Définition de la maladie d’Osgood-Schlatter

Définition de la maladie d’Osgood-Schlatter

La maladie d’OSD est une ostéochondrose de croissance touchant principalement le cartilage apophysaire de la TTA au niveau du genou. Elle a été décrite pour la première fois par Osgood en 1903, puis six mois plus tard par Schlatter (Duperron et al., 2016). Cette pathologie étant la conséquence de microtraumatismes répétés, il est alors préférable de ne pas utiliser les termes ostéochondrite, épiphysite ou apophysite, qui, eux, se réfèrent à une inflammation (Léonard, Albecq, Leclet & Morin, 1995). Cette maladie concerne principalement les jeunes sportifs en croissance. Les sports avec des sauts à répétitions ou des changements de direction brutaux, tels que le football, le basket-ball, le volley-ball ou encore la course à pied, sont les principaux impliqués. Les activités physiques avec une position à genoux prolongée représentent également un facteur de risque. Plus la spécialisation d’un sportif se fait jeune, plus il a de risques de développer la maladie d’OSD (Hall, Barber Foss, Hewett & Myer, 2015; Nakase et al., 2015).

Un dysfonctionnement dans l’extension active du genou avec une contraction forte du muscle quadriceps est un élément de la pathologie (Kaya et al., 2013). La douleur est la conséquence de sur-contraintes et de microtraumatismes musculo-tendineux exercés sur la TTA (Hanada, Koyama, Takahashi, & Matsuyama, 2012). Actuellement, la cause des microtraumatismes répétés (Demirag, Ozturk, Yazici, & Sarisozen, 2004) prime sur les causes vasculaires, endocriniennes, infectieuses ou encore génétiques, autrefois investiguées (Ehrenborg & Engfeldt, 1961b). Les adolescents en pleine poussée de croissance ont un risque plus élevé de souffrir d’OSD. En effet, c’est lors de la puberté, qui débute à l’âge de 8-13 ans chez les filles et de 10-15 chez les garçons, que les premières douleurs apparaissent. Le cartilage de croissance, étant sérié, est plus vulnérable aux sollicitations en traction que le fibrocartilage qui le remplacera progressivement de proximal à distal lors de la maturation finale de la zone supérieure du tibia, à la fin de la croissance (Legaye & Lokietek, 1991).

Facteurs de risque

Nous venons de mettre en évidence que la pratique du sport peut être un élément déclencheur de la maladie d’OSD. Néanmoins, c’est la longueur du muscle rectus femoris, mesurée par la distance talon-fesse, qui est le facteur de risque principal identifié dans notre travail. Plus cette distance est élevée, plus il y a de risque de développer la maladie. Le raccourcissement de ce muscle engendre une augmentation de la force de traction sur son insertion musculaire distale, la TTA. Ce phénomène, couplé aux mouvements d’extension, provoque une traction quasi permanente sur celle-ci. Par contre, notre étude ne permet pas d’affirmer si le raccourcissement musculaire des ischio-jambiers est également un facteur de risque puisque le résultat n’est pas statistiquement significatif. Cependant, nous pouvons imaginer qu’un raccourcissement des ischio-jambiers, c’est-à-dire une insuffisance passive de ces muscles, demande un effort plus important à son muscle antagoniste, le quadriceps, lors du phénomène d’extension, augmentant ainsi la force de traction sur la TTA et par conséquent le risque se trouve plus élevé.

La mesure de la force des fléchisseurs et des extenseurs de l’articulation du genou ne démontre pas de différence significative entre ceux-ci. Les résultats font tout de même ressortir que les sujets OSD développent plus de force dans ces deux groupes musculaires que les sujets sains. Ne pouvant pas tirer de conclusion sur ce résultat, nous nous sommes intéressées au rapport de force entre ces deux groupes musculaires. Chez les sujets OSD, le ratio de force fléchisseurs/extenseurs est de 57%, tandis qu’il est de 60% chez les sujets sains. La norme de ce ratio est d’environ 72-74 % (Arabi et al., 2012). En comparant cette norme avec les valeurs obtenues, nous pouvons en déduire une insuffisance musculaire des ischio-jambiers, tant chez le groupe OSD que chez le groupe sain. Cependant, il faut rester prudents et nuancer ce résultat. En effet, il serait nécessaire de réaliser une étude à plus grande échelle pour inclure la faiblesse musculaire de ce groupe de muscles comme un facteur de risque de manière significative. La flexion dorsale de l’articulation de la cheville semble être un facteur important dans la maladie d’OSD.

Une limitation dans ce mouvement est associée à une flexion de genou diminuée, une position du pied en pronation et une rotation interne du genou en stance phase of running. Ces mécanismes compensatoires augmentent les tractions sur la TTA et représentent une prédisposition à développer OSD. Illustration 8 : Si l’insertion distale du tendon patellaire est très proximale, l’avulsion de la TTA se développe plus facilement. A = moment de force; FQ = force de traction du quadriceps; FP = force de traction du tendon patellaire (mise à disposition par Demirag et collaborateurs, 2004). Les différentes variations anatomiques du genou sont un facteur de risque important, car elles aussi augmentent les tractions et les sur-contraintes exercées sur la TTA. Par exemple, l’étude de Demirag et collaborateurs (2004) nous permet d’affirmer que plus le ratio A:B est petit, plus il y a un risque de développer OSD ; cela signifie que le tendon patellaire s’insère sur une plus large surface. Les auteurs en concluent que l’avulsion de la TTA apparaît plus facilement. Le ratio C:D est plus élevé chez les patients OSD. Cette observation démontre que l’insertion du ligament patellaire est plus proximale chez ces sujets, ce qui provoque une augmentation des forces de traction sur la TTA (cf. illustration 8). La corrélation de ces deux facteurs engendre un risque encore plus important de développer la maladie.

La recherche de Gigante et collaborateurs (2003) se penche sur les différentes torsions du membre inférieur. Les résultats statistiquement significatifs concernent l’angle condylomalléolaire et l’angle de torsion externe du tibia. Ces deux angles sont plus élevés chez les sujets OSD en comparaison avec les sujets sains. Ces variations affectent la répartition des contraintes au niveau de l’articulation du genou, en particulier lors du phénomène d’extension, car elle induit la rotation externe automatique. Le tibia se trouvant déjà en rotation externe, la traction sur la TTA devient plus importante. Ces deux facteurs, associés à d’autres de nature mécanique, sont des prédispositions au déclenchement de la pathogenèse. Le BMI, la taille et le poids ne semblent pas être des facteurs à prendre en considération. Les résultats ne sont pas significatifs et les études incluses pour la comparaison de ces facteurs sont contradictoires et ne permettent pas de tirer un bilan définitif à ce sujet.

Implications pour la physiothérapie

Le fait de connaître la prévalence d’une maladie permet de nous orienter vers les différents types de population les plus à risque. Dans le cas présent, nos résultats peuvent nous amener à affirmer que les sportifs et les sujets présentant un raccourcissement du muscle rectus femoris sont une population plus à risque de développer OSD. Cette information doit rendre les professionnels de la santé ou les entraîneurs plus attentifs à ces deux groupes, dans le but de prévenir le développement de la maladie et d’identifier rapidement les premiers symptômes. L’identification des facteurs de risque est le premier pas à réaliser lorsque nous voulons gérer une problématique dans le cadre du suivi d’un patient. La connaissance de ceux-ci pour une maladie nous permet par exemple d’effectuer des manoeuvres préventives, mais également d’orienter le traitement à effectuer.

Dans notre recherche, nous avons constaté que le raccourcissement musculaire du quadriceps est le facteur le plus important. Il serait donc pertinent d’enseigner un étirement de ce muscle, en particulier chez les sportifs, dans le but de prévenir le développement de la maladie. La pratique de cet étirement devrait donc perdurer tout au long de la carrière sportive de niveau amateur ou professionnel, mais également chez les non-sportifs, ceci tout au long de la croissance. Certaines variantes anatomiques, telles qu’une insertion très proximale et sur une large surface, augmentent les forces de tractions sur la TTA et par conséquent le risque de développer OSD. La difficulté est que nous n’avons pas de moyens d’identifier ces paramètres sans avoir recours aux techniques d’imagerie. Sachant que ces dernières sont des paramètres non-modifiables, il est impératif de réduire les forces de tractions sur la TTA en ayant recours à d’autres mesures, par exemple modérer l’activité sportive, étirer le muscle quadriceps ou encore éviter les mouvements brutaux d’extension du genou.

Les facteurs biomécaniques ont aujourd’hui leur place dans la pathogenèse d’OSD. En effet, une modification de l’axe de la jambe ou une compensation lors du geste sportif augmentent également les forces de traction et par conséquent les micro-traumatismes sur la TTA. Il est donc nécessaire pour le praticien d’observer ces modifications et compensations pour diminuer les contraintes. Les troubles biomécaniques identifiés sont une flexion dorsale limitée de l’articulation de la cheville qui induit une flexion de genou lors de la course, ce qui engendre une augmentation des contraintes sur la TTA. Le moyen fessier provoque un effondrement du membre inférieur entraînant un valgus de genou et un déplacement latéral de la rotule, modifiant ainsi les angles de tractions sur la TTA. En résumé, certains facteurs de risque étant non-modifiables, telles que certaines particularités anatomiques comme une insertion très proximale et sur une plus large surface, il est nécessaire d’influencer ceux étant modulables, tels que le raccourcissement du muscle rectus femoris ou encore une modification de l’axe de la jambe (cf. illustration 9) entraînant des mécanismes compensatoires à risque d’augmenter le développement de la maladie. Le bilan nécessite donc une observation de la statique afin de déceler d’éventuelles modifications des axes de la jambe, mais également une observation de la cinétique du mouvement dans le but d’identifier des mécanismes compensatoires qui pourraient augmenter les contraintes exercées sur la TTA (Beaubois & al. 2016).

