Pour faire face aux opportunités et aux défis de la mondialisation, les nations développées et en voie de développement s’attèlent à intégrer leur économie au niveau régional, continental et mondial. Ainsi, la régionalisation économique est considérée comme une alternative, surtout pour les pays en voie de développement, car ces derniers veulent établir un cadre multilatéral de principes et de règles pour des échanges dans des conditions de transparence et de libéralisation progressive.
L’internationalisation de l’activité économique et l’interdépendance entre les différents secteurs d’activité obligent les différents Etats du monde à entretenir entre eux d’intenses réseaux d’échanges. La constitution d’une zone d’intégration économique est une source de croissance économique par le libre échange qu’elle instaure, libre échange profitable à toutes les parties prenantes en ce sens qu’il stimule la concurrence.
La lutte contre la pauvreté et l’inégalité sociale dans les pays en développement est un des défis majeurs du nouveau siècle. Les politiques adoptées dans ces pays doivent plus que jamais s’adapter à un nouvel ordre économique mondial, qui est celui d’une mondialisation des économies de marché par le biais d’une libéralisation progressive des échanges commerciaux. Bien que le principal argument en faveur du libre-échange soit les gains de bien-être apportés aux nations du monde, ses partisans reconnaissent qu’il y a des gagnants et des perdants . Face à ce constat, la problématique de la répartition des gains de l’échange dans les pays en développement, en particulier à Madagascar, où les richesses sont déjà très inégalement distribuées, est désormais au centre du débat sur la mondialisation. Plusieurs études se sont récemment penchées sur les effets de la libéralisation des échanges commerciaux extérieurs sur la distribution du revenu et la pauvreté Malgache. Certaines arrivent à la conclusion qu’une libéralisation des échanges pourrait être bénéfique aux plus démunis, et contribuerait à la réduction des inégalités entre riches et pauvres dans certains pays. D’autres ressortent des résultats plutôt défavorables aux pauvres et indiquent qu’une ouverture des frontières au commerce contribuerait à creuser les écarts entre les différentes couches sociales. Les pauvres étant généralement dépourvus de moyens et de capacités leur permettant de saisir les nouvelles opportunités offertes par le marché. Des études proposent que des mesures d’incitation soient mises en place afin de les aider à mieux participer aux gains de l’échange.
CLARIFICATION CONCEPTUELLE
Avant de s’imprégner dans le cadre de la sociologie économique, il nous est essentiel de donner une brève aperçue sur son objet d’étude afin de déterminer plus précisément les contours de son domaine. Nous verrons quelles sont les différentes manières de définir la Sociologie économique et essaierons d’en cerner la méthode et l’objet En premier lieu, le fait de s’interroger sur l’approche sociologique à des phénomènes économiques est nécessaire. Puis, nous nous demandons ce qui caractérise ces phénomènes précisément.
Définition de la Sociologie économique, sa méthode et son objet
Définition
Après avoir connu une floraison de réflexions dans la période 1890-1920, la sociologie économique, souvent définie comme la perspective sociologique appliquée aux phénomènes économiques, a marqué le pas. On peut même penser que la période de l’entre-deux-guerres d’une part, et la période qui suit la fin de la Deuxième Guerre mondiale de l’autre, ont vu la disparition de la sociologie économique du front de la recherche en sciences sociales. Néanmoins, on le sait, la sociologie économique, souvent qualifiée de Nouvelle Sociologie économique (« New Economic Sociology »), connaît depuis le milieu des années 1970 un vif développement, aux États-Unis et en Europe, notamment en France. La Sociologie économique est une discipline à l’interface entre la Sociologie, l’Economie, l’Anthropologie, l’Histoire. Il est difficile d’en donner une définition précise, car tant son objet que son corpus théorique est encore en cours d’élaboration. Le propos de cet aperçu sera d’ailleurs en grande partie, les principales caractéristiques de cette discipline selon les différents contributeurs.
Philippe STEINER définit ainsi son objet : « La Sociologie économique étudie les faits économiques en les considérants comme des faits sociaux ». Pour Wilfredo PARETO , elle devait permettre de complexifier l’approche économique en y ajoutant des dimensions caractéristiques du social ; Pour SHUMPETER, elle avait vocation à compléter l’Economie Politique notamment par la prise en compte de l’histoire. Selon Mark GRANOVETTER, que l’on peut considérer comme le fondateur de la Nouvelle Sociologie Economique, il y a trois niveaux d’objet dont s’occupe la Sociologie économique :
– L’action économique individuelle : « action orientée vers la satisfaction des besoins, tels que définis par les individus, en situation de rareté » (Weber) ; Les phénomènes situés au-delà de l’action individuelle, dont :
– Les résultats économiques (formation de prix stables, de différences de salaires etc..) ;
– Les institutions économiques (désignent de plus larges ensembles d’actions et comportent une dimension normative). La sociologie économique définie donc comme étant la perspective sociologique appliquée à des phénomènes économiques. En effet, la sociologie wébérienne montre que les activités marchandes sont des activités sociales qui s’appuient sur des supports institutionnels très précis, elle attire aussi notre attention sur les contraintes économiques du système capitaliste .
