Découverte du paludisme à la fin du XIXème siècle

Rappels historiques sur le paludisme 

Une maladie connue depuis l’Antiquité

Le paludisme est une maladie connue depuis très longtemps ; en effet, dès l’Antiquité, les hommes avaient fait la relation entre les marais et l’apparition de fièvres. Au Vème siècle av. J.C., Hippocrate recommandait d’établir les villes à distance des marais et des marécages et décrit le paludisme comme une maladie associée aux milieux humides, responsable de maux de tête violents, de fièvre, de frissons et d’une augmentation du volume de la rate.

En 1717, Giovanni Maria Lancisi, le médecin du pape Clément XI, dans un ouvrage : “De noxiis paludum effluviis eorumque remediis” énonçait que le paludisme était transmis par les mouches. C’est lui qui introduisit le mot “mal’aria” qui signifie “mauvais air”. Quant au terme paludisme, sa racine vient du latin “paludis” qui signifie marais.

La découverte du premier antipaludéen

Au XVIème siècle lors de la conquête de l’Amérique du Sud, les Espagnols prirent conscience que la forêt amazonienne était un immense réservoir de maladies, ils s’installèrent en altitude loin des zones marécageuses infestées de moustiques. Les Jésuites du Pérou observaient les populations locales absorber la poudre d’écorce de quinquina en cas d’accès palustre et la popularisèrent en Europe où sévissait un peu partout le paludisme, comme en France dans le marais Poitevin, la Sologne, le golfe du Morbihan et la Camargue. Les quinquinas sont des arbres de la famille des Rubiaceae qui poussent naturellement sur les versants de la cordillère des Andes, de 1500 à 3500 mètres d’altitude. La plante sera décrite par Linné qui va créer le genre Cinchona et le diviser en deux parties : Cinchona officinalis utilisé en boisson pour ses vertus aromatiques mais dépourvu de principe actif et Cinchona succirubra (quinquina rouge) riche en principe actif. C’est en 1820 que deux pharmaciens, Pelletier et Caventou isolèrent pour la première fois le principe actif de l’écorce de quinquina : la quinine.

Les deux pharmaciens rendirent leur invention publique et le laboratoire américain Rosengarten and Sons fut le premier à faire un usage commercial de la méthode Pelletier-Caventou. Pelletier envoya de la quinine au physiologiste François de Magendie afin que celui-ci la teste sur l’animal et l’homme. Ce dernier souligna dans son “Formulaire pour la préparation et l’emploi de plusieurs médicaments” que l’activité du quinquina variait beaucoup selon la nature et la qualité des écorces.

Découverte du paludisme à la fin du XIXème siècle

En novembre 1880, le médecin français Alphonse Laveran découvrit le parasite responsable du paludisme, ce qui lui valut le prix Nobel de médecine en 1907. Il émit également l’hypothèse que le parasite puisse être transmis par les moustiques notamment ceux du genre Anopheles. En coordination avec Laveran, les médecins italiens Angelo Celli et Ettore Marchiafava observèrent le cycle du parasite dans le sang et constatèrent que les divisions de celui-ci coïncidaient avec les épisodes de fièvre. En 1897, le médecin britannique Ronald Ross, en étudiant la transmission du paludisme aux oiseaux, comprit que le parasite était transmis par une espèce de moustique : l’anophèle. Il mit en évidence le protozoaire dans le tube digestif et les glandes salivaires du moustique et découvrit que le temps d’incubation nécessaire pour que le parasite se retrouve dans le sang depuis la piqûre du moustique était de 10 à 14 jours. Il a été récompensé du prix Nobel de médecine en 1902.

Le XXème siècle : Avancées des traitements de synthèse

Malgré son efficacité, la quinine possédait quelques inconvénients notamment sa mauvaise biodisponibilité contraignant à des prises répétées. C’est pourquoi il apparut nécessaire de trouver des substituts à la quinine. En Allemagne, après la 1ère guerre mondiale, les propriétés antipaludiques de la plasmoquine, molécule appartenant à la famille des aminoquinoléines, furent mises en évidence. En 1930, Ernest Fourneau, chef de service du laboratoire de chimie thérapeutique de l’institut Pasteur, synthétisa la rhodoquine qui s’avéra aussi efficace que la plasmoquine mais à des concentrations plus faibles. Hans Andersag synthétisa la résochine en 1934. Cette nouvelle aminoquinoléine qui affecte le Plasmodium au début de son cycle érythrocytaire prit ensuite le nom de chloroquine.

En 1944, le proguanil fut découvert par des chercheurs britanniques, puis la pyriméthamine dans les années 1950. Dès lors, les produits de synthèse, moins chers et plus faciles à produire que la quinine vont s’imposer. Néanmoins dans les années 1970, les premières souches de Plasmodium résistantes aux antipaludéens de synthèse sont apparues du fait de l’utilisation soutenue de ces derniers. Ainsi la quinine encore efficace continua à être utilisée en traitement curatif. Pendant la guerre du Vietnam (1955-1975), dans le cadre d’une recherche intensive de nouveaux traitements contre le paludisme menée par les Chinois, fut étudié un grand nombre de plantes médicinales traditionnelles sous la direction de la pharmacologue chinoise Tu Youyou, en raison des résistances développées par les Plasmodium.

