COMMENT AVOIR UNE POSITION ETHIQUE DANS CE METIER ?
De la morale professionnelle à l’éthique de l’enseignant
Depuis le début du XXème siècle, le monde de l’enseignement s’est vu changé grâce à l’évolution de la pensée. La vision de ce métier était avant tout guidée par le Code Soleil, livre qui avait pour but de guider les instituteurs. Sa première publication remonte à 1923 et cela grâce à Joseph Soleil, son auteur, et grâce au Syndicat National des instituteurs. La soixante-deuxième et dernière édition date de 2005 et n’a pas été mise à jour depuis.
Ce texte était composé de deux parties : Une partie morale professionnelles et une partie législative. Néanmoins, la partie concernant la morale professionnelle a été abandonnée en 1979, mais pour quelles raisons ?
Nous pouvons voir grâce à l’article de Jacques Lagarrigue qu’au fil des publications, le rôle de l’enseignant évolue. Ainsi, en 1923, « l’instituteur véritable modèle identificatoire offert aux enfants doit afficher une conduite irréprochable ». On constate aussi que jusqu’en 1952, le Code Soleil a un lien très étroit avec la religion. Nous pouvons voir que le vocabulaire religieux tend à se renforcer. Nous pouvons lire que l’instituteur exerce un « magnifique apostolat ». De plus, selon Lagarrigue, on constate un concept très misogyne de la profession enseignante. Il était possible de lire dans la publication de 1952 que « la « demoiselle » de l’école ne doit pas vivre esseulée comme une sainte dans sa niche, mais elle ne saurait non plus impunément s’associer à des exubérances de mauvais aloi, ni se prêter à des fréquentations douteuses ».
Dans l’édition de 1979, la responsabilité de l’instituteur reste toujours attachée à des valeurs morales. En effet, il est possible de lire que « la vie privée de l’instituteur doit donc être un reflet des valeurs qu’il est chargé de transmettre à ses élèves ». La morale professionnelle apparaitra pour la dernière fois dans cette version du guide pour les enseignants. La disparition de cette partie dans le Code Soleil a lieu au profit d’une réflexion éthique de la société et du rôle de l’enseignant, ouvrant la réflexion à une mise à jour des conceptions et valeurs du métier d’enseignants. Comme le précise Jacques Lagarrigue,La disparition de la partie morale du Code Soleil devenait alors inéluctable, témoignant ainsi du passage d’une conception normative de la société à une conception davantage tournée vers l’éthique.
En d’autres termes, comment garder une trace écrite d’une pensée en perpétuelle mouvement et où la pensée unique n’a pas de place. La disparition de la morale professionnelle laisse place à une liberté de pensée qui s’adapte à son époque et à différents contextes. Ainsi, par exemple, l’enseignante n’est plus une « demoiselle de l’école » et n’a plus à se comporter comme un modèle irréprochable dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée.
Le postulat d’éducabilité
Philippe Meirieu présente, dans Le choix d’éduquer, le postulat d’éducabilité.
Cette théorie met en avant le fait que tout être humain a le droit d’être éduqué. Il est exclu pour un enseignant d’empêcher quiconque d’accéder aux savoirs et à l’éducation. Philippe Meirieu précise dans son ouvrage :
Eduquer, c’est précisément, promouvoir l’humain et construire l’humanité. […] C’est pourquoi décider – ou même seulement accepter – de priver délibérément, ne serait-ce qu’un seul individu de la possibilité d’accéder aux formes les plus élevées du langage technique et artistique, à l’émotion poétique, à l’intelligence des modèles scientifiques, aux enjeux de notre histoire et aux grands systèmes philosophiques, c’est l’exclure du cercle de l’humanité, c’est s’exclure soi-même de ce cercle.
On peut aussi ajouter, qu’empêcher une personne d’accéder à l’éducation, c’est aussi le priver de sa liberté. Il complète sa pensée en affirmant que « le postulat de l’éducabilité est scientifiquement faux, mais éthiquement juste et nécessaire » , puisqu’il est considéré comme un pari sur l’humain.
L’éducabilité de tous est donc un principe heuristique, c’est-à-dire que l’enseignant ne doit pas chercher une cause à de possibles échecs à venir. Il doit être conscient des inégalités intellectuelles et physiques mais ne doit pas réfléchir ou même penser au risque d’échec scolaire que certains élèves peuvent rencontrer. Il doit « faire comme si », expression que Meirieu a lui même tiré du livre Lettre à une maitresse d’école (1968), écrit par 8 élèves de l’école de Barbania à leur ancienne maitresse qui les considérait comme irrécupérables.
La question de l’autorité à l’école
La relation entre l’enseignant et l’élève a toujours été marquée par un rapport d’autorité. Inconsciemment, chacun des deux partis signait un contrat acceptant une relation de type asymétrique, c’est-à-dire que, comme le dit François Dubet , « longtemps l’autorité du maître d’école a été naturelle ». Cette relation d’autorité était fermement fondée par la tradition et le passé.
En effet, d’après Hannah Arendt, dans ce monde qui s’est construit et a appris du passé, l’élève voyait l’enseignant comme un représentant légitime du passé. Dubet précise que « l’enseignant portait la vocation de l’école républicaine. », ce qui était accepté par les parents et les élèves et ce jusqu’aux années 1960. Cette autorité n’était pas associée à l’époque à de la tyrannie ou à de la dictature, mais juste au fait que l’élève avait pleinement conscience que cette autorité n’était que dans son intérêt et lui permettait de se développer correctement dans la société de tous les jours et d’acquérir des connaissances et des savoirs-faires.
Néanmoins, aujourd’hui, nous ne pouvons plus voir les choses de la même façon.
Effectivement, Hannah Arendt disait que « la crise de l’autorité dans l’éducation [était] étroitement liée à la crise de la tradition ».
De plus l’autorité est vue de façon négative de nos jours puisque nous l’assimilons souvent à des termes tels que l’obéissance, à une forme de pouvoir ou de violence sur autrui.
Or, l’éducation ne peut se passer de l’autorité et de cette tradition puisque nous tirons nos apprentissages du passé pour mieux construire notre avenir. Comme le disait Hannah Arendt, il est nécessaire de séparer le domaine de l’éducation des autres domaines et d’oublier cette « obsession de la nouveauté et le mépris du passé qui sape les fondements sur lesquels elle se repose ». Elle ajoutait que la crise de la culture est trop portée sur l’avenir. Mais comment construire son avenir lorsque l’on refuse son passé ?
Qui plus est, à partir des années 1980 – 1990, on constate une crise massive de l’autorité en milieu scolaire. Les symptômes de cette crise sont des dérives, des abus, de la violence et des incivilités.
Toutefois, Felix Garcia Moriyon insiste, lui aussi, sur cette nécessité d’un rapport d’autorité entre l’élève et son professeur.
La dissymétrie entre l’élève et le professeur est accompagnée de la reconnaissance par l’élève de l’autorité du professeur ; cette autorité se trouvera accentuée si elle se présente dépouillée de tout pouvoir coercitif et favorise la reconnaissance rationnelle par l’élève que sans cette autorité il n’y a aucune possibilité d’arriver à être lui-même.
Il dit en effet que les deux parties ont des devoirs l’un envers l’autre (tout en respectant les droits de chacun) et donc que c’est grâce à ce rapport que l’élève se construit, devient par la suite autonome.
De plus, il ajoute que l’enseignant n’a pas qu’un rôle d’éducateur mais a aussi un rôle social et politique puisqu’il est un représentant de l’Etat et contribue à l’insertion sociale de l’élève dans la société.
Comme le montre l’extrait suivant du livre 1 de L’Emile, ou de l’éducation, écrit par Jean-Jacques Rousseau, l’homme ne peut ni être autonome, ni avoir son libre arbitre sans éducation préalable.
Nous naissons faibles, nous avons besoin de forces; nous naissons dépourvus de tout, nous avons besoin d’assistance; nous naissons stupides, nous avons besoin de jugement. Tout ce que nous n’avons pas à notre naissance et dont nous avons besoin étant grands, nous est donné par l’éducation.
Malheureusement, on constate depuis deux décennies, la difficulté pour les enseignants de garder une attitude éthique dans leur rapport aux élèves malgré cette perte de l’autorité. C’est ce que nous montre Martine Fournier dans son article Autorité, où sont passés les modèles. Elle met en avant le désarroi des enseignants face à des élèves de plus en plus contestataires.
Bilan
Freud disait dans son ouvrage Analyse terminable et interminable (1937) qu’éduquer (« Erziehen » en allemand), soigner (« Kurieren ») et gouverner (« Regieren ») étaient les métiers les plus difficiles.
On peut voir, à partir de cette première approche de la notion d’éthique dans le monde de l’éducation, que le métier d’enseignant n’est assurément pas un métier facile.
