De l’intertextualité à l’intermédialité littéraire

DE L’INTERTEXTUALITE A L’INTERMEDIALITE LITTERAIRE 

L’appréhension de l’intertextualité et l’intermédialité comme modalités d’écriture est relativement récente même si elles traduisent des pratiques qui sont en cours dans la littérature pendant très longtemps. L’intérêt de ces pratiques est relancé avec le développement des théories critiques qui mettent davantage l’accent sur les structures narratives dans l’analyse des textes au détriment des considérations sociologiques, historiques ou culturelles. Il convient néanmoins de cerner les contours de ces concepts avant d’en proposer les principes méthodologiques sur lesquels nous allons nous appuyer dans notre étude.

Quelques définitions

Beaucoup de travaux sont faits aujourd’hui sur l’intertextualité et l’intermédialité. Toutefois les approches sont tellement diverses et variées qu’il est nécessaire d’apporter un éclairage pour lever les confusions et les équivoques.

De l’intertextualité

Le terme intertextualité est apparu dans la critique littéraire à partir de 1969. On doit le concept à Julien Kristeva, ce que confirmera Anne Claire Gignoux :

« Le mot « intertextualité » est un néologisme forgé par Julia KRISTEVA en 1967. Les racines dont il est composé sont aisément identifiables ; le préfixe latin ‘’inter’’, établit l’idée d’une relation qui se fait entre des textes » .

Elle décrit donc la reprise d’un texte dans un autre. Les pionniers de l’intertextualité sont entre autres Mikhaïl Bakhtine, Julia Kristeva, Roland Barthes, Laurent Jenny, Michel Riffaterre…Ces auteurs d’origines et d’horizons divers n’ont évidemment pas la même conception sur le concept d’intertextualité. Nous appuierons sur les travaux d’Anne-Claire Gignoux ou encore de Nathalie Piegay-Cross pour des besoins méthodologiques. Une telle approche nous conduira a distinguer les relations de coprésence et les relations de dérivation. Mais on s’intéressera également aux modalités d’emploi de ces différents procédés.

Les relations de coprésence

Ces pratiques intertextuelles concernent des fragments plus ou moins importants à l’intérieur du texte. On parle alors de l’intertextualité sur la microstructure. Ces relations de coprésence se réalisent avec des procédés divers.

-La citation
C’est la reprise explicite d’un texte dans un autre. Elle est une forme d’intertextualité facilement repérable. Anne Claire Gignoux définit ainsi la citation :

« action de citer, de rapporter les paroles d’une personne, un passage d’un auteur » .

Elle est souvent accompagnée par divers indices qui permettent de l‘identifier : les codes typographiques marqués par les caractères en italiques, les guillemets, le nom de l’auteur, la source du texte cité… Elle se manifeste aussi au lecteur par la rupture qu’elle est capable d’apporter en produisant un effet de rupture dans le discours. Le lecteur n’a donc pas beaucoup de difficultés pour identifier le texte cité ou l’intertexte. Nathalie Piegay-Cros abonde dans ce sens lorsqu’elle affirme :

« La citation s’impose dans le texte, sans requérir de la part du lecteur une perspicacité ou une érudition particulière » .

Toutefois même si la citation est facilement repérable, elle impose au lecteur un effort particulier. L’interprétation du texte citant doit se faire en tenant compte de la valeur des textes cités même si l’analyse de l’intertextualité devra aussi s’intéresser aux modalités d’insertion du texte cité dans le texte dominant. Le recours à la citation peut avoir alors plusieurs fonctions :
-La fonction d’authentification qui permet de renforcer l’effet de vérité d’une pensée en garantissant son authenticité ou sa sincérité.
-La fonction d’ornement qui vise à donner une valeur artistique dans la mesure où elle permet de renforcer la qualité de l’écriture et de l’expression comme l’a si bien dit Paul Valery Lambard :

« Une citation bien choisie enrichit et éclaire le paragraphe ou elle apparait comme un rayon de soleil enrichit un paysage » .

-La fonction expressive qui découle de la performance expressive résultant de la rencontre ente le texte citant et le texte cité.

Une analyse pertinente de la citation doit nécessairement porter sur différents aspects : son identification, son interprétation, les limites de son découpage, les modalités de son montage, la portée de son utilisation dans un contexte nouveau…

Par ailleurs, la citation est considérée comme la relation minimale de l’intertextualité.

– La référence
Elle fonctionne presque de la même manière que la citation proprement dite. Certains spécialistes la considèrent simplement même comme une variante de citation. Par conséquent, la citation et la référence auraient les mêmes valeurs expressives. Anne Claire Gignoux semble confirmer cette thèse lorsqu’elle affirme ;

« Il y’a donc équivalence entre les actes de citation et de référence, qui produisent la même vérité, même si le discours critique par exemple a besoin de garantir l’authenticité par des références exactes » .

