Définition de la sexualité
L’organisme mondial de la santé (OMS) ne parle pas de sexualité, mais de santé sexuelle. En effet, aujourd’hui la sexualité n’est plus réduite à un acte de reproduction, mais fait partie intégrante des relations entre êtres humains et, au sens plus large, de la société. C’est un acte considéré comme social même s’il reste intime et privilégié. « La santé sexuelle est un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libre de toute coercition, discrimination ou violence». (Organisation mondiale de la Santé [OMS], 2016). La santé sexuelle implique un état de bien-être autant physique, mental que social. En effet, depuis quelques années, des études démontrent que la santé sexuelle a un impact non négligeable sur les interactions sociales: « La capacité de manifester des sentiments envers autrui, et, en retour, de comprendre leurs désirs et intentions, est importante dans de nombreuses interactions sociales » (Ortigue & Bianchi-Demicheli, 2008).
D’après l’article d’Ortigue et Bianchi-Demicheli (2008), « l’être humain est d’abord désir de vie » (p.768). Le désir sexuel fait pleinement partie de la vie et de l’évolution de l’espèce humaine. Il fait appel à des formes cognitives évoluées qui passe par trois mécanismes : la pulsion instinctuelle, les croyances et attentes ainsi que les motivations. On remarque d’abord un instinct qui pourrait être décrit comme animal, mais il engendre également des stratégies afin d’atteindre ses attentes ainsi que d’augmenter ses motivations. Dans cet article, les auteurs parlent d’« état sociocognitif motivationnel complexe ». En effet, l’être humain choisit l’état de son désir sexuel en tenant compte d’une apparence physique, d’un statut social, et de bien matériel dans le but d’une relation intime à long terme (Ortigue & Bianchi-Demicheli, 2008). Le cycle de réponse sexuelle est basé sur un modèle traditionnellement hétérosexuel (Monga & Dobbs, 2011, p.184) et implique 4 phases qui sont: l’excitation, le plateau, l’orgasme et la résolution. Des définitions récentes démontrent l’importance de la relation sexuelle, en donnant une importance égale à la satisfaction émotionnelle et sexuelle. Ces quatre phases ne sont pas linéaires, mais sont susceptibles de se chevaucher (Monga & Dobbs, 2011, p.184).
Aperçu sur les dysfonctions sexuelles
Selon le manuel « Diagnostique et Statistique des troubles Mentaux » (DSM), les différentes dysfonctions sexuelles chez la femme sont classées en 4 catégories: troubles du désir, troubles de l’excitation, troubles de l’orgasme et douleurs sexuelles (DSM-IV, cité par Monga & Dobbs, 2011, p.184). Parmi les troubles liés à la douleur, on définit la dyspareunie comme étant une algie vulvaire, vaginale ou périnéale, persistante ou récurrente, qui peut survenir lors de la pénétration, lors de mouvements, lors d’un contact profond ou après un rapport sexuel. La dyspareunie se présente sous forme d’une douleur intense et va limiter l’acte sexuel (Blanc, 1992). Elle englobe différentes pathologies comme les vulvodynies ou les atrophies vulvaires (Berek, 2012). La vulvodynie est classifiée parmi les causes de dyspareunie, selon plusieurs auteurs elle serait la cause la plus fréquente de pénétration douloureuse (Sadownik, Seal & Brotto, 2012). Une étude basée sur la population désignée spécifiquement pour l’évaluation de la douleur vulvaire a montré que 16% des femmes ont souffert de douleur vulvaire à un moment donné de leur vie (Harlow & Stewart, 2003, cité dans Ayling & Ussher, 2008, p.2). Le vaginisme se définit comme étant une contraction involontaire, automatique et persistante des muscles striés périnéaux qui empêche toute pénétration chez les femmes. Cette pathologie ne présente pas de lésions anatomiques. Souvent, il s’agit d’une peur de la pénétration qui augmente avec les années (Blanc, 1992). Il n’implique pas forcément de douleur, cependant il est important d’en tenir compte, car il y a un lien entre vaginisme et vulvodynie. Selon certains auteurs, pour l’efficacité du traitement, il est important de rétablir la fonction des muscles du plancher pelvien (Abramov et al., 1994; Reissing et al, 2004, cité par Backman, Widenbrant, Bohm-Starke & Dahlöf, 2008)
Physiothérapie et sexualité : les champs d’application et les enjeux La physiothérapie a pour but de restaurer la fonction, améliorer la mobilité, prévenir les limitations ainsi que les troubles du plancher pelvien, tout en essayant de réduire l’impact psychologique associé à la douleur (Hartmann, 2010). Lorsqu’une personne souffre de troubles de la sphère périnéale, la physiothérapie est indiquée, car elle agit sur les troubles musculo-squelettiques, la douleur chronique, et les troubles urogénitaux. Lors d’une approche physiothérapeutique de la vulvodynie, plusieurs techniques sont citées (Rosenbaum & Owens, 2005; Hartmann, 2010; Andres et al., 2015) : le biofeedback, l’électrostimulation, les techniques manuelles, l’insertion d’accommodateurs, la proprioception, les étirements, les triggers points, l’approche myofasciale, le massage, la friction des tendons. Des exercices quotidiens du plancher pelvien sont également recommandés (Hartmann, 2010). Le biofeedback et la physiothérapie ont été utilisés pour restaurer la musculature du plancher pelvien et pour aider la femme à regagner le contrôle des muscles en incluant un renforcement musculaire et des techniques de relaxation (Reed, 2006); le physiothérapeute travaille sur la souplesse des muscles présents. L’éducation thérapeutique, parfois décrite à l’aide d’un miroir (Backman et al., 2008; Cacchioni & Wolkowitz, 2010) joue aussi un rôle important dans la pathologie. Par le biais de tous ses outils et d’une relation thérapeutepatiente ouverte et bienveillante, la physiothérapie contribue à réduire l’anxiété et avoir un effet bénéfique sur la douleur. Dans l’article de Areskoug-Josefsson & Gard (2015), le lien entre la physiothérapie et la promotion de la santé sexuelle est mis en avant par l’intimité entre le physiothérapeute et les techniques qu’il utilise pour traiter les troubles uro-génitaux.