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Table des matières

1 INTRODUCTION
1.1 PROBLEMATIQUE
1.2 CONTEXTE PHYSIOTHERAPEUTIQUE
1.3 CONTEXTE PERSONNEL
1.4 CADRE CONCEPTUEL
1.4.1 Articulation du genou
1.4.2 Muscles de l’articulation du genou
1.4.3 Tubérosité tibiale antérieure
1.4.4 Stades de maturation de la tubérosité tibiale antérieure
1.4.5 Définition de la maladie d’Osgood-Schlatter
1.4.6 Prévalence de la maladie d’Osgood-Schlatter
1.4.7 Manifestations cliniques et symptômes de la maladie d’Osgood-Schlatter
1.4.8 Diagnostic de la maladie d’Osgood-Schlatter
1.4.9 Stades et évolution de la maladie d’Osgood-Schlatter
1.4.10 Facteurs de risque de la maladie d’Osgood-Schlatter
1.4.10.1 Âge
1.4.10.2 BMI, poids et taille
1.4.10.3 Stades de maturation de la tubérosité tibiale antérieure
1.4.10.4 Pratique du sport
1.4.10.5 Force des extenseurs et fléchisseurs du genou
1.4.10.6 Raccourcissement des muscles ischio-jambiers
1.4.10.7 Raccourcissement du muscle quadriceps
1.4.10.8 Torsions anormales du membre inférieur
1.4.10.9 Variations anatomiques
1.4.10.10 Flexion dorsale de la cheville
1.4.11 Traitements de la maladie d’Osgood-Schlatter
1.5 OBJECTIFS
1.6 QUESTIONS DE RECHERCHE
2 METHODE
2.1 DESIGN
2.2 STRATEGIES DE RECHERCHE
2.3 ETAPES DE SELECTION DES ARTICLES
2.3.1 Première sélection
2.3.2 Deuxième sélection
2.4 EVALUATION DE LA QUALITE DES ARTICLES
2.5 UTILISATION DES DONNÉES
2.6 GRILLE D’EXTRACTION DE DONNÉES
2.7 GESTION DES DONNÉES
2.8 DÉFINITIONS
2.8.1 Forest plots
2.8.2 Risque de biais
2.8.3 Intervalle de confiance
2.8.4 Valeur P
2.8.5 Hétérogénéité
2.9 META-ANALYSE DE LA PREVALENCE
2.10 ANALYSE DES FACTEURS DE RISQUE
3 RESULTATS
3.1 RÉSUMÉ DE LA SÉLECTION DES ARTICLES
3.2 RÉCAPITULATIF DU RISQUE DE BIAIS
3.2.1 Prévalence
3.2.2 Facteurs de risque
3.3 RÉCAPITULATIF DES ÉTUDES INCLUSES
3.3.1 Prévalence
3.3.2 Facteurs de risque
3.4 PRÉVALENCE
3.5 FACTEURS DE RISQUE
3.5.1 Âge
3.5.2 Taille, poids, BMI
3.5.3 Stades de maturation de la tubérosité tibiale antérieure
3.5.4 Pratique du sport
3.5.5 Force des fléchisseurs et extenseurs du genou
3.5.6 Raccourcissement musculaire du rectus femoris et des ischio-jambiers
3.5.7 Torsions anormales du membre inférieur
3.5.8 Variations anatomiques : ratios A:B et C:D
3.5.9 Flexion dorsale de l’articulation de la cheville
3.5.10 Tableaux récapitulatifs des résultats
4 DISCUSSION
4.1 PRÉVALENCE
4.2 FACTEURS DE RISQUE
4.3 IMPLICATIONS POUR LA PHYSIOTHÉRAPIE
4.4 IMPLICATIONS POUR LA RECHERCHE
4.5 LIMITES ET BIAIS
5 CONCLUSION
6 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
7 ANNEXES
7.1 TABLEAUX D’EXTRACTION DE DONNEES
7.2 GRAPHIQUE DE L’ÉTUDE DE LA PRÉVALENCE
7.3 TABLEAU RÉCAPITULATIF DES RÉSULTATS DE LA PRÉVALENCE DE LA MALADIE D’OSGOOD-SCHLATTER
7.4 TABLEAU RÉCAPITULATIF DES RÉSULTATS DES FACTEURS DE RISQUE DE LA MALADIE D’OSGOOD-SCHLATTER

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