Intérêt et motivation de la recherche
Aujourd’hui la question du développement à la base se pose dans beaucoup de pays du monde et ceci quel que soit le régime politique. Et malgré les discours officiels portant sur la globalisation ou la mondialisation, les questions identitaires· demeurent vivaces, les différents groupes sociaux revendiquent leur place au sein des différents pays. C’est pourquoi malgré les variantes qui peuvent exister, il apparaît que de plus en plus la décentralisation devient une option politique largement partagée. En effet avec les revendications soulignées plus haut, il devient inconcevable de gérer tous les problémes à partir de la capitale. Et à l’épreuve, il est apparu que la forte centralisation du pouvoir amène souvent le risque de privilégier certaines régions au détriment d’autres. Pour preuve au Sénégal 85% des investissements se trouvent à Dakar sur 0,3% du territoire national. Cette situation a créé ce que le PRo Assane Seck a appelé la macrocéphalie de Dakar. En France, on a parlé de l’hypertrophie parisienne par rapport aux autres villes; aujourd’hui cette tendance est entrain de se corriger avec le développement de nouvelles métropoles: Lille, Lyon, Bordeaux … etc. Donc il Y a un ensemble de situations liées aux problèmes identitalres et à l’aménagement du territoire qui font que la décentralisation est devenue une option politique pour beaucoup de pays. Ainsi en étudier le contenu et les différents problèmes qu’elle engendre dans une partie du Sénégal nous paraît important. La deuxième conviction est que en optant pour la décentralisation, l’Etat attend des populations un changement de comportement. Elles ne devront plus se contenter d’être les réceptacles de politiques élaborées d’en haut. Elles doivent devenir de véritables citoyens avec tout ce que ce concept recouvre en terme de responsabilité, de prise de conscience et de participation au développement. C’est pourquoi, nous avons voulu mettre en relation ces deux concepts: la décentralisation et la’ participation communautaire car pensons- nous que la réussite de la décentralisation dépend pour une large part de la participation communautaire; concept très usité aujourd’hui par les plus hautes autorités de l’Etat. En effet dans ses options fondamentales en matière de politique de développement, le Sénégal réserve une large part à la participation communautaire. Deux exemples suffisent pour illustrer ces propos. Dans le domaine de l’éducation le PDEF prévoit des organes de gestion qui font participer l’a communauté à la politique éducative à travers les organes de gestion’ comme les comités de gestion des écoles qui jouent un rôle important dans l’élaboration des projets d’école. La communauté participe également à J’élaboration des plans de développement de l’éducation… etc. Au niveau de la politique sanitaire, les comités de santé doivent jouer aujourd’hui un rôle important dans la résolution des problèmes de santé au niveau local. Cependant ce rôle qu’on~veut faire Jouer à la population n’est que théorique. Existe-t-il une véritable participation communautaire? Il s’agit de faire une étude comparative des différentes collectivités locales du Département de Gossas pour voir les réponses locales et les analyser dans une perspective géographique. La troisième motivation est plutôt pratique, notre volonté étant de faire l’état des lieux pour apporter une contribution à la réflexion. En réalité, il n’est nullement question d’apprécier des options politiques, il s’agit plutôt de voir la faisabilité et la pertinence d’une option par rapport au milieu étudié. La quatrième motivation est un désir d’approfondissement d’une question abordée en filigrane en Maîtrise et au DEA dans des espaces plus réduits avec l’étude des pouvoirs dans la communauté rurale de Ndiéné- Lagane et l’étude des cadres confrériques dans l’Arrondissement de Ouadiour. Enfin, il y a une motivation épistémologique, l’option de la décentralisation nous paraissant irréversible, elle intéresse tous les chercheurs: juristes, économistes, sociologues …etc. Nous pensons que personne n’est mieux placé qu’un géographe spécialiste d’une discipline qui étudie l’espace parce que la décentralisation est inscrite dans l’espace avec ses composantes physiques,économiques, sociaux et culturels. Le géographe peut apporter une contribution de qualité en rendant visible les actions de la décentralisation et les problèmes auxquels elle est confrontée. Par ce biais le géographe peut rendre plus objectifs et plus fiables les options politiques élaborées des fois sans la participation des spécialistes de l’espace, ce qui est à l’origine de certains dysfonctionnements. En effet la décentralisation et le développement local exigent des préalables du point de vue géographique en terme de situation et de position par rapport aux foyers de développement. Ces préalables se traduisent au niveau de l’accessibilité des différentes collectivités locales, de leur proximité ou non par rapport aux villes et autres lieux de production. Ils s’expriment également en fonction des atouts sur les plans: physique, économique et socioculturel qui existent au niveau local. Donc, il est possible d’étudier tous ces préalables et voir l’appropriation que les différentes collectivités ont faite de la décentralisation. Le géographe peut s’interroger sur la viabilité des espaces de développement que doivent être les collectivités locales. Cette viabilité peut s’apprécier en fonction de plusieurs critères: d’abord la signification des espaces au niveau des acteurs. Sont-ils au même niveau d’information que les décideurs. La viabilité peut s’apprécier aussi en fonction des moyens d’autogestion: les richesses au niveau local, la possibilité et le niveau de participation. Il y a aussi l’intégration aux différents espaces: communautaire, départemental, régional, national, international. Bref en plus des aspects institutionnels, la décentralisation et son corollaire la participation communautaire peuvent s’apprécier du point de vue géographique en terme de spécificités des collectivités locales par rapport aux atouts, moyens et stratégies …etc. Toutes choses, qui permettraient de dégager les réponses des différentes collectivités locales et celles du Département de Gossas à cette politique de. décentralisation.
Les infrastructures communautaires
Aujourd’hui l’accès aux infrastructures et équipements de base : l’hydraulique, la santé et l’éducation constituent un des critères pour déterminer l’indice du développement humain, donc le degré de pauvreté d’un pays ou d’une population donnée. Il s’y ajoute le fait que le niveau de participation est également tributaire de la capacité de mobilisation des ressources qu’elles soient humaines, matérielles ou financières. Ainsi il nous apparaît important d’aborder la question de l’accès aux équipements et infrastructures que sont l’hydraulique, l’électricité, les soins de santé et l’éducation. L’accès à l’eau pose problème en milieu rural. Aussi en milieu urbain, les quartiers périphériques ne sont pas connectés au réseau électrique et à l’eau. A Gossas la périphérie du quartier 106, une partie de Pakha ne sont connectées à l’eau et à l’électricité. Cette situation pose le problème de rentabilité des terres qui se trouvent dans ces parties et elle se traduit par une faible mise en valeur. En effet, il y a beaucoup de parcelles qui ont été distribuées dans ces quartiers mais les propriétaires rechignent à les occuper, faute d’eau et d’électricité. Il en est de même des extensions de certains quartiers de Guinguinéo comme Keur Macodé Bar, Kanène, Ceeréer Walo, Farabougou et Campement. Cette situation favorise i’installation de popuiations pauvres avec de l’habitat précaire entraînant la bidonvilisation de la périphérie de ces villes. Comme déjà souligné le grand problème se situe en milieu rural où en général ce sont les chefs lieux de communautés rurales qui sont électrifiés, dans les autres localités l’électricité est toujours absente, ce qui constitue un obstacle au développement surtout si l’on sait le rôle de l’électricité dans le développement de par les activités qu’elle peut induire
Autres problèmes sociaux et politiques
Dans l’ensemble des problèmes soulevés entre élus et entre élus et populations, il apparaît quelques problèmes de formation. Ils se manifestent par la méconnaissance des élus de leurs prérogatives, dans les relations entre le maire ou le président de communauté rurale et ses autres collègues mais aussi entre élus locaux et fonctionnaires de l’administration. En effet si les élus connaissaient les textes qui régissent la décentralisation, ils sauraient que dans les principes, ils sont tous élus pour l’intérêt général et dans ce cas ils doivent être solidaires pour accomplir la mission et la réussir. Mais certains pensent qu’ils sont au niveau de la collectivité locale pour leur parti, leur quartier ou leur village. Ils pensent aussi qu’ils doivent intervenir dans la phase d’exécution alors que le Conseil municipal ou rural est un organe de décision mais l’exécution est l’affaire du maire ou du président de conseil. Par défaut de formation les élus donnent souvent au leader: maire ou président de Conseil rural des pouvoirs qu’ils n’a pas. Ils délèguent inconsciemment l’ensemble de leurs prérogatives et des propos comme » Monsieur le maire on vous donne carte blanche. On a confiance à vous », sont monnaie courante. Ils ont comme conséquence des maires et des présidents de Conseil rural qui ne respectent pas leurs collègues qui les ont élus, ce qui entraîne le désengagement de certains qui se plaignent de ne pas être associés et revendiquent souvent des choses qui leur ont été déjà données par la loi. Par exemple au niveau des collectivités locales du département, , les élus se plaignent souvent du budget qui passe souvent comme lettre à la poste sans un examen sérieux et pourtant la loi prévoit l’examen et le vote du budget pour une session qui dure un mois mais les élus ne font pas der revendication a liant dans le sens d’un examen sérieux, le maire ou le président de communauté rurale leur fait voter le budget de 1. , la façon la plus rapide. Donc les élus qui ignorent leurs prérogatives gouvernance aux maires et président de communauté souvent au détriment de l’intérêt de la collectivité. L’autre problème qui demeure ces ont les relations qui existent entre fonctionnaires et élus locaux surtout avec les compétences transférées. Les fonctionnaires, qu’ils soient de l’éducation, de la santé, de l’environnement ou de la jeunesse et des sports sont souvent prompts à demander des aides à la collectivité locale quand il s’agit de régler leur problème. Mais ces mêmes fonctionnaires et agents de l’Etat revendiquent leur indépendance parce qu’étant rémunérés par [e pouvoir Pourtant la loi sur la décentralisation qui transfèrent ces compétences veut dans une certaine mesure que ces agents soient les collaborateurs des élus locaux pour leur apporter aide et assistance dans l’exécution de la politique définie par les assemblées locales. Il s’y ajoute que l’Etat en transférant les compétences procède aussi à un transfert de moyens à travers le fonds de dotation, avec ce fonds, les collectivités locales sont utilisées comme des boites à lettres et pourtant par rapport aux compétences qui leur sont données, elles devaient avoir un mot à dire et un droit de regard. Mais elles ne font que demander une expression de besoins aux services. Les élus locaux par ignorance n’usent pas des prérogatives qui leur sont dévolues et dans beaucoup de cas les fonctionnaires leur ôtent leur compétence et les élus se mettent à critiquer la place de l’administration qui continue à dévoyer la mission des élus locaux.
Réformes politiques et institutionnelles
Il faut souligner concernant cette rubrique qu’il ne s’agit pas de perspectives concernant les collectivités locales du département, mais il s’agit d’un ensemble de pistes de réflexion qui sont des propositions d’amélioration de la décentralisation, du développent local en général et de la participation communautaire.
• Le rôle historique de 50mb dans le Sine: c’est la où a eu lieu la bataille qui a opposé Bour Sine Coumba Ndoffène à Maba Diakhou qui a coûté la vie à ce dernier. Ces propositions et pistes de réflexion concernant le volet politique, avec les compétences des collectivités locales qui doivent être revues en liaison avec leurs possibilités ou la mise en place de moyens adéquats pour prendre en charge les compétences qui sont les leurs. Le statut des élus locaux doit également être revu dans le sens de les rendre plus aptes à prendre en charge les préoccupations des populations. Le mode d’élection est aussi à revoir dans le sens d’une représentativité plus correcte des différentes composantes de la population et de renforcer la démocratie au niveau local. Nous avons identifié la liaison entre décentralisation et moyens économiques et financiers, c’est pourquoi il sera mis en exergue des pistes dans le sens de la mise en place des réformes sur le plan économique et budgétaire. Il a été aussi identifié le goulot d’étranglement que constituent certains comportements sociaux et culturels. Pour corriger ces dysfonctionnements la formation des élus et des autres acteurs locaux est d’une impérieuse nécessité. Il faut rappeler que les collectivités locales, en dehors des compétences qui leur sont transférées par l’Etat qui sont au nombre de 09 ont eu de tout temps des compétences dites générales celles de , s’occuper de tous les besoins des citoyens qui vivent à l’intérieur du territoire communautaire. Aussi est-il nécessaire que certaines compétences non transférées le soient au niveau des collectivités locales. Pour celles déjà transférées, un ensemble de mesures doivent être prises pour rendre les collectivités locales performantes. Concernant les compétences transférées il s’agit de prendre certaines dispositions pour que les collectivités locales soient le lieu, d’exécution de la politique économique de l’Etat. Ainsi la politique agricole pourrait être déployée à ce niveau en permettant aux élus locaux d’avoir une politique au niveau local avec l’assistance des techniciens agricoles qui sont à la base. La même démarche peut être utilisée pour la politique industrielle et touristique etc. En réalité l’économie jouant un rôle important dans la réussite de la politique de décentralisation, il faut augmenter le rôle des collectivités pour qu’elles aient les moyens de leur politique. Dans un autre domaine comme la sécurité il y a lieu de mener la réflexion pour un renforcement des capacités au niveau de la base, surtout si l’on sait que les populations à la base mènent aujourd’hui des expériences de prise en charge de leur sécurité à travers les brigades de vigilance: exemple la brigade de vigilance de Diakhao dans la commune de Gossas. Mais ce sont des expériences très informelles avec des moyens insuffisants. Il s’y ajoute également que la plupart des délits commis notamment le vol de bétail sont ie fait de petits délinquants connus quelquefois des populations mais qui n’ont pas les moyens de défense: 02 brigades de gendarmerie à Gossas et Guinguinéo pour.tout le département.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE: Les caractères généraux de l’espace gossassois : atouts et contraintes pour le développement local et la participation
CHAPITRE 1: Caractérisation de l’espace
CHAPITRE Il : Le cadre institutionnel
DEUXIEME PARTIE: Degré de participation et conséquences sur le développement
CHAPITRE 1: Participation politique
CHAPITRE Il : La participation au développement
TROlSIEME PARTIE: Obstacles et problèmes de la décentralisation, de la participation et perspectives
CHAPITRE 1: Problèmes de développement économique et d’accès aux infrastructures
CHAPITRE III : Les perspectives
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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