au programme informatique.
J’ai effectué moi-même cette opération de fusion pour la garderie Zig Zag Zoug alors que la directrice du CVE de la Chenille l’a fait pour son institution. Cela garantissait l’anonymat des données puisque une fois les données fusionnées, les noms ont été supprimés.
Choix des questions
D’entente avec ma directrice de travail, j’ai pris les options suivantes afin de mieux calibrer cette enquête :
Elaborer un questionnaire le plus simple et le plus court possible afin d’augmenter les chances de réponses nombreuses.
Ne pas aborder la problématique de l’irrégularité des horaires de travail en journée. Comme les IPE à Lausanne proposent un contrat dit irrégulier, elles répondent, en partie du moins, à cette problématique .
Ne pas aborder non plus la problématique de la garde des enfants pendant les périodes de fermeture des IPE (en principe chaque IPE est fermée 5 semaines par année), car des accueils temporaires dans d’autres IPE sont possibles et favorisés pendant ces périodes.
Echantillon
J’ai décidé de ne pas recenser les familles dont un des deux parents ne travaillait pas ou ne recherchait pas du travail (pour l’essentiel des familles dont un des deux parents reste à la maison pour élever ses enfants). Ces enfants viennent en garderie à des buts de socialisation.
Il ne me semblait pas opportun de les inclure dans une enquête sur les horaires de travail atypiques.
Cette enquête s’adressait finalement à 415 adultes composant les 226 familles qui correspondaient au profil défini.
Déroulement
Le questionnaire (un par parent composant le ménage) a été distribué début mars 2012. Les éducatrices se sont chargées de cette tâche dans le but d’obtenir le meilleur taux possible de retours. Elles proposaient même aux parents de le remplir directement sur place afin de faciliter la récolte. Après une semaine, elles ont relancé les parents, toujours dans le but de favoriser le taux de réponses. C’est ainsi que j’ai obtenu, grâce à leur implication, 267 questionnaires remplis, soit 151 familles (taux de participation des familles : 66.8%).
Traitement des données
J’ai créé un « code book » détaillant les réponses possibles de chaque question. J’ai introduit chaque réponse dans un tableau Excel, afin de pouvoir élaborer un tableau croisé dynamique qui m’a permis de tester chaque variable pour définir lesquelles étaient pertinentes.
A la lecture des réponses reçues, je me suis rendu compte que certaines questions pouvaient être interprétées différemment de ce que j’espérais. Et pourtant, j’avais pris le soin de faire tester ce questionnaire par plusieurs personnes (francophones et non francophones). Certains parents ne m’ont pas indiqué leurs horaires de travail, mais simplement les jours travaillés. A la question du travail occasionnel en soirée, la nuit ou le week-end, certains parents ont précisé qu’ils travaillaient à la maison quand leur enfant dormait ou que l’autre parent s’en occupait. J’aurais donc dû préciser que cette question ne concernait que le travail à l’extérieur du domicile. Les réponses obtenues ne seront donc malheureusement pas aussi significatives que je le souhaitais.
Je n’ai finalement pas utilisé la rubrique « catégorie socioprofessionnelle », la trouvant trop subjective. Il aurait fallu être sûr que chaque profession soit considérée dans la même catégorie par les deux institutions. Je me suis donc basé uniquement sur le revenu des ménages, considérant que c’était un bon indice de la catégorie socio-économique.
La question des horaires de travail m’a permis de compter pour chaque personne le nombre de situations atypiques vécues par semaine (travail avant l’ouverture de l’IPE, après la fermeture, le soir, la nuit, le samedi et le dimanche).
Les horaires de travail combinés avec le temps de déplacement entre la structure d’accueil et le lieu de travail m’ont permis de savoir pour chaque famille celles qui avaient un besoin de garde avant et/ou après les heures d’ouverture de l’IPE. Ainsi, si un parent commence le travail à 7H00 en mettant 30 minutes pour se rendre à son travail, il a besoin d’amener son enfant à 6H30 au plus tard. J’ai effectué ce calcul pour chaque parent. J’ai considéré que si un des deux parents commençait tôt mais pas l’autre, la famille n’avait pas de problème de garde avant l’heure d’ouverture de l’IPE.
Pour terminer, les questions des situations atypiques et de la meilleure solution de prise en charge ont été catégorisées sur la base des réponses reçues.
Choix des catégories d’analyse
Après avoir testé toutes les variables entre elles, j’ai créé différents graphiques et tableaux pour présenter les résultats que je trouvais pertinents. Je les ai regroupés dans sept rubriques qui me semblaient résumer au mieux la situation des familles interrogées et qui seront détaillées dans la partie suivante. Celles-ci sont :
Quelques constats sur la situation des familles
Le choix des horaires de travail
La distance entre le travail et la garderie
Les situations atypiques rencontrées par les familles
Le travail atypique des familles et le placement des enfants
Les solutions envisagées par les familles
Les familles s’expriment librement
La majorité des personnes vivent en couple. Le modèle familial le plus présent est un homme travaillant à 100% et une femme travaillant à temps partiel. La quasi-totalité des parents ont un seul emploi. Ils ont le plus souvent des horaires réguliers qu’ils ne peuvent pas choisir. Ils parcourent moins de 30 minutes pour rejoindre leur travail.
Tous les résultats que je vais présenter ci-dessous sont issus d’un échantillon qui n’a pas été construit pour être représentatif ni des familles lausannoises, ni des familles utilisatrices des IPE à Lausanne. Ces graphiques illustrent plutôt des tendances que des résultats absolus.
Quelques constats sur la situation des familles
J’ai regroupé, dans cette première rubrique, quelques généralités sur le profil des familles. Elles m’ont permis de vérifier deux constats de Schlanser (2011, p. X et XI) : dans les IPE, il y a une surreprésentation d’enfants immigrés ayant une fréquentation élevée et une surreprésentation des mères ayant un haut pourcentage de travail.
Ce graphique montre que plus la fréquentation des enfants augmente, plus la proportion d’enfants étrangers augmente également.
Il n’y a pas eu suffisamment de familles étrangères (hors UE) qui ont répondu aux questionnaires pour pouvoir montrer si le travail atypique concerne effectivement plus ces familles que les familles européennes.
Revenu des familles
Je n’ai pas trouvé de relation significative entre la nationalité et le revenu, ni entre la nationalité et le choix des horaires ou le type d’horaires.
Selon le Service cantonal de recherche et d’information statistiques (Scris)45, en 2002, le revenu des ménages lausannois par quartier montrait que pour le bassin de population du CVE de la Chenille, le revenu annuel brut était de Fr. 52’590.-
Pour celui de la garderie Zig Zag Zoug, il était de Fr. 58’168.-, mais avec une forte disparité entre le « haut » du quartier (Fr. 74’249.-) et le « bas » (Fr. 37’249.-), la ligne de chemin de fer délimitant les deux zones. En moyenne lausannoise le revenu était de Fr. 48’167.-, variant entre Fr. 31’926.- pour le Vallon et Fr. 82’446.- pour le quartier Mousquines-Bellevue. Les familles accueillies ayant répondu aux questionnaires ont donc statistiquement, un revenu plus élevé que la moyenne lausannoise.
Le travail atypique des familles et le placement des enfants
Dans cette cinquième rubrique, j’ai analysé les situations familiales qui peuvent poser problème, soit en termes d’horaires de travail uniquement, soit en termes d’horaires de travail cumulés au temps du trajet jusqu’au lieu de travail.
Je me suis intéressé au pourcentage de parents travaillant régulièrement en dehors des horaires de l’IPE. Dans un deuxième temps, j’ai défini le pourcentage de parents qui ne pouvaient pas arriver à l’heure à leur travail s’ils amenaient leur enfant dans l’IPE. J’ai fait le même raisonnement pour l’heure de fin du travail. Dans le cas des couples, il fallait que les deux parents ne puissent pas amener ou venir chercher leur enfant pour que je considère que leurs horaires n’étaient pas compatibles avec ceux de l’institution.
Je termine en quantifiant les solutions de garde utilisées par les familles en dehors des horaires des structures d’accueil de jour.