L’éthique est un concept philosophique très difficile à comprendre et pourtant primordial si l’on souhaite être un excellent professeur. Il est en effet nécessaire de comprendre les différences entre les termes éthique et morale, de comprendre que l’éthique découle de la morale, tout en se distinguant par sa modernité et la pluralité de sa valeur. On peut ajouter que l’éthique s’apparente à une différence entre le bon et le mauvais, tandis que la morale correspond plus à une différence entre le bien et le mal.
Dans le métier d’enseignant, certaines sphères requièrent de nos jours une attitude et une réflexion éthique sur des questions telles que l’éducabilité des élèves ou encore l’autorité à l’école.
Le postulat d’éducabilité de Meirieu met en avant le fait que l’enseignant doit tenir compte de l’hétérogénéité de sa classe et chercher à amener tous ses élèves vers la réussite scolaire.
L’autorité, quant à elle, reste toujours une interrogation à cause de sa difficile mise en place à l’école.
De plus, ces deux idées, chacune portée par de grands penseurs, en l’occurrence Philippe Meirieu pour le postulat d’éducabilité et Hannah Arendt pour ce qu’elle appelait la crise de la culture, se confrontent dans le seul et unique intérêt de mener les élèves à la réussite scolaire.
La deuxième partie de ce travail va donc s’attarder sur les conceptions et opinions des enseignants actuels quant à leur métier. En effet, le Bulletin Officiel numéro 29, du 22 Juillet 2010, définit les dix compétences du métier d’enseignant et la toute première compétence est : « Agir en fonctionnaire de l’Etat et de façon éthique et responsable. »
PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL
Problématique
De nos jours, la profession enseignante se retrouve face à une crise majeure de l’éducation. Bien sur, tous les sujets propres à cette crise ne peuvent pas être traités.
Mais nous souhaitons nous concentrer sur des questions telles que « Quelles sont les conceptions des enseignants face à l’éthique de leur profession ? Comment agir face à ses élèves ? Comment rester à jour face à une évolution des pensées en continuel bouleversement ? Et comment réagir face à des élèves ayant des niveaux et des besoins différents ? Comment faire pour garder son autorité face à des élèves et des parents de plus en plus contestataires ? »
Au travers d’une étude de terrain, nous nous focaliserons sur les différentes interprétations des termes « éthique » et « morale » dans le cadre de leur travail. En effet, face à une certaine indécision quant à la véritable signification du terme « éthique », il est tout à fait possible de rencontrer des enseignants ne connaissant pas la réelle défini tion de ces deux termes, voire les confondant.
Nous étudierons aussi la question d’éducabilité.
En effet, beaucoup pensent que Meirieu et Arendt s’opposent par leur façon de penser l’éducation.
Effectivement, Meirieu favorise la réussite de tous, et cela en acceptant l’idée d’éducabilité de tous les élèves, tandis qu’Hannah Arendt favorise l’enseignement et l’apprentissage par l’usage de l’autorité pour le groupe classe.
Ces deux célèbres auteurs et modes opératoires étant complètement opposés, les enseignants peuvent tout à fait s’appuyer sur l’une de ces deux doctrines sociologiques pour de développer leur propre pensée et leur propre pédagogie afin d’amener les élèves à la réussite scolaire.
Pour finir, notre étude se portera sur la question de l’autorité, un des thèmes centraux de l’Ecole actuelle.
D’après Hannah Arendt, notre civilisation souffre d’une crise de l’autorité.
Jusqu’aux années 1960, l’enseignant avait une autorité légitime vis-à-vis de ses élèves puisqu’il leur transmettait des savoirs nécessaires pour la vie de tous les jours. Il était le représentant de l’Etat. Or, dorénavant, cette autorité est contestée par les élèves mais aussi parfois par les parents.
Donc comment font les enseignants pour garder cette autorité dans leur classe ? Est-il possible pour un enseignant de faire preuve d’autorité avec ses élèves sans pour autant créer de situations conflictuelles ?
Hypothèses de travail
Grâce à cette enquête de terrain, plusieurs hypothèses de travail apparaissent.
En effet, nous pourrons remarquer quelles idées soumettent les enseignants lorsque nous leur demandons ce que sont l’éthique et la morale selon eux. Etant des notions difficiles à aborder, nous constaterons surement des divergences puisque l’éthique et la morale peuvent être vues comme étant une seule et même idée pour certains, alors que pour d’autres, ces deux termes se distinguent de part leur origine, leur sens respectif.
