DEBAT AUTOUR DES CENTRES DE LOISIRS LAUSANNOIS
Fonction des centres de loisirs
Pour les historiens Thomas Busset et alii, la fonction des centres de loisirs est en relation avec l’émergence des sociétés industrielles et le développement urbanistique. Suite auchangement fonctionnel et social de la ville, celle-ci produit de nouveaux habitants qui résident ainsi dans des espaces disjoints, en périphérie dans des « grands ensembles »1. Le centre de loisirs permet alors de les réunir et de les encadrer et, indirectement, il remplit une fonction de lieu de rencontre comme celle du bistrot2 L’une des caractéristiques de ces structures est de mettre à disposition gratuitement (en général) à la population des locaux et « un ensemble d’activités [et de prestations] extrêmement hétérogènes et ayant des fonctions diverses » Le sociologue Francis LeBon relève en effet que les centres de loisirs proviennent d’unenécessité et d’une volonté d’encadrer collectivement, de façon régulière et continue, les enfants en dehors du temps scolaire4. Dans le même ordre d’idée, les sociologues Sandro Cattacin et alii mentionnent que l’objectif central de ces organisationsestd’encadrer les adolescents, en leur proposant des activités récréatives et éducatives en dehors d’unestructure scolaire ou confessionnelle5. Quant à l’historienne Aurore Müller, elle relate que les centres de loisirs sont principalement dédiés à mettre à disposition un lieu sûr aux jeunes où ils peuvent sedivertir et se confier sur des problèmes qui les préoccupent6. En ce sens, relèvent Busset et alii, ils ont la caractéristique d’être une « plage de disponibilité » et une « possibilité d’écoute offerte par lesanimateurs »7. Le centre de loisirs est donc un service d’accueil qui se situe dans des locaux.Celui-ci est donc destiné à des groupes sociaux en réponse à leurs besoins supposés ou réels.Pour Busset et alii, l’accueil dévolu aux adolescents peut prendre deux formesdifférentes. D’une part, il peut être un « espace ouvert » pour que les jeunes puissent avoir unlieu afin d’échapper aux contraintes de l’école et de la famille. Sortant de l’enfance et d’uncertain rapport aux adultes, l’adolescent est dans une période de transition dans laquelle l’animateur, tout comme le centre lui même, serait une instance intermédiaire. Il accompagnerait ainsi les jeunes en les encadrant. L’une des caractéristiques de l’« espace ouvert » est qu’il reste à disposition des besoins des gens, ce qui implique une pratique de l’attente disponible. Comme les adolescents y viennent plutôt en groupe qu’isolément, le taux de fréquentation de cet accueil peut énormément varier selon les époques8. D’autre part, l’accueil peut être constitué de supports. Par exemple, des animateurs mettent en place des dispositifs non seulement pour nouer un contact avec les jeunes mais aussi pour qu’ils apprennent à prendre des responsabilités (ex. organiser des activités) et acquérir des compétences (ex. réparer sa mobylette dans un local). L’un des avantages de ce second type d’accueil est d’encourager un transfert de connaissances entres les différentes générations d’usagers9 La fonction première des centres de loisirs apparait donc comme un lieu pour réunir des individus et les encadrer. Dès la fin des années 1960, l’accueil s’élargit à une population plus variée. A la même époque, émerge une confrontation entre différents acteurs autour du rôle assigné aux centres de loisirs Dès le milieu des années 1950 et jusqu’au milieu des années 1960, les centres de loisirs répondent à des besoins engendrés par l’augmentation du nombre de jeunes du « baby boom » et également pour prévenir la délinquance juvénile10. Puis, dès la fin des années 1960 jusqu’aux début années 1980, les centres de loisirs ont changé d’objectif, passant ainsi d’une prédominance de la fonction éducative à celle d’animation socioculturelle. Dans le même Les études montrent ainsi que dès les années 1960 les élites politiques considèrent deplus en plus les centres de loisirs comme une solution pour occuper la « jeunesse ». En ce sens,Müller mentionne qu’ils sont considérés comme une mesure possible pour répondre à certains enjeux liés aux adolescents afin qu’ils n’errent pas dans les rues11. Cette volonté de surveiller et d’encadrer les jeunes se poursuit et se traduit au cours des années 1970 jusqu’aux années 1980 par un plus grand contrôle de l’État sur le fonctionnement des centres. Le « problème des jeunes » fait l’actualité dès les années 1960 et attire alors l’attention des élites politiques et médiatiques
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre 1 : CONSTITUTION DE L’OBJET DE RECHERCHE
1.1. Problématique et questions de recherche
1.2. Conceptualisation et état de la question
1.3. Présentation et critique des sources
Chapitre 2 : CONTEXTE HISTORIQUE ET AUTONOMIE DE LA JEUNESSE
2.1. Les Trente Glorieuses
2.2. Des facteurs démographiques et culturels
2.3. La jeunesse comme acteur et collectif
Chapitre 3 : TERRAIN DE RECHERCHE ET PROBLEMATIQUE
3.1. Histoire des centres de loisirs à Lausanne
3.2. Acteurs : les animateurs, les autorités politiques et les Écoles sociales
3.3. Les « coulisses » : relations de pouvoir et enjeux implicites
3.4. L’intervention sur la « jeunesse
Chapitre 4 : DEBAT AUTOUR DES CENTRES DE LOISIRS LAUSANNOIS
4.1. Moment 1971-1972
Le Rapport Martin
La nouvelle politique municipale en matière de centres de loisirs
4.2. Moment 1974-1976
L’Étude sur le centre de loisirs d’Entre-Bois.Le Rapport sur rapport-préavis n° 112
4.3. Moment 1980-1982
Mise à disposition de locaux dans les bâtiments communaux pour des orchestres de jeunes
Rapport sur préavis n° 16 : Centre de rencontre des jeunes. Création de fondation
CONCLUSION
NOTICE BIOGRAPHIQUE
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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