Méthode et objet
Du point de vue de la manière dont elles construisent leur objet et dont elles se représentent les phénomènes qu’elles étudient, l’Economie et la Sociologie sont souvent opposées, la première étant renvoyée à l’individualisme méthodologique (notamment à travers la figure de l’homo oeconomicus), la seconde au holisme méthodologique ou organicisme. Selon l’approche individualiste, les phénomènes étudiés sont considérés comme résultant d’actions individuelles, tandis qu’à l’opposé, la démarche holiste fait primer le groupe, la structure, le tout sur les parties. Mais les choses ne sont pas aussi tranchées et souvent les deux approches ne sont pas nettement distinctes chez un auteur, encore moins dans un courant de pensée ou une discipline. La méthode de Max Weber par exemple est considérée comme individualiste par rapport à celle de Durkheim et plus encore celle de Mauss. En économie, l’holisme méthodologique domine dans l’école historique ainsi que certains courants dits ‘hétérodoxes’. Granovetter (1990) essaie de se situer entre les deux, en définissant ainsi sa méthode : « mon approche de la sociologie économique repose sur deux propositions sociologiques fondamentales: premièrement, l’action est toujours socialement située et ne peut pas être expliquée en faisant seulement référence aux motifs individuels; deuxièmement, les institutions sociales ne jaillissent pas automatiquement en prenant une forme incontournable, mais sont ‘construites socialement’ ».
En France, le courant des conventions essaiera aussi de concilier les deux approches. Mais pour bien comprendre l’enjeu de ce débat et de cette opposition entre deux postures méthodologiques, il faut remonter aux ‘disputations’ qui avaient lieu dans les universités du moyen âge entre scolastiques et nominalistes (voir Pribram, 1986). Une autre opposition en matière de méthode concerne d’un côté la démarche inductive (qui est plutôt celle de l’histoire) et de l’autre la méthode déductive ou hypothético déductive qui caractérise l’économie classique et néo-classique en particulier. Où se situe la Sociologie économique entre les deux ? Encore une fois, il est difficile de trancher. Il est vrai que les sociologues reprochent souvent aux économistes l’abstraction et le formalisme de leurs modèles, mais la Sociologie économique, en étudiant des relations de causalité, a aussi recours au raisonnement déductif et à des dispositifs hypothétiques et peut aussi déboucher sur des constructions très abstraites .
De l’encastrement de l’économie
Depuis l’article fondateur M. Granovetter, la notion d’ « embeddedness » occupe une place centrale dans la méthodologie de la « Nouvelle sociologie économique » ou NSE. Mark GRANOVETTER défend une conception de l’économie comme étant « encastrée » dans un ensemble social et politique plus vaste. « De l’observation de marchés concrets, il conclut que les agents qui y prennent part ne sont pas forcément atomisés. D’une part, ils peuvent se rencontrer et d’autre part, ils peuvent entretenir des relations suffisamment récurrentes pour qu’il soit possible de reconstituer la structure globale du réseau de relations qui parcourt le marché. Cette attention aux réseaux sociaux permet de rompre avec l’image d’une sphère asociale puisque des relations personnelles interviennent dans le fonctionnement des échanges ou, pour le dire autrement, puisque la participation au marché ne détruit pas les relations sociales. Au final, l’encastrement structurel traduit la contextualisation de l’échange marchand sous la forme des relations interpersonnelles ou inter organisationnelles ». Il emprunte le concept à Polanyi , auteur qui défendait la thèse selon laquelle jusqu’à la révolution industrielle l’économie était encastrée dans la sphère sociale, et qu’elle s’en serait par la suite largement détachée pour constituer un champ beaucoup plus autonome. Cette thèse ne séduit guère GRANOVETTER, pour qui l’économie reste l’un des répertoires d’action sociale qui suit la lignée de Max Weber. « Toute action, même économique, est socialement située » . La compréhension des mécanismes économiques nécessite donc de s’intéresser aussi aux motivations des agents, qui ne peuvent être vues comme de simples manifestations de la recherche constante de l’intérêt privé .
En effet, les relations sociales et les valeurs ne se soumettent pas passivement à un marché puissant et homogénéisant, mais ce sont plutôt les différentes formes de relations sociales qui déterminent des marchés multiples en créant de façon dynamique de nouveaux modes d’échange et de répartition.
De l’économie domestique à l’économie familiale
L’économie domestique
Tout d’abord, l’économie familiale doit être distinguée de ce que l’on nomme l’économie domestique. En effet on peut considérer que, l’économie familiale s’identifie à l’espace économique des réseaux familiaux de production, et l’économie domestique n’en constitue que la partie intrafamiliale. L’économie domestique, science de la maison, a tout d’abord été l’apprentissage des travaux qui s’avéraient indispensables : cuisine et conservation des aliments, entretien de la maison et des vêtements, puériculture, jardinage et petits élevages, mais aussi soins aux troupeaux et activités de laiterie, productions agricoles . . . Une formation à caractère technique et économique s’avérait nécessaire, et s’y sont ajoutées, au fil des temps, des notions de gestion des ressources, d’économie de marché et d’organisation du travail. Seule une élite campagnarde pouvait en bénéficier.
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Table des matières
Introduction générale
PREMIERE PARTIE : CADRE DE L’ETUDE
Chapitre I : Etudes théoriques
Chapitre II : Etudes monographiques
DEUXIEME PARTIE : DYNAMIQUE DE L’ECONOMIE FAMILIALE ET INIQUITE COMMERCIALE
Chapitre III : Traitement des résultats
Chapitre IV : Discussion à travers les principes théoriques utilisés
TROISIEME PARTIE : REDYNAMISATION DE L’ECONOMIE FAMILIALE, UN LEVIER POUR UN DEVELOPPEMENT EQUITABLE ET DURABLE.
Chapitre V : L’équité commerciale et développement local
Chapitre VI : Eléments de prospective personnelle
Conclusion générale
Bibliographies
Table des matières
Liste des acronymes
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des graphes
Annexes