La référence est une forme de citation incomplète. Elle renvoie à une pensée représentée par l’auteur ou l’œuvre citée. Avec la référence, l’intertexte est la pensée incarnée à travers le nom de l’auteur ou de l’œuvre cités. La référence fait appel à la mémoire littéraire du lecteur.

-L’allusion
Elle est une reprise de texte très subtile. L’insertion de l’allusion n’occasionne pas très souvent une impression de rupture dans la continuité du texte. L’auteur renvoie le lecteur à un autre texte, par l’intermédiaire d’indices qui peuvent être épars mais suffisamment manifestes pour représenter le texte cité. Elle est une évocation d’une pensée dont le lecteur est capable d’identifier l’auteur. Elle n’est pas accompagnée nécessairement par des indices explicites qui mettent en évidence l’intertexte. C’est pourquoi le risque de la perte de l’intertexte est très grand avec l’allusion. Les indices sont souvent discrets, ce qui fait que le lecteur qui n’est pas suffisamment alerte peut ne pas saisir l’intertexte.

« Ce lecteur, écrit Anne Claire Gignoux, lira l’allusion que dans son contexte immédiat, et sans aucun renvoi à l’intertexte qu’est le texte source et à l’acte d’énonciation antérieur de cette allusion » .

En somme, nous pouvons constater que les relations de coprésence s’intéressent plutôt à la microstructure. Elles permettent de rendre compte de la reprise de fragments d’un texte ou d’une œuvre dans un autre texte.

Les relations de dérivation 

Ce sont des formes de reprises qui procèdent d’une transformation ou d’une transfiguration du texte cité. Il s’agit de pratiques intertextuelles qui s’appliquent à toute une œuvre ou à des fragments très importants. C’est ainsi qu’on parle de l’intertextualité sur la macrostructure. Les spécialistes distinguent principalement trois types de pratiques :

-La parodie
Gérard Genette conçoit cette pratique comme une forme de reprise d’un texte qui s’accompagne par des modifications importantes. Il part de l’étymologie du terme parodie ;

« Ode, c’est le chant ; para ; « le long de.. » ; « À cote de » ; Parodein, d’où parodia, ce serait –donc- le fait de chanter faux, ou dans une autre voix, en contrechant, en contre-point ou encore de chanter dans un autre ton ; déformer, donc, transposer une mélodie » .

Cet auteur rappelle que, à l’ origine, la parodie était utilisée par certains bouffons qui travestissaient les textes de certains auteurs. Leur démarche consistait à reprendre dans un style familier un sujet noble ou encore un sujet vulgaire dans un style noble. Cette forme de reprise produit un effet ludique qui découle du décalage entre la forme du discours et le fond, le ton adopté et le sujet traité. C’est ce comique recherché qui a conduit à des confusions qui ont permis de considérer comme des parodies diverses formes d’expressions à caractère comique comme les fables, les poèmes ludiques ou encore les proverbes humoristiques.

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Table des matières

Introduction
-Pape Samba KANE et les arts
-Présentation de Sabaru jinne, les tam-tams du diable de Pape Samba KANE
-Etat de la recherche
Chapitre I De l’intertextualité à l’intermédialitélittéraire
1-Quelques définitions
11-De l’intertextualité
111-Les relations de coprésence
112-Les relations de dérivation
12-De l’intermédialité littéraire
121-Les traditions
-L’interdiscursivité et l’intertextualité
-L’interartialité
122- L’intermédialité littéraire : bilan et perspectives
Chapitre II Analyse des phénomènes d’intertextualité et d’intermédialité
1-Analyse des intertextes
-Les intertextes littéraires
-Les intertextes non littéraires
2-Analyse des phénomènes de l’intermédialité
21-Les aspects compositionnels
-L’univers de cinéma
-La composition musicale
-L’art pictural
22-Les aspects discursifs
-Les personnages artistiques et médiatiques
-Le lexique des arts et des medias
Chapitre III L’intertextualité et l’intermédialité comme pratiques de transculturalité
1- Les fondements de la critique de la transculturalité
2-Les enjeux transculturels
2-1.La dématérialisation du roman
2-2.L’esthétique de la transculturalité
221.La transculturalité expressive, une convergence des pratiques littéraires et artistiques
222-La transculturalité thématique, une ouverture à l’universalité
Conclusion
Bibliographie
Webographie

Mots clés : Intermédialité, intertextualité, transculturalité, interdiscursivité, interartialité, dialogisme, littérature, philosophie, musique, cinéma, peinture.

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