DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE ET CREATININE
EXPLORATION DE LA FONCTION GLOMERULAIRE : UTILISATION DE LA CREATININE
Métabolisme de la créatinine plasmatique chez le chien
La créatinine est un produit de dégradation de la créatine. La créatine et la créatinine sont de petites molécules azotées issues de biosynthèses à partir d’acides aminés tels que la glycine, la méthionine et l’arginine. Chez les carnivores tels que le chien, l’apport alimentaire (produits carnés ou alimentation sèche du commerce) en créatine et en créatinine est important. Une étude réalisée par Harris et coll. (1997) montre que l’apport alimentaire en créatine et en créatinine varie en fonction de l’aliment et de son mode de préparation. De la viande de poulet ou de bœuf cru contient approximativement 30 mmol de créatine et 0.5 mmol de créatinine par kilogramme tandis que dans les aliments du commerce, les concentrations en créatine et en créatinine se situent entre 0.5 et 4 mmol par kilogramme. La cuisson prolongée de la viande engendre une dégradation progressive de la créatine en créatinine : cette dégradation devient significative après dix minutes de cuisson à chaleur humide (98°C dans de l’eau) et peut atteindre les 28 % après 60 minutes pour des blancs de poulet ou du bœuf cru.La créatine est synthétisée grâce à diverses transférases et transaminases dans le foie et le rein et est stockée principalement dans les muscles squelettiques (95 % de la créatine totale de l’organisme) et le cerveau. La créatine y est phosphorylée de façon réversible. La créatinine plasmatique, quant à elle, résulte du catabolisme (déshydratation et déphosphorylation spontanées) de la créatine phosphate endogène : sa production représente quotidiennement 2 % du stock total de la créatine corporelle (Braun et coll., 2003). Il a été démontré expérimentalement que la production endogène de créatinine est plus faible chez des chiens ayant subi une réduction d’environ 60 % de leur masse rénale mais il n’existe pas de corrélation avec le poids de l’animal (Watson et coll., 2002). Une fois la créatinine endogène produite (ou la créatinine exogène administrée), la molécule diffuse dans le secteur eau totale de l’organisme et son volume de distribution a été évalué entre 400-600 mL/kg chez des chiens en bonne santé (Watson et coll., 2003). Elle s’équilibre lentement (4 heures) avec le compartiment extracellulaire ; elle n’est pas liée aux protéines plasmatiques.
La créatinine est librement filtrée par le glomérule rénal si bien que sa concentration dans le filtrat glomérulaire est la même que sa concentration plasmatique. La concentration urinaire de créatinine présente de fortes variations interindividuelles. Ces différences peuvent s’expliquer par les différences de régime alimentaire (en effet, un animal nourri avec un régime carné éliminera plus de créatinine qu’un chien alimenté avec un régime à faible teneur en protéines (Bartges, 1995)) et surtout par les variations de densité urinaire.
Facteurs physiologiques de variation de la créatinine plasmatique
Selon les sources, la limite supérieure de la créatinine plasmatique est de 250 µmol/L chez le chien sain (Lefebvre et coll., 1998).Plusieurs facteurs physiologiques de variation de la concentration plasmatique de la créatinine ont été étudiés et leur influence est très variable.
Facteurs biologiques
• Le sexe : Evans (1987 ; étude sur 16 chiens mâles de race Beagle et 16 femelles âgés de 8 à 11 mois) et Matsuzawa et coll. (1993 ; étude sur 1819 chiens de race Beagle mâles et 1756 femelles âgés de 6 à 9 mois) ont montré que le sexe n’influence pas les valeurs de la créatinine plasmatique : les valeurs établies par les premiers travaux citées sont de 64.3 ± 9.1(SD) µmol/L et de 61.9 ± 8.8 (SD) µmol/L pour les seconds.
Le sexe n’influence pas la créatinine plasmatique et ce quelque soit l’âge chez 165 chiens « tout-venant » jeunes et adultes (Broulet et coll., 1986).
Par contre, selon l’étude de Craig et coll.(2006), effectuée sur 255 chiennes et 61 chiens à jeun, les mâles ont une créatinine plasmatique légèrement plus élevée que les femelles (88.4 ± 22.1 (SD) µmol/L contre 79.6 ± 21.2 (SD) µmol/L).
• L’âge : chez le chiot (étude à partir de 25 chiens de race Beagle âgés de 2 semaines à 1 an), la créatininémie sérique augmente entre 2 semaines et 6 mois (de 35 ± 9 (SD) à 80 ± 9 (SD) µmol/L), puis reste stable entre 6 mois et 1 an (Wolford et coll., 1988). Cette augmentation progressive s’explique par l’augmentation progressive de la masse musculaire avec l’âge.
Une étude réalisée sur 50 chiens de race Beagle âgés de 3 à 14 ans (5 groupes, de 5 femelles et 5 mâles de race Beagle chacun, de 3, 6, 9, 12 et 14 ans) a montré une diminution significative (P<0.05) de la créatininémie sérique avec l’âge, l’intervalle de valeurs passant de 71-97 µmol/L chez les chiens âgés de 3 ans, à 40-80 µmol/L pour les chiens âgés de 14 ans (Lowseth et coll., 1990).Une diminution à partir de l’âge de 10 ans a été inversement signalée dans un étude sur 244 chiens de race Beagle âgés de 1 à 14 ans (la créatininémie passant de 78 ± 16 (SD) µmol/L chez les chiens âgés de 1 an à 50 ± 22 (SD) µmol/L chez les chiens âgés de 14 ans) (Fukuda et coll., 1989). Cette diminution pourrait s’expliquer en partie par une diminution de la production endogène de la créatinine due à la fonte musculaire chez le sujet âgé.Une autre étude réalisée sur 40 chiens de race Berger allemand âgés de 0.5 à 13.5 ans et sur 15 chiens de race Beagle âgés de 4 à 9 ans n’a pas montré de différence significative dans les valeurs de la créatinine plasmatique entre les animaux âgés de 0.5 à 5 ans (82 ± 6 (SE) µmol/L) et ceux âgés de 6 à 13.5 ans (77 ± 6 (SE) µmol/L) (Strasser et coll., 1993).
• Le poids et la masse musculaire : Van den Brom et Biewenga (1981) ont montré, dans une étude sur 34 chiens sains pesant de 8 à 57 kg, que le coefficient de corrélation du modèle de régression linéaire entre la concentration plasmatique de la créatinine et le poids corporel de l’animal est faible (r = 0.46). La créatininémie sérique est significativement plus élevée (P<0.01) chez un groupe de 30 Greyhounds âgés en moyenne de 3.9 ans (142 µmol/L en moyenne) par rapport à un groupe de 30 chiens non Greyhounds, de même âge et de même sexe (91 µmol/L en moyenne). La différence de masse musculaire (qui contient en grande quantité les précurseurs de la créatinine) entre les Lévriers (très musclés) et les autres races canines, pourrait expliquer en partie la variation observée (Feeman et coll., 2003 ; Drost et coll., 2006).
Selon les travaux de Craig et coll. (2006), la valeur de la créatinine plasmatique est statistiquement différente (P<0.001) entre les chiens de grand format et les autres (les moyennes sont de 61.9 ± 10.6 (SD) µmol/L pour les chiens inférieurs à 10 kg, de 75.1 ± 14.1 (SD) µmol/L pour les chiens de 11 à 25 kg, de 89.3 ± 23 (SD) µmol/l pour les chiens de 26 à 45 kg et de 105.2 ± 21.2 (SD) µmol/L pour les chiens de plus de 45 kg).
La cachexie semble engendrer une baisse des valeurs de créatininémie (Ross, 1986)
Facteurs pré-analytiques
• L’alimentation : une première étude réalisée par Watson et Church (1980) sur des chiens nourris avec de la viande cuite, montre que les concentrations plasmatiques en créatinine augmentent d’environ 45 % une heure après l’ingestion et restent élevées pendant 8 à 12 heures après l’ingestion.Une deuxième étude de Watson et Church (1981) a été réalisée sur 6 chiens de 5 races différentes chez lesquels ils ont observé les variations de la créatinine plasmatique après 3 repas différents : viande cuite, viande cru ou préparation d’un aliment humide à base de riz. Après l’ingestion de viande cuite, ils ont mis en évidence, 1 à 4 heures après le repas, une augmentation de 45 % de la créatininémie basale. Pour les deux autres repas (viande cru ou riz cuit), ils ont mis en évidence une diminution de 20 % de la créatinine plasmatique 4 à 16 heures après le repas.
L’augmentation de la créatininémie après l’ingestion de viande cuite s’explique par l’apport exogène : la cuisson dégrade la créatine en créatinine. Les raisons de la diminution après les repas de viande cru ou de riz ne sont pas connues : ce phénomène pourrait s’expliquer par une augmentation du DFG observée chez des chiens après l’ingestion de viande (O’Connor et Summerill, 1976). La diminution du volume d’eau plasmatique due à la lipidémie postprandiale pourrait être un facteur explicatif.L’étude de Evans (1987) réalisée sur 32 chiens de race Beagle montre une augmentation moyenne de la créatinine de 14 à 19 %, 4 heures après l’ingestion seulement de 44 g d’un aliment sec du commerce (contenant 23 % de protéines) alors que Epstein et coll. (1984) montrent que sur 5 chiens nourris avec 3 régimes différents (contenant 20, 26 et 41 % de protéines par rapport au poids sec), la créatinine plasmatique post-prandiale reste stable : les fluctuations sont entre 8.8 et 26.5 µmol/L
Guide du mémoire de fin d’études avec la catégorie Stockage et méthode de dosage de la créatinine |
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Table des matières
INTRODUCTION
ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
1. PRESENTATION DU POINTER
1.1. HISTORIQUE ET ORIGINES
1.2. IMPORTANCE ACTUELLE DE LA RACE
1.3. STANDARD DU POINTER
1.3.1. Mensurations
1.3.2. Profil général
1.3.3. Morphologie céphalique
1.3.4. Robe
1.3.5. Allure générale et aptitudes
1.4. PATHOLOGIES SPECIFIQUES
2. DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE ET CREATININE
2.1. RAPPELS ANATOMIQUES
2.2. EXPLORATION DE LA FONCTION GLOMERULAIRE : UTILISATION DE LA CREATININE
2.2.1. Métabolisme de la créatinine plasmatique chez le chien
2.2.2. Facteurs physiologiques de variation de la créatinine plasmatique
2.2.2.1.Facteurs biologiques
1 2.2.2.2.Facteurs pré-analytiques
2.2.3. Stockage et méthode de dosage de la créatinine
2.3. CONCEPT DE CLAIRANCE
2.4. UTILISATION DE LA CREATININE COMME MARQUEUR DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE
3. DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE CHEZ LE CHIEN SAIN : VALEURS OBSERVEES ET FACTEURS DE VARIATION
3.1. VALEURS DE CLAIRANCE URINAIRE ET PLASMATIQUE DE LA CREATININE CHEZ LE CHIEN SAIN
3.2. FACTEURS DE VARIATIONS PHYSIOLOGIQUES DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE
ETUDE EXPERIMENTALE : DETERMINATION DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE CHEZ LE POINTER SAIN ADULTE
1. MATERIELS ET METHODES
1.1. RECRUTEMENT DES ANIMAUX : CRITERES D’INCLUSION ET DE NON INCLUSION
1.2. PLAN D’EXPERIENCE
1.3. ADMINISTRATION DE LA SOLUTION DE CREATININE
1.4. PRELEVEMENTS DE SANG
1.5. DOSAGES
1.6. ANALYSES PHARMACOCINETIQUES
1.7. ANALYSES STATISTIQUES
1.7.1. Analyse statistique du débit de filtration glomérulaire et de la créatinine: normalité et intervalle de référence
1.7.2. Etablissement d’un modèle de régression linéaire : effet des covariables quantitatives sur le débit de filtration glomérulaire
1.7.3. Effet du sexe et de l’élevage (variables qualitatives) sur le débit de filtration glomérulaire
1.7.4. Stratégie limitée de prélèvements
2. RESULTATS
2.1. CARACTERISTIQUES DE LA POPULATION TESTEE
2.2. BILANS BIOLOGIQUES PLASMATIQUES
2.3. VALEURS DES VARIABLES PHARMACOCINETIQUES
2.4. INTERVALLES DE REFERENCE DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE ET DE LA CREATININEMIE PLASMATIQUE
2.5. EFFET DES COVARIABLES QUANTITATIVES SUR LE DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE
2.6. EFFET DU SEXE ET DE L’ELEVAGE SUR LE DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE
2.6.1. Effet du sexe sur le débit de filtration glomérulaire
2.6.2. Effet de l’élevage sur le débit de filtration glomérulaire
2.7. STRATEGIE LIMITEE DE PRELEVEMENTS
3. DISCUSSION
3.1. MISE EN ŒUVRE DU TEST DE LA CLAIRANCE PLASMATIQUE DE LA CREATININE EXOGENE ET INTERET DANS LA DETERMINATION DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE CHEZ LE CHIEN
3.2. VALEURS DE REFERENCE DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE ET DE LA CREATININE PLASMATIQUE CHEZ LE CHIEN SAIN ADULTE DE RACE POINTER
3.3. ETUDE DES COVARIABLES EXPLICATIVES ET INTERET DANS LA MISE EN ŒUVRE D’UN MODELE DE PREDICTION DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE CHEZ LE CHIEN DE RACE POINTER
3.4. STRATEGIES LIMITEES DE PRELEVEMENTS POUR L’ESTIMATION DU DEBIT DE FILTRATION GLOMERULAIRE CHEZ LE CHIEN DE RACE POINTER
CONCLUSION
ANNEXES
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