Définition de la fertilité du sol
Lors de sa naissance, l’agronomie appliquée considéra tout d’abord le rendement du sol comme mesure essentielle de sa fertilité. Les teneurs en éléments nutritifs du sol (principalement l’azote, le phosphore et le potassium) furent prises comme indicateurs de fertilité. Les engrais chimiques étaient alors généralement considérés comme inépuisables et capables de remplacer la fertilité naturelle du sol. L’évidence grandissante de la finitude des ressources réoriente cependant la discussion sur cette notion dans une autre direction. Essentielle pour les rendements des cultures, l’efficience des métamorphoses des éléments nutritifs aussi et même surtout dans le cycle générale revient au premier plan comme mesure de la fertilité du sol. (Alfred B. et al, 2013). Nous pouvons donc définir la fertilité du sol comme une notion très importante dans le domaine de l’agriculture, elle désigne la capacité du sol à produire dans le moment de culture.
La fertilité du sol est une composante de la productivité biologique du sol s’intéressant à son état en matière de disponibilité en éléments nutritifs, et à sa capacité à fournir les éléments nutritifs à partir de ses propres réserves pour la production de la culture, et enfin, à ses réactions concernant les apports externe d’élément nutritif.
Définition du bio indicateur
Selon Trochery (2003), un indicateur doit être une information synthétique, généralement quantitative, caractérisant un phénomène souvent complexe. Il doit être riche de signification et sa portée dépasse celles des données et variables qui le constituent. La signification de l’indicateur est souvent donnée par sa comparaison avec des valeurs de référence, qui peuvent consister en une moyenne sur certains territoires, une valeur historique (et non hystérique), un objectif, un seuil réglementaire ou une norme scientifique. Pour Elliot (1998), un bio indicateur est, pour le sol, une propriété biologique du sol ou un processus se déroulant au sein du sol, le sol étant ici considéré comme une des briques constitutives d’un ensemble plus vaste, l’écosystème (ou l’agroécosystème). Il doit décrire un des états de l’écosystème. Enfin un indice, notion voisine d’indicateur, peut être considéré comme une agrégation de données ou d’indicateurs hétérogènes, résumant une information comportant de multiples aspects (Trochery, 2003) .
Indicateurs de la fertilité et infertilité
Composition floristique
La végétation qui pousse sur le sol est le premier critère utilisé par les paysans pour évaluer l’état de la fertilité de leurs sols. En effet, lorsqu’un paysan cherche une parcelle pour être cultivée, il prend en connaissance la composition floristique du terroir afin de tirer une conclusion sur la qualité du sol. Les agriculteurs savent nommer les différentes espèces, selon la nomenclature vernaculaire, expliquer leurs caractéristiques et interpréter le « message » qu’elle semble laisser dans le champ. Ils suivent ainsi la composition floristique de leurs parcelles ; type d’adventices, vigueur, abondance. Ils font la distinction entre les plantes qui poussent sur des sols moins fertiles et celles qui se développent de manière préférentielle sur des sols plus fertiles. (Ravonjiarison-Avisoa, 2018) .
Caractéristiques visuelles du sol
La caractéristique visuelle du sol se limite souvent à la granulométrie et la structure du sol. La texture du sol se définit par ses proportions relatives en argile, limon, sable fin, sable grossier. Selon Jamagne et Bétremieux, (1992) la texture équilibrée est la plus favorable à la culture ce qui veut dire en générale 30% argiles ; 20% limons, 50% de sable (composition maximum). Avec ce type de texture, le sol est normalement perméable. Il est idéal pour la plante car le sol retient les éléments minéraux sans être trop drainants et aussi c’est facile à travailler.
En ce qui concerne la structure, la structure grumeleuse est la structure qui favorise le développement des plantes car le sol est formé par des agrégats qui sont reliées entre elles par les colloïdes du sol. La porosité de cette structure est très élevée. Entre les pores l’eau et l’air circulent librement. Le sol est donc assez perméable, laissant circuler l’eau en excès, il est aussi aéré ce qui est souhaitable à la vie biologique du sol. Ce type de structure est également facile à travailler. La structure grumeleuse est également favorable à l’équilibre des plantes parce que la résistance du sol à la pénétration racinaire n’est pas élevée mais aussi cette structure facilite le prélèvement de la solution du sol (Allison Franklin (E.). 1968). Cette structure grumeleuse est obtenue par l’activité biologique qui règne dans un sol. Les animaux de la pédofaune et les bactéries, cyanophycées et autres champignons de la pédoflore rejettent différents produits issus des métabolismes que tous ces organismes mettent en œuvre pour consommer le nécromasse de matières organiques. Ces produits en souvent des propriétés agglutinantes. Chacun a pu observer les tortillons rejetés par les vers de terre et constater la forte agglutination des graines de terre. Ces produits agglutinants, auquel il faut ajouter les colloïdes argilo-humiques, ont tendance à enrober les grains internes de sables ou de limons d’une couche collante qui retient les petites particules du sol comme si elles étaient floquées. Ces structures sont filtrantes mais sans excès. En particulier, elles préservent bien les réserves hydriques du sol (eau capillaire). Elle assure aussi une bonne circulation de l’air dans le sol favorisant la respiration racinaire et propice à la bactérie aérobie, elle est une structure facile à travailler. Cette structure grumeleuse est celle que tout agriculteur espère (Kossoumna M.N., 2007). Les structures compacte et particulaire sont moins favorables au développement des plantes. La première est asphyxiante et difficile à travailler. Ce type de structure se forme dans les sols qui contiennent des argiles en proportion parfois très importante. Toute la couche de sol forme un bloc unique, les agrégats et les mottes ont une forte cohésion. Cette structure conduit à une manque de perméabilité à l’eau et à l’air ; grande résistance à la pénétration des racines difficultés de travail du sol. Et la seconde est filtrante, battante sensible à l’érosion. Les particules élémentaires de sable et de limon sont entassées les unes à côté des autres sans aucune liaison. Il n’y a pas d’agrégats ou de mottes. Si la texture est sableuse, le sol est filtrant mais ne retient pas l’eau et si la texture est limoneuse, le sol a tendance à se tasser, à être peu perméable.
Faunes et flores telluriques
Le sol, formé suite à des processus d’altération et de remaniements des roches mères avec éventuellement des apports exogènes, génère grâce aux végétaux qui s’y développent, une multitude de niches écologiques de tailles variables. La biodiversité des sols se caractérise donc par des organismes de taille variée qui vivent dans un habitat de taille variée (Grenier L., 1998). Cette fraction vivante du sol joue un rôle important dans le fonctionnement du sol à différents niveaux :
❖ A l’échelle des agrégats, les micro-organismes réglent les populations bactériennes et fongiques
❖ A l’échelle de la motte de terre, la méso-faune a un rôle de fragmenteur de la matière organique et de fongivore
❖ A l’échelle du profil de sol, la macrofaune et notamment les lombrics fragmentent et brassent les matières organiques et minérales dans les horizons.
Parmi tous les êtres vivants du sol, l’activité des vers de terre se traduit par de multiples effets. Une observation et une analyse plus fine montre en fait une certaine diversité des types de vers de terre (Bouché, 1972) :
– Les épigés : ils sont de petite taille (1-5 cm) et de couleur rouge sombre. Ils vivent dans les débris végétaux à la surface des sols et sont les premiers fragmenteurs de la matière organique. Leur population peut rapidement chuter et se réhabiliter.
– Les anéciques : Ils comptent parmi eux les espèces les plus grosses, ils traversent les horizons du sol et peuvent descendre très en profondeur dans le sol. Ils forment donc des galeries verticales qui sont souvent les voies privilégiées pour l’enracinement des plantes. Ils rejettent leur déjections, « turricules », à la surface du sol.
– Les endogés : on les reconnait notamment à leur couleur rose à gris clair, cette faible pigmentation s’explique de part le fait que ces types de lombrics ne remontent que très rarement à la surface. Ils creusent des galeries plutôt horizontales et vivent dans les horizons supérieurs du sol (jusqu’à 25 à 30 cm de profondeur).
Les fonctions des vers de terre sont donc très variées : effet sur la porosité des sols, effet sur la nutrition des végétaux, sur la décomposition des matières organiques. Les lombrics sont donc :
‒ Ingénieurs des écosystèmes (modifications d’abondance et de structure des pouvant modifier les propriétés des sols)
‒ Sensibles aux modifications de leur environnement ‒ Faciles à prélever, à observer et à déterminer
‒ Bio-indicateurs de la qualité biologique des sols.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Etat d’arts
1.1. Définition de la fertilité du sol
1.2. Définition du bio indicateur
1.3. Indicateur de la fertilité et infertilité
1.3.1. Composition floristique
1.3.2. Caractéristiques visuelles du sol
1.3.3. Faunes et flores telluriques
2. Matériel et méthode
2.1. Sites d’étude
2.1.1. Localisation
2.1.2. Climat
2.1.3. Relief
2.1.4. Végétation
2.1.5. Sol
2.1.6. Activités de la population
2.2. Approche méthodologique
2.2.1. Méthodologie d’enquête
2.2.2. Entretiens avec les autorités locales
2.2.3. Raisons des choix du site d’intervention
2.2.4. Période d’enquête
2.2.5. Plan d’échantillonnage
2.2.6. Observation personnelle
2.3. Traitement des données
3. Résultats
3.1. Caractéristiques des ménages enquêtés
3.2. Statut foncier
3.3. Bio indicateur de la fertilité et infertilité du sol
3.3.1. Bio indicateur de la fertilité
3.3.2. Bio indicateur de l’infertilité
4. Discussion
4.1. Savoir paysans sur la fertilité
4.2. Savoir paysans sur l’infertilité du sol
4.3. Constatation et Recommandation
CONCLUSION