Définition du burn out (BO)
« En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes d’incendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe externe semble plus ou moins intacte. » Herbert J. Freudenberger .
Le BO est un état psychologique qui peut être assimilé à un état de combustion interne des professionnels, résultant d’un déséquilibre à long terme entre les exigences professionnelles et les ressources de l’individu. Cette notion a initialement été utilisée par Herbert Freudenberger en 1974 et s’appliquait à des bénévoles travaillant dans une clinique accueillant des toxicomanes à New York qui, par manque de reconnaissance envers leur travail, présentaient une perte de motivation (1).
Durant la même période, Christina Maslach, chercheuse américaine en psychologie du travail, a étudié ce phénomène et les différentes manières de le combattre parmi les travailleurs des services sociaux californiens et a défini le BO comme un modèle tridimensionnel se caractérisant par 3 composantes : l’épuisement émotionnel, la dépersonnalisation et l’échec de l’accomplissement personnel.
– L’épuisement émotionnel (EE) se caractérise par une sensation de fatigue émotionnelle et physique liée au fait d’aller au travail. La personne se sent ainsi vidée de son énergie.
– La dépersonnalisation (DE) se caractérise par une deshumanisation et des attitudes impersonnelles, négatives, vis-à-vis des personnes dont on a la charge ou la responsabilité.
– L’échec de l’accomplissement personnel (AP) correspond à une dévalorisation de son travail avec un fort sentiment d’échec personnel et une baisse de l’efficacité au travail.
Diagnostic du BO
Les symptômes du BO sont très variés mais peu spécifiques. Ils se caractérisent par :
– Des troubles affectifs : dépréciation de soi, repli sur soi
– Des troubles cognitifs : difficultés de concentration, d’attention, de mémorisation
– Des troubles comportementaux : absentéisme, automédication, addictions
– Des troubles psychosomatiques : céphalées, fatigue, tension .
Certaines études se sont intéressées à l’aspect physiologique du BO et ont cherché à identifier différents marqueurs biologiques pouvant aider au diagnostic. Les biomarqueurs testés étaient impliqués dans la neurotransmission, le métabolisme et la transmission hormonale. Dans l’état actuel des connaissances aucun biomarqueur n’a montré sa spécificité dans le diagnostic du BO (9) Actuellement le BO ne fait pas l’objet d’un diagnostic officiel selon des critères précis dans aucune classification des maladies psychiatriques (CIM – 10 (Classification internationale des maladies), OMS (Organisation mondiale de la santé) ou DSM-IV (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux de l’Association américaine de psychiatrie)). Ainsi le BO ne se caractérise pas par un «diagnostic clinique» unique et précis mais par un faisceau de symptômes.
En France, le BO est défini comme un syndrome – le syndrome d’épuisement professionnel – qui regroupe un ensemble de signes cliniques et de symptômes qui apparaissent progressivement chez l’individu, sans pour autant se référer à un élément causal dans sa définition. Récemment l’Assemblée Nationale a débattu sur le sujet mais une proposition de loi visant à reconnaitre le BO comme maladie professionnelle a été rejetée par le Sénat en juin 2015. La prise en charge du BO passe par une période de repos afin de permettre la prise de recul, une psychothérapie afin de permettre à l’individu de se reconstruire psychologiquement et une préparation à la reprise de travail (10).
Echelles d’évaluation
Maslach Burnout Inventory
Maslach et Jackson ont proposé en 1981 une échelle de mesure de l’épuisement professionnel (Maslach Burn Out Inventory ou MBI) développée à partir des observations menées parmi les travailleurs dans les services sociaux (11). Cette échelle reste le « gold standard » pour l’évaluation du BO dans la majorité des articles (8). Il existe trois versions de l’échelle MBI selon la population étudiée. La MBI – Human Services Survey (MBI – HSS) pour le domaine médical, la MBI – Educators Survey pour les éducateurs et la MBI – General Survey pour toutes les autres professions. La MBI – HSS comprend 22 questions. La réponse à chaque question correspond à une échelle de fréquence du ressenti sur 7 points allant de « jamais » = 0 point à « tous les jours » = 6 points. 9 questions sont spécifiques à l’EE, 5 questions à la DE et 8 questions à l’AP.
Afin de qualifier le risque de BO, des seuils basés sur l’analyse des tiers dans les 3 composantes (EE, DE et AP) ont été déterminés. Ces seuils ont été définis sur la population analysée initialement par Maslach et Jackson. Ainsi, selon le score obtenu, chaque dimension du BO est répartie en risque faible (1er tiers), risque modéré (2ième tiers) et risque élevé (3ième tiers) de BO. Le BO apparait pour des scores élevés dans les dimensions EE et DE et pour des scores bas d’AP. Si dans le travail initial de Maslach et Jackson les trois dimensions étaient considérées comme également responsables de BO, il reste néanmoins un débat sur le nombre de dimensions réellement associées au BO. Certaines études récentes montreraient que seuls l’EE et la DE sont corrélés au BO et que la perte de l’AP est une variable à considérer à part dans l’analyse du BO, car indépendante des autres dimensions (12).
Dans ce travail, nous avons utilisé la validation en langue française du questionnaire réalisée par Dion et al sur un échantillon de population Québécoise (13). Nous avons choisi d’analyser les 3 dimensions du BO tels que décrits par Maslach et Jackson afin d’avoir une comparaison plus aisée avec d’autres études. Certaines équipes ont montré qu’une évaluation simplifiée en douze (14) ou en deux questions (15) serait également suffisante pour l’évaluation de l’EE et de la DP dans les professions médicales et permettrait une augmentation du taux de réponse en diminuant le temps de remplissage des questionnaires. Néanmoins l’utilisation de ces échelles reste minoritaire.
Autres échelles
D’autres outils d’évaluation comme le Copenhagen Burnout Inventory et le Oldenburg Burnout Inventory ont été développés, mais leur utilisation reste limitée compte tenu de leur faible utilisation dans la littérature médicale.
BO des médecins
Le BO est principalement rencontré dans les métiers d’aide aux personnes avec des exigences importantes en termes d’implication émotionnelle et temporelle. Les personnes les plus à risque sont celles présentant une forte implication dans les relations avec les autres. Ainsi, les métiers les plus touchés sont les travailleurs sociaux, les professeurs et le personnel médical. En France, dans le domaine médical, le BO est également appelé syndrome d’épuisement professionnel des soignants (SEPS). Comparativement à la population générale, les médecins présentent plus de risques de BO et de ne pas être satisfaits par l’équilibre entre le travail et la vie privée (16). Près d’un médecin sur 2 présente des symptômes de BO aux Etats Unis (16) comme en France (17). Il a été montré que les conséquences du BO peuvent être graves, avec une augmentation du risque d’erreurs médicales (18–20) et une diminution de la qualité de la prise en charge des patients .
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Table des matières
I. Résumé de l’étude
II. Introduction
1. Définition du burn out (BO)
2. Diagnostic du BO
3. Echelles d’évaluation
3. 1. Maslach Burnout Inventory
3.2. Autres échelles
4. BO des médecins
5. BO en oncologie
6. BO en radiothérapie
7. BO chez les internes
8. Relation entre BO et morbidité psychiatrique
9. Conséquences du BO
10. Résumé du contexte et justification de l’étude
III. Article
1. Summary
2. Abstract
3. Introduction
4. Materials and Methods
4.1. Questionnaire description
4.2. Statistical analysis
5. Results
5.1. Descriptive
5.2. Burn-out Syndrome
5.3. Risk factors of burn-out and its dimensions (see electronic appendix for details)
5.4. Classification of professional stressors
5.4. Consequences of burn-out: psychological disorders and drug consumption
6. Discussion
7. Conclusion
8. Bibliography
9. Supplementary content
IV. Discussion thèse
1. Revue de la littérature
1.1. BO en médecine
1.2. BO en oncologie
1.3 BO en radiothérapie
1.4. BO chez les internes
1.5. Facteurs de stress
1.6. Comorbidités psychologiques chez les médecins (dépression, anxiété, comportements addictifs)
2. Limites du travail réalisé
2.1. Biais de méthodologie
2.2. Biais de sélection
2.3. Biais de confusion
2.4. Analyse des facteurs de stress et des conséquences du BO
2.5. Limites de l’analyse statistique
3. Pertinence de l’étude
4. Pistes pour l’avenir
V. Conclusion
VI. Bibliographie
VII. Annexes