DE LA VARIATION DU FRANÇAIS À L’OPPOSITION DE L’ORAL ET DE L’ÉCRIT
Présentation du corpus :
Il s’agit d’un ensemble de données recueillies en fonction des objectifs analytiques visés. Dans notre cas, le corpus sur lequel est basée notre étude est d’une part, un ensemble de copies d’examens d’étudiants de première année de français et d’informatique de gestion et dont le sujet de l’examen diffère selon les filières (voir annexes 1 et 2). Et d’autre part, de questionnaires portants sur l’idée qu’ils se font du français et de leurs pratiques dans cette langue (voir annexe 3). Visant ainsi à déterminer les représentations qu’ils associent à la langue française et l’idée qu’ils se font de leurs propres pratiques dans cette langue à l’oral et à l’écrit ; qui nous servira aussi de point de repère pour déterminer les variables qui rentrent en jeu dans ce phénomène. Ceci en vu de pouvoir déterminer dans un premier temps les particularités des écrits estudiantins et dans un second temps, de définir le rôle des représentations et de certaines variables telle que l’âge, l’origine géographique, etc., dans cette diversité. L’hétérogénéité, et donc l’hétérogénéité linguistique, représente un élément important dans notre analyse, car sous l’angle de l’hétérogénéité nous considérons que les étudiants sont différents les uns des autres et de ce fait, leurs productions linguistiques différent.
Il faut savoir qu’à l’université comme ailleurs, l’imaginaire normatif qui soude l’idée de standard à la correction de l’écrit, et la correction de l’écrit au respect de la grammaire académique, range souvent ce qui n’en relève pas sous des étiquettes déclassantes qui tendent à se rapprocher de (oral, relâché, familier,…). Il s’agit donc, dans notre travail, d’abord et avant tout de constater et de décrire dans les écrits des étudiants, le degré de présence de l’oral, puis dans un second temps, tenter de comprendre et d’expliquer cela par les principaux facteurs pris en considération, à savoir, les représentations associées au français et les variables : âge, sexe et origine sociale.
Le statut du français en Algérie
Comme nous l’avons précisé au début de ce travail, l’histoire de la langue française en Algérie est une histoire conflictuelle, car à travers le français s’expriment des enjeux à la fois politiques, culturels et idéologiques, qui partagent ainsi les partisans d’une politique d’arabisation à tout prix et les partisans d’une forme de bilinguisme équilibré, cette situation va contribuer à construire des représentations sociales de la langue française elles aussi contradictoires, vu qu’on considère cette langue à la fois comme langue du colonisateur, et en même temps comme une langue de prestige et de promotion sociale, une langue d’ouverture sur le monde occidental et sur la culture universelle. Elle est à la fois objet d’attachement et de rejet. Bien que le français n’est pas la langues des autochtones en Algérie, mais sa présence dans la vie sociale nous amène néanmoins à nous poser la question de savoir quel est réellement son statut dans la vie des Algériens, car cette présence est plus que concrète même si nous savons que la séparation de l’histoire de la langue française en Algérie avec l’histoire algérienne tout court est une chose impossible.
C’est sans doute ce qui explique les attitudes politiques de nos dirigeants qui se traduisent selon D. MORSLY par « une volonté de renvoyer le français à un statut de langue étrangère. »18. De façon générale, le rapport des locuteurs algériens à la langue française repose constamment la question de la place de la langue et de la culture française dans la société algérienne. Ce n’est donc pas tant le système linguistique en lui-même qui pose problème, mais la prise de position des hommes politiques qui cacherait un mal être plus profond. Il faut savoir que le français, arrivé en Algérie avec la colonisation a été progressivement institué langue officielle de la colonie, ce qui lui a permis d’être enseigné comme seule langue tandis que l’arabe est renvoyé au statut de langue étrangère au même titre que l’anglais ou l’espagnol par exemple. Au lendemain de l’indépendance, l’arabe est restauré, ainsi que le promulgue la constitution, au rang de langue nationale et officielle. Le français, défini comme langue étrangère, conserve néanmoins une place importante dans les medias, la production écrite (littéraire et scientifique), dans le monde de l’économie et de la technologie (où son usage domine largement celui de la langue arabe), dans la conversation quotidienne où il est une composante incontournable du plurilinguisme des locuteurs ; et dans l’enseignement où il est enseigné dés le primaire.
