Depuis toujours, la terre est dotée d’un nombre incommensurable de plantes. La végétation fait partie de la biosphère et a ainsi sa raison d’être dans l’entretien de la vie, tant dans sa subsistance que dans sa défense.
L’Homme utilise les plantes depuis les temps immémoriaux A tâtons sans doute au début ; Ils distinguent les plantes qui le nourrissaient de celles qui le tuaient, celles qui le rendaient malades de celles qui le guérissaient. Les expériences leur ont fait, à la longue, classer les plantes en utiles et nuisibles.
Madagascar est reconnu mondialement comme particulièrement privilégié par la richesse de sa flore : 12.000 espèces végétales ont été identifiées. Les plantes occupent une place prépondérante dans la vie quotidienne des Malagasy. En effet, la connaissance et l’usage des plantes médicinales constituent une des composantes des traditions familiales malgaches.
Dans diverses régions de l’île, des générations d’Homme vivant en contact direct avec la nature ont appris à utiliser ces ressources pour soigner leurs maux. Ils ont accumulé une longue expérience, transmise de générations en générations. Les personnes âgées sont naturellement les détentrices de ces connaissances empiriques mais chaque individu a l’expérience d’un certain nombre de plantes, avec leurs propriétés thérapeutiques pour les petits soins de tous les jours et en cas de maladies plus sérieuses. Ces dernières incluent les Infections Sexuellement Transmissibles qui constituent actuellement un véritable fléau pour la nation .
GENERALITES SUR LA PHYTOTHERAPIE
Définition de la phytothérapie et des plantes médicinales
La phytothérapie se définit comme «la thérapeutique employant à de fins médicales toutes les plantes toxiques ou non, mais seulement des plantes », d’après MARCEL BERNARDET .
La phytothérapie désigne aussi l’utilisation des propriétés curative des plantes en médecine.
Les plantes médicinales sont des végétaux utilisés à des fins thérapeutiques.
Elles contiennent des substances douées de propriétés physiologiques et toxiques remarquables sur l’organisme humain qui, extraites d’une partie de la plante, peuvent être employées comme médicaments.
Les préparations de celles- ci peuvent être diverses mais c’est toujours la plante intégrale qui est employée, sans autres additifs thérapeutiques.
Autrement dit, l’emploi d’une substance isolée d’une plante n’est plus à proprement parler de la phytothérapie.
Par ailleurs, l’aromathérapie, qui est le traitement par les huiles essentielles extraites des plantes aromatiques, figure parmi les techniques de la phytothérapie.
Les plantes médicinales sont des plantes qui contiennent des substances actives sur les organismes vivant et utilisées comme médicaments. Elles synthétisent des molécules dont on ignore souvent la biogenèse et le rôle qu’elles jouent chez le végétale, mais dont on sait qu’elles ont des propriétés thérapeutiques que les Hommes ont découvertes progressivement de façon empirique pour se soigner.
En outre, la phytothérapie est à distinguer de la médecine traditionnelle. En effet, cette dernière représente selon l’OMS l’ensemble de toutes les connaissances et pratiques explicables ou non, utilisées pour diagnostiquer ou prévenir un déséquilibre physique, social ou mental en s’appuyant exclusivement sur l’expérience vécue et l’observation transmise de génération en génération .
Elle est également la rencontre d’un savoir-faire basé sur la tradition et d’une expérience ancestrale. Il y a lieu de distinguer deux catégories de médecine traditionnelle. D’une part, les médecines traditionnelles appartenant aux systèmes codifiés où la transmission orale originelle est relayée par un enseignement officiel, cas des médecines traditionnelles du continent asiatique, d’autre part, celles des systèmes non codifiés et ésotériques, de transmission uniquement orale, cas des médecines traditionnelles négro africaines de l’Océan Indien dont celles de Madagascar.
Enfin, selon l’OMS, le guérisseur traditionnelle ou le tradipraticien représente une personne qui est reconnue par la collectivité dans laquelle elle vit, comme étant compétente pour dispenser des soins de santé, grâce à l’emploi de substances végétales, animales ou minérales et certaines autres méthodes basées sur le fondement socioculturel et religieux aussi bien que sur les connaissances, les croyances et les comportements liés au bien être physique, mental, social ainsi qu’à l’étiologie des maladies et invalidités prévalant dans la collectivité.
Historique de la phytothérapie
Dans le monde
Depuis l’antiquité, l’homme a cherché parmi les végétaux aussi bien sa nourriture que ses remèdes. Il a appris à ses dépens à écarter les plantes toxiques. Les connaissances transmises ont été d’abord oralement, ensuite dans les écrits. Il existe des traces de l’emploi des plantes comme remèdes dans les plus anciennes civilisations. La médecine était alors empirique et fortement mêlée à des éléments magiques et religieux. Puis au fil des années, la découverte de leur principe actif (alcaloïdes hétérosides ) a contribué à l’établissement de la pharmacopée. Parallèlement, la chimie prit son essor, elle parvint à faire la synthèse partielle de certains médicaments. Des molécules naturelles ont été modifiées et ont servi de modèles pour la création de nouvelles molécules, en générale très actives.
Ainsi, à partir du dix-neuvième siècle, la phytothérapie a dû céder la place peu à peu à la chimiothérapie. En effet, le besoin de précision scientifique s’est heurté aux difficultés provoquées par la composition complexe des drogues végétales et l’impossibilité de procéder à des examens analytiques précis. D’autant plus que les divers problèmes concernant la plante médicinale étaient loin d’être résolus, notamment la préparation, la conservation difficiles et l’efficacité incertaine.
Mais après une période d’enthousiasme inconditionnelle pour les molécules de synthèse la médecine par les plantes effectue depuis quelques années un retour en force et celle-ci à cause de toute une série de motifs parmi lesquels le faible coût des plantes et leur accessibilité souvent facile.
Dans les pays développés
D’abord le rejet des médicaments de synthèses de leurs effets secondaires, souvent gênants, de leur mauvaise tolérance par l’organisme humain et des accidents tératogènes qu’ils ont provoqués.
La montée grandissante d’affections iatrogènes dans les années 50-70 a fait donc perdre un peu son éclat à la chimie médicamenteuse qui a fini par reconnaître que les médicaments synthétiques ne sont pas toujours les meilleurs. La mise au point de nouvelles molécules devient de plus en plus longue et difficile. La recherche de nouvelles molécules à visée thérapeutique par la chimie de synthèse enregistre une baisse de rendement. Les chercheurs se tournent vers le règne végétal pour trouver de nouveaux modèles moléculaires.
La médecine par les plantes devient actuellement de plus en plus précise. Partout dans le monde entier, les recherches se multiplient et on tente de trouver le secret des plantes et leurs valeurs scientifiques. Par ailleurs, le développement des actions écologiques de nos jours pousse à un retour au naturel auquel la médecine n’échappe pas.
Dans les pays en voie de développement
Les plantes médicinales ont toujours joué un grand rôle dans les soins de santé. Malgré le contact avec les civilisations occidentales et l’introduction de la médecine moderne, la médecine traditionnelle a persisté et le retour vers celle-ci est favorisé par la réputation des méfaits et le coût élevé des médicaments de synthèse poussant la masse populaire à chercher d’autre issue.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I – GENERALITES SUR LA PHYTOTHERAPIE
I.1- Définition de la phytothérapie et des plantes médicinales
I.2- Historique de la phytothérapie
I.2.1- Dans le monde
I.2.2- A Madagascar
I.3- Aperçu sur les plantes médicinales à Madagascar
I.3.1- Nomenclature
I.3.2- Utilisation habituelle des plantes médicinales en phytothérapie
II- APERCU SUR LES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
II.1- Situation à Madagascar
II.2- Conséquence socio-économique des IST
II.3- Distribution des IST en fonction de l’âge et du sexe
DEUXIEME PARTIE
I- OBJECTIFS
I.1- Objectif général
I.2- Objectifs spécifiques
II- METHODOLOGIE
II.1- Entrevue
II.2- Observation
II.3- Utilisation des renseignements disponibles
III- CONTEXTE DE L’ÉTUDE
III.1- Situation géographique
III.2- Situation socioculturelle
III.3- Situation économique
III.4- Situation climatique
III.5- Situation des tradipraticiens
III.5.1- Ombiasa ou guérisseur devin
III.5.2- Phytothérapeute
III.5.3- Matrone (Reninjaza )
IV- EXPLOITATION DES INFORMATIONS COLLECTEES
I.1- Recueil de donnéesstatistiques au sein du CHD d’Ifanadiana
I.2- Enquête ménages
I.3- Echange d’expérience avec les tradipraticiens
I.4- Inventaire des plantes médicinales utilisées contre les IST
I.5- Schéma thérapeutique par les plantes
I.5.1- Selon le phytothérapeute
I.5.2- Selon les guérisseurs devin (ombiasa)
TROISIEME PARTIE
COMMENTAIRE
I- ATTITUDES DES MALADES
I.1- Utilisation exclusive de plantes
I.2- Utilisation des remèdes prescrits par les agents de santé
I.3- Combinaison des plantes et les médicaments modernes
II- ANALYSES DE LA PHAMACOPEE TRADITIONNELLE
SUGGESTIONS ET RECOMMANDATIONS
I- COLLABORATION ENTRE TRADIPRATICIENS ET AGENTS DE SANTE
I.1- Reconnaissance des tradipraticiens par les autorités publiques
I.2- Initiation des tradipraticiens aux soins de santé primaire
I.3- Initiation des agents de santé à la phytothérapie
II- LA VALORISATION SCIENTIFIQUE ET ECONOMIQUE DES PLANTES MEDICINALES
III- PROTECTION DE LA FORET
IV- PROMOTION DE LA MEDECINE TRADITIONNELLE
V- MESURES PREVENTIVES CONTRE LES IST
VI- MISE EN ŒUVRE D’UN CODE DE DEONTOLOGIE DES TRADIPRATICIENS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE