Face à l’accroissement démographique, la demande mondiale en protéines d’origine animale ne cesse d’augmenter, en particulier dans les pays en développement. Pour tenter de satisfaire cette demande, plusieurs pays africains au Sud du Sahara ont mis l’accent sur l’élevage des espèces à cycle court, notamment la volaille car les animaux de rentes s’étant avérés plus vulnérables aux aléas climatiques. C’est ainsi qu’au Sénégal, depuis une dizaine d’années, une aviculture semi-industrielle a connu un essor considérable pour répondre à une démographie en constante progression (Cardinale et al., 2002).
L’aviculture est un secteur en pleine expansion au Sénégal. Ainsi, La mise en place de poussins ne cesse de croître passant de 5 595 177 poussins en 2000 à 44 670 769 poussins en 2016 soit un chiffre d’affaires de près de 160 milliards de F CFA (CNA, 2017). La place de choix qu’occupe la volaille dans le menu des ménages repose sur son prix bas mais aussi l’absence d’interdit religieux à son encontre et ses qualités nutritionnelles. A cela s’ajoute la facilité de production, le poulet de chair étant une espèce à cycle d’élevage court dont l’élevage peut contribuer à relever le niveau de vie des populations à faibles revenus. Ainsi, l’évolution de la production animale vers des systèmes de plus en plus intensifs a permis d’accroître la productivité et de réduire les prix des produits pour le consommateur. Cette progression s’est effectuée en orientant la sélection et les conditions d’élevage vers la maximisation de la vitesse de croissance, de l’efficacité alimentaire et la réduction de l’adiposité des carcasses au profit des dépôts musculaires (Saad, 2011).
GENERALITES SUR LA FILIERE AVICOLE
DEFINITION DE LA FILIERE AVICOLE
La filière avicole est définie comme un ensemble de systèmes d’acteurs directement impliqués à tous les stades de l’élaboration du produit. Elle s’étend de l’amont de la production jusqu’aux marchés de consommation finale (Jez et al., 2009). Deux grands types de production peuvent être distingués schématiquement en aviculture en fonction des produits terminaux qu’ils génèrent, à savoir la viande (volailles de chair) et les œufs de consommation. Les filières englobent les fournisseurs d’intrants (aliment, litière, bâtiment, équipement), les prestataires de service (conseils techniques, vétérinaires), les entreprises de sélection et de multiplication, les élevages de production, les abattoirs, les ateliers de découpe, les producteurs de produits élaborés et de charcuterie de volailles, les centres d’emballage des œufs, les casseries productrices d’ovoproduits… (Jez et al., 2009).
LES CARACTERISTIQUES DE LA FILIERE AVICOLE
Selon Bonaudo et al. (2009), L’aviculture possède plusieurs caractères. C’est une activité essentiellement monofonctionnelle, son rôle principal est de produire des protéines animales, en valorisant des productions végétales et un surplus de maind’œuvre. Cette production permet donc une diversification des petites exploitations et leur insertion dans l’économie marchande. Contrairement à l’élevage d’herbivores, l’aviculture en général ne permet l’entretien ni d’espace naturel, ni de la biodiversité qui y est associée. De même, cette activité intervient peu dans la gestion des paysages. La productivité numérique des espèces, alliée à la brièveté des cycles biologiques (reproduction et croissance), permet une spécialisation des fonctions, donc un approfondissement des savoirs et un renforcement de la maîtrise technique des opérateurs, sur une partie du cycle de production (sélectionneur, accouveur, éleveur). La segmentation des tâches qui s’en déduit facilite et exige la planification, et a fait de l’aviculture la première production animale à adopter un modèle d’organisation inspiré de l’industrie (lots, puis bandes d’animaux homogènes, systématisation des opérations, etc.). Cette dynamique générale s’est accompagnée d’un processus d’intensification de l’élevage, c’est-à-dire d’une augmentation du recours aux intrants et de la recherche de gains de productivité par la mécanisation et l’automatisation, mais aussi par le contrôle de l’environnement (température, densité, pressions parasitaires, etc.). Ceci a permis des gains des performances zootechniques spectaculaires. Ces caractéristiques ont pour corollaire une grande standardisation des moyens et techniques de production (animaux, bâtiments, aliments, etc.) et une importance décisive des routines techniques : traductions des choix techniques dans les pratiques fréquemment répétées. Cette standardisation du vivant et des techniques permettant la mécanisation s’auto-entretiennent. L’unité de temps qui rythme l’organisation et le fonctionnement des filières est la semaine, en apparence antinomique de la prise en compte du long terme.
LA SPECIALISATION DES ELEVAGES AVICOLES : LA STRUCTURE PYRAMIDALE
Différents étages spécialisés hébergeant des oiseaux se succèdent. Au sommet de la pyramide se positionnent les groupes de sélection génétique. Des populations animales sélectionnées sont soumises à un contrôle des performances permettant de choisir des individus pédigrées, en fonction de critères spécifiques, destinés à constituer le noyau reproducteur qui alimentera les multiplicateurs. Des lignées (« population animale, fermée au moins depuis 2 reproductions généalogiques, sur laquelle certains critères sont mesurés et sélectionnés » (SYSAAF, 2007)) arrière grands parentales et grands parentales pures, mâles et femelles sont ainsi créés.
Dans un second temps les éleveurs multiplicateurs (intégrés dans le secteur accouvage), en réalisant des croisements entre types génétiques sélectionnés, assurent la multiplication des animaux retenus et par là même, la diffusion du progrès génétique créé en amont, tout en exploitant le phénomène d’hétérosis. Ils permettent au final l’obtention des parentaux mâles et femelles dont sont issus les œufs à couver (OAC) embryonnés. Ces derniers sont dirigés vers des couvoirs comprenant des incubateurs artificiels et des éclosoirs qui génèrent des oiseaux d’un jour lesquels sont à leur tour mis en place dans les élevages de production constituant la base de la pyramide .