L’enseignement supérieur en Algérie ; La réforme LMD
Comme dans tous les pays en développement, le secteur de l’enseignement supérieur en Algérie est l’objet d’une demande sociale importante. De ce fait, il joue un rôle décisif dans la vie économique, sociale et culturelle du pays. Ce résultat est le fruit d’une politique de scolarisation massive. L’accès à l’université est garanti pour tous, en fonction du mérite des uns et des autres. Ce principe a été et reste un des fondements de la politique de l’enseignement supérieur en Algérie. Par ailleurs, la recherche scientifique a fait l’objet, au cours de ces dernières années, d’une loi d’orientation particulière promulguée en vue de redonner à cette activité l’importance qui lui revient en matière de participation au développement économique et social du pays. En effet, un nouveau système, LMD, a été instauré en vue de promouvoir la recherche scientifique. Le système LMD (licence, master, doctorat) offre l’opportunité aux étudiants d’accéder à un enseignement poussé et leur ouvre les portes de la recherche scientifique. Pour Farid Cherbal, « La réforme LMD est entrée en Algérie dans les « bagages » de l’accord d’association avec l’Union européenne en vue de créer une zone de libre-échange. Qui n’est qu’une appropriation par les Européens de l’architecture du cursus universitaire en vigueur dans les pays anglo-saxons : USA et Royaume-Uni. Le L correspond à licence (BAC +3) équivalent de la licence. Le M correspond à mastère c’est le MA (Master of arts) équivalent du (BAC + 5).
C’est également le niveau de diplôme indispensable pour se lancer dans la formation à la recherche par la préparation d’une thèse. Le D correspond au doctorat (BAC + 8) »19. L’Etat prend de plus en plus conscience de l’importance de la recherche scientifique pour le pays et les programmes gouvernementaux reflètent l’intérêt porté à ce secteur. Ces transformations ont entraîné des évaluations et des remises en cause aboutissant à des réformes profondes. Les secteurs de l’éducation et de l’enseignement supérieur, en particulier, se trouvent en tête de liste. Pourtant, malgré les ressources colossales qui ont été consacrées à ce secteur et les efforts fournis, les besoins n’y sont pas encore entièrement couverts, face, toutefois, à une croissance accrue des effectifs.
Le variationnisme Notre étude s’inscrit dans un domaine purement sociolinguistique et traite plus précisément des variations. Il y a donc lieu de revenir au préalable sur les différentes approches et leurs principaux champs d’investigation. La linguistique de Saussure s’est construite sur le refoulement du caractère social de la langue et même si elle a toujours eu tendance à incorporer à la théorie un objet préconstruit qui est la langue, elle a omit l’histoire sociale qui la façonne. Ainsi, bien que faisant de la langue son objet d’étude, elle ne l’a jamais, pour ainsi dire, considéré dans sa dimension sociale. L’objet linguistique fut donc réduit aux seuls systèmes linguistiques sans considération des conditions d’emploi de ces derniers. Antoine Meillet souligne dans de nombreux textes le caractère social de la langue qu’il considère comme « un fait social ». Même s’il est souvent présenté comme le disciple de Saussure, on constate qu’on réalité tout les oppose : « Lorsque Saussure oppose linguistique interne et linguistique externe, Meillet les associe, lorsque Saussure distingue entre approche synchronique et approche diachronique, Meillet cherche à expliquer la structure par l’histoire. En fait ; tout oppose les deux hommes »20.La langue est un fait social elle doit donc être appréhendée comme tel. La sociolinguistique qui, faisant du fait linguistique son objet d’étude, va s’intéresser à tout ce qui contribue à expliquer les différents usages de la langue. Cette discipline ouvre à une autre façon d’analyser les phénomènes linguistiques, en tenant compte des éléments extralinguistiques, ainsi le caractère social de la langue sera pris en considération, du fait de l’étudier à travers ses réalisations sociales. Elle prend ainsi compte du fait que la langue est un système qui manifeste un ensemble de variations dans ses usages, et dont l’approche sociolinguistique permet de décrire la structuration, en relation avec les représentations partagées par la communauté linguistique. Elle vise donc à expliquer les phénomènes linguistiques à partir de données extralinguistiques.
