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Définition des régimes végétarien et végétalien selon la Société Italienne de Nutrition Humaine (8)
Un régime végétarien exclut la consommation de tous types de viandes, de leurs dérivés, des poissons, des mollusques et des crustacés. Les produits laitiers, les œufs et le miel peuvent faire part de ce régime de manière irrégulière, donnant de nouvelles appellations comme le « lacto-ovo-végétarisme » (incluant la consommation de lait, de ses dérivés, d’œufs), l’« ovo-végétarisme » (incluant la consommation d’œufs mais excluant celle du lait et de ses dérivés), et d’autres néologismes selon le régime alimentaire de la personne.
Un régime végétalien ou « vegan » exclut la consommation des viandes, poissons, mollusques, crustacés, mais aussi des œufs, du lait et de ses dérivés, ainsi que du miel, mais inclut une grande variété d’aliments végétaux.
Etat des lieux des connaissances bibliographiques concernant les nutriments les plus courants
Vitamine A
La vitamine A, ou rétinol, est indispensable à une bonne vision, en particulier en situation de lumière crépusculaire. Elle participe également au maintien en bon état de la peau et des muqueuses. En outre, elle a une action sur le système immunitaire, la différenciation et la croissance cellulaire. (9)
Le bêta-carotène est un précurseur végétal de la vitamine A qui possède également des propriétés anti-oxydantes puisqu’il est capable de piéger des radicaux libres.
L’activité vitaminique A du bêta-carotène est exprimée par rapport à celle du rétinol en « équivalent rétinol » ou « ER ». 6 mg de bêta-carotène ont ainsi la même activité que 1 mg de rétinol. Les apports nutritionnels conseillés en vitamine A sont de 800 µg d’ER par jour pour l’homme adulte, de 600 µg pour la femme adulte. Chez les enfants les ANC vont de 450 à 550 µg d’ER selon la classe d’âge.
La carence en vitamine A n’existe plus dans les pays industrialisés. Elle se manifeste par une baisse de l’acuité visuelle, principalement nocturne. A contrario, l’hypervitaminose A provoque des malformations congénitales, ainsi qu’une augmentation du risque de fractures chez les femmes ménopausées.
Les apports de bêta-carotène sont en revanche sans danger, même durant la grossesse, du fait d’une adaptation des mécanismes de conversion en rétinol rendant impossible l’hypervitaminose via l’absorption de provitamine A.(10)
Les meilleures sources non animales de bêta-carotène sont le poivron, la carotte, le raisin ou encore la citrouille. (11)
Vitamine B12
La vitamine B12 est nécessaire à la formation des globules rouges ainsi qu’au renouvellement cellulaire et contribue de ce fait au maintien en bon état de la peau et des cellules nerveuses.(9) Les personnes végétaliennes présentent de moindres concentrations sériques en vitamine B12 que les végétariens et les omnivores. Ainsi, dans une étude britannique de 2010 publiée par Gilsing et al., la moitié des personnes végétaliennes présentaient un déficit en vitamine B12, et par conséquent un risque accru de présenter des signes cliniques de carence en vitamine B12.(12) Une étude étatsunienne de 2013 réalisée par Pawlak et al. a ainsi rapporté l’incidence d’une carence en vitamine B12 dans différentes populations spécifiques, à savoir : 62% parmi les femmes enceintes, entre 25 et 86% parmi les enfants, entre 21 et 41% parmi les adolescents, entre 11 et 90% parmi les personnes âgées. Des incidences supérieures ont été rapportées concernant les personnes végétaliennes en comparaison avec les personnes végétariennes et concernant les patients ayant eu un régime végétarien depuis leur naissance en comparaison avec ceux ayant adopté ce régime au cours de leur vie.
