Madagascar est cette Grande Ile située au large du continent africain, une île où cohabitent plusieurs groupes sociaux : ceux-ci, par certains côtés, se différencient les uns des autres. Cette différence peut être constatée dans des domaines tels que leur histoire régionale, les mythes d’origine, les fomba ou us et coutumes, etc., car le peuplement de Madagascar s’est effectué à partir de diverses sources et d’origines différentes . Mais ces groupes parlent une même langue appartenant à la famille austronésienne, malgré les différences dialectales constatées à travers ces groupes.
L’unité de la langue malgache qui coexiste avec la diversité des types somatiques a, depuis très longtemps, intrigué les scientifiques de tous bords et de disciplines diverses. D’où les diverses spéculations concernant le peuplement de Madagascar, au XIXe siècle et pendant la période coloniale. En ce qui concerne l’origine des Malgaches, plusieurs hypothèses tendent à affirmer que les Malgaches seraient plutôt d’origine africaine, en se fondant sur l’existence des anciens Vazimba ou des actuels Mikea. D’autres hypothèses défendent plutôt l’idée d’une migration indonésienne qui aurait traversé directement l’Océan Indien, ou ayant eu d’abord un contact prolongé avec des populations de la côte orientale africaine avant leur installation à Madagascar. Il faudrait aussi pouvoir expliquer la présence des différents groupes de Malgaches arabisés. Mais, ce qu’il faut mentionner malgré tout, c’est qu’aucune de ces hypothèses et théories n’a été entièrement vérifiée jusqu’ici, soit par des preuves archéologiques, soit par des études anthropologiques, d’ici ou ailleurs. Les fouilles ont pu seulement certifier une présence humaine sur l’île environ au VIIIème siècle après J-C. Il nous revient de nous documenter par des lectures plus précises sur ce point.
Le tabou de l’inceste
Pour Claude Lévi-Strauss, l’existence de l’interdit de l’inceste est fondatrice de la culture. Autrement dit, le respect de tels interdits au sein du groupe social explique et justifie déjà le respect de la culture. En ce sens, le tabou de l’inceste est conçu comme une règle ou loi sociale, dont le principal objectif est de donner à l’homme la conscience de la valeur de son être afin qu’il puisse vivre loin de l’animalité qui est issue de sa nature elle-même.
Le respect du Fihavanana comme spécificité de la philosophie malgache
La spécificité de la philosophie malgache est située pour nous au niveau du respect du fihavanana. Les Ntaolo malagasy vivaient profondément cet esprit de solidarité sociale et beaucoup de gens tiennent encore jusqu’à ce jour à l’importance de cette solidarité. Règle de conduite morale, le fihavanana devient un élément qui cimente la cohésion sociale dont chacun se sent responsable pour son entretien. Une meilleure existence ne se trouve que dans l’entretien de bonnes relations sociales et nul ne peut vivre heureux sans le respect du fihavanana.
PRESENTATION ET JUSTIFICATION DE LA METHODE RETENUE
Les méthodes
En ce qui concerne notre recherche, nous avons choisi d’adopter une méthode d’investigation à la fois discursive et analytique. Discursive, parce qu’au fond, c’est une lecture discursive qui permet d’aller aussi loin que possible dans la discussion philosophique des auteurs. Analytique parce que sans elle, il serait impossible d’aller jusqu’au bout de l’investigation. La méthode analytique va aussi de pair avec l’esprit critique. Il faut aussi dire que la méthode analytique repose, en quelque sorte, sur une approche comparative. En effet, c’est en commençant par comparer les manifestations de la culture malgache avec celles qui ont cours ailleurs que l’on peut prendre une vue claire des ressemblances et des différences concernant le sens et la valeur des interdits, afin de pouvoir en faire l’analyse. L’objectif est de proposer, sans aucune prétention à l’exhaustivité, une analyse des faits socioculturels malgaches à la lumière d’une étude philosophique du tabou de l’inceste, ainsi que l’indique le titre : « De la prohibition de l’inceste à la cohésion sociale : une réflexion philosophique sur la culture malgache ».
Définition des principaux concepts clés
Les concepts suivants sont à comprendre dans leurs sens à la fois anthropologique et philosophique. Nous avons pu présenter ces définitions des principaux concepts à utiliser dans la future thèse, en nous référant à nos lectures, et en ayant également bénéficié de la consultation de l’Encyclopédie de philosophie Universelle, de l’Encyclopédie Universalis ainsi que de l’Encyclopédie Encarta.
-Acculturation : processus par lequel un groupe humain acquiert de nouvelles valeurs culturelles au contact direct et continu d’un autre groupe humain. L’acculturation peut être réciproque lorsque les croyances et les coutumes des deux sociétés se fondent en une seule et même culture. Plus fréquemment, l’acculturation se fait par assimilation et implique l’existence d’un groupe dominant — par sa démographie, son degré d’évolution technologique ou simplement en vertu du rapport de force politique — auquel le groupe dominé emprunte ses modèles culturels. Cette adoption de la culture dominante est généralement progressive et ne va pas sans engendrer des phénomènes de résistance ou des rejets partiels. Les processus de transmission et d’emprunts culturels que l’on regroupe sous le nom d’acculturation ont été particulièrement étudiés dans l’entre deux guerres par les ethnologues américains Ralph Linton et Melville J. Herskovits et, plus récemment, en France par Georges Balandier.
-Aliénation : du latin « alienato » et « alienus » qui signifie étranger à soi et qui appartient à une autre. Ce terme indique un processus par lequel l’individu est dépossédé de luimême, il devient l’esclave des autres ou des choses. Parlant de choc des cultures, on l’identifie parfois comme étant une conséquence de l’acculturation.
-Anthropologie : du latin « anthropos » et « logos » qui veut dire ensemble des sciences qui étudient l’homme sous l’angle soit physique, soit social et culture. On la définit aussi comme étant une science de l’homme ou étude de l’homme concernant sa vie individuelle et collective. L’anthropologie constitue un champ de recherche fondamentalement pluriculturel. Les premières études anthropologiques concernaient les peuples et les cultures autres qu’occidentales, alors qu’un grand nombre de recherches récentes décrivent également les cultures de l’Occident. Les anthropologues travaillent principalement sur le terrain, mettant l’accent sur les expériences de première main et l’immersion de l’observateur dans les activités, les pratiques et les croyances d’une société ou d’un groupe social.
-Anthropologie culturelle : c’est une science de l’homme qui s’intéresse à la société humaine au plan culturel (ses croyances, ses coutumes, ses institutions etc.) Les recherches portant sur la production de la nourriture, l’organisation sociale, la religion, les habitudes vestimentaires et culinaires ainsi que la culture et les langues entrent dans le champ de l’ethnographie, discipline qui se veut uniquement descriptive. L’analyse comparative des descriptions ethnographiques, la recherche des principes universels auxquels obéissent les différents schémas culturels constituent la tâche propre de l’anthropologie sociale et culturelle.
-Anthropologie philosophique : c’est l’étude philosophique de l’homme (son être, sa pensée, sa philosophie, sa personnalité…) Toute théorie de l’aliénation reste une théorie philosophique, une anthropologie philosophique, dans la mesure où elle opère avec des notions telles que essence de l’homme, nature générique, devenir autre, devenir étranger, devenir extérieur, objectivation, désappropriation, réappropriation.
-Anthropologie sociale : c’est une science de l’homme basée sur l’étude de l’organisation sociale tant au plan matériel que spirituel. Elle est une des bases de recherches scientifiques visant à découvrir tout ce qui concerne l’homme (son histoire concrète dans le temps lointain et proche qui est subjectivement relative à des structures sociales établies.
-Apparenté(e)s : se dit de deux ou plusieurs personnes ayant un lien social et culturel, favorisant, pour ce qui concerne les Malgaches, le principe du «fihavanana». Décrit également les liens de consanguinité au niveau d’un groupe social ; le lien de parenté peut être déterminé par le sang, comme parenté à plaisanterie (ziva, mpiziva à Madagascar) ou par alliance.
-Barbare : c’est le « non civilisé », dans l’optique de l’ethnocentrisme grec occidental. C’est-à-dire dans la cité grecque à l’époque, tous pays qui ne pratiquent pas le mode de vie ou la culture athénienne sont considérés comme des barbares. Historiquement, la barbarie est un stade où la raison qui est une faculté humaine n’est pas développée. L’homme y vit de la pure sensibilité. Barbarie : définit par Engels à la suite de Morgan comme : « période de l’élevage du bétail, de l’agriculture, de l’apprentissage des méthodes qui permettant une production accrues des produits naturels. D’un autre sens, elle prouve le degré de l’intégrité des vieux liens de consanguinités de la tribu (…). » .
-Cohabitants : ceux qui habitent ensemble et qui ont à peu près la même conception vis-àvis du bon fonctionnement de la société. Ils forment la base de ce qu’on appelle « Fokonolona » à Madagascar.
-Cohésion sociale : c’est le degré d’attraction d’un groupe sur ses propres membres. Il désigne donc l’ensemble des champs de forces agissant sur des membres d’un groupe pour qu’ils y demeurent. Chez la société malgache elle se fonde tant sur le respect de la consanguinité que sur celui de la différence entre les groupes existants.
-Communauté : du latin « communitas » ou communauté esprit de société. C’est aussi le caractère de ce qui est commun, relation sociale consistant en commun ou possession commune. Chez les Malgaches en général, elle pourrait exprimée par le fiarahamonina, qui leur permet de vivre dans une solidarité quelle que soit la diversité.
-Comportement : du latin « portare » ou porter et « cum » ou avec. Terme associé à la définition par le « béhaviorisme » de l’objet même de la psychologie (entendue comme science du comportement). Les sciences du comportement ont comme domaine d’études ce qui porte principalement sur la compréhension, la prévision et le contrôle du comportement humain, en particulier sur les types de comportement résultant des relations interpersonnelles. Si un grand nombre de disciplines se consacrent partiellement à l’étude du comportement, seules certaines d’entre elles relèvent de la catégorie des sciences du comportement. Ces disciplines comprennent l’anthropologie, l’éducation, la science politique, la psychiatrie, la psychologie et la sociologie. Pour les Malgaches, le comportement est quelque chose de changeable et que l’on pourrait changer s’il le faudrait. D’où cette fameuse expression « tarehy ratsy tsy azo ovana, toetra ratsy azo ialana », cela veut dire qu’on pourrait se comporter mieux si l’on voudrait bien.
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Table des matières
Introduction
I. Présentation du sujet
I.1.Motivations à l’endroit du sujet de recherche
I.2.Elément de la problématique
I.3.Spécification en profondeur
I.4.Spécification verticale
II. Questions spécifiques de recherche
II.1.Le tabou de l’inceste
II.2.Le respect du Fihavanana comme spécificité de la philosophie mal malgache
III. Présentation et justification de la méthode retenue
III.1.Les méthodes
III.2.Définition des principaux concepts clés
IV. Bibliographie en partie commentée
Ouvrages et articles commentés
Liste des ouvrages et articles consultés
Webographie
Dictionnaires et encyclopédies
Liste des ouvrages encore à rechercher
V. Plan détaillé provisoire de la future thèse
Conclusion