De l’impuissance à la mutation

De l’impuissance à la mutation

« Je sors du bois », portée par un projet de création et d’écriture Vulnérabilité et crise identitaire

– Deuxième phase Toutes antennes ouvertes, je cherche désespérément une voie de passage. Depuis quelque temps en effet, parallèlement à ma vie de « femme qui court avec les ours »3, la peinture, la méditation et l’écriture sont pour moi des médiums incontournables et des plus significatifs pour investir ma vie au quotidien. J’avais alors amorcé depuis quelque temps une démarche d’écriture sous forme de capsules biographiques. J’étais donc en quête d’un encadrement pour m’aider à donner forme à un projet de création en écriture, mais aussi sans trop m’en apercevoir, en quête d’un milieu favorisant le contact et l’échange permettant de sortir de mon isolement. Depuis 1997, j’ai travaillé successivement avec trois consultantes sur ce projet. J’ai fluctué de la capsule biographique à la réflexion philosophique et au texte pédagogique sur mes ateliers.4 De petits pas en petits pas, de projets d’écriture en expositions de peinture, de retraites de méditation en stages de ressourcement professionnel, je cherche, ayant au coeur un brûlant désir d’accomplissement. C’est alors que j’ai entendu parler de la maîtrise en étude des pratiques psychosociales de l’Université du Québec à Rimouski. Mon amie et collègue Susan y faisait ses premiers pas. En lisant certains de ses travaux, j’intuitionne que ce programme pourrait constituer pour moi l’accompagnement que je cherche depuis un bon bout de temps.

Toujours portée par un désir d’écriture qui soit également un travail de création, je rencontre Jeanne-Marie Rugira, elle enseigne dans cette maîtrise. La magie de la communication est au rendez-vous. Malgré mes réticences face au monde universitaire, et mes doutes quant à la justesse de ma place dans ce milieu, je suis attirée, mais je n’y crois pas. La théorisation et une vie intellectuelle exacerbée ne sont-elles pas à des lieus de mon expérience? Pourtant, l’appel est insistant. Je commence la maîtrise deux semaines plus tard. C’est l’emballement – et la suite d’autant plus délirante … Mon premIer JOur à l’université, je m’attends au choc des cultures … malS finalement pas tant que ça. Je suis littéralement séduite par la liberté de pensée, la diversité des lieux de provenance des étudiants et la chaleur humaine qui se dégage. Je suis conqUIse. Malgré mon malaise de fond et le vertige du volte-face de la montagne à la salle de cours d’une université, je me sens revivre. J’ai le goût d’échanger avec ce monde-là, les professeurs ont l’esprit ouvert et je les sens dans une démarche de rencontre non pontifiante. C’est le ravissement, j’apprends que le programme s’appuie sur le processus plutôt que sur le contenu et qu’on privilégie l’autoformation et la coformation. Wow! Serais-je ici dans un lieu d’accomplissement pour la créatrice et l’autodidacte5 en moi?

De la chercheure solitaire à la chercheure universitaire:

Entre savoir théorisé et connaissance s’entremêlent les rapports entre théoricien et praticien. «Le sens de mon existence est que la vie me pose une question. Ou inversement, je suis moi-même une question posée au monde et je dois fournir ma réponse, sinon j ‘en suis réduit à la réponse que me donnera le monde. Telle est la tâche vitale transpersonnelle.» Carl G. Jung Outre le fait que mes repères soient chambardés, le voyage continue. Littéralement « je sors du bois». Quelques mois plus tard, ma terre est vendue, j ‘ai de nouveaux ami(e)s et un lieu de réflexion et d’échange. Moi qui songeais à me départir de mes responsabilités matérielles pour approfondir ma quête ontologique en solitaire, me voilà plongée dans une aventure intellectuelle en groupe. Deux postures que je croyais diamétralement opposées. Belle pirouette et bienvenue au royaume des paradoxes. L’apprentissage d’un nouveau vocabulaire et une nouvelle posture épistémologique m’enchantent et me fragilisent en même temps.

Dans le cadre de cette recherche universitaire, il m’a été donné de découvrir tout un monde que j’avais précieusement occulté soit celui d’une démarche intellectuelle que je croyais totalement à l’opposé de ma démarche expérientielle. Plusieurs sessions auront été nécessaires pour me faire admettre que théoriser n’était pas « pécher» … ! Et aussi pour me forcer à bâtir des ponts entre ces mondes que je tenais dans une dualité irréconciliable. Ma pratique étant essentiellement expérientielle, je ne pouvais imaginer ou même comprendre ce que théoriser voulait dire. Je refusais cette position, puisque d’emblée je l’associais à mentaliser8 , donc suicidaire de ma Vraie Natur/. Jusqu’à mon entrée à l’université en août 2002 je m’étais construite sur des valeurs d’autonomie, d’authenticité, de solitude féconde et d’affranchissement de mes peurs, en ayant soin de développer le radar intérieur nécessaire donnant accès à mes intuitions les plus profondes, Amour et Conscience interconnectés. Afin d’acquérir la vigilance et le courage indispensable pour suivre le fil de ma vie, je ne reculais devant rien L’audace de vivre10 étant aux premières loges, chercheure, je l’étais déjà. Qui suis-je? est ma question.

«La voie de l’individuation signifie: tendre à devenir un être réellement individuel et, dans la mesure où nous entendons individualité la forme de noIre unicité la plus intime, noIre unicité dernière et irrévocable, il s’agit de la réalisation du Soi, dans ce qu’il y a de plus personnel et de plus rebelle à toute comparaison. (Jung, 1973 – p. 457) Et rebelle je l’étais! Ayant toujours refusé le rôle de victime j’ai rapidement considéré les aléas de ma vie comme des tremplins dont les inévitables cicatrices témoignent d’une humanité en constant rappel de son chemin initiatique. Cela explique en partie ma distance par rapport à la psychologisation et au courant humaniste si populaire dans les années 70. Revenir sur le terrain de mes traumatismes fondateurs de rejet et d’ humiliation Il comportait pour moi l’ingrédient de la «victimite», portant ainsi atteinte à l’intégration de ma valeur de base, soit reconnaître dans tout obstacle d’une vie le potentiel d’une expérience initiatique. J’ai gagné la certitude, en cours de route, que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire. Et le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses, (. . .) et de n’avoir jamais été précipité dans une Autre Dimension.

Christiane Singer (2001) À cette étape de mon cheminement on peut voir que j ‘associais théorisation à mentalisation, ce qui comportait pour moi des éléments de confusion dans le processus de l’intégration de mon expérience dans le cadre d’une recherche universitaire. Le livre de Pierre Lacroix (2000), «Le développement personnel» m’ a beaucoup aidée à clarifier cette impasse puisqu’il pose clairement la différence entre le développement du moi et le dépouillement du moi, tout en reconnaissant qu’il est parfois complexe de démêler ce qui relève de l’un ou de l’autre, puisqu’ils s’entrecroisent et ont besoin l’un de l’autre. Par ailleurs, dans ma compréhension des choses et mon rapport au monde, j’avais pris soin d’écarter le savoir (intellectuel) au profit de la Connaissance (expérientieUe). Les empreintes d’une enfance sous le joug du regard d’autrui infériorisant et humiliant dues à des problèmes d’élocution handicapant ma communication, j’ai adopté la stratégie d’intérioriser mon potentiel créateur et intellectuel, d’où l’effet de cette dichotomie. Mon rapport au savoir s’est alors tissé autour d’une quête de sens, d’une quête de Connaissance, dans le sens de la· Gnosies·· : accès par l’initiation et la révélation intérieure. Ce qui dans mon parcours favorisa l’éclectisme. 12 J’ignorais que m’attendais le dur labeur de devoir un jour faire les liens entre ce que j’avais vécu soigneusement séparé, soit le savoir théorisé et la connaissance expérientielle.

Apprendre à apprendre ou les prémisses anecdotiques de mon rapport à l’apprentissage: De l’apprentissage à l’apprenti «Sage» Dès mon plus jeune âge, mon rapport à l’apprentissage a été source de questionnements. Je me souviens vers l’âge de huit ans, assis à ma table de travail, la tête entre les mains, j’étais davantage préoccupée par une réflexion «métaphysique» que mathématique. En effet, je me demandais sérieusement, non pas comment je pOUVaiS résoudre ces équations, mais bien plutôt comment il se faisait que je ne me souvenais plus comment m’y prendre, puisque j’étais convaincue que je savais déjà tout cela. Je me souviens d’avoir oscillé la tête comme si ce mouvement suffisait à créer la vibration nécessaire pour que le souvenir revienne. Je me demandais également comment il était possible que par moment une seule lecture suffit à me « remémorer» le mode d’emploi X pour résoudre le problème Y, tandis qu’à d’autres moments je peinais et pestais devant une page blanche et un cerveau vide. Je n’ai pas tardé à comprendre que l’oscillation de ma tête n’ était en rien .utile et que si oscillation se pouvait, c’était bien entre ces moments de grande clarté et ces moments de grande confusion. Néanmoins, un doute persistait. Je cherchai donc d’autres astuces pour convaincre le destin de mon «omniscience». Alimentée par mon tempérament de créatrice, alors ignoré, j’ai commencé à oser des réponses jouant ainsi de l’intuition ou de la paresse de se creuser la tête, en attendant que les moments de clarté reviennent.

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Table des matières

Remerciements
Résumé
Table des matières
Introduction
Chapitre 1 Problématique
1.1 De l’impuissance à la mutation
1.2 «le sors du bois», portée par un projet de création et d’écriture
1.3 Le réveil de mes blessures et la mise à jour de ma persona
1.4 Incommunicabilité quand tu me tiens
1.5 Questinne
1.6 De la cherche ure solitaire à la chercheure universitaire: Entre savoir théorisé et connaissance s’entremêlent les rapports entre théoricien et praticien
1.7 Apprendre à apprendre ou les prémisses anecdotiques de rapport à l’apprentissage: De l’apprentissage à l ‘apprenti «Sage»
1.8 Information – savoir – connaissance: une question de rapport versus ma parole et la communication
1.9 Parmi les pairs: Mon sentiment d’imposture contient son lot de non-posture.
1.10 Écouter l’autre pour mieux s’entendre. Mon sujet de recherche prend forme
1.11 De l’impuissance à la mutation: Accompagner un voyage initiatique
1.12 Problème de recherche
1.13 Question de recherche
1.14 Objectifs de recherche
Chapitre 2 Héritage théorique
2.1 Introduction
2.2 Muter son rapport au monde: Un art de vivre qui implique un art de mourir
2.3 Apprendre à apprendre de son expérience
2.3.1 Sri Aurobindo ou l’aventure de la conscience
2.3 .1.1 La conscience dans le corps, un chemin de mutation du rapport à soi et au.monde
2.3.2 Jean Roullet (1929-2001) Apprendre à rebondir de la chute pour faire face à l’ impuissance
2.3.3 Georges Ivanovitch Gurdjieff: Être confronté au «choc» et affronter l’ impuissance
2.3 .3.1 Sortir de la culture du confort et de l’identification: rencontrer le sur-effort
2.3.4 Karfield Graff Dürckheim (1896-1988) : Apprendre à accepter l’ inéluctable pour faire face à sa vulnérabilité
2.3.5 Albert Low : La pratique du zazen ou apprendre à se recevoir dans tous ses états
2.3.5.1 L’ ambiguïté source de la vulnérabilité
2.3.6 Carl-Gustav Jung (1875-1961) La question de l’ombre sur le chemin de mutation de notre rapport à nous-même et aux événements de notre vie
2.3 .7 Du yoga aux pratiques d’ éducation somatique: pour développer un ancrage permettant d’ appréhender l’ impuissance inhérente à notre contidition humaine
2.3.8 Seymour Segal – L’acte créateur: De l’ urgence de créer ou de la nécessité de se remettre au monde
2.3.9 Danis Bois et ses collaborateurs
Chapitre 3 Choix épistémologique et méthodologique
3.1 Une recherche qualitative de type compréhensif et interprétatif..
3.2 Une méthodologie de type heuristique
3.2.1 Du faire au non faire … «F ollow your bliss», suis ton émerveillement
3.3 Les différentes phases de la recherche heuristique
3.4 Terrain et outils de recueil de données
3.4.1 Outils de recueil de données
3.5 Méthode d’analyse des données
3.5.1 L’analyse des données en mode d’ écriture
Chapitre 4 Ma vie comme un voyage – Au pays de l’ impuissance et de la vulnérabilité
4.1 De septénaires en septénaires, de croisées de chemins en virages: pour me libérer de ma mémoire
4.2 De 0 à 7 ans (1944-1951) : Vivre à tout prix
4.3 De 7 ans à 14 ans (1951-1958) Vivre malgré le regard extérieur
4.4 De 14 ans à 21 ans (1958-1965) Vivre c’est me reconnaître
4.5 De 21 à 28 ans (1965-1972) La vie est plus forte que mes problèmes d’élocution : Renaissance
4.5.1 La musique
4.5.2 Ma rencontre avec le yoga
4.6 De 28 à 35 ans (1972-1979) Vivre est un rendez-vous avec mon besoin d’exister sans compromis
4.6.1 Cheminement.
4.6.2 Je sens, donc JE SUIS
4.6.3 Retour à la terre et vie de famille
4.6.4 De la plaine à la montagne
4.7 De 35 ans à 42 ans (1979-1986) Ma vie entière est formation et quête de réalisation
4.7.1 D’ un rêve àl’autre – «C’est le début d’ un temps nouveau.»
4.7.2 Avril 1983. Un autre cycle commence – la passion amoureuse
4.8 De 42 à 49 ans (1986-1993) Vivre et laisser vivre … vivre et laisser mourir
4.9 De 49 à 56 ans (1993-2000) L’ imperturbable cycle Vie-Mort-Vie
4.9.1 Ma mère mourante, ma mère souffrante
4.9.2 La vie avec mon père … après le départ de ma mère
4.10 De 56 à 63 ans (2000-2007) Accompagner la fin d’ un rêve
4.11 Mon défi à l’ heure du loup
4.11.1 Le voyage dans ma vie continue, la quête est sans fin
4.11.2 Épilogue
Chapitre 5 De la Source à la pratique
5.1 L’ urgence intérieur
5.2 Du yoga et dujudo aux pratiques de l’éducation somatique
5.3 La conscience corporelle pour s’ancrer dans son corps et dans le présent
5.4 Du rappel de soi par la création et la prise de parole
5.5 De la présence à soi-même à la présence en soi
5.5.1 La méditation – Développement ou dépouillement du moi?
5.6 De pédagogue à thérapeute
5.6.1 Fasciathérapie
5.6.1.1 Je découvre ..
5.7 La cohabitation de l’ impuissance et de la toute-puissance. Contenir l’ un et l’ autre parce que les deux sont là en même temps
Chapitre 6 La pratique vue de l’ intérieure, ou comment j ‘ accompagne l’autre
6.1 Introduction
6.2 Ma posture d’accompagnement et son évolution sur 30 ans
6.3 Accompagner l’ autre, c’est se soumettre à une exigence permanente de dépassement de soi
6.4 Le déroulement d’un atelier hebdomadaire de centration par le mouvement.
6.5 De la conscience et de l’amour, un voyage sur plus de 30 ans
6.6 Accompagnement individuel en fasciathérapie
6.6.1 La grâce de la fonction ou s’appuyer sur l’intelligence de la relation accompagner l’autre face à sa vulnérabilité
6.6.2 Témoignages de 4 participantes invitées à partager leur expérience en fasciathérapie
6.6.3 Retour sur ces témoignages
6.7 Atelier de Re-création ou accompagner l’autre sur le chemin de sa créativité
6.7.1 Se VOIR, être vu et se reconnaître soi-même dans son expression la plus intime, celle de sa création – un suivi formateur nécessaire – un passage obligé.
6.7.l.1 Épilogue
6.8 Glossaire
6.8.1 vers l’autonomie
6.8.1.1 Entrer dans le processus
6.8.2 Chemins de traverse
6.9 Des ateliers thématiques pour accompagner l’ autre dans un laboratoire ouvert au gré du mouvement, de la création, de la réflexion, de la communication et de la méditation
6.9.1 Chemin de traverse : de «La nature en soi» à l’écoformation
Une expérience de co-animation avec les ours
Chemin de traverse: Atelier annuel de Re-Création – Le bal des ombres
Chemin de traverse: Triptyque de Re-création pour un Noël autrement et L’aventure des douze petits mois..
Chemin de traverse: Atelier Trajectoire de vie et mission
BIBLIOGRAPHIE
FILMOGRAPHIE et site INTERNET
DIVERS

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