De la Seconde Guerre Mondiale à la fin de la Guerre Froide
À la mort de M. K. Atatürk, après 1938, la Turquie, sous la présidence d’İsmet İnönü, a continué à tourner le dos au monde arabo-musulman. Pendant la seconde guerre mondiale, Ankara est resté neutre, et ne s’est rallié aux Alliées qu’en février 1945. Les tensions constantes avec le bloc soviétique allaient être un facteur complémentaire dans les relations glaciales entre les Turcs et les Arabes. En effet, l’URSS souhaitait prendre le contrôle du détroit du Bosphore, qui est un passage stratégique tant pour les Turcs que pour les Russes et par conséquent source de tension entre les deux.
L’URSS s’était rapprochée de la Syrie et de l’Irak et avait signé un pacte de bonne entente. Ce rapprochement était alors mal perçu par les Etats-Unis et in fine par la Turquie, qui craignait son intégrité territoriale. De plus, après la Seconde Guerre Mondiale, d’autres facteurs plus importants ont contraint Ankara à se ranger du côté des Alliés, à commencer par le début de la Guerre Froide, sa trop longue neutralité pendant la grande guerre et la dégradation de son économie. Déjà membre de la Société des Nations depuis 1932, et depuis 1949 membre du Conseil de l’Europe, la Turquie adhérent, en 1952, à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), et reconnaît l’Etat d’Israël dès 1949. Étant le premier pays musulman à reconnaître Israël et s’alliant à ces Organisations inspirées par les Occidentaux, la Turquie suscitait de vives réactions et méfiance des Arabes et en particulier par le régime de Nasser, qui refusait catégoriquement de devenir l’associée d’une Alliance qui divisait les Arabes.
Dès le début de la Guerre Froide, la Turquie s’était rangée aux côtés de l’Occident. Néanmoins, la crise chypriote lui a fait prendre conscience qu’elle était seule et abandonnée par l’Occident, qui désapprouvait cette politique . C’est pourquoi au milieu des années 60, la Turquie a développé une politique multi-dimensionnelle et non plus uni-dimensionnelle, qui consiste à se rapprocher de tous ces voisins incluant l’URSS et le monde arabe . Le parti de la Justice (Adalet Partisi) fraîchement élu, issu d’une mouvance conservatrice, profite de la conjoncture et améliore ses relations avec le monde arabe. Le gouvernement de Süleyman Demirel considérait qu’il fallait désormais se rapprocher de ses «frères musulmans» en parlant du Maghreb et du Machrek . Il considérait que la Turquie devait renouer des liens culturels et historiques avec les pays arabes. Cela se traduisait par une coopération économique et la signature des accords commerciaux notamment. Cependant, la Turquie laïque ne voulait pas s’engager politiquement auprès des pays arabes. En réalité, Ankara ne voulait pas être seule sur la scène internationale en cas de désaccord avec l’Occident . En effet, la crise chypriote l’avait isolé du reste de ses alliés, ce qui l’avait poussé à rechercher d’autres partenaires. Ce comportement fut mal perçu par les Arabes, qui attendaient une véritable union avec Ankara, notamment dans la résolution de la question palestinienne. La réconciliation turque avec le monde arabe était alors perçue comme une forme d’espionnage, la Turquie était vue comme un cheval de Troie de l’impérialisme américain au Moyen-Orient . Néanmoins, au même moment éclata la guerre israélo-arabe de 1967.
Le gouvernement turc a eu un comportement très critique vis-à-vis d’Israël, et ce fut l’occasion pour Ankara de dire qu’il n’était plus question que la Turquie serve de représentant inconditionnel des intérêts de l’Occident. Les Turcs avaient leur propre intérêt dans la région et pouvaient se permettre de désapprouver le comportement de l’Occident si ses propres intérêts étaient remis en cause. C’est alors que la Turquie a soutenu la création d’un Etat Palestinien en reconnaissant l’OLP en 1975 et a été invitée aux différentes réunions de l’Organisation de la Conférence Islamique, fraîchement créée.
Cependant, la Turquie laïque ne voulait pas prendre part pleinement au sein d’une organisation religieuse, c’est pourquoi elle le faisait avec habilité.
Début des années 90 jusqu’aux années 2000
Les années 80-90 seront marquées par un retour aux origines de la politique extérieure turque et maintien d’une relation ambiguë avec les pays arabes. En effet, la fin de la Guerre Froide dispersa les tensions désormais situées plus au Sud-Est de l’Europe et au Moyen-Orient. La Turquie se retrouve donc au centre d’une poudrière et pour protéger son intégrité territoriale, elle s’est tournée une fois encore vers l’Occident en laissant les Américains utiliser ses bases aériennes lors de la Guerre du Golfe162 . En effet, l’Irak et la Syrie représentaient des dangers potentiels pour la sécurité du territoire turc, puisque ces pays soutenaient le mouvement PKK (Parti Karkeren Kurdistan) en pleine ascension . Par la suite en raison du lancement du projet GAP (Güneydoğu Anadolu Projesi) les relations avec les voisins syrien et irakien allaient se dégrader davantage pendant plusieurs années, puisque ce projet réduisait considérablement l’approvisionnement en eau de ces pays. Une chose était sûre : la résolution de la question kurde allait être conditionnée à la résolution du problème de l’eau dans cette région, ce qui obligeait les protagonistes à trouver un terrain d’entente. Tout au long de cette période, les tensions se sont poursuivies entre la Turquie et la Syrie. En effet, Damas continuait clairement à soutenir le soulèvement kurde dans la région, car le régime de Hafez Al-Assad contestait le débit d’eau autorisé par Ankara. Ce comportement a poussé la Turquie en 1998, à envisager une intervention militaire en Syrie . Cette crise a pris fin lorsque le leader du PKK, Abudllah Öcalan, a été arrêté par la collaboration du régime de Damas, au Kenya et lorsque la Syrie a reconnu le PKK comme étant une organisation terroriste.
Malgré quelques rapprochements avec certains pays de l’Orient, la Turquie a toujours privilégié ses relations avec l’Occident et n’a jamais cessé son alliance avec Israël. En effet, Ankara a signé un accord de coopération militaire et d’échange technologique avec Israël en 1996 . Par ailleurs, les années 2000 marquent un pas en avant pour l’occidentalisation de la Turquie, puisque c’est en 1999 lors du sommet d’Helsinki qu’elle obtient le statut de candidat et les négociations sont ouvertes en octobre 2004. Sa candidature à l’Union Européenne depuis l’accord d’Ankara en 1963 illustre parfaitement cette volonté, même si la Turquie a encore un très long chemin à faire pour satisfaire les critères de Copenhague et ainsi pouvoir prétendre au statut de membre à part entière.
La politique étrangère turque après l’arrivée de AK Parti au pouvoir
« La Turquie a besoin de trouver une nouvelle voie. A mon avis, nous devrions nous tourner vers la Russie, sans pour autant négliger les Etats-Unis, et, si possible, en nous rapprochant de l’Iran. Jusqu’à présent nous n’avons reçu aucune aide de l’Union Européenne. D’ailleurs, l’UE a toujours eu une vision négative de la Turquie » . C’est avec ces propos que le général Tuncer Kılıç nous dévoile son sentiment sur le chemin que doit désormais prendre la Turquie. En effet, selon l’adage turc «fazla naz aşık usandırır» (trop de minauderies lassent l’amoureux), la Turquie cherche, légitimement, ses intérêts ailleurs qu’ exclusivement en Occident. Ainsi, l’arrivée au pouvoir d’AK Parti (Adalet ve Kalkınma Partisi – Parti de la Justice et du Développement), en 2002, a marqué un tournant dans la politique étrangère turque et un renouveau spectaculaire dans les relations turco-arabes. Sans pour autant négliger totalement l’Occident, puisque c’est sous AK Parti que les négociations pour l’adhésion à l’Union Européenne ont été ouvertes. Pendant longtemps, la Turquie a été considérée par les Arabes comme une alliée de l’Amérique. C’est pourquoi son rapprochement, trop soudain, a suscité des méfiances. Le gouvernement turc devait alors faire ses preuves et surtout démontrer que le pays avait changé. Pour cela nous observons trois événements majeurs qui vont permettre à la Turquie de renouer avec ses voisins arabes.
Le gouvernement de AK Parti fait ses preuves
Le premier facteur fut lors de l’invasion irakienne en 2003. La Turquie – désapprouvant cette intervention – a refusé que les troupes Américaines débarquent sur les bases militaires turques avec pour objectif de renverser le régime de Saddam Hussein . Selon Jean Marcou, cet événement a démontré qu’un pays comme la Turquie pouvait tenir tête à une puissance mondiale lorsque ces intérêts étaient en jeux. Étant donné que beaucoup d’Etat arabes avaient souvent subit ces interventions sans pouvoir les contrecarrer, l’étoile de la Turquie commençait alors à briller en Orient. De plus, l’arrivée à la tête de la présidence d’Abdullah Gül était un avantage non négligeable. En effet, avant d’entrer en politique, Abdullah Gül a, pendant longtemps, exercé le métier de banquier à la Banque Islamique dans les années 80 . Ainsi, les membres du gouvernement de AK Parti ont renouvelé l’image des officiers laïcs qui «regardaient le monde arabe de haut» et contribué à populariser le modèle prôné par le parti islamo-conservateur dans le monde arabe.
Néanmoins, la Turquie a dû attendre la seconde législature de AK Parti pour une ouverture totale au monde arabe. Ainsi, le second facteur de rapprochement fut l’épisode dit de Davos. Tout au long de son histoire, la Turquie a suivi une politique pro-occidentale et, accessoirement, alliée d’Israël. Même dans les moments de rapprochement avec l’Orient, la Turquie n’a jamais véritablement tourné le dos à l’Etat d’Israël. Le moment était donc venu pour les Turcs de faire un choix. Les brouilles avaient déjà commencé lorsqu’Israël avait mené les opérations «Plomb durci» à Gaza lorsque le Premier Ministre Erdoğan l’avait condamné. Cependant l’épisode de Davos a marqué le tournant entre les deux pays. En effet, en 2009 lors du forum mondial de Davosen Suisse sur l’économie, le Premier Ministre R. T. Erdoğan a quitté le débat en exprimant sa colère à l’encontre au président israélien Shimon Pérès. Le Premier Ministre a rappelé à S. Pérès le comportement criminel d’Israël face au peuple palestinien et condamné les pays qui ne réagissent pas . L’épisode a été médiatisée en Turquie sous le nom de «One Minute» et R. T. Erdoğan a été accueilli tant par les Turcs que par la population arabe comme un héros depuis . Néanmoins, les intellectuels arabes sont divisés sur le sujet : les premiers voit en la nouvelle politique étrangère turque le retour à la domination ottomane. Pour ces intellectuels, il faut, de toute urgence s’opposer, par tous moyens, à l’ambition d’Erdoğan et de son gouvernement avant de soumettre le Monde arabe au des néo-ottomans. Les seconds considèrent Erdoğan, son parti et la Turquie comme la victoire tant attendue par la Nation arabepour reconquérir un passé glorieux.
Un troisième événement agravement endommagé les relations turco-israéliennes, il s’agit de ceux du31 mai 2010 qui se sont produits à la suite de l’assaut meurtrier mené contre la flottille turque «Free Palestine» au large de Gaza. En effet, la flottille turque envisageait de ravitailler l’enclave palestinienne de Gaza sans pour autant avoir l’autorisation d’Israël. Le bilan de cette intervention est lourd : 19 morts et plusieurs blessés. Le ministre turc des affaires étrangères a qualifié l’intervention d’inacceptable et «qu’Israël devait supporter toutes les conséquences de ce comportement» . Selon Jean Marcou, «les relations turco-israéliennes n’ont jamais traversé une aussi mauvaise passe». Tous ces éléments nous montrent que le nouveau parti démocrate-conservateur veut renouer ses liens avec le monde arabe, tout en gardant de bonnes relations avec l’Occident. Mais comment y est-il parvenu ? Quelles sont les origines de ce parti et quel est son objectif et les moyens utilisés pour y parvenir ?