Le qinghao (Artemisia annua) ou armoise en français était utilisé depuis l’Antiquité en médecine traditionnelle chinoise pour traiter les fièvres intermittentes, néanmoins les études de criblage pharmacologique de Tu Youyou furent décevantes. C’est finalement en étudiant le traité de Ge Hong (IVème siècle) que Tu Youyou comprit que le principe actif, l’artémisinine, devait être extrait à froid afin de ne pas l’altérer. Depuis, l’artémisinine est devenu le traitement de référence du paludisme même si des cas de résistance commencent à apparaître. Tu Youyou a été récompensée du prix Nobel de médecine en 2015 pour ses recherches. Depuis 2006, de nombreuses molécules aux propriétés antipaludiques ont été découvertes comme la similikalactone D (Bertani et al., 2006), la ferroquine, les spiroindolones et les imadazolepipérazines. En 2012, la synthèse de l’artémisinine a été réalisée pour la première fois, permettant à terme de ne plus se limiter à sa production par extraction à partir de l’armoise.

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Table des matières

INTRODUCTION
Partie 1 : Généralités sur le paludisme
1. Introduction
2. Rappels historiques sur le paludisme
2.1 Une maladie connue depuis l’Antiquité
2.2 La découverte du premier antipaludéen
2.3 Découverte du paludisme à la fin du XIXème siècle
2.4 Le XXème siècle : Avancées des traitements de synthèse
3. Rappels généraux sur le paludisme
3.1 Agent causal (Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie 2014)
3.1.1 Les différentes espèces de Plasmodium
3.1.2 Répartition géographique de Plasmodium sp. (Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie 2014)
3.2 Mode de transmission et vecteur
3.2.1 Le mode de transmission
3.2.2 Le vecteur
3.3 Cycle parasitaire (Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie 2014)
3.3.1 Chez l’homme
3.3.2 Chez l’anophèle femelle
3.4 Épidémiologie (BEH 2018)
3.4.1 Épidémiologie mondiale du paludisme
3.4.2 Épidémiologie du paludisme en France
3.4.3 Données au CHU de Rouen (CNR paludisme)
3.5 Clinique et physiopathologie
3.5.1 Symptômes (Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie 2014)
3.5.2 Signes de paludisme grave (LA PRISE EN CHARGE DU PALUDISME GRAVE – guide pratique OMS)
3.5.3 Physiopathologie
3.6 Diagnostic
3.6.1 Signes d’orientation
3.6.2 Diagnostic biologique direct
3.7 Traitement
3.7.1 Prise en charge d’une forme non compliquée
3.7.2 Prise en charge du paludisme grave
3.8 Immunité et Vaccin
3.8.1 Immunité acquise
3.8.2 Vaccin (OMS Note de synthèse : position de l’OMS à propos du vaccin antipaludique – Janvier 2016)
Partie 2 : La prévention du paludisme
1. Prophylaxie médicamenteuse du paludisme
1.1 Évaluation du risque de paludisme et pertinence de la chimioprophylaxie antipaludique
1.2 Les principaux antipaludéens
1.2.1 La chloroquine (Nivaquine®)
1.2.2 La méfloquine (Lariam®)
1.2.3 L’association atovaquone – proguanil (Malarone®)
1.2.4 La doxycycline
1.3 Résistance aux antipaludéens et aux insecticides
1.3.1 Physiopathologie des résistances
1.3.2 La résistance à la chloroquine
1.3.3 La résistance à la Malarone®
1.3.4 La résistance aux insecticides
2. Les mesures de prévention non médicamenteuses
2.1 La protection personnelle antivectorielle
2.1.1 Les moustiquaires
2.1.2 Les répulsifs cutanés
2.1.3 L’imprégnation des vêtements
2.1.4 Autres moyens de protection
2.1.5 Efficacité des différentes mesures de protection personnelle antivectorielle
2.2 Limitation de la densité des moustiques
Partie 3 : Niveau de connaissance et conseils donnés sur la prévention du paludisme par les pharmaciens d’officine : Etude descriptive réalisée auprès des pharmaciens d’officine de Seine-Maritime
1. Matériels et méthodes
1.1 Objectifs
1.2 Le questionnaire
1.2.1 Elaboration du questionnaire
1.2.2 Logiciel de réalisation du questionnaire et traitement des données
1.2.3 Informations recueillies
2. Résultats
2.1 Questions générales d’introduction de l’étude
2.1.1 Taille de la ville d’exercice
2.1.2 Situation de l’officine
2.1.3 Nombre de sollicitations sur le paludisme par semaine
2.2 Questions générales sur le paludisme
2.2.1 Insecte vecteur
2.2.2 Période de transmission dans la journée
2.2.3 Symptômes du paludisme
2.2.4 Motifs de voyages
2.2.5 Régions de destination
2.2.6 Freins à la prise d’antipaludiques
2.2.7 Efficacité de la chimioprophylaxie antipaludique
2.3 Questions relatives aux conseils sur la prévention du paludisme
2.3.1 Retour de voyage d’une zone impaludée avec de la fièvre
2.3.2 Moyens de protection conseillés pour un adulte et raison qui motive le choix
2.3.3 Moyens de prévention conseillés pour un enfant de moins de deux ans
2.3.4 Molécule répulsive contre-indiquée chez l’enfant de moins de deux ans
2.3.5 Molécule répulsive à éviter chez la femme enceinte
2.3.6 Durée d’action moyenne des répulsifs cutanés
2.3.7 Nombre maximum d’applications par jour des répulsifs cutanés chez l’adulte et l’enfant de plus de douze ans
2.3.8 Application de répulsifs cutanés et de crème solaire
2.3.9 Fréquence de ré-imprégnation des moustiquaires
2.3.10 Produit conseillé en cas de budget limité
3. Discussion
3.1 Limites de l’étude
3.2 Discussion des résultats
3.2.1 Les participants et leurs connaissances sur le paludisme
3.2.2 Les connaissances des pharmaciens sur les moyens de prévention non médicamenteuse du paludisme
4. Conclusion
CONCLUSION
Bibliographie
Annexes

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