Définition du traumatisme crânio-cérébral
Selon Torpy (2005), le traumatisme crânien se définit par tout traumatisme au cuir chevelu, au crâne ou au cerveau. La gravité des traumatismes cérébraux est variable, le traumatisme cérébral léger (aussi appelé commotion cérébrale) peut provoquer une perte temporaire ou une altération de la fonction cérébrale, tandis que le traumatisme cérébral grave peut comprendre une fracture du crâne et entraîner des contusions ou des lacérations cérébrales ou un hématome intracérébral avec des incapacités permanentes.
Dans les programmes de réadaptation en neurotraumatologie du réseau de la santé et des services sociaux du Québec, le traumatisme cérébral est mieux connu sous le vocable « traumatisme cranio-cérébral ». Le TCC se définit par une altération de la fonction cérébrale ou par la démonstration d’une pathologie cérébrale provoquée par une force mécanique externe (Lezak, 2004 ; Menon et al., 2010). Sont considérés comme une altération de la fonction cérébrale : toute perte ou diminution du degré de conscience; tout type de perte de mémoire (amnésie post-traumatique incluse); tout déficit neurologique (faiblesse motrice, perte d’équilibre, dyspraxie, parésie, aphasie ou altération des fonctions sensorielles). L’application d’une force mécanique externe produisant une insulte cérébrale peut se présenter dans trois situations. Dans la première, l’individu est en mouvement et à la suite d’un arrêt ou d’une décélération brusque, le cerveau est secoué et entre en contact avec la boîte crânienne.
L’évaluation de la gravité du traumatisme cranio-cérébral
Parmi les principaux critères et outils cliniques généralement retenus pour évaluer la gravité d’un TCC, il y a l’échelle de coma de Glasgow, la durée de la perte de conscience, l’amnésie post-traumatique ainsi que l’ampleur et l’emplacement des lésions cérébrales (Menon et al., 2010 ; Sherer et al., 2007).
L’échelle de coma de Glasgow (Teasdale et Jennett, 1974) est reconnue mondialement comme l’étalon d’or pour évaluer la gravité des traumatismes cérébraux (Laureys et al., 2005). Utilisée en clinique et en recherche, l’échelle de coma de Glasgow sert à déterminer le niveau de conscience d’une personne lorsqu’elle est en état de coma (profondeur du coma) et produit un score allant de trois (coma profond) à quinze (personne parfaitement consciente). Cette échelle évalue trois critères : l’ouverture des yeux, la réponse verbale et la réponse motrice. Dans les heures suivant l’évènement traumatique, l’échelle de coma de Glasgow aide le médecin à déterminer sa stratégie pour maintenir les fonctions vitales de la personne comateuse. En règle générale, l’état du patient est évalué à l’aide de l’échelle sur une base quotidienne tout au long de la période de coma et à des intervalles plus rapprochés dans les heures et les jours suivants le traumatisme.
Conséquences du TCC léger
Le TCC léger est défini comme une période d’inconscience ne dépassant pas trente minutes, un score à l’échelle de coma de Glasgow entre treize et quinze, une absence de lésion cérébrale observable à l’imagerie par résonance magnétique ou à la tomographie axiale et une période d’amnésie post-traumatique de moins de vingt-quatre heures (Anderson et al., 2011 ;Kosakevitch-Ricbourg, 2006). Les conséquences du TCC léger sont très variables et peuvent être liées aux caractéristiques psychologiques personnelles (antécédent, comorbidité) de l’individu.
On classe les symptômes du TCC léger en trois catégories, soit; physiques, cognitifs et psychologiques (King et al, 1995). Au plan physique on retrouve principalement des céphalées, des nausées, des vertiges, une vision brouillée ou double, de la fatigue et des troubles du sommeil. Au plan cognitif, les sujets rapportent des troubles de mémoire, des difficultés d’attention et de concentration, une lenteur de la pensée et des difficultés à planifier. Et finalement au plan psychologique, les sujets mentionnent de l’irritabilité, de l’impulsivité, une labilité émotionnelle, de l’anxiété et des symptômes dépressifs.
Conséquences du TCC modéré ou sévère
Les conséquences associées aux TCC modérés ou sévères sont considérablement plus importantes que celles associées aux TCC légers (Decuypere et Klimo, 2012). Elles peuvent être d’ordre neurologique, physique ou psychologique. Tel que mentionné précédemment, les structures cérébrales lésées ainsi que l’ampleur des lésions auront une influence importante sur les conséquences du TCC.
Les principales conséquences neurologiques occasionnées par un TCC sont les difficultés motrices, sensitives ou cognitives (Belmont et al., 2006). Les fonctions cognitives comme la résolution de problème, la vitesse de traitement de l’information, la mémoire et les fonctions du langage, ainsi que l’attention (sélective et partagée) sont les fonctions typiquement altérées après un TCC modéré ou sévère (Azouvi et al., 2004, 2009 ; McAlister, 2011). Les séquelles cognitives de type attentionnelles des TCC modérés ou sévères (avec lésions détectées au scanner) concernent respectivement trois quarts et deux tiers des patients ayant survécu à un TCC sévère ou modéré (Annoni et Colombo, 2011).
Par exemple, un déficit au niveau de l’attention sélective peut avoir pour conséquence qu’un individu soit incapable de concentrer son attention sur une cible unique. En d’autres mots, il s’agit d’une personne qui est facilement distraite de son objectif ou de sa tâche. Un déficit au niveau de l’attention partagée affecte la capacité à être attentif à deux ou plusieurs tâches se déroulant en simultanée. Une situation dans laquelle une personne éprouve des difficultés à soutenir une conversation téléphonique pendant qu’elle fait la cuisine est un exemple de déficit d’attention partagée (Ziino et Ponsford, 2006).
L’activité physique aérobie et le cerveau
L’activité physique de type aérobie est reconnue comme ayant une importance considérable dans le processus moderne de réadaptation multidisciplinaire (Jankowski et Sullivan, 1990 ; Mossberg et al., 2010). L’exercice de type aérobie se distingue du fait qu’il sollicite les systèmes cardiorespiratoire et cardiovasculaire. Des exemples typiques d’exercice aérobie sont la nage, le jogging, le vélo, la marche rapide et le ski de fond.
Les bénéfices de l’activité physique sur la santé sont bien connus. Pensons notamment à la prévention des maladies chroniques comme le cancer, le diabète de type II et les maladies du cœur (Agence de la santé publique du Canada, 2011). D’autres domaines de recherche évaluent aussi les bienfaits potentiels de l’activité physique sur d’autres problématiques de santé. Par exemple, on étudie quel type d’exercice serait le plus favorable pour la gestion de la douleur chronique (Sullivan et al., 2012). D’autres études s’interrogent sur le lien entre l’activité physique et les problèmes de fatigue chronique ou encore sur l’effet qu’il pourrait avoir sur l’apparition de certaines démences (Laurin et al., 2001).
L’amélioration de la capacité aérobie en présence de lésions cérébrales associées à un TCC
En effectuant un entraînement aérobie adéquat, une personne sans pathologie peut améliorer considérablement l’efficacité de ses systèmes de transport et d’utilisation d’oxygène (Colcombe et al., 2006 ; McArdle 2001). Au niveau des muscles, les mitochondries se multiplient et grossissent, la circulation sanguine augmente et l’activité des enzymes aérobies mobilise et oxyde les graisses plus efficacement (McArdle, 2001).
