Définir une stratégie de traduction – documentaire ou instrumentale ?

La science de la traduction n’est pas sans ambigüité. A part la question éternelle qui suit le traducteur au jour du jour qui est celle de savoir comment choisir la meilleure traduction, on se demande également : qu’est-ce qui est vraiment traduire et à quoi doit ressembler la science de la traduction ? Dans The International Journal of Translation, Target, et The Known Unknown of Translation Studies des chercheurs comme Elke Brems, Susan Bassnett, Christiane Nord et Yves Gambiers évoquent des questions vastes mais intéressantes : comment définir « une science de la traduction » ? Comment s’inspirer des disciplines proches et jusqu’où peut on aller dans la collaboration avec ces autres disciplines ? L’être pluriel, c’est celui qui traduit et qui s’occupe de la traduction ; polyglotte et multidisciplinaire, multiculturel et sans frontières. L’ambigüité et la pluralité marquent la pratique de la traduction ainsi que la science qui la décrit. Du point de vue de l’étudiant, ce n’est pas un point de départ très rassurant. Cela ne nous montre pas de façon claire ce que nous faisons ou à quoi une étude sur la traduction « doit » ressembler. Visant à nous donner une image plus parlante de cette pratique diffuse, le théoricien Georges Mounin a fait une comparaison entre la traduction et la médecine : « On peut si l’on y tient, dire que, comme la médecine, la traduction reste un art – mais un art fondé sur une science .» Nous aimerions découvrir, même si ce n’est qu’un petit bout de cette science de la traduction, un outil pour produire une traduction qui fonctionne en théorie et en pratique et pour cela nous avons choisi la méthode d’analyse de Christiane Nord. En mettant le texte cible au centre et en se posant à chaque moment de la traduction la question de la fonction et de l’effet à produire dans la langue cible, Nord a su développer une méthode de traduction adaptable à tous types de textes. Mais en réalité et en pratique, est-ce qu’on arrive vraiment à suivre à tous les moments de la traduction les directives d’une méthode spécifique ? Quand et comment est-ce qu’on peut utiliser une telle méthodologie ? Ce mémoire aborde essentiellement les aspects pragmatiques de la traduction. Une description de la traduction sera faite à partir des aspects extérieurs du récit décrit par Nord dans le « translation brief » (la description de la mission). Ce plan va nous aider à comprendre les choix précis pris pendant le travail avec la traduction, le texte cible. Ayant affaire à un texte très varié où l’information factuelle s’entremêle avec un récit autobiographique et littéraire, les différentes fonctions du récit sont elles aussi nombreuses. Il devient difficile de désigner des buts précis pour le texte cible ; néanmoins difficile ne veut pas forcement dire impossible ! Ce mémoire montre combien l’analyse fonctionnelle peut être utile pour la compréhension globale d’un travail de traduction.

Analyse fonctionnelle de notre traduction

Il est temps de regarder au cas par cas l’analyse de notre traduction. Nous avons structuré les exemples que nous donnons selon la proposition du Nord de faire l’analyse du texte de façon verticale . Cela veut dire que nous avons classé les groupes d’exemples selon le thème et la fonction. L’avantage est de pouvoir contrôler que les parties du texte portant les mêmes fonctions ont également été traduites de façon cohérente.

La fonction référentielle 

La fonction référentielle, c’est l’identification des divers objets et phénomènes dans le monde ; une baguette, un béret ou Marianne sont des phénomènes portant des valeurs spécifiques dans la culture française, ce sont également des références. Ce que nous regardons dans la fonction référentielle c’est par exemple les différentes connotations pour des mots comme fromage et vin dans la culture source et cible. On la reconnait dans la dénotation du lexique, ce que les mots désignent et il s’agit donc de toutes sortes d’informations que la forme textuelle transmet aux lecteurs . Le sens d’une locution référentielle se trouve souvent étroitement lié à la culture où elle a été prononcée. Chaque culture ayant sa vision du monde, pour saisir le sens d’une certaine information il faut donc avoir compris la perspective et le point de vue de l’auteur du texte source. Les lecteurs cible risquent toujours d’interpréter les fonctions référentielles de manière différente que les lecteurs source .

Dans notre traduction nous rencontrons plusieurs cas de fonctions référentielles du type métalinguistique, le texte commente en quelque sorte le texte même. Afin de pouvoir transmettre la même information dans le texte cible, ces cas précis demandent des adaptations ou des explications supplémentaires.

