Déclin d’un quartier populaire : les pentes de la croix-rousse et lyon, 1870 .. 1940

L’histoire des canuts de la Croix-Rousse est un élément incontournable du patrimoine lyonnais et de l’historiographie française. Pas un habitant qui ne connaisse ces artisans de la soie, pas une étude sur le monde ouvrier ou sur l’histoire lyonnaise qui n’évoque ce quartier populaire. Cette dimension légendaire laisserait penser que cette histoire n’est plus à écrire et rend indissociables les canuts et la Croix-Rousse. Pourtant, les artisans de la soie ne sont qu’un épisode dans l’histoire de ce quartier, surtout pour celle des pentes, spécialement étudiées ici. Cette période « canut » fondatrice et déterminante a éclipsé les autres dans la mémoire collective et dans la recherche historique. Comme si en dehors de la canuserie, le quartier n’avait plus rien à offrir et sortait de la chronologie lyonnaise.

C’est cette histoire de « l’après canut » que nous nous proposons d’écrire; histoire qui débute avec la crise de la soie à la fin du 19e siècle et que nous suivrons jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Cette crise, à la différence de celles survenues dans le passé, ne se résout ni facilement, ni rapidement et entraîne, à long terme, la mort de cet artisanat et sa mutation en véritable industrie. Les métiers à bras cessent de battre, la soie quitte le quartier. Comment cet espace urbain évolue-t-il en face de la crise qui frappe son élément structurant, la Fabrique de la soie ?

Cette crise de_ l’industrie soyeuse a été suffisamment étudiée par nos prédécesseurs pour que nous puissions nous baser sur le constat de l’irrémédiable changement qu’elle dresse . Partant de là, l’objectif de ce travail est d’analyser les processus· d’évolution provoqués :par les bouleversements socio-économiques, industriels et urbains et leurs conséquences sur tous les composants d’un quartier.

Encore une fois, ce sont les études faites sur l’histoire de Lyon à la fin du 19e et au début du 20e siècle qui nous ont indiqué des orientations de travail essentielles ; Ces études affirment la présence de plus en plus nombreuse des classes moyennes dans cet espace urbain et font état de transformations urbanistiques, de remodelage urbain dont les pentes de la Croix-Rousse semblent complètement exclues. Ce double constat a permis d’orienter notre problématique vers une étude associant la destinée des espaces et celle des hommes et se préoccupant autant des ruptures que des continuités. Pour cela nous devions faire une histoire de quartier qui prenne en compte tous les composants d’un lieu de vie (emplois, familles, itinéraires individuels, mobilités, évolutions du cadre bâti, équipements, sociabilités, pratiques quotidiennes, attitudes politiques et religieuses, etc.) sans pour autant ressembler à un inventaire exhaustif des thématiques urbaines existantes.

Lorsque débute cette étude, la population du quartier est installée, son peuplement initial remonte à -une quarantaine d’années. Les pentes de la Croix-Rousse ont été loties au début du 19e siècle pour accueillir les ouvriers de la soie et les métiers Jacquard qui se multiplient. Il faut un espace pour recevoir les machines et les hommes, la Croix-Rousse est « disponible ». Durant un siècle, le mariage entre la colline et la Fabrique est totale. Elle devient cette « acropole de la soie » grouillante et laborieuse en parfaite adéquation avec les professions, les exigences techniques, les structures familiales et économiques et les rythmes de vie et de travail de la Fabrique.

Face aux mutations économiques et sociales, cette industrie évolue, s’adapte, se cherche et, peu à peu, se dégrade, entraînant dans sa chute les structures sur lesquelles elle repose. Structures humaines surtout, pour cette industrie artisanale complexe. Il y a de multiples étapes entre le ver à soie et l’étoffe tissée et une bonne connaissance du processus artisanal est indispensable pour aborder l’évolution professionnelle. Etre un Croix-Roussien, c’est souvent y travailler, vie privée et vie professionnelle étant souvent mêlées. Mais cette étude est avant tout celle de ceux qui y habitent.

Comment définir un individu, homme ou femme, si ce n’est en le plaçant dans une tranche d’âge, dans sa famille et dans son milieu professionnel ? A défaut de mener une étude anthropologique, l’étude de ces milieux (famille et travail), et de leur implication dans la société (mode de vie, statut, espace social) permet, en les rapprochant des cycles de vie, de cerner l’individu. Bien sûr, à travers ces enquêtes statistiques il se fond parfois dans le groupe. C’est un leurre d’espérer que la singularité de tout un chacun puisse se lire dans une telle étude. A peine quelques « cas particuliers » peuvent-ils émerger, à peine la démonstration agrémentée d’exemples peutelle rendre vivants ces individus. De même, il serait abusif et naïf d’espérer donner une image d’une société à travers la seule présentation des familles et des emplois alors que celle-ci se fait et se défait dans tant d’autres domaines (comme la vie pri »ée, ou la vie quotidienne) fort délicats à déceler et surtout à analyser.

Lorsqu’il est fait référence à la colline de la Croix-Rousse, il s’agît généralement du plateau et des pentes. La confusion entre les deux est  même assez fréquente. Il est vrai que ces deux espaces urbains ont beaucoup de choses en commun : tous deux sont issus du même élan de construction, consécutif à la vente des biens nationaux, tous deux ont été lotis de façon à accueillir les ouvriers de la soie et leurs métiers Jacquard, tous deux sont affectés par la crise de l’industrie soyeuse. De nombreuses différences les séparent néanmoins: les pentes ont toujours appartenu à Lyon alors que le plateau est une commune indépendante jusqu’en 1853; les pentes sont bâties dès le Moyen-Age contrairement au plateau qui ne se couvre d’habitations qu’avec la phase du lotissement, qui commence, d’ailleurs, par les pentes. Enfin, et surtout, derrière l’homogénéité des professions et des immeubles, la vocation artisanale des pentes est beaucoup plus variée que celle du plateau presque entièrement dévolu au seul tissage de la soie.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE A LES ÉLÉMENTS DU RÉCIT
A.l-UN QUARTIER POUR L’HISTOIRE
Délimitations
Débat sur la notion de quartier
A.2- NAISSANCE DE L’ACROPOLE DE LA SOIE
A.2.1-La campagne aux portes de la ville
De l’époque moderne et des marchands étrangers
Les clos religieux
A.2.2-Le lotissement des pentes de la Croix-Rousse
Un exemple, la cour des Voraces
Le réseau viaire et les formes du bâti
A.3-LES RECENSEMENTS COMME SOURCES INITIALES
A.3.1-Quatre échantillons pour une vue globale
A.3.2-Trois immeubles pour des itinéraires
6 place Colbert
59 montée de la Grande-Côte
13 rue des Capucins
A.3.3-Aperçu rectifié
Falsifications et rectifications
Des individus et des ménages
A.4- BREVE HISTOIRE DE.LA.FABRIQUE
A.4.1-D’une époque à une autre
A.4.2- Les étapes du travail de la soie
A.4.3- Du métier Jacquard au métier mécanique
L’essor de la première moitié du 19e siècle
La grande crise de 1876-1877
A.4.4-Savoir s’adapter et se moderniser pour survivre
La Caisse de prêts aux chefs d’atelier
Une irrémédiable évolution
A.4.5- La Fabrique se meurt
Une conjoncture mouvementée
La fin d’une Belle Epoque 1 la crise des années 30
CHAPITRE B LES HOMMES ET LES FEMMES DE LA FABRIQUE
B.l-LA FABRIQUE STRUCTURANTE
B.l.l-Dis-moi ta profession, je te parlerai de ta famille
Croquis d’une population
Des cellules économiques personnalisées
B.l.2-La Fabrique sur les pentes, un ou des quartiers?
Des espaces différenciés
Observations à la loupe, les indices
B.2-UN UNIVERS CLOS ET FRAGILE
B.2.1-Des espaces et des hommes prédestinés
Des ménages qui se fixent et d’autres qui passent
D’où viennent-ils, où vont-ils?
Un quartier qui se suffit à lui-même
B.2.2-Un conjoint dans la ville
CHAPITRE C DU CANUT A L’EMPLOYÉ {1906-1936)
Cl-DEPEUPLEMENT ET NORMALISATION
C.l.l-Un quartier en perte de vitesse
Dépeuplement
Une population vieillissante
… dans un quartier qui ne séduit plus
C.1.2-Normalisation des familles
Des familles comme les autres?
Un quartier de Lyonnais?
Des familles sans pénsionnaire
CONCLUSION

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