Les personnes ayant subi un TCC peuvent aussi améliorer leur capacité aérobie (Bateman et al., 2001 ; Bhambhani et al., 2003, 2005 ; Hunter et al., 1990 ; Jankowski et Sullivan, 1990 ; Mossberb et al., 2005, 2007, 2010). De surcroît, il est aussi admis dans la littérature que les gens ayant subi un TCC modéré ou sévère possèdent une capacité aérobie moins élevée que la valeur prédite de la population normale (pour une personne du même sexe et de la même catégorie d’âge). Selon les études, la capacité aérobie des personnes ayant subi un TCC peut être réduite de 24 % (Mossberg et al., 2007) à 33 % (Jankowski et Sullivan, 1991). Plusieurs facteurs contribuent probablement à diminuer la capacité aérobie des personnes ayant subi un TCC.
La période d’alitement peut être considérée comme une des variables responsables de la diminution de la capacité aérobie à court terme. Le manque d’initiative et les déficits cognitifs associés à des lésions cérébrales sont aussi à considérer dans le développement d’un mode de vie sédentaire chez les victimes de TCC modéré ou sévère. Toutefois, le peu d’importance accordée à l’activité physique comme moyen de traitement, ainsi que la méconnaissance des bénéfices sur la santé physique et mentale pendant la période de réadaptation semblent être les principales causes responsables de la cristallisation de cette situation (Mossberg et al., 2007).
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Table des matières
PREMIER CHAPITRE – INTRODUCTION
1.1 Avant-propos
1.2 Problématique
1.2.1 Définition du traumatisme cranio-cérébral
1.2.2 L’évaluation de la gravité du traumatisme cranio-cérébral
1.2.3 Conséquences du TCC léger
1.2.4 Conséquences du TCC modéré ou sévère
1.2.5 La réadaptation
1.2.6 Activité physique aérobie pour le traitement du TCC modéré ou sévère
1.2.7 Objectifs de la recherche
1.3 Recension des écrits
1.3.1 L’activité physique aérobie et le cerveau
1.3.2 L’amélioration de la capacité aérobie en présence de lésions cérébrales associées à un TCC
1.3.3 L’effet de l’exercice aérobie sur la fatigue perçue
1.3.4 L’effet de l’exercice aérobie sur la fatigue perçue en présence de lésions cérébrales associées à un TCC
1.3.5 L’effet de l’exercice aérobie sur la neuroplasticité et la cognition
1.3.6 L’effet de l’exercice aérobie sur la neuroplasticité et la cognition en présence de lésions cérébrales associées à un TCC
DEUXIÈME CHAPITRE – MATÉRIEL ET MÉTHODES
2.1 Devis
2.2 Hypothèses
2.3 Variables à l’étude
2.3.1 Variable indépendante
2.3.2 Variables dépendantes
2.4 Population à l’étude
2.4.1 Critères de sélection
2.4.2 Stratégie d’échantillonnage et de recrutement
2.5 Instruments de mesure
2.5.1 Relevé des données morphologiques et physiologiques
2.5.2 Évaluation de la capacité aérobie
2.5.3 Test d’attention sélective – Barrage des cloches
2.5.4 Test d’attention sélective – d2
2.5.5 Test d’attention partagée – Brown-Peterson
2.5.6 Test d’attention partagée – Tracé A-B
2.5.7 Évaluation de la fatigue
2.6 Déroulement de l’étude
2.7 Analyse des données
2.8 Considérations éthiques
TROISIÈME CHAPITRE – RÉSULTATS
3.1 Participants
3.2 Adhésion au traitement
3.3 La capacité aérobie
3.4 La fatigue
3.5 Les tests d’attention sélective
3.5.1 Le test du d2
3.5.2 Le test de barrage des cloches
3.6 Les tests d’attention partagée
3.6.1 Le test du Tracé A-B
3.6.2 Le test de Brown-Peterson
QUATRIÈME CHAPITRE – DISCUSSION
4.1 Adhésion au traitement
4.2 L’amélioration de la capacité aérobie
4.3 L’amélioration de la perception de la fatigue
4.4 L’amélioration des fonctions cognitives
4.5 Forces de l’étude
4.6 Limites de l’étude
4.7 Conclusion
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