Cette étude affirme également que les personnes végétariennes peuvent développer un déficit ou une carence en vitamine B12, indépendamment des caractéristiques démographiques, géographiques, de l’âge ou du type de régime végétarien (« ovo-lacto » ou « ovo » végétarien). Elle en conclut que les personnes végétariennes devraient prendre des mesures préventives et s’assurer d’apports adéquats en vitamine B12, incluant une consommation régulière de compléments alimentaires en contenant.(13)
Les apports nutritionnels conseillés par l’EFSA sont de 4 µg/j pour les adultes et les enfants de plus de 15 ans, de 1,5 µg/j pour les nourrissons et enfants jusqu’à 6 ans, de 2,5 µg/j pour les enfants de 7 à 10 ans, puis de 3,5 µg/j pour les enfants de 11 à 14 ans. Concernant les femmes enceintes l’apport nutritionnel conseillé est de 4,5 µg/j, et de 5 µg/j chez la femme allaitante.(14)
L’EFSA considère qu’il n’existe pas de limite supérieure de sécurité d’apport alimentaire ; du fait de l’absence de toxicité et notamment de carcinogénicité aux doses considérées (15)
Les personnes végétaliennes doivent consommer régulièrement des sources fiables de vitamine B12 (aliments enrichis ou compléments alimentaires), sous peine de carence comme retrouvée dans des études de cas concernant des nourrissons, enfants ou adultes végétaliens.(16)
La plupart des personnes végétariennes devraient inclure des sources fiables de vitamine B12 dans leur alimentation (aliments enrichis ou compléments alimentaires) car un verre de lait et un œuf de poule par jour n’apportent que les deux-tiers des apports journaliers recommandés. (16,17)
Il faut cependant prendre en compte qu’il existe deux types d’absorption concernant la vitamine B12 : l’absorption passive (par diffusion au travers des muqueuses) et l’absorption active (via le facteur intrinsèque secrété par l’estomac).
Concernant l’absorption passive, l’absorption d’1 µg correspond à une quantité sérique retrouvée de 0,005 µg, ce qui correspond à un rendement de 0.05 %. D’après l’Institut de médecine américain, l’efficacité de l’absorption passive peut être de 1% lorsque la vitamine B12 est prise avec de l’eau. L’absorption passive, ne dépendant pas de facteurs externes, est donc constante dans le temps.
Dans le cas de l’absorption active, l’absorption d’1 µg correspond à une quantité sérique retrouvée de 0,5 µg, ce qui correspond à un rendement de 50%. En effet l’absorption active est limitée par la quantité de facteur intrinsèque produite, et par la saturation des récepteurs intestinaux. Pour ces raisons, la limite communément admisse est 1,5 µg absorbée toutes les 6 heures.
Le dosage sérique de la vitamine B12 est le plus couramment demandé pour documenter un déficit en vitamine B12. Il s’agit d’un dosage immunologique par chimiluminescence automatique.
Les valeurs normales du taux sérique de vitamine B12 sont comprises entre 200 et 500 pg/mL. Il existe néanmoins une grande variabilité qui rend l’interprétation du taux délicat jusqu’à des valeurs inférieures à 160 pg/mL, qui à ce niveau est compatible avec un diagnostic de carence « certaine ». Des taux entre 160 et 200 pg/mL définissent plutôt une carence « possible », notamment en l’absence de manifestation clinique et/ou hématologique.
C’est pourquoi sont également utilisés des marqueurs indirects de carence en vitamine B12, comme l’homocystéine et l’acide méthylmalonique, marqueurs d’une carence tissulaire et non sérique.
La concentration plasmatique en homocystéine augmente ainsi en cas de déficit en vitamine B12, de manière rapide et proportionnelle (normale < 13 µmol/L). Or une augmentation de cette concentration en homocystéine peut également être observée en cas de déficit en vitamine B6 et/ou vitamine B9. Elle peut également être provoquée par une insuffisance rénale, un éthylisme ou encore une hypothyroïdie. Ce dosage n’est pas remboursé en France et coûte environ 60 euros.
Le dosage de l’acide méthylmalonique sérique est quant à lui un peu moins coûteux (en France entre 30 et 40 euros) mais non disponible dans tous les laboratoires. Les normales vont de 0 à 500 nmol/L, mais une augmentation peut être constatée en cas d’insuffisance rénale ou de déficit en méthylmalonyl-mutase (450 cas rapportés à ce jour).(18) Ce marqueur est cependant plus spécifique d’un déficit en vitamine B12 car sa concentration n’est pas dépendante de la vitamine B6 ou B9. (19)
Ainsi, des concentrations plasmatiques normales d’acide méthylmalonique et d’homocystéine permettent d’écarter de manière certaine un déficit en vitamine B12.(20)
Le dosage urinaire de l’acide méthylmalonique semble également être un bon marqueur de déficit en vitamine B12, une fois rapporté à la créatinine urinaire afin de corriger un éventuel effet de dilution.
La valeur normale de ce rapport acide méthylmalonique sur créatinine urinaire est inférieure à 4. (21) Cet examen est remboursé à 100% en France par l’assurance maladie.