On fait aussi l’hypothèse selon laquelle une majorité d’enseignants privilégient le postulat d’éducabilité des élèves en tenant compte de l’hétérogénéité de leur classe mais aussi leur rapport à l’élève, la relation qu’ils créent avec celui-ci. Dans un contexte social en ébullition, l’enseignant choisit une dynamique pédagogique qui ne sert que les intérêts de l’élève et permet ainsi sa réussite scolaire. Et cela tout en gérant des acteurs de plus en plus anti-conformistes vis-à-vis de l’autorité à l’école.
Nous supposons que cette question de l’autorité reste primordiale pour les enseignants puisque, selon Hannah Arendt, elle semble nécessaire pour une transmission du savoir plus facile et cela dans un cadre de travail agréable.
De plus, la vision de l’autorité sera peut-être très différente selon les enseignants puisque pour certains, elle connote une vision péjorative, proche de l’absolutisme, alors que pour d’autres, elle représente une exigence sans pour autant priver l’élève de sa liberté.
De plus, nous émettons l’hypothèse qu’il existe un lien entre l’avancement de l’enseignant dans sa carrière et l’assimilation des différents paradigmes cités plus haut.
En effet, nous pouvons nous demander si l’enseignant, grâce à son expérience au fil des années, le recul qu’il obtient de celle-ci, n’a pas une vision différente d’un professeur qui débute et ne connait que l’enseignement d’un point de vue théorique.
De plus, l’expérience professionnelle, les différentes situations vécues doivent surement permettre à l’enseignant d’acquérir des compétences pour pouvoir gérer la question del’autorité dans sa classe.
Nous pouvons constater que dans 67 % des cas, la relation de confiance est bien présente en classe. Néanmoins, il est surprenant de voir que dans 22% des cas, cette relation de confiance n’est qu’approximative et que dans 11% des cas, on ne parle pas de relation de confiance. L’analyse des réponses permettent de comprendre les 22% d’enseignants ayant répondu de façon approximative. En effet, pour Michelle, la confiance entre elle et ses élèves existe bien, mais à « des degrés différents suivant le caractère des enfants ». Elle précise que cette confiance est indispensable et permet à chaque enfant de trouver sa place dans la classe et donc de s’intégrer.
Quant à Isabelle, la confiance est « primordiale » dans la classe. Néanmoins, elle admet qu’il est parfois possible de constater des tensions dans sa classe.
Enfin, selon Manon, qui correspond au 11% des personnes sondées, les élèves de trois à dix ans sont trop jeunes pour entendre parler de confiance. Elle ajoute que la confiance s’établit plus entre les enseignants et les parents des élèves.
Pour conclure, la relation entre l’enseignant et l’élève n’a pour objectif que la réussite de ce dernier. Grâce à une relation construite dans le respect de l’un et de l’autre, l’apprentissage peut s’effectuer sans difficultés des deux côtés. En effet, la relation entre l’élève et l’enseignant ne se base pas uniquement sur les différents apprentissages de 67 % 22% 11 % Oui totalement Approximativement Non l’élève. Selon Lise, Noémie et Aude, cette relation se base sur un échange réciproque, que cela soit de par l’apprentissage des savoirs que par l’aspect humain de cette relation.
Nous pouvons même ajouter que cette relation doit correspondre, inconsciemment, à un travail d’équipe. Qui plus est, au fil de l’analyse, nous avons constaté qu’encore une fois, l’avancement dans la carrière ne jouait pas spécialement de rôle dans les réponses des enseignantes. Les thèmes abordés ne sont pas plus traités par l’une ou par l’autre, les priorités n’ont ici aucun rapport avec l’âge ou l’expérience des enseignantes.
Pour finir cette enquête, nous avons voulu interroger les enseignantes sur leur conception de l’autorité à l’école.
Nous avons observé que la totalité des enseignants admettait avoir un rapport d’autorité avec les élèves. Pour Véronique, cette autorité est naturelle, pour Aude, elle est légitime et pour Pascale, celle-ci est forcément présente puisqu’il existe un règlement dans l’école et dans la classe et force donc l’élève à respecter la loi.
Pour quelles raisons les enseignants font preuve d’autorité à l’école ? Les réponses sont très variées. Selon Lise, Michelle et Rachel, l’autorité en classe permet à l’enseignant de se faire respecter et ainsi permettre un apprentissage plus facile pour les élèves. Isabelle écrit aussi que l’autorité permet par la suite à chacun de connaitre sa place, que cela soit pour les élèves que pour l’enseignant. L’autorité permet la mise en place de repères pour l’élève pour qu’il se construise.
Néanmoins, cette autorité n’est pