La place de l’alphabétisation
L’éducation a pour but de susciter chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux que réclament de lui la société dans son ensemble, et le milieu social auquel il est particulièrement destiné. Le propre des sociétés modernes est de confier une part de cette fonction à une institution, qui n’est d’autre que l’école. Les sociologues P. Bourdieu et J.C. Passeron dans « Les héritiers », soutiennent que l’école a pour vocation de reproduire les inégalités, et qu’elle constitue un système de préservation des élites. L’inégalité des chances scolaires n’est donc pas un dysfonctionnement du système, mais bien un résultat voulu. Cependant, Emile Durkheim souligne que l’école a un intérêt dans le processus de socialisation. Sa conception de la société et de son évolution le conduit en effet a privilégié des phénomènes de socialisation qui ajoutent à l’être animal un être social. Bourdieu et Passeron montrent que l’école a une certaine autonomie par rapport à la sphère économique et à la sphère sociale puisqu’elle appartient à la sphère culturelle. Elle diffuse la Culture avec un grand C, elle se présente comme le canal de transmission du « Savoir Objectif» La connaissance de la lecture, de l’écriture et du calcul sont des outils d’apprentissage essentiels de l’éducation de base. L’alphabétisation pour tous est au cœur de l’éducation de base pour tous et il est indispensable de créer des environnements et des sociétés alphabétisés pour parvenir à éliminer la pauvreté, réduire la mortalité infantile, freiner l’expansion démographique, instaurer l’égalité entre les sexes et assurer durablement le développement. L’alphabétisation est l’un des objectifs les plus sensibles au cœur de l’éducation pour tous (EPT) mais aussi l’un des plus négligés surtout dans les pays les moins avancés comme Madagascar. Cependant, l’alphabétisation contribue énormément à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et les objectifs de développement en général dans les politiques publiques. L’alphabétisation peut se dérouler dans le système d’éducation formel ou hors de celui-ci. Etant la clé pour créer un environnement alphabétisé, on attend d’elle qu’elle contribue directement au développement économique et social. L’alphabétisation ajoute de la valeur à la vie d’une personne. Il peut jouer un rôle important dans la recherche du développement au niveau individuel, familial et communautaire ainsi qu’au niveau général (national, régional, district). Un enfant à qui est refusé le droit à un enseignement primaire de qualité n’est seulement défavorisé en tant qu’enfant. Il est aussi handicapé pour la vie, incapable de faire face aux situations exigeant la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul, à moins qu’on ne lui offre des possibilités d’éducation une fois adulte. L’analphabétisme est étroitement lié à la pauvreté, tant sur le plan économique qu’au sens plus large d’une privation de capacités. L’alphabétisation renforce la possibilité pour les individus, les familles et les communautés de se saisir des opportunités sanitaires, éducatives, politiques, économiques et culturelles dont ils disposent. L’alphabétisation des femmes et des filles est d’une importance cruciale pour la question de l’inégalité entre les sexes. Si les bienfaits que procure aux femmes l’éducation formelle sont bien compris, moins connus sont ceux que leur procure l’éducation non formelle. Elle favorise l’autonomisation des femmes, en termes d’estime de soi, d’indépendance économique et d’émancipation sociale. De fait, l’alphabétisation est au cœur de l’éducation et en particulier, de l’EPT qui est centrée sur l’éducation de base. L’alphabétisation aide les gens à comprendre les informations sorties de leur contexte et la langue orale aussi bien qu’écrit. Il ouvre ainsi la voie aux apprentissages ultérieurs. L’alphabétisation est aussi importante pour atteindre les autres objectifs de l’EPT. Les mères instruites ont plus de chances d’envoyer leurs enfants à l’école que celles qui n’ont pas été scolarisées. Il en est de même des parents qui ont participé à des programmes d’alphabétisation pour adultes. Lorsque les cours d’alphabétisation enseignent aux parents comment aider leur enfant à l’école et les informent du contenu du programme scolaire, les bénéfices pour l’éducation des enfants sont encore plus supérieurs. Il importe toutefois de noter que ces effets ne sont pas automatiques et qu’ils ne se produisent que quand les individus alphabètes sont en mesure de mettre en pratique les compétences acquises lors de l’alphabétisation, ce qui requiert que des politiques plus générales en faveur du développement et du respect des droits de chacun soient instaurées et appliquées.
