Depuis toute petite, je suis asthmatique. Ce n’est pas une maladie trop sévère si elle est bien traitée. Cela ne m’a jamais beaucoup handicapée lors de ma scolarité, sauf durant les leçons d’EPS. Souvent défavorisée et incomprise par mes enseignants durant ces cours, j’ai cherché à comprendre pourquoi. Cette expérience m’a poussée à me tourner vers mon sujet actuel de mémoire. Mon but n’a pas été de mettre le doigt sur le fait que les enseignants ne tiennent pas compte de certains handicaps des élèves mais, plutôt, de rechercher des solutions à ces différentes situations.
Notre pays et plus précisément notre canton, met l’accent sur une politique scolaire d’intégration pour tous. De plus en plus d’enfants ayant des besoins éducatifs particuliers sont intégrés dans les classes ordinaires. Ayant effectué de nombreux stages et remplacements, j’ai réalisé à quel point ces enfants partageaient partiellement et souvent totalement la vie de la classe. Pourtant, j’ai également observé que ces élèves-là fréquentaient irrégulièrement les cours de sport. Fréquemment dispensés d’EPS, ils assistent peu souvent à ces leçons.
Le thème du sport à l’école a toujours eu de l’intérêt pour moi, c’est pourquoi je m’y suis intéressée pour mon mémoire. Etant aussi en option sport lors de ma formation à la HEP, j’ai pensé que réaliser un mémoire sur ce thème pouvait vraiment m’apporter quelque chose de concret pour la suite. Comme nous l’avons appris maintes et maintes fois lors de la formation, le métier d’enseignant a beaucoup changé ces dernières années. Nous sommes amenés à prendre de plus en plus en compte les besoins de chaque élève en particulier, ce qui demande de pratiquer une différenciation.
Le terme handicap nous vient de l’anglais « hands in the cap », littéralement traduit par « main dans un chapeau », qui désignait un jeu de hasard. Puis, ce terme a été associé au sport, notamment aux courses de chevaux, où l’on handicapait les meilleurs chevaux avec des poids pour permettre une équité des chances avec les autres montures (Wikipédia, 2015, Terminologie et définition, para. 2). L’organisation mondiale de la Santé (OMS) nous donne une des définitions les plus récentes : La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé définit le handicap comme un terme générique pour les déficiences, les limitations de l’activité et restrictions à la participation. Le handicap est l’interaction entre des sujets présentant une affection médicale (paralysie cérébrale, syndrome de Down ou dépression) et des facteurs personnels et environnementaux (par exemple attitudes négatives, moyens de transport et bâtiments publics inaccessibles, et soutiens sociaux limités).
Le handicap est extrêmement divers. Si certaines affections associées au handicap entraînent une santé fragile et des besoins de soins de santé importants, d’autres non.
Définition de l’intégration
Larousse Maxipoche (2011) nous donne cette définition : « intégration n.f. 1. Action d’intégrer qqun ou qqch ; fait de s’intégrer : Favoriser l’intégration des immigrés. L’intégration d’un nouvel élève au sein d’une classe (syn. Assimilation, insertion) ». Cette définition reste floue et peu explicite quand nous connaissons les débats menés sur l’école intégrative aujourd’hui. Le site : Integration und Schule (2015, définition, para.2) a, quant à lui, une définition un peu plus précise du sujet : « […] on entend par intégration la scolarisation la plus large possible sur place dans l’école ordinaire de l’ensemble des enfants et adolescents avec et sans handicap et besoins particuliers. » Nous revoyons sans cesse nos jugements et nos idées quant à la définition du handicap tandis que celle de l’intégration reste encore peu étoffée et se modifiera encore sûrement avec le temps et l’évolution des lois et de nos perceptions.
Perspective historique de la personne en situation de handicap
Cette perspective historique permet de mettre en avant le regard que l’Homme portait sur les enfants lorsqu’ils étaient différents. D’après l’ouvrage de Rousseau & Bélanger (2004), nous retrouvons la personne en situation de handicap depuis l’Antiquité déjà. A cette époque, l’espérance de vie n’est pas longue et les décès sont nombreux. C’est le Pater familias (conseil dirigeant de l’époque), qui détermine si les enfants nés seront considérés comme citoyens ou seront rejetés. Si l’enfant présente des signes de malformation, il est abandonné, car il ne remplit pas les conditions pour être un bon citoyen .