Selon les mêmes auteurs, “travailler avec la santé sexuelle n’est pas seulement un défi, mais une nécessité pour développer une perspective holistique de la physiothérapie” (p. 393). Les enjeux pour la physiothérapie, dans le cadre d’une équipe multidisciplinaire, seraient de faire connaître ses possibilités de traitements pour les troubles sexuels, afin que la population reconnaisse ces compétences.
Stratégie de recherche documentaire
Recherche dans les bases de données et équations de recherche Nous avons démarré nos recherches en mai 2015 et nous les avons terminées en novembre 2015. Nous avons d’abord cherché sur les bases de données Medline, PsycINFO et PEDro et au fur et à mesure que nos critères d’inclusion et exclusion se sont définis, nous avons exclu PEDro, ajouté Francis et gardé les autres bases de données dans lesquelles il était plus probable de trouver des articles concernant les aspects biopsychosociaux de la sexualité. Concernant nos mots-clés, nous avons premièrement défini la pathologie. Pour la population, la vulvodynie étant spécifique aux femmes nous n’avons pas précisé le genre. Nous n’avons pas défini d’âge, car nous voulions des études s’adressant à toutes les femmes et non dans un moment spécifique de leur vie (ménopause, post-partum). En plus de la pathologie, nous avons ciblé l’intervention (physiothérapie ou programme multidisciplinaire) et l’approche à laquelle nous nous intéressons (recherche qualitative). Au début, nous avons eu très peu de résultats. Nous avons donc lu plusieurs revues de la littérature existante sur la vulvodynie pour avoir un premier aperçu des études disponibles. Ceci nous a permis de nous rendre compte des variations terminologiques existantes pour désigner la vulvodynie (vestibulitis, vestibulodynie) et d’adapter nos équations de recherche.
Nous avons construit pour chaque moteur de recherche, une équation utilisant les termes d’intérêt, reliés par les opérateurs booléens « AND », « OR ». L’utilisation des MeSH termes a été surtout possible avec Medline. Avec PsycINFO nous avons pu utiliser « vulvodynia » et ses synonymes en mots-clés, mais nous avons dû laisser le reste de l’équation en termes libres. En effet, dès que nous avons essayé de définir l’intervention et l’approche en mots-clés, nos champs des résultats se réduisaient drastiquement. Une explication possible peut être le nombre encore réduit d’études qualitatives qui combinent la physiothérapie et d’autres interventions pour la vulvodynie. Dans les autres bases de données, nous avons utilisé des termes libres, combinés à travers les opérateurs booléens. Une fois l’investigation dans les grands moteurs de recherche terminée, nous avons effectué une recherche manuelle dans la Wiley Online Library, en ciblant quelques revues sur la sexualité (the Journal of Sex medicine, Sexual Medicine, Sexual Medicine reviews) pour explorer ce qui n’était peut-être pas apparu dans les autres bases de données et exclure toute étude quantitative. Nous voulions être sûres à ce stade-là, qu’il n’y avait effectivement pas plus que deux résultats. Nous avons utilisé une équation de recherche similaire aux précédentes à laquelle nous avons ajouté l’opérateur « NOT » (cf. annexe 1, tableau 1). Le tableau 1 montre les équations finales.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
a. Problématique
b. Questionnement professionnel
c. Question de recherche
d. Hypothèses
2. CADRE THÉORIQUE
a. Définition de la sexualité
b. Vulvodynie
i. Aperçu sur les dysfonctions sexuelles
ii. Définition
iii. Manifestations cliniques
iv. Lien avec le plancher pelvien
v. Diagnostic
vi. Traitements
c. Intérêt d’une prise en charge multidisciplinaire
d. Physiothérapie et sexualité : les champs d’application et les enjeux
3. MÉTHODE
a. Approche
b. Stratégie de recherche documentaire
c. Sélection des articles
d. Évaluation de la qualité des articles sélectionnés
e. Méthode d’analyse des données
4. RÉSULTATS
a. Résultats de la recherche documentaire
i. Qualité des articles
ii. Articles sélectionnés
b. Résultats de l’analyse
i. Connaître et être reconnue
ii. Se sentir soutenue pour pouvoir s’ouvrir et dépasser sa peur
iii. Connaître ses besoins
iv. Remonter la pente
v. Rallumer la flamme
5. DISCUSSION
a. Synthèse des résultats
b. Confrontation avec la littérature existante
i. Association douleur chronique et fonction sexuelle
ii. Impact sur la vie psychologique
iii. L’importance de la reconnaissance
iv. L’empowerment
v. La physiothérapie dans l’amélioration du vécu
c. Limites
d. Piste: implications cliniques et recherches futures
6. CONCLUSION
7. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE 1
ANNEXE 2
ANNEXE 3
ANNEXE 4
ANNEXE 5
ANNEXE 6
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