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Table des matières
Introduction Générale
Problématique
Motivations du choix
Présentation du corpus
Chapitre 1 : AU TOUR DE QUELQUES CONCEPTS INCONTOURNABLES
Introduction
I.1. Le statut du français en Algérie
I.2. L’enseignement supérieur en Algérie ; La réforme LMD
I.3. Le variationnisme
I.3.1. La Sociolinguistique, une science sociale
I.3.2. La Linguistique variationnist
I.3.3. L’approche des faits linguistiques
I.4. Le rapport aux langues et aux usages de la langue
I.4. 1. Compétence linguistique
I.4.2. Représentations et attitudes linguistiques
I.4.2.1. Le préjugé et le stéréotype
I.4.3. L’insécurité linguistique
Conclusion
Chapitre 1I : DE LA VARIATION DU FRANÇAIS À L’OPPOSITION DE L’ORAL ET DE L’ÉCRIT
Introduction
II.1. Les variations et les variables linguistiques
II.1.1. Les variables linguistiques
II.1.2. Les variations linguistiques
II.2. Les variables sociales
II.2.1. La variable géographique
II.2.2. La variable âge
II.2.3. La variable sexuelle
II.3. Les variations du français
II.4. Entre l’oral et l’écrit
II.5. L’importance de l’écrit dans l’enseignement supérieur
II.6. Le rapport à la norme
II.7. Les étudiants, un groupe social
II.8. Différence selon les disciplines
II.9. Échantillonnage
II.10. Présentation de la méthodologie de travail
II.11. Pourquoi des copies d’examen ?
II.12. Description du questionnaire et de la démarche adoptée
Conclusion
Chapitre I1I : L’ANALYSE DES PRODUCTIONS ÉCRITES
Introduction
III.1. Description des sujets d’examen
III.1.1. Le sujet de français
III.1.2. Le sujet d’informatique de gestion
III.2. L’analyse contrastive et le concept d’erreur
III.3. Les paramètres d’analyse
III.4. La théorie du transfert, des interférences et de contact de langues
III.5. L’analyse des copies
III.5.1. Les éléments présents dans les copies des étudiants des deux filières
III.5.1.1. Erreurs graphiques
III.5.1.2. Interférence de la langue arabe et berbère dans les écrits des étudiants
III.5.3. L’impact de l’oral
III.5.3.1. L’absence du ne de la négation
III.5.3.2. Les liaisons
III.5.3.3. Accord en genre et en nombre
III.5.3.4. Les ajouts et les omissions
III.5.2. Particularité des écrits de chaque filière
III.5.2.1. La redondance
III.5.2.2. Erreurs liées à la morphologie
Conclusion
Chapitre IV : L’ANALYSE DES QUESTIONNAIRES
Introduction
IV.L’analyse du questionnaire
IV.1. La fiche signalétique
IV.1.1. Le sexe des informateurs
IV.1.2. L’âge des informateurs
IV.1.3. La variable géographique
IV.2. Analyse des questions
IV.2.1. La première question
IV.2.2. La deuxième question
IV.2.3. La troisième question
IV.2.4. La quatrième question
IV.2.4.1. La variable sexe
IV.2.4.2. La variable géographique
IV.2.4. 3. La variable âge
IV.2.5. La cinquième question
IV.2.5.1. La variable sexe
IV.2.5.2. La variable géographique
IV.2.5.3. La variable âge
IV.2.6. La sixième question
IV.2.6.1. La variable sexe
IV.2.6.2. La variable géographique
IV.2.6.3. La variable âge
IV.3. Comparaison entre les jugements que les étudiants ont de leurspratiques du français à l’oral et à l’écrit
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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