Décomposition de l’efficience des banques

Décomposition de l’efficience des banques

Aléa moral entre banque et superviseur

Lorsque les managers et les actionnaires se mettent d’accord dans certaines configurations où la banque est financièrement fragilisée, un risque d’aléa moral peut apparaitre entre la banque et le superviseur. En effet, dans cette situation, une stratégie de prise de risque est rationnelle pour les deux parties (managers et actionnaires). Ainsi, et dans le cas où la rentabilité espérée est négative, une seule stratégie risquée est susceptible de donner une probabilité raisonnable de survie à la banque (contrairement aux stratégies prudentes de diversification). Dès lors, en cas de difficultés financières importantes, quand les fonds propres sont déjà entamés, les actionnaires n’ont plus grand-chose à perdre. Ils soutiennent alors les managers dans leurs décisions de prise de risque excessive. Le risque d’aléa moral entre la banque et le superviseur nait du fait que les créanciers ont moins d’incitation à contrôler la banque.
Par ailleurs, l’existence d’un système d’assurance dépôts et d’une doctrine de » too big to fail », en vertu de laquelle les autorités monétaires ou publiques assument d’une manière ou d’une autre le passif des grosses institutions bancaires défaillantes, constitue un facteur « désincitatif » au contrôle de la solvabilité des banques par leurs créanciers.

Aléa moral et « préteur du dernier ressort

Pour les grandes banques (too big to fail), le manque de liquidité est quasiment impossible car la banque centrale doit intervenir pour les approvisionner en liquidité. Cette assurance que procure l’idée du préteur du dernier ressort2crée un terrain propice au risque d’aléa moral. En effet, les banques peuvent s’engager volontairement dans des activités à haut risque, car elles sont certaines d’avoir la liquidité nécessaire même en cas d’insolvabilité.
Plusieurs auteurs trouvent que ce risque d’aléa moral peut être réduit si la banque a quelques doutes et une certaine incertitude autour de la possibilité d’avoir la liquidité nécessaire. Cette doctrine appelée « l’ambigüité créative », est entre autres analysée par; Freaixas (1999), Goodhart and huang (1999), Repullo (2005) and Cordella and Levy – Yeyati (2003).
Dans cette première partie du chapitre introductif, une approche théorique sur les banques est présentée. Un historique sur l’intermédiation des banques dans l’économie depuis des siècles est d’abord relaté, suivi d’un bref rappel théorique sur la banque comme intermédiation d’information. Ces fondements théoriques justifient raisonnablement l’existence des banques et le besoin de réétudier cette institution inlassablement. Ainsi, les banques sont influencées et influent l’économie dans l’histoire comme dans la littérature. A cet effet, le lien entre la banque, son efficacité et l’économie réelle sont présentés dans la seconde partie de ce chapitre.

Examen théorique du lien entre les banques et la croissance économique

Comme il est démontré précédemment, les banques jouent un rôle essentiel dans le financement de l’économie que ce soit pour les pays développés ou les pays en voie de développement. Le développement et la stabilité du secteur bancaire deviennent un élément indispensable pour réaliser une croissance économique. Les banques ont la lourde responsabilité d’offrir le capital nécessaire aux projets d’investissements les plus profitables et les plus surs. Sans une allocation efficiente du capital, les projets profitables ne peuvent pas être entrepris et la croissance économique serait entravée.
Une offre de crédits stable est un autre élément crucial pour le développement des banques. En effet, les projets profitables à long terme nécessitent un accès continuel aux sources de financement. Une interruption de l’offre du crédit peut entrainer une perturbation dans l’investissement, la croissance économique et la prospérité. Actuellement, les pays avec un marché de crédit profond enregistrent des taux de croissance économiques plus élevés et une volatilité plus faible vis-à-vis des chocs. De cette perspective, les politiques qui augmentent la capacité des banques à offrir le crédit et à gérer les risques convenablement sont importantes pour exploiter les avantages des marchés du crédit dans l’achèvement de l’allocation efficiente du crédit et à favoriser la croissance économique.

Rapprochement au plan théorique entre les banques et la croissance économique

Lorsque la théorie évoque l’intermédiation financière et plus précisément bancaire, ainsi que son impact sur la croissance économique, deux points de vue complètement différents se distinguent. Le premier considère qu’il n’existe aucune relation entre les banques et la croissance économique. Ceci est développé par l’approche néoclassique qui partage l’idée selon laquelle il y a une perfection des marchés, une certitude et une symétrie de l’information. Les néoclassiques considèrent également que l’interaction des agents se fait naturellement dans les marchés et les décisions économiques sont optimales. Ainsi, les banques n’ont aucune raison d’exister.
Dans la même logique, le modèle de croissance de Sollow indique que la croissance résulte principalement du progrès technique. Ce dernier, étant exogène, n’implique en aucun cas les banques dans son financement et dans la croissance. Cependant, il faut préciser que l’optique néoclassique est loin de la réalité, que les marchés sont imparfaits et l’information est asymétrique. Le deuxième point de vue en revanche défend l’importance des banques dans la propulsion de la croissance économique.

Liaisons théoriques entre les banques et la croissance économique

Lorsqu’on revient sur le rôle du système financier et plus particulièrement celui des banques dans le développement économique dans la théorie, il est important de rappeler les premiers travaux de Bagehot (1873) et de Schumpeter (1912). Ce dernier, et dès le début du 20ème siècle précise l’importance des banques dans le fonctionnement de l’économie et leur impacts positives la croissance, notamment à travers le financement des innovations.
Par l’allocation optimale du capital et le financement des innovations, les banques participent à la croissance grâce à la collecte des fonds. En effet, les banques présentent une assurance pour les épargnants qui peuvent retirer leur argent à n’importe quelle étape de l’investissement. Autrement dit, les investissements auraient été lourdement affectés par le comportement des agents en surplus de fonds. Donc, les banques offrent la liquidité nécessaire aux épargnants et au même temps permettent aux investissements d’être accomplis.
Ainsi, les banques soutiennent la croissance économique par la collecte de l’épargne et le financement de l’investissement qui ne peut être traduit que par une croissance économique positive. C’est aussi le point de vu de plusieurs auteurs qui prouvent la relation positive entre l’épargne et la croissance. Par leur capacité à augmenter le taux d’épargne, les banques ont un impact positif sur la croissance.
Dans le même sillage, Levine (1997) identifie cinq fonctions du système financier qui contribuent à la croissance économique, sachant que les banques représentent la part la plus importante du système financier (que ce soit dans les pays développés ou dans les pays en développement). Ces fonctions sont comme suit:
– Faciliter la réduction des risques: le lien entre la liquidité et la croissance économique est dû aux besoins de financement des projets à long terme avec un revenu espéré important. Ces projets exigent un capital élevé qui ne peut être remboursé qu’après une longue période. Les banques doivent procurer la liquidité nécessaire aux investissements à long terme. En plus, les projets avec un revenu espéré important impliquent des risques aussi importants. Les banques peuvent réduire ces risques grâce au phénomène de la diversification. Ainsi les banques peuvent accélérer les changements technologiques et la croissance économique.
– Obtenir les informations nécessaires sur les investissements et l’allocation des ressources: il est coûteux d’obtenir les informations sur les entreprises, les managers et les projets. Les détenteurs de fonds ne peuvent acquérir ces informations même à un coût très élevé et peuvent même renoncer à l’investissement. Pourtant, les banques ont la capacité d’allouer les ressources parmi les projets les plus favorables qui contribuent à une croissance économique à long terme.
– Contrôler les managers et les entreprises: les banques protègent les créditeurs des intentions des managers qui peuvent se diriger vers des stratégies risquées. Aussi, les banquent réduisent les coûts de contrôle des emprunteurs (selon Freixas Xavier [1997] comme il est indiqué précédemment). Ainsi, les banques encouragent l’épargne et participent à la croissance économique.
– Mobiliser l’épargne: les banques ont la capacité de récolter des fonds importants à travers des petits épargnants et fiancer des investissements avantageux. C’est ainsi qu’elles améliorent l’allocation des ressources et stimulent l’innovation technologique favorable à la croissance économique.
– Faciliter les échanges: en réduisant les coûts de transactions, les banques facilitent la spécialisation et mènent au progrès technologique et à la croissance économique.
Les fonctions précédentes affectent la croissance économique à travers deux biais:
l’accumulation du capital et l’innovation technologique. Le secteur financier assure la collecte des fonds nécessaire au financement de l’innovation technologique, qui stimule positivement la croissance économique. Ce lien positif est prouvé dans les modèles de croissance endogène comme dans les études empiriques.

Importance des banques dans les modèles de la croissance endogène

Rappelons que les modèles de la croissance endogène donnent autant d’importance au progrès technique que les modèles néoclassiques. C’est ainsi que les banques deviennent un centre d’intérêt et sont intégrées dans les études sur la croissance économique. Pour ces modèles, le développement financier, et donc bancaire, a une influence positive sur la croissance. En effet, les banques s’engagent à allouer une plus grande quantité d’épargne aux investissements. Cette allocation est plus optimale par rapport à un système où les banques n’existent pas ou sont peu développées.
L’idée générale du modèle de croissance endogène est que le développement financier s’engage à améliorer l’efficacité de l’allocation du capital. Ensuite, il intègre ce facteur dans un modèle de croissance endogène, où toute augmentation de la productivité du capital a un impact positif sur la croissance de l’économie à long terme.
Plusieurs modèles de croissance endogène ont abouti à des résultats semblables qui se traduisent par l’effet favorable de l’intermédiation financières (et bancaire) sur la croissance.
Prenons deux économies. Une avec une intermédiation financière et une autre dépourvue de cette intermédiation. Il est admis que la première économie enregistre une croissance beaucoup plus favorable que la seconde (Bencivenga et Smith 1991, Greenwood et Smith 1997). Aussi, le développement financier, ou le développement de l’intermédiation bancaire, s’accompagne généralement d’une réduction des coûts d’intermédiation qui permettent aux firmes d’adopter des technologies plus efficientes et de stimuler la croissance économique.
Pour Blackburn et Hung (1998) et de la Fuente et Marin (1996) le développement de l’intermédiation financière évite la duplication des coûts de monitoring et réduit les coûts d’évaluation des projets, et stimule enfin la croissance économique.Le montant des coûts de 1Eggoh Jude. « Récents développement de la littérature sur la finance et la croissance économique », Mondes en monitoring économisé par les banques permet d’accumuler plus de capital à investir dans des projets qui favorisent la croissance économique.
Les études citées jusqu’ici expliquent une relation à un seul sens qui se traduit par l’effet positif de la finance sur la croissance. Pourtant, d’autres études montrent une relation bidirectionnelle ou circulaire entre les banques et la croissance.
Selon Boyd et Smith (1996), les innovations financières sont intégrées dans un processus dynamique influencé par, et influençant, le secteur réel. A un stade initial du développement économique, la formation du capital serait d’abord réalisée par l’accumulation de l’épargne des entrepreneurs (épargne/croissance). Mais quand l’économie progresse, des organisations innovantes émergent comme les intermédiaires bancaires qui facilitent le processus de financement de l’investissement (croissance/finance). La relation est donc bidirectionnelle.C’est dans ce sens que Patrick (1966) trouve qu’aux stades initiaux de développement, les banques financent les projets entrepreneurials entraînant ainsi l’offre et la croissance économique vers la hausse. A un stade avancé, quand les économies sont plus développées, la croissance économique aurait pour résultat potentiellement le développement des services financiers de plus en plus sophistiqués, dans le cadre d’une relation circulaire de long terme.

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Table des matières

Citation
Remerciements
Dédicaces
Sommaire
Introduction générale
Chapitre introductif – La banque et l’économie : Histoire et théories d’une intermédiation
Introduction
I. Origines et rôle de la banque dans l’économie
I.1. Rappel historique sur l’intermédiation bancaire
I.2. Poids d’un secteur bancaire efficient dans l’économie
II. Intermédiation bancaire: Détour théorique
II.1. Banques comme intermédiaire d’information et de risques
II.2. Examen théorique du lien entre les banques et la croissance économique
Conclusion
Introduction de la première partie
Chapitre I – L’efficience comme mesure de performance des banques
Introduction
I. Performance, productivité et efficience
I.1. Le concept de performance
I.2. Le concept de productivité
I.3. Le concept d’efficience
Première Partie – Analyse théorique de l’efficience bancaire
Présentation – Mesure- Déterminants
II. Efficience : Décomposition et mesure
II.1. Décomposition de l’efficience
II.2. Efficience technique: Décomposition et orientation
II.3. Techniques de mesure de l’efficience
III. L’efficience comme mesure de performance dans les différents secteurs
III.1. Le secteur de la santé
III.2. Le secteur de l’agriculture
III.3. Le secteur du transport
III.4. Le secteur de l’éducation
IV. Mesure de l’efficience bancaire
IV.1. Limites des indicateurs classiques dans la mesure de la performance bancaire
IV.2. Utilisation des frontières d’efficience dans l’industrie bancaire
IV.3. Approches déterminants les inputs/outputs des banques
Conclusion
Chapitre II – Facteurs déterminants de l’efficience des banques
Introduction
I. Facteurs liés au contexte économique et institutionnel
I.1. Relation causale entre la croissance et l’efficience des banques
I.2. Efficience des banques en périodes des crises économiques
I.3. Autres facteurs macroéconomiques et institutionnels
II. Facteurs liés au contexte financier
II.1. Marchés financiers
II.2. Dérégulation vs régulation : quel effet sur la performance des banques
II.3. Structure du marché bancaire
III. Facteurs spécifiques à la banque
III.1.Taille de la banque
III.2.Propriété de la banque
III.3. Capitalisation de la banque
III.4. Autres facteurs spécifiques à la banque
Conclusion
Conclusion de la première partie
Introduction de la deuxième partie
Chapitre III – Particularités des secteurs bancaires algérien, marocain et tunisien
Introduction
I. Aperçu sur le secteur bancaire algérien
I.1 Mutations et développement réglementaire du secteur bancaire en Algérie
I.2. Panorama du secteur bancaire algérien
I.3. Caractéristiques du secteur bancaire algérien
II. Aperçu sur le secteur bancaire marocain
II.1. Mutations et développement réglementaire du secteur bancaire au Maroc
II.2. Panorama du secteur bancaire marocain
II.3. Caractéristiques du système bancaire marocain
III. Aperçu sur le secteur bancaire tunisien
III.1. Mutations et développement réglementaire du secteur bancaire en Tunisie
III.2. Panorama du secteur bancaire tunisien
III.3. Caractéristiques du système bancaire tunisien
Conclusion
Chapitre IV – Efficience des banques algériennes, marocaines et tunisiennes: Evaluation et déterminants
Introduction
I. Echantillon et source des données
Deuxième Partie – Etude empirique de l’efficience des banques algériennes, marocaines et tunisiennes
I.1. Présentation de l’échantillon
I.2. Source des données
II. Evaluation de l’efficience des banques
II.1. Méthodologie
II.2. Présentation des inputs et des outputs: étude quantitative
II.3. Mesure de l’efficience des banques
II.4. Décomposition de l’efficience des banques
III. Facteurs déterminants de l’efficience des banques des trois pays du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie)
III. 1. Méthodologie
III.2. Spécification du modèle
III.3. Discussion des résultats
Conclusion
Conclusion de la deuxième partie
Conclusion générale
Bibliographie
Les annexes
Liste des sigles
Liste des figures et des tableaux
Table des matières

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