Une dose par voie orale de 1 000 μg par jour est plus que suffisante pour répondre aux recommandations alimentaires de 1,8 à 2,4 μg par jour.(22)
D’après leur résumé des caractéristiques du produit (RCP) , le traitement d’attaque pour restauration des réserves hépatiques consiste en la prise d’un comprimé de 250 µg ou d’une ampoule de 1000 µg par jour pendant 15 à 28 jours, le traitement d’entretien suffisant pour couvrir les besoin quotidiens est quant à lui d’un comprimé de 250 µg ou d’une ampoule de 1000 µg tous les dix jours.(23,24) Ceci représente un coût de l’ordre de 1,5 € par mois sous forme d’ampoule, et de 1,12 € par mois sous forme de comprimé. (24,25)
Vitamine B9
La forme métaboliquement active de la vitamine B9 est la forme totalement réduite des folates, appelée tétrahydrofolates ou THF. Les THF sont des donneurs de méthyle nécessaires au métabolisme des acides aminés et à la synthèse des acides nucléiques nécessaires à la division cellulaire.
La vitamine B9 joue un rôle clé dans le renouvellement de toutes les cellules de l’organisme : globules rouges et blancs, cellules de la peau, du foie, de l’intestin, cellules nerveuses, etc. De ce fait, les femmes en âge de procréer doivent veiller à avoir un apport suffisant en cette vitamine. Elle est également impliquée dans la synthèse des neuromédiateurs, indispensables au bon fonctionnement du cerveau et du système nerveux en général. Enfin, la vitamine B9 agit sur les globules rouges et favorise une bonne oxygénation des cellules. (9)
L’acide folique est plus stable que les folates et présente une meilleure biodisponibilité, qui peut atteindre 85 %, tandis que celle des folates naturels est de l’ordre de 50 %. Pour tenir compte de cette différence de biodisponibilité, la notion d’équivalents folates alimentaires (EFA) est utilisée. Ainsi, 1 µg d’EFA équivaut à 1 µg de folates alimentaires et à 0,6 µg d’acide folique.
L’EFSA souligne pour les femmes en période périconceptionnelle (huit semaines avant et huit semaines après la conception) la nécessité d’un apport supplémentaire permettant d’atteindre 400 µg/j EFA pour réduire le risque d’anomalie de fermeture du tube neural. (15)
Les apports conseillés en acide folique chez l’adulte sont environ de 300 µg/j chez l’adulte et les adolescents et de 150 à 250 µg/j chez les enfants selon la tranche d’âge .(26)
La plupart des fruits et légumes contiennent de petites quantités de folates, mais les légumes à feuilles foncées, les légumineuses, les oranges et les raisins, les amandes et cacahuètes sont de bonnes sources de folates. (27)
Une étude britannique de 2010 a montré que les végétaliens présentent de plus grandes concentrations sériques en vitamine B9 que les végétariens et omnivores.(12)
Vitamine D
La vitamine D est active après une conversion en 1,25-dihydroxyvitamine D pour assurer une minéralisation des tissus minéralisés (os, cartilage et dents) pendant et après la croissance et contribuer, avec l’hormone parathyroïdienne, appelée également parathormone (PTH), au maintien de l’homéostasie calcique. (15)
Il existe deux types de vitamine D, la vitamine D2 (ergocalciférol), qui est d’origine végétale, et la vitamine D3 (cholécalciférol) d’origine animale, ou récemment issue du lichen boréal. Ces deux formes exercent les mêmes activités biologiques, puisqu’elles sont converties en 1,25-dihydroxyvitamine D qui est le métabolite actif. (28)
Les apports nutritionnels conseillés en vitamine D ont été définis en considérant que la production endogène cutanée couvre 50 à 70% des besoins quotidiens en cette vitamine. Ils sont de 5 µg/j (soit 200 unités internationales ou UI) chez les adultes et les enfants de plus de 3 ans et 10-15 µg/j (400/600 UI/j) chez la personne âgée.(28)
Les sources non animales de vitamine D sont, en dehors de l’exposition aux ultraviolets, certains champignons comme les chanterelles ainsi que les aliments enrichis. (29)
Fer
Le fer est nécessaire à la fabrication de l’hémoglobine (protéine présente dans les globules rouges qui permet de transporter l’oxygène dans l’organisme), de la myoglobine (protéine du muscle permettant de stocker l’oxygène), et d’enzymes impliquées dans la respiration et la synthèse de l’ADN. La majorité du fer de l’organisme (70%) est sous forme dite « héminique » (associé à l’hémoglobine), le reste étant sous forme dite « non héminique » (forme de transport et de réserve). (30)
Les apports nutritionnels recommandés par l’EFSA sont de 11 mg/j chez le nourrisson de 7 à 11 mois, de 7 mg/j de 1 à 6 ans, de 11mg/j chez les enfants de 7 à 11 ans, chez l’homme adulte et chez la femme ménopausée, de 13 mg/j chez la fille de 12 à 17 ans et de 16 mg/j chez la femme non ménopausée, enceinte ou allaitante. (31)
Les personnes végétariennes consomment généralement autant, voire légèrement plus de fer que les omnivores d’après une étude néerlandaise de 1992. (32)
Mais malgré des apports martiaux similaires, les réserves en fer des personnes végétariennes sont généralement inférieures aux personnes non-végétariennes. Des concentrations sériques en ferritine inférieures pourraient cependant être bénéfiques car des concentrations sériques élevées ont été indépendamment associées à un risque accru de développer un syndrome métabolique.(33)
L’absorption du fer non-hémique est dépendante des besoins physiologiques et est régulée en partie par les réserves en fer. Cette absorption peut grandement varier, selon la composition de l’alimentation et du statut martial de l’individu. La biodisponibilité du fer non-hémique est ainsi impactée par le ratio entre inhibiteurs de l’absorption (phytates, polyphénols) et amplificateurs de celle-ci (vitamine C, acide citrique et autres acides organiques). (34,35)
Il est maintenant connu que les individus peuvent s’adapter et absorber le fer non-hémique plus efficacement.(36)
Ainsi une étude a démontré que l’absorption totale de fer augmentait jusque 40% après 10 semaines d’un régime alimentaire contenant du fer de moindre biodisponibilité. (36)
Protéines
Certaines protéines végétales peuvent présenter une teneur limitante en certains acides aminés indispensables, la lysine pour les céréales, et les acides aminés soufrés pour les légumineuses. Pour obtenir une alimentation équilibrée en acides aminés à partir de protéines végétales, il est ainsi nécessaire d’associer différents aliments végétaux : des graines de légumineuses (lentille, fèves, pois, etc.) avec des céréales (riz, blé, maïs, etc.).
Les aliments végétaux les plus riches en protéines sont ainsi les graines oléagineuses (cacahuètes, amandes, pistaches, etc.), les légumineuses et leurs dérivés (tofu, pois chiche, haricots…) ou encore les céréales.
Dans nos sociétés, les régimes végétariens permettent d’assurer un apport protéique en quantité et en qualité satisfaisantes pour l’enfant et l’adulte. Chez les végétaliens adultes, une attention particulière doit être apportée à la couverture de l’apport protéino-énergétique et à l’utilisation de sources protéiques qui se complètent. Par exemple, une association entre le riz et le soja permet d’équilibrer l’apport en lysine, faible dans le riz mais élevé dans le soja, et l’apport des acides aminés soufrés, faible dans le soja mais élevé dans le riz. (37)
L’ANC en protéines a été établi à 0,83 g/kg/j (Afssa, 2007), en accord avec les recommandations nord-américaines (IOM, 2005) et internationales (FAO et al., 2007). Cet ANC a été établi sur la base des études de bilan azoté, analysées de nouveau en 2003 (Rand et al., 2003). Il est établi à partir de l’estimation du besoin moyen dans la population (105 mg N/kg/j, soit 0,66 g protéines/kg/j) (15)
Les régimes végétariens et végétaliens respectent voire excèdent les apports nutritionnels recommandés en protéines lors que l’apport calorique est adéquat.