A la chute de Rome, le christianisme prend son essor. La société adopte alors une nouvelle philosophie où : « tous les hommes sont égaux ! ». Cependant, cette belle devise ne reste que parole, puisque cela ne change pas le regard des hommes face à ces personnes. L’aspect différent, surtout physique, dérange toujours et provoque peur, pitié, dégout et mépris. Lors de la période du Moyen-Age, tout tourne autour de la religion. Chaque chose est justifiée par Dieu. Ce qui est sottise de l’homme, acte vil ou laid porte la marque de Satan. C’est ainsi qu’une attitude d’exclusion envers les personnes différentes fait son apparition. En regroupant ces personnes entre elles, les autorités pensent avoir un pouvoir et du contrôle sur ce mal. Pourtant, cette population différente ne diminue pas et provoque un sentiment de menace sur le peuple. Ainsi, Henri de Bracton, juriste anglais, propose des mesures de protection pour les « idiots », tandis que Philippe le Bel, roi des Français, décide que l’Etat doit les protéger. Malgré cela, rien ne change quant à notre perception de ces personnes. Au cours de la Renaissance, le malaise persiste par rapport au handicap mais nous faisons semblant de l’accepter. Ce n’est qu’au XIXème siècle que des changements importants bouleversent l’Occident. Napoléon démocratise l’instruction, le savoir est maintenant à la portée de tous. Pourtant, une gestion négative du handicap persiste toujours sous le regard par exemple de Darwin et sa sélection naturelle ou encore de son cousin Francis Dalton, fondateur de l’eugénisme, suivant la théorie qui prétend que l’amélioration de la race humaine se fait par l’élimination des inadaptés. Enfin, au XXème siècle, la peur du handicap s’atténue. Après la Seconde Guerre mondiale, deux nouveaux réseaux d’école sont créés : un pour les élèves normaux et un pour les élèves inadaptés. Par cette méthode, nous instaurons des écoles spécialisées, qui permettent de réinsérer les personnes handicapées. L’enseignement est alors individualisé, des classes de soutien sont mises en place (qui sont encore en vigueur aujourd’hui). Le fait que tout enfant puisse suivre l’école près de chez lui prouve que l’homme a fait un pas en avant face à la différence.
Cette perspective historique nous montre combien l’intégration a peiné à se faire une place dans la société. Comme le dit si bien Moulin (2005, cité dans le cours 1 de pédagogie spécialisée, 2013) : « l’intégration des élèves en situation de handicap nécessite avant tout un changement des mentalités ». Le rejet de la différence vient du manque de connaissance de son état réel. La différence se comprend et s’explique, elle ne découle pas de croyances religieuses ou de philosophies sociales.
|
Table des matières
1. Problématique
1.1 Définition et importance de l’objet de recherche
1.2 Cadre théorique
1.2.1 Définition du handicap
1.2.2 Définition de l’intégration
1.2.3 Perspective historique de la personne en situation de handicap
1.2.4 Législations relatives à l’intégration et au handicap
1.2.5 Définition de l’EPS
1.2.6 EPS dans le cursus scolaire
1.2.7 Importance du mouvement chez l’enfant
1.2.8 EPS et handicap, duo gagnant ?
1.2.9 Multiples apports positifs du sport aux élèves handicapés
1.2.10 Obstacles encore récurrents
2. Méthodologie
2.1 Fondements méthodologiques
2.1.1 Approche qualitative
2.1.2 Posture compréhensive
2.2 Nature du corpus
2.2.1 Entretien semi-directif
2.2.2 Entretien directif
2.2.3 Observation
2.2.4 Choix de l’échantillonnage de la population visée
2.3 Méthodes et/ou techniques d’analyse des données
2.3.1 Transcription
2.3.2 Traitement des données
3. Analyse et interprétation des résultats
3.1 Présentation des résultats
3.1.1 Matériel
3.1.2 Comportements verbaux et non-verbaux
3.1.3 Interactions entre les élèves
3.1.4 Consignes
3.1.5 Organisation
3.1.6 Intégration de ces élèves : changements, apports, difficultés
Télécharger le rapport complet