L’analphabétisme et ses facteurs dans le monde
En matière d’éducation, le monde connaît de grandes disparités. Les pays développés ont un système éducatif qui scolarise tous les enfants et donne à chacun les chances pour accéder à des études longues. La situation est inverse dans le Tiers-Monde où l’instruction ne touche qu’une petite majorité des jeunes, ce qui accentue la fracture Nord-Sud en termes de progression. Dans les pays en développement, le taux d’analphabétisme dépasse largement la moyenne. Le continent africain est le plus touché par ce phénomène surtout pour les populations rurales, très peu scolarisées. Au total dans le monde, on estime qu’un cinquième de la population adulte de plus de 15 ans est analphabète. Il faut ajouter à cet effectif les illettrés qui ont désappris à lire et sont incapables de comprendre le sens d’un texte. D’une façon générale, dans le Tiers-Monde, les villes scolarisent tant bien que mal les enfants. Mais l’accès à l’éducation n’est pas assuré dans les campagnes. Sur ce point là, c’est tout le travail des organisations de développer un tissu scolaire même dans les villages les plus isolés puisqu’il existe un lien essentiel entre éducation, développement et lutte contre la pauvreté. L’EPT est le meilleur ciment de la paix entre chaque nation comme au sein de chaque nation dans ce cas. Comme tout fléau, il y a toujours des facteurs. Concernant l’alphabétisation, du point de vue mondial, ils sont nombreux et peuvent être différents d’un pays à un autre. Mais des constantes sont repérables. La première d’entre elles est l’absence d’infrastructures existantes ou peu adaptées. Pas d’écoles, pas de matériels pédagogiques, etc. En outre, les enseignants font souvent défaut par manque de formation ou parce que les salaires irrégulièrement payés détournent les cadres éduqués vers des activités mieux rémunérées. Par ailleurs, les enfants en milieu rural sont appelés à aider aux travaux des champs et ne vont à l’école que s’il n’y a rien à faire dans l’exploitation familiale.
Le droit à l’éducation pour un meilleur épanouissement
Tous les enfants ont droit à l’éducation y compris les enfants handicapés (art. 23 de la Convention internationales relative aux droits de l’enfant. Le droit à l’éducation est garanti par cet instrument juridique international. Les enfants du monde ont droit à aller à l’école et à recevoir une éducation. Ils ont le droit d’apprendre un métier. L’éducation doit être une priorité car elle est indispensable pour avoir une vie meilleure. En France, par exemple, la scolarisation est obligatoire de 6 à 16 ans. L’article 28 de ladite Convention précise que tout enfant a le droit à l’éducation et que l’Etat a un certain nombre d’obligations pour le rendre possible. L’État a l’obligation de :
rendre l’enseignement primaire obligatoire et gratuit, ce qui laisse encore à désirer pour le cas de Madagascar ;
encourager l’organisation de différentes formes d’enseignements secondaires accessibles à tout enfant ;
assurer à tous l’accès à l’enseignement supérieur, en fonction des capacités de chacun.
La discipline scolaire doit respecter les droits et la dignité de l’enfant. Pour assurer le respect de ce droit, les Etats ont recours à la coopération internationale. Le droit à l’éducation ne doit pas se limiter au seul apprentissage des matières fondamentales. Il doit se comprendre au sens le plus large. L’article 29 de la Convention précise bien que l’éducation doit viser à favoriser :
l’épanouissement de la personnalité de l’enfant ;
le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques.
L’éducation doit préparer l’enfant à une vie adulte active dans une société libre et encourager en lui le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles ainsi que de la culture et des valeurs d’autrui. Chaque enfant a le droit d’apprendre selon sa culture d’origine ou d’adoption et dans sa langue. Apprendre les notions fondamentales comme lire, écrire et compter permet aux enfants de :
mieux se protéger contre les maladies ;
lutter contre la pauvreté et les injustices ;
aider ses propres enfants à s’instruire, à progresser et à s’améliorer.
Les conditions pour l’éducation des enfants doivent être réunies. L’enfant a le droit d’être protégé contre tout travail mettant en danger sa santé, son éducation ou son développement.
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Table des matières
– INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : APPROCHE CONCEPTUELLE, THEORIQUE ET ETUDE MONOGRAPHIQUE
Chapitre I : Cadrage contextuel et présentation du terrain
Chapitre II : Ancrage théorico-conceptuel
Chapitre III : Approche méthodologique
PARTIE II : DYNAMIQUE DES RELATIONS INTERPERSONNELLES AU NIVEAU DU QUARTIER DE MANARINTSOA AFOVOANY ET DE L’ONG
Chapitre IV : Interprétation des résultats de l’enquête à travers les réalités vécues par les enfants pris en charge par l’ONG Hardi
Chapitre V : Vulnérabilité comme barrière et alphabétisation en tant que seconde chance
PARTIE III : APPROCHE PROSPECTIVE
Chapitre VI : Analyses et bilan de l’étude
Chapitre VII : Suggestions et relance stratégique pour l’alphabétisation
– CONCLUSION GENERALE
– BIBLIOGRAPHIE
– ANNEXES
– RESUME
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