Les protéines provenant de végétaux variés, absorbées durant la journée, apportent assez d’acides aminés essentiels lorsque les apports caloriques requis sont respectés.(38)
Les besoins protidiques sont respectés à tout âge, y compris pour les sportifs, par un régime alimentaire végétal bien équilibré. (38,39)
Selon Young et al., une croissance normale est possible chez l’enfant végétalien si plusieurs sources de protéines sont combinées. (40)
A contrario, Krajcovicova et al. ont affirmé en 1997 que les besoins en protéines ne pouvaient être comblés par un régime exclusivement végétal lors de la croissance.(41)
Acides gras
Les apports en acide alpha-linolénique (ALA) des végétariens et végétaliens sont similaires à ceux des non-végétariens. Les apports en acides gras à longue chaine n-3, soit l’acide eicosapentaenoique (EPA) et l’acide docsahexaenoique (DHA), sont inférieurs chez les végétariens et absents chez les végétaliens.(42,43)
Les enfants végétariens ou végétaliens ne semblent pas présenter de troubles du développement cérébral ou visuel dus à une éventuelle carence en EPA et DHA. Les adultes végétariens et végétaliens présentent une même diminution du risque cardio-vasculaire par rapport aux adultes omnivores. (42–44)
Il est prudent d’assurer des apports supérieurs en ALA chez les végétariens et végétaliens par rapport à la population générale (42), même si des études suggèrent que les apports suffisants en n-3 des sujets sains peuvent être assurés par les ALA seuls grâce à la conversion endogène des ALA en EPA et DHA, et ce pendant plusieurs années.(43,45)
En effet, d’après Brenna et al., un régime exclusivement végétalien ne répond que difficilement aux besoins en EPA et DHA, d’autant plus que la conversion de l’ALA en EPA et DHA est limitée.(46) Certains facteurs ont cependant une influence sur cette conversion. Ainsi elle peut être limitée par un apport insuffisant en protéines, pyridoxine, biotine, calcium, cuivre, magnésium et zinc, ou par un apport trop important en alcool. (8)
Un apport en DHA d’origine exclusivement végétale est cependant possible par les huiles issues de microalgues (telles Ulkenia ou Schizochytrium) nouvellement autorisées dans l’industrie alimentaire en Union Européenne. (47)
Ainsi les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les enfants de moins de deux ans devraient prendre une supplémentation alimentaire en iode à base d’algues selon la Société italienne de nutrition humaine. (8)
Les recommandations de l’ANSES concernant l’apport en acides gras sont de 1% de l’apport énergétique sans alcool par jour pour l’ALA, et de 250 mg de DHA et d’EPA pour l’adulte consommant 2000 kcal par jour, la femme enceinte consommant 2050 kcal par jour et la femme allaitante consommant 2250 kcal par jour.
Pour le nourrisson jusqu’à 6 mois, les apports conseillés en ALA sont de 0.45% de l’apport énergétique total. Ils sont de 0.32% de l’apport d’acides gras totaux pour le DHA, et la seule recommandation pour l’apport en EPA est qu’il soit inférieur à celui en DHA.(48)
Le département américain de la santé et des services sociaux a affirmé dans son dernier guide de recommandations nutritionnelles que l’apport recommandé en ALA est de 1.6 g/j pour les hommes et de 1.1 g/j pour les femmes dans la population générale.(49)
Zinc
Les études montrent que les adultes végétariens ont des apports alimentaires en zinc similaires ou quelque peu inférieurs à ceux des omnivores, et des concentrations sériques en zinc inférieures mais dans la norme (50)
Les céréales complètes, les noix, les légumineuses et les graines oléagineuses sont une source de zinc, dont la fermentation et la germination augmentent la biodisponibilité. (35)
Iode
Les régimes alimentaires végétaux peuvent être pauvres en iode. Les végétaliens qui ne consomment pas de sources clé d’iode (sel iodé, légumes de mer), peuvent présenter une carence en iode (51)
Les sources non animales d’iode sont le sel de table fluoré (entre 15 et 20 mg d’iode par kg de sel (52)) ainsi que les algues marines. (29)
Les femmes végétaliennes en âge de procréer devraient se supplémenter en iode à raison de 150 µg/j. (51), et les besoins en iode sont augmentés de manière significative chez la femme enceinte, passant de 150 à 200 µg/j.(53)
L’institut fédéral allemand d’évaluation des risques déconseille la consommation d’algues séchées contenant plus de 20 mg d’iode par kilogramme, du fait d’un risque d’une hyperthyroïdie induite par l’iode en cas de consommation ponctuelle, et d’une hypothyroïdie induite par l’iode en cas d’un excès chronique. (54)
Les brassicacées (choux), le soja et la patate douce contiennent des substances goîtrogènes qui diminuent la biodisponibilité de l’iode.(35)
Le dosage des iodures urinaires représente le meilleur reflet de la charge totale en iode de l’organisme, car à l’équilibre alimentaire, l’apport d’iode est égal à l’excrétion d’iode qui est chez l’homme principalement urinaire. (55)
Calcium
Les apports alimentaires en calcium des végétariens sont généralement égaux ou supérieurs aux recommandations, les apports alimentaires en calcium des végétaliens varient quant à eux largement et peuvent tomber en deçà des recommandations.(38)
Les sources non animales de calcium sont les brassicacées (choux, brocoli, chou kale), les noix, les légumineuses ainsi que l’eau minérale et l’eau du robinet. (29)
Les femmes enceintes
Des études montrent que le poids de naissance ou la durée de gestation sont similaires dans les grossesses de femmes végétariennes ou de non végétariennes.(56)
Les femmes végétariennes enceintes ou allaitantes nécessitent des apports réguliers et adéquats en B12 par des produits laitiers ou par une supplémentation (56) En effet il existe une forte corrélation entre les concentrations sériques maternelles et fœtales de vitamine B12, et les besoins en cette vitamine sont particulièrement importants chez le fœtus lors de la croissance.