La sélection génétique
La sélection avicole est réalisée par un nombre très restreint de grands groupes internationaux. A titre d’exemple, Aviagen (groupe allemand), Hubbard (groupe français) et Cobb Vantress (groupe américain) contrôlent le marché mondial de la sélection des souches de poulets de chair (Azard et al., 2007).
Les critères de sélection génétique varient logiquement en fonction du type de production et impliquent de facto le recours à des lignées génétiques spécialisées (viande ou ponte). En filière chair, ils concernent l’augmentation du GMQ (Gain Moyen Quotidien) avec, en parallèle la diminution de l’indice de consommation pendant la phase d’élevage, la qualité des viandes et le rendement des carcasses (développement des muscles pectoraux) après abattage. Concernant les performances de croissance, plusieurs stratégies de sélection sont possibles. En élevage intensif, les souches à croissance rapide sont privilégiées (courte période d’engraissement) alors que des souches à croissance lente sont utilisées pour les productions de volailles sous signe de qualité. Les élevages extensifs proposent donc au consommateur un produit plus âgé à l’abattage. La chair est plus ferme, plus grasse et son goût plus prononcé. En filière ponte, le nombre d’œufs pondus pendant le cycle de ponte, le poids de l’œuf en début et fin de ponte, la diminution de l’IC (indice de consommation), la docilité et la rusticité des poules pondeuses, la qualité externe comme interne de l’œuf (résistance de la coquille, hauteur du jaune versus de l’albumen, qualité de l’albumen, etc.), constituent autant de caractères considérés dans les schémas de sélection (De-Bordeaux et Chinzi, 2002). Dès les années 1930, la sélection génétique s’est orientée vers l’augmentation de la résistance aux maladies. Par exemple, les troubles locomoteurs, engendrant souffrance animale et pertes économiques sont fréquents en élevage avicole surtout chez les souches ou lignées à croissance rapide. La sélection cherche donc à améliorer la résistance aux boiteries. Des études ont également été entreprises pour identifier des marqueurs de résistance à la coccidiose à Eimeria tenella chez la poule, maladie très répandue (Pinard-Van-Der-Laan et al., 2003). De même, dans un cadre plus large de santé publique, une sélection effective sur la résistance au portage des salmonelles permettrait de prévenir les risques de toxi-infection alimentaire (Beaumont et Chapuis, 2003). Les entreprises de sélection offrent un choix varié de combinaison de croisements pour obtenir, au final, des sujets dont les caractéristiques (vitesse de croissance, aptitude au parcours extérieurs, etc.) sont adaptées au mode d’élevage (Bisimwa, 2003 ; Remignon, 2007).
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
CHAPITRE I : GENERALITES SUR LA FILIERE AVICOLE
I. DEFINITION DE LA FILIERE AVICOLE
II. LES CARACTERISTIQUES DE LA FILIERE AVICOLE
III. LA SPECIALISATION DES ELEVAGES AVICOLES : LA STRUCTURE PYRAMIDALE
III.1. La sélection génétique
III.2. L’accouvage
III.3. L’élevage de production
IV. LES SYSTEMES DE PRODUCTION AVICOLE
V. LES GENERALITES SUR L’AVICULTURE AU SENEGAL
V.1. La présentation du Sénégal
V.2. L’évolution de l’aviculture au Sénégal
V.3. Les systèmes d’élevage avicole au Sénégal
V.3.1. Le système avicole traditionnel
V.3.2. Le système avicole moderne
V.4. L’évolution des productions avicoles
V.4.1. La viande de volaille
V.4.2. Les œufs de consommation
V.5. Les contraintes de l’aviculture au Sénégal
V.5.1. Les contraintes de l’aviculture traditionnelle
V.5.2. Les contraintes de l’aviculture moderne
V.5.2.1. Les contraintes pathologiques
V.5.2.2. Les contraintes économiques
V.5.2.3. Les contraintes zootechniques
V.5.2.4. Les contraintes alimentaires
CHAPITRE II : LES GENERALITES SUR L’UTILISATION DE LA BETAINE DANS L’ALIMENTATION DES POULETS DE CHAIR
I. LA STRUCTURE CHIMIQUE DE LA BETAINE
II. LES DIFFERENTES SOURCES DE LA BETAINE
III. LES STRUCTURES ET LES DERIVES DE QUELQUES BETAINE
IV. LES EFFETS METABOLIQUES DE LA BETAINE
IV.1. La betaine en tant que donneur de groupe methyle
IV.2. L’effet d’épargne de la bétaïne sur la méthionine
IV.3. L’effet d’épargne de la bétaïne sur la choline
V. LES FONCTIONS NUTRITIONNELLES ET PHYSIOLOGIQUES DE LA BETAINE
V.1. L’osmorégulation
V.1.1. La bétaïne comme substance osmotique
V.1.2. La capacité osmotique de la bétaïne dans l’intestin
V.1.3. La bétaïne et la coccidiose
V.1.4. Capacité osmotique de la bétaïne dans le tissu musculaire
V.2. La bétaïne et la digestibilité des nutriments
VI. L’UTILISATION BENEFIQUE DE LA BETAINE CHEZ LA VOLAILLE
VI.1. L’effet sur le développement de l’intestin et de la digestibilité des nutriments
VI.2. Effet sur les performances
VI.3. Effet sur la carcasse
VI.4. Effet sur le bien-être
CONCLUSION GENERALE