Les mères seules sont la catégorie qui peut avoir le plus de difficulté à concilier vie familiale et vie professionnelle, puisque plus de 30% d’entre elles travaillent en fin de journée, presque 20% le soir, le samedi ou le dimanche. Evidemment, ces constats ne se basent que sur seize réponses donc ils sont à prendre avec précaution.
Il y a peu de couples qui pourraient avoir des problèmes de compatibilité d’horaires avec ceux de l’IPE. 6% travaillent tous les deux en fin de journée et 1.5% le samedi et moins de 1% le dimanche.
Si on tient compte du temps de parcours entre l’IPE et le lieu de travail, il y a d’avantage de problèmes de compatibilité après la fermeture qu’avant l’ouverture des structures d’accueil, ce qui n’est pas surprenant vu le nombre de personnes terminant leur journée de travail après 18H30. 17% des familles interrogées ne peuvent pas aller chercher leur enfant à la fermeture de l’IPE. Elles sont donc obligées de trouver une autre personne pour aller chercher leur enfant ou de ne pas l’inscrire ce jour là.
Les horaires d’ouverture semblent donc être plus adéquats que les horaires de fermeture, ce qui ressort également dans le tableau ci-dessous.
C’est la parenté qui est majoritairement sollicitée en cas de besoin de garde en dehors des horaires de l’IPE. On retrouve ensuite les voisins (et amis) et dans une moindre mesure un accueil chez soi (jeune fille, baby-sitter, nounou, …). Il est surprenant de constater que deux familles indiquent faire appel à une autre IPE le week-end, alors qu’à ma connaissance, en dehors des halte-jeux des surfaces commerciales (Migros de Crissier, Ikéa, …) il n’y a pas de structures ouvertes le week-end.
Les solutions envisagées par les familles
L’avant dernière question portait sur la meilleure solution de prise en charge, selon chaque parent, en dehors des horaires de l’IPE. La réponse était volontairement ouverte. J’ai regroupé les 78 réponses en sept catégories.
Une famille précise que les institutions devraient être ouvertes plus tard, mais que le soir et la nuit, l’enfant doit être avec ses parents.
On constate que les parents sont « raisonnables » dans leurs demandes et que l’augmentation de 30 minutes des horaires d’ouverture (jusqu’à 19H00) est la proposition majoritaire.
Au niveau des autres réponses, l’accueil à domicile regroupe les jeunes filles au pair et les baby-sitters. S’organiser avec d’autres parents est une piste évoquée plusieurs fois en incluant les IPE dans la coordination et le recensement des demandes de ce service. Un parent demande simplement que chaque structure d’accueil fournisse un panneau où les parents pourraient soit demander de l’aide soit proposer leur disponibilité.
Alterner ses horaires de travail reprend l’idée qu’une partie des couples ayant des horaires atypiques le fait pour pouvoir gérer la garde des enfants. Rappelons que cette solution, si séduisante soit-elle, se fait au détriment de la vie de couple. L’accueil combiné50 correspond à ce qui se fait en France sous cette appellation, soit une équipe d’AMF dépendant d’une IPE pouvant accueillir les enfants en dehors des horaires de cette dernière.
Pour terminer, un accueil à la carte est le souhait qu’une structure d’accueil accueille les enfants en fonction des besoins des parents, comme la crèche Baby-Loup51 le propose dans la banlieue parisienne. Du reste, une maman a rendu son questionnaire en joignant une photocopie d’une présentation de la crèche Baby-Loup en indiquant qu’elle le faisait pour présenter ce qu’il existait ailleurs sur ce sujet.
Les familles s’expriment librement
Je laissais, pour terminer, l’occasion aux familles qui le souhaitaient de s’exprimer librement. Tableau 24 : Le commentaire final (plusieurs réponses possibles) Même si ce n’était pas le but de la question, il est réjouissant de noter que six familles ont pris la peine d’exprimer leur satisfaction à l’égard du travail des éducatrices. La problématique de la garde des enfants malades, de l’accueil pendant les vacances scolaires et des besoins ponctuels de dépannages sont citées par un total de neuf familles. Trois familles indiquent qu’elles ont adapté leurs horaires de travail aux horaires de garde proposé, ce qui n’est évidemment possible que quand on peut choisir ses horaires de travail.
Synthèse
Ce questionnaire a permis de mesurer la préoccupation des parents en termes de compatibilité d’horaires entre le travail et les IPE. Pour la plus grande majorité d’entres-eux, il n’y a, à priori, pas de problème. Cependant, les mères seules ont proportionnellement plus de risques d’avoir des horaires atypiques. Il y a plus de 60% des familles qui disent faire appel occasionnellement à des solutions de garde après la fermeture de l’IPE (50% le week-end et 30% avant l’ouverture ; une famille pouvant se retrouver dans plusieurs situations), ce qui montre qu’une solution souple à la carte pourrait rencontrer un écho favorable. Pour terminer, la demande majoritaire des parents (pour qui les horaires actuels de l’IPE ne sont pas suffisants) est pour une fermeture plus tardive des IPE (19H00 ou 19H30), ce qui permettrait de faciliter leur l’organisation.
Des solutions existent à l’étranger et peuvent servir de modèles pour Lausanne
Le but de ce chapitre n’est pas de lister exhaustivement de ce qui existe à l’étranger en termes de possibilités d’accueillir des enfants à des horaires atypiques, mais de présenter quelquesunes des formes que prend cet accueil. J’ai choisi quatre modèles, avec pour certains d’entreseux différentes variantes. Chaque variante est illustrée par un ou plusieurs projets concrets existants. Certains sont définis brièvement, d’autres plus longuement. La plupart des exemples sont français, mais ces structures existent en tout cas aux USA, au Canada, en Belgique et au Luxembourg.
Dans un deuxième temps, j’ai élaboré une analyse SWOT52 de chaque variante. Ces variantes m’ont servi de base pour proposer les deux modèles adaptés à la ville de Lausanne, que j’ai définis dans le chapitre suivant. Je n’ai volontairement pas parlé d’un modèle dans lequel une AMF prend en charge les enfants selon des horaires atypiques. A Lausanne, cette solution existe, nous l’avons vu, par l’AMIFA. Il ne me semblait pas pertinent de la représenter sous forme de modèle. Je n’ai pas non plus abordé une solution du type baby-sitter ou jeunes filles au pair, à nouveau parce qu’elle existe déjà, étant souvent la seule solution que les parents peuvent mettre en place à Lausanne.
Modèle 1° : structures à horaires élargis
Il existe de plus en plus d’IPE à l’étranger qui ont des horaires d’ouverture étendus. Il existe même des structures d’accueil ouvertes 24 heures sur 24. Aux Etats-Unis53, il existe des crèches qui ne couchent pas les enfants d’âge préscolaire la nuit, afin que ceux-ci puissent dormir en même temps que leur parent la journée. A mes yeux, ce fonctionnement mériterait de s’attarder sur d’éventuels risques pour la santé des enfants.
Ce n’est pas parce qu’une IPE a des horaires étendus qu’un enfant doit forcément être présent de l’ouverture jusqu’à la fermeture. L’amplitude horaire permet de correspondre aux horaires de travail des parents. Au Danemark par exemple, on considère qu’un enfant ne doit pas être présent plus de 7H00 par jour (Wagner & Tarkiel, 1997, p. 113). A Lausanne, les directives à l’intention des parents parlent de maximum 10H0054 par jour. Une recherche non exhaustive des pages internet francophones consacrées aux structures d’accueil semble indiquer que ce maximum de 10H00 de fréquentation par jour est devenu une norme informelle. Dans les IPE à horaires élargis qui n’accueillent pas d’enfants 24 heures sur 24, il est également appliqué.
Dans un extrait d’entretien réalisé par le Centre d’Expertise et de Ressources pour l’Enfance en Belgique, une direction d’IPE indique « Les postiers qui amènent leur enfant à 4H00 du matin, eh bien à midi, cet enfant est parti ! La durée du temps en crèche n’est pas nécessairement plus longue ». (Dusart, 2007, p. 34).
Crèches ouvertes 24 heures sur 24
La crèche Baby-Loup dans la banlieue parisienne (département des Yvelines) Ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, la crèche Baby-Loup offre depuis septembre 2002, 38 places d’accueil de jour, 10 places d’accueil de nuit et 15 places d’accueil le week-end.
Partant d’un besoin et d’une mobilisation des femmes de la cité, la crèche a mis en place une structure la plus souple possible. Les modalités d’inscription sont simples afin de pouvoir accueillir en urgence des enfants ; l’accueil est possible à la carte : de quelques heures à une prise en charge pendant plusieurs jours (24 heures sur 24) ; l’institution s’adapte aux modifications d’horaires des parents des enfants accueillis. Gérée par une association, la crèche emploie 20 éducatrices de l’enfance (EDE)56, travaillant toutes à plein temps. Chacune travaille 3 x 12 heures par semaine (du lundi au mercredi ou du jeudi au samedi) et elles effectuent un tournus le dimanche. L’institution a dû obtenir une dérogation de l’inspection du travail pour que les éducatrices puissent travailler plus de 9 heures par jour.
La majorité des parents sont dans une situation précaire. 43% des familles sont monoparentales et 69% des familles disposent d’un revenu inférieur à 1’500 € par mois. Au niveau travail, 47% des familles ont des CDD (contrat de durée déterminée), 18% ont des horaires décalés, 9% sont accueillis en situation d’urgence et seulement 8% des familles ont un travail fixe, soit un contrat à durée indéterminée (CDI) avec horaires standards.
De plus, l’institution offre également des places d’accueil pour des enfants que les services sociaux doivent placer en urgence. Pour terminer, la crèche a été reconnue comme lieu de réinsertion professionnelle pour les femmes du quartier.
Crèches à horaires élargis
La crèche Mirabilis à Lyon
La crèche Mirabilis a été créée en 2005. Elle est ouverte non stop du lundi 5H30 jusqu’au vendredi 18H30. Elle propose 30 places d’accueil en journée et 12 places la nuit. Elle a le même public-cible que Baby-Loup.
Les P’tits Loup’ings (aéroport d’Orly)58
La crèche propose un accueil de 5H00 à 22H30, du lundi au samedi, ainsi que les jours fériés.
Les parents ont le choix entre un accueil de type traditionnel (régulier en journée), un accueil avec des horaires décalés, un accueil d’urgence ou une halte-garderie.
Les tarifs sont identiques aux crèches municipales.
Modèle 4° : collaboration entre parents d’un quartier
Il me semble qu’une possibilité pour accueillir des enfants selon des horaires atypiques pourrait être que plusieurs familles, ayant des horaires de travail complémentaires, se regroupent pour se partager la garde de leurs enfants. Ce fonctionnement très informel peut renforcer la solidarité entre des familles d’un même quartier et participer à l’insertion sociale.
On peut également imaginer, pour faciliter cette rencontre entre les familles, qu’un « service » mette en lien les parents. Il serait chargé de recenser les demandes et d’organiser les collaborations. Les directions d’IPE le font dans une certaine mesure pour l’accueil pendant les périodes de vacances. Si une famille s’adresse à une direction en disant qu’elle n’a pas de solutions pendant la fermeture estivale de la crèche, une des solutions que la direction va explorer, c’est de trouver une famille fréquentant l’IPE et qui acceptera d’accueillir temporairement l’enfant en question.
Je n’ai malheureusement trouvé aucune information sur des expériences de ce type, bien que je suis convaincu qu’elles existent.
Deux solutions envisageables à Lausanne
En choisissant ce thème de travail de master, j’avais envie à la fois que le sujet puisse proposer une utilité pour la petite enfance lausannoise et que ce travail contienne une application concrète. Je me suis donc préalablement assuré de l’intérêt de la direction du SAJE pour cette problématique. Par la suite, je l’ai tenue régulièrement informée de l’avancement de mes recherches. En janvier 2012, M. Seiler (chef de service du SAJE) m’a alors demandé d’étudier plus en détail deux formes que pourraient prendre l’accueil d’enfants à horaires atypiques. Sur la base des modèles définis précédemment, nous avons retenu d’une part une institution de la petite enfance ouverte 24 heures sur 24, et d’autre part un accueil combiné. Il était en particulier intéressé par le coût de telles structures si elles devaient s’implanter à Lausanne.
Je lui ai présenté mes résultats en mai, afin de m’assurer que les modèles proposés correspondaient à ses attentes. Nous avons affiné les deux modèles, en définissant trois variantes du premier modèle et deux variantes du deuxième, qui permettent de passer d’un idéal à un projet plus réaliste.
Définir l’organisation, le fonctionnement et le coût de ces deux modèles peut représenter en soit un thème de travail. Je vais donc me limiter à les décrire succinctement en m’attardant particulièrement sur quelques aspects légaux, sur les incidences pour chaque acteur et sur le coût.
Structure ouverte 24 heures sur 24
Pour des raisons pratiques, j’ai imaginé qu’une structure « nuit » prenne le relais de la garderie Zig Zag Zoug, pour offrir un accueil 24 heures sur 24. Il me semble préférable d’envisager d’autres locaux, pour que le personnel présent puisse recréer une atmosphère plus calme, moins institutionnelle. De plus, il me parait important que les enfants dorment dans un lit (et non pas sur un matelas posé par terre, comme c’est le cas en principe dans toutes les IPE pour la sieste). La majorité de la surface serait donc occupée par des chambres pour dormir, rendant difficile le partage des locaux en journée.
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Table des matières
Remerciements
Résumé
Table des matières
1. Introduction
1.1 Présentation
1.2 Questions traitées
1.3 Hypothèses de travail
1.4 Méthodologie
1.5 Définition du travail à horaires atypiques
2. Les différentes évolutions contextuelles
2.1 Concernant la famille : la fin de la domination du modèle traditionnel
2.2 Concernant le travail : la fin du plein emploi
2.3 Concernant les horaires de travail : la fin du quasi-monopole des horaires standards
2.4 Concernant les horaires atypiques : toute la famille en subit les conséquences
2.5 Concernant le temps passé en famille : les inégalités perdurent
2.6 Concernant les structures d’accueil : un triple effet Matthieu
2.7 Evolution en quelques chiffres du travail atypique en Suisse et en France
3. La situation lausannoise
3.1 L’accueil de jour préscolaire en termes d’offre et d’horaires
3.2 La prise en charge à horaires atypiques vue par quelques instances concernées
3.3 Des demandes de parents pas si marginales
3.4 Une réponse possible comme vidée de sa substance
3.5 Synthèse
4. L’enquête auprès des familles
4.1 Présentation
4.2 Méthode
4.3 Choix des questions
4.4 Echantillon
4.5 Déroulement
4.6 Traitement des données
4.7 Choix des catégories d’analyse
5. Les résultats de l’enquête
5.1 Quelques constats sur la situation des familles
5.2 Le choix des horaires de travail
5.3 La distance entre le travail et la garderie
5.4 Les situations atypiques rencontrées par les familles
5.5 Le travail atypique des familles et le placement des enfants
5.6 Les solutions envisagées par les familles
5.7 Les familles s’expriment librement
5.8 Synthèse
6. Des solutions existent à l’étranger et peuvent servir de modèles pour Lausanne
6.1 Modèle 1° : structures à horaires élargis
6.2 Modèle 2° : collaboration entre une institution et des accueillantes en milieu familial
6.3 Modèle 3° : accueil au domicile des familles
6.4 Modèle 4° : collaboration entre parents d’un quartier
6.5 Analyse SWOT des modèles présentés
6.6 Deux solutions envisageables à Lausanne
6.7 Structure ouverte 24 heures sur 24
6.8 Accueillantes en milieu familial dépendant d’une structure d’accueil de jour
6.9 Coût de ces deux solutions
7. Conclusion
Bibliographie
Annexes
1. Glossaire
2. Récapitulatif des différents graphiques et tableaux
3. Questionnaire distribué aux parents des deux institutions de la petite enfance
4. Code Book pour traiter le questionnaire
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