La concentration en vitamine B12 dans le lait maternel est inférieure à la concentration sérique. Pour obtenir une concentration adéquate en vitamine B12 dans le lait maternel, la concentration sérique doit être bien au-dessus de la valeur seuil de 362 pmol/L et impose une supplémentation chez la femme végétalienne. (57)
D’après l’Académie de nutrition et de diététique américaine, un régime végétalien ou végétarien bien planifié est approprié pour tous les âges de la vie, incluant la grossesse et la lactation.(16)
La société allemande de nutrition a quant à elle affirmé en 2016 qu’il était difficile voire impossible d’obtenir un apport suffisant de certains nutriments avec un régime végétalien, en insistant particulièrement sur le risque de carence en vitamine B12 dont elle encourage la prise de compléments. Cette société ne recommande pas de régime végétalien pour les femmes enceintes ou allaitantes, ni pour les enfants, mais indique qu’un régime végétalien était capable d’apporter les nutriments adéquats en s’appuyant sur une supplémentation en vitamine B12, le choix d’aliments enrichis et d’un avis médical ainsi que d’un professionnel de la nutrition.(29)
Lors de la grossesse, une carence en vitamine B12 peut être associée à une prééclampsie, des fausses couches, un retard de croissance intra-utérin, une naissance prématurée, un petit poids de naissance ou encore des anomalies du tube neural. (58)
Les nourrissons nés de mères déficientes en vitamine B12 lors de la grossesse ont un haut risque de développer un retard de croissance staturo-pondéral, une anorexie, des mouvements involontaires, une hyperpigmentation, des anomalies électro-encéphaliques ainsi qu’un retard d’acquisition du langage.(59)
Pawlak et al. ont affirmé en 2017 suite à une revue de la littérature qu’un régime végétalien est compatible avec une grossesse ou un allaitement en cas de complémentation orale de vitamine B12 à doses adaptées.
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Table des matières
I. Introduction
1. Contexte
2. Définition des régimes végétarien et végétalien selon la Société Italienne de Nutrition Humaine
3. Etat des lieux des connaissances bibliographiques concernant les nutriments les plus courants
3.1. Vitamine A
3.2. Vitamine B12
3.3. Vitamine B9
3.4. Vitamine D
3.5. Fer
3.6. Protéines
3.7. Acides gras
3.8. Zinc
3.9. Iode
3.10. Calcium
3.11. Les femmes enceintes
3.12. Généralités
II. Matériels et méthodes
1. Choix du type d’étude
1.1. Choix d’une étude descriptive
1.2. Choix d’une enquête par questionnaire écrit
2. Population étudiée
2.1. Choix de la population d’étude
2.2. Choix du lieu de recrutement
2.3. Critères d’inclusion et d’exclusion retenus
2.4. Nombre de sujets à inclure
2.5. Recrutement des sujets
3. Questionnaire écrit
3.1. Principes d’élaboration du questionnaire écrit
3.2. Autorisation de traiter le sujet et protection des données
4. Traitement des données
4.1. Retranscription des données
4.2. Analyse des données
III. Résultats
1. Profil des médecins répondants
2. Définition des régimes végétarien et végétalien
3. Les situations pratiques
3.1. L’attention particulière à l’alimentation et/ou à l’équilibre nutritionnel du patient
3.2. Orientation vers un diététicien ou un médecin nutritionniste
3.3. Orientation vers un médecin d’une autre spécialité
3.4. Eventualité d’une carence chez les patients présentés
3.5. Prescription d’un bilan biologique
3.6. Prescription d’une supplémentation
IV. Discussion
1. Forces et limites de l’étude
2. Difficultés rencontrées lors de l’élaboration du questionnaire
3. Question de la supplémentation en vitamine B12
4. Question de la supplémentation en acides gras
5. Question de la supplémentation en iode
6. Question de la supplémentation en vitamine D
7. Représentation des régimes végétarien et végétalien
8. A propos des situations cliniques proposées
9. Question de la surprescription d’examens complémentaires
V. Conclusion
VI. Bibliographie
Annexes
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