Exemple 1 : 

Par le bon vouloir de Napoléon III, la réalité va se séparer du mot qui la désigne. Les Landes vont continuer Så försvinner genom Napoleon III: s goda vilja betydelsen från ordet som beskriver platsen. Landes-regionen fortsätter att de s’appeler Landes mais devenir forêt. kallas för Landes (slätter) men förvandlas till skog. 

Une lande est la description d’une zone géographique et également le nom d’un endroit Les Landes. Impossible de communiquer ce double sens sans explication supplémentaire dans la langue cible. C’est ainsi que nous avons ajouté entre parenthèse que le mot « landes » veut dire (slätter) dans le texte cible. Nous notons également une adaptation caractéristique à la fonction référentielle, l’ajout de regionen (Landesregionen) pour préciser au lecteur cible que Les Landes est un endroit vaste, plus grand qu’une ville. C’est l’exemple type d’une information que l’auteur trouve inutile à ajouter à un lecteur source pour qui cela va de soit : un Français connait à peu près ce que sont Les Landes et où ce département se situe. C’est en revanche vraisemblablement une terre inconnue pour les nouveaux lecteurs suédois.

Exemple 2 : 

Il paraît que leur couleur est due à une plante, aussi petite et timide que vaillante, l’Helichrysum. On dit aussi « immortelle », ou « safran des dunes » à cause de son parfum. Dess färg skulle visst komma från en liten skygg, men dock tapper växt, Helichrysum. Den kallas även för « evighetsblomma”, eller hedblomster och på franska även för ”sandsaffran” (safran des dunes) efter sin doft.

Dans cet exemple nous allons encore un peu plus loin dans l’explication des termes qui ne sont pas entièrement traduisibles en langue cible. Notre but est de produire une traduction qui reprend tout le contenu du texte source et de le reproduire de façon stylistique et bien adaptée dans la langue cible. Nous traduisons et nous ajoutons ici pour transmettre tout le contenu du texte source dans le texte cible, car cette fleur Helichrysum n’est pas surnommée Safran des dunes (sandsaffran) en suédois. Pour maintenir le récit informatif, ce qui est un but important, nous donnons d’abord l’appellation suédoise evighetsblomma et hedblomster. Pour rester fidèle au texte source nous ajoutons och på franska även för (et en français), safran des dunes. Comme dans l’exemple précédent nous avons dans ce cas eu recours à une explication en précisant qu’en français le nom de la fleur est également Safran des dunes, équivalent nonexistant en suédois.

La fonction expressive

La fonction expressive, selon Christiane Nord, concerne l’attitude de l’auteur. C’est ce que l’auteur pense des objets dans la fonction référentielle comme des sentiments exprimés par des points d’exclamations ou par exemple de l’ironie. La fonction expressive implique souvent des valeurs partagées entre l’auteur et les lecteurs de la culture source. Le lecteur du texte cible, appartenant à une autre culture, ne partage alors pas ces mêmes valeurs ; ce qui peut justifier des changements pour clarifier le texte cible, surtout si les valeurs exprimées sont implicites et que l’auteur présuppose le partage de ses valeurs avec le lecteur comme quelque chose d’évident . Néanmoins ce que nous observons dans les exemples suivants est une traduction qui se rapproche plutôt qu’elle ne s’écarte du texte source. Notre première traduction qui a peut-être visé un ton plus neutre et adapté à une langue cible peut-être moins expressive, s’est vu ajustée pour mieux correspondre justement à l’expressivité communiquée par le texte source.

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Table des matières

1 Introduction
1.1 But
1.2 Délimitation de l’étude
1.3 Méthode
1.4 Disposition
2 La théorie fonctionnaliste
2.1 Translation Brief
2.2 L’Initiateur du texte source et du texte cible
2.3 L’Intention
2.4 Destinataire
2.5 L’endroit et Temps
2.6 Moyen
2.7 Le motif de la traduction
2.8 Définir une stratégie de traduction – documentaire ou instrumentale ?
3 Analyse fonctionnelle de notre traduction
3.1 La fonction référentielle
3.2 La fonction expressive
3.3 La fonction appellative
3.4 La fonction phatique
4 Conclusion
Bibliographie

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