AK Parti et la théorie du ‘problème zéro’
Le Parti de la Justice et du Développement a été fondé en 2001 à la suite d’une division au sein du mouvement du parti islamiste de Necmettin Erbakan, fondateur du mouvement Millî Görüş(Vision Nationale). Très vite le parti se démarque de son héritage trop extrémiste pour adopter une identité politique de conservateur-démocrate, en se plaçant au centre droit de l’échiquier politique turc. Le leader est Recep Tayip Erdoğan, qui est l’actuel Premier Ministre de la Turquie. L’arrivée au pouvoir de AK Parti met alors fin à toute une série d’instabilité politique et économique dont souffrait la Turquie, à travers une transformation profonde des paramètres traditionnels de politique extérieure et intérieure . Nous allons particulièrement nous intéresser aux transformations de politique extérieure. Traditionnellement l’identité nationale turque s’était construite à l’image de l’Occident par opposition à l’Orient. Cependant, la nouvelle diplomatie turque a été transformée par Ahmet Davutoğlu, qui était le conseiller aux affaires étrangères entre 2002 et 2009, pour ensuite devenir l’actuel ministre des affaires étrangères. Il théorise sa stratégie dans son livre « Profondeur stratégique », la position internationale de la Turquie. Sa doctrine repose sur le fait que la Turquie dispose d’une profondeur stratégique due à son histoire d’un côté et à sa position géographique de l’autre . Selon Davutoğlu, «l’évolution des facteurs économiques et politiques au début du 20è siècle a donné naissance à une interdépendance entre les pays. La chute de l’idéologie de l’Etat-nation a laissé la place aux valeurs traditionnelles qui ont pris une dimension internationale avec l’apparition de la mondialisation. Toutes ces transformations ont contraints les Etats à se trouver une nouvelle posture.
La conjoncture a conduit à la naissance de paramètres de pouvoirs interdépendants, chaque pouvoir se complète et est doté de facteur de dynamique» . Il propose donc une formule pour concrétiser ses propos.
Le passage d’un pouvoir coercitif à un «soft power»
Les changements de politique et de discours avec le Moyen-Orient sont également marqués par le changement du répertoire d’action de la politique extérieure turque. Ainsi, la Turquie opère un véritable basculement du hard power vers l’utilisation des outils du soft power, c’est-à-dire le commerce, la culture ou encore le sport . Rappelons que la politique étrangère turque est basée sur un certain nombre de principes élaborés par le ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoğlu. Ces principes consistent avant tout à mettre en place une diplomatie rythmique, avoir une politique étrangère multidimensionnelle, qui se caractérise par le principe du «problème zéro» avec tous les voisins, puis une coopération internationale basée sur une politique étrangère proactive. Tous ces principes permettent aujourd’hui à la Turquie de pouvoir se faire entendre sur la scène internationale et également de jouer un rôle dans la résolution des crises.
Néanmoins ce changement fait également l’objet de vives critiques de la part des intellectuels turcs. Ainsi, on parle de «eksen kayması» , c’est-à-dire «un changement de cap». La nouvelle politique étrangère turque a changé d’orientation pour se tourner vers d’autres pays, mais en particulier vers les pays du Moyen-Orient. Cette situation discréditerait la Turquie sur la scène internationale, qui a choisi des alliances non soutenues par l’Occident, comme l’Iran . Or, selon Çağrı Erhan, «si la Turquie avait dérapé vers l’Orient, que fait-elle alors dans les Balkans ou encore en Asie ou en Russie ? C’est en raison de son positionnement géographique que la Turquie se doit de suivre une politique multi-dimensionnelle» . C’est d’ailleurs par les mêmes propos que le Premier Ministre R. T. Erdoğan défend sa politique lors d’une conférence organisée par USAK le 26 février 2010 : «tous ceux qui critiquent notre ouverture vers le Moyen-Orient comme étant un dérapage, sont ceux qui n’ont pas encore réussi à se débarrasser de leur préjugé […]. Nous ne sommes pas à la recherche de nouveaux rôles, nous ne voulons encore moins être le leader, et en changeant la Turquie notre objectif n’est pas non plus de l’orienter vers un nouveau cap».
Du côté des observateurs occidentaux, nous retenons le terme «néo-ottomanisme» ou encore de «pax ottomana» (paix ottomane). Depuis le discours d’Ahmet Davutoğlu lors de son voyage en Arabie Saoudite au cours duquel il affirme «qu’un jour nous irons prier à la Mosquée al-Aqsa» . La question est de savoir si la Turquie poursuit réellement une politique impérialiste. En réalité, selon Aziz Enhaili «il ne s’agit pas d’une nostalgie ou de projet voulant redonner vie à l’ancien Empire ottoman, mais plutôt d’un programme géopolitique cohérent et réaliste au service de l’intérêt national d’une Turquie consciente de son nouveau poids économique» . Ainsi, grâce à ce renouveau, la Turquie peut prétendre contribuer à la stabilité dans la région, ce qui aurait pu être un atout majeur dans les conflits qui ravagent le Moyen-Orient depuis février 2011, mais nous verrons plus loin que ces principes fonctionnent en théorie mais pas en pratique.
OUVERTURE LIBYENNE DE LA TURQUIE
La Libye et la Turquie du coup d’Etat à nos jours
De la période ottomane à l’occupation italienne
La Libye est un pays qui a connu 2000 ans d’occupation jusqu’à la déclaration de son indépendance. En effet, après les Phéniciens la Libye a été dominée par les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Ottomans et les Italiens.
La Libye était une ancienne province de l’Empire ottoman. Elle a été conquise grâce à Turgut Reis200 en 1553. En effet il s’agissait d’une province appelée Tripolitaine, qui fut occupée militairement par la Porte et rattachée à l’administration d’Istanbul sous l’autorité d’un Beylerbey201 nommé par le sultan. Il était assisté par des janissaires et en 1609 ce fut une révolte qui engendra un changement de régime local. Toutefois, le sultan continua à envoyer à Tripoli un gouverneur au pouvoir limité. En 1711 Ahmed Karamanlı, un descendant d’un corsaire turc, fut porté au pouvoir et devint le Beylerbeyreconnu par le sultan par la suite . Ainsi, Ahmed Karamanlı avait la main sur le pouvoir central, sur l’armée et sur les provinces. En raison des troubles qui s’ensuivèrent dans la région, en 1835 un gouverneur turc prit en main la province et jusqu’à la conquête italienne, le pays fut placé sous l’administration directe ottomane . Mais depuis le XVIIIè siècle, la Tripolitaine avait acquis une quasi-indépendance, car la dynastie des Karamanlı s’était appuyée sur les Arabes de la Tripolitaine contre les Turcs. Le rattachement à l’empire n’était réduit qu’à une suzeraineté, sans conséquences sur l’autorité locale . C’est ainsi que les relations se sont dégradées entre la Turquie et la Libye, car lors du démantèlement de l’Empire, la Libye fut l’une des premières provinces à se soulever contre l’administration ottomane . La première guerre de résistance face à la volonté d’occupation italienne fut entamée dans cette région par Mustafa Kemal Atatürk et Enver Paşa mais ce fut un échec et en 1912 l’Empire ottoman reconnut l’autorité italienne par le traité d’Ouchy.
La Libye et la Turquie sous AK Parti
Lorsque Ak Parti (Parti du Développement et de la Justice) est arrivé au pouvoir, la politique étrangère de la Turquie a considérablement changé. Il ne s’agissait plus d’être exclusivement préoccupé par l’Occident et en particulier de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, mais bien au-delà. La nouvelle diplomatie turque était désormais orientée vers les voisins proches et plus particulièrement vers les voisins arabes. Même si les relations de la Turquie avec certains pays arabes n’étaient pas au beau fixe, avec la Libye les relations étaient, globalement, continues et bonnes. Nonobstant le désastre de Necmettin Erbakan lors sa visite en Libye en 1996, au cours delaquelle il fut humilié par le colonel Kadhafi. Erbakan souhaitait mettre en place un grand marché commun musulman dont la Turquie serait le cœur. Kadhafi l’aurait humilié et rappelé sa fidélité à l’OTAN et à l’Occident tout particulièrement . Cette situation a engendré un gel des relations entre les deux pays, mais ce fut de courte durée, puisque Ak Parti les reprit dès 2000.
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Table des matières
Remerciements
Liste des sigles et abréviations
Lexique turco-français
Prononciation
Introduction
Chapitre introductif – choix du corpus et méthodologie
SECTION 1 – DESCRIPTION DU CORPUS
A – Un corpus : délimitation et justification
1 – Définition et choix du corpus dans notre travail
2 – L’aspect spatio-temporel du corpus
B – Les limites d’un corpus
SECTION 2 – L’ANALYSE DU DISCOURS POLITIQUE
A – La nature du discours politique
B – Les limites du discours politique
Chapitre 1 – Une Diplomatie Renouvelée
I – LES MUTATIONS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE FRANÇAISE
A – La nouvelle approche française du monde arabe
1 – Définition de la politique arabe
2 – De lʼinstauration de la Vème République et les bases mises en place par de Gaulle
3 – Lʼère Sarkozy et lʼambition réformatrice
B – Les initiatives en direction de la Libye
1 – Lʼhistoire de la Libye
2 – La Libye et la France du coup dʼEtat à nos jours
3 – La Libye et la France sous Nicolas Sarkozy
C – Les initiatives en direction de la Syrie
1 – Lʼhistoire de la Syrie
2 – La Syrie et la France du coup dʼEtat à nos jours
3 – La Syrie et la France sous Nicolas Sarkozy
II – LES MUTATIONS DE LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE TURQUE
A – La nouvelle politique étrangère de la Turquie
1 – La politique étrangère turque avant lʼarrivée au pouvoir dʼAK Parti
2 – La politique étrangère turque après lʼarrivée de AK Parti au pouvoir
B – Ouverture libyenne de la Turquie
1 – La Libye et la Turquie du coup dʼEtat à nos jours
2 – La Libye et la Turquie sous AK Parti
C – Lʼouverture turque en Syrie
1 – Du coup dʼEtat à nos jours
2 – La Syrie et la Turquie sous Ak Parti
III – CONSÉQUENCES DE LʼOUVERTURE : DOUBLE RIVALITÉ FRANCO-TURQUE
1 – Rivalité politique
2 – Rivalité économique
Chapitre 2 – Les politiques étrangères française et turque à l’épreuve du Printemps arabe
I – LES RÉGIMES ARABES EN SURSIS
A – L’origine du printemps arabe
1 – Pourquoi parle-t-on de «printemps arabe» ?
2 – Les origines des soulèvements populaires
B – La crise libyenne : état des lieux
1 – Le déclenchement
2 – La réaction de l’Occident
3 – La fin d’une dictature
C – La Syrie : le début d’une tempête sans fin
1 – Le déclenchement
2 – La gestion de la crise par la Communauté internationale
II – LA DIFFÉRENCE D’APPROCHE DANS LA CRISE LIBYENNE
A – La Turquie gardienne des valeurs humanitaires ?
1 – Longe période d’atoirement turque
2 – Rôle médiateur et appel à une intervention humanitaire
3 – Le volte-face et la récupération du terrain perdu
B – La France combat pour une intervention militaire
1 – Le volontarisme français suscite des interrogations
2 – La France aux avant-postes, l’Union européenne à l’arrière
3 – La mission universaliste française remise à l’ordre du jour
C – L’apogée de la débâcle franco-turc
1 – Montée de la crise pendant les révoltes
2 – L’après Kadhafi : quelle place pour la France et la Turquie ?
III – LA DÉROUTE FRANCO-TURQUE DANS LA CRISE SYRIENNE
A – La poursuite d’une politique de deux poids et mesures de la France
1 – Manque de réactivité et ambiguïté du comportement français
2 – La méthode est identique mais le résultat diffère
3 – Un timide rapprochement avec le ‘rival’ turc
B – Les déboires de la politique du zéro problème
1 – Le dialogue et la coopération comme principale ligne de conduite
2 – Un ami transformé en ennemi
3 – La position géographique de la Turquie et les risques de son engagement
C – Une rivalité transformée en coalition par l’impasse syrienne ?
1 – Les raisons de l’impasse en Syrie
2 – La France et la Turquie unies dans la recherche d’alternative
2 – Ambiguïté du comportement franco-turc
3 – La remise en cause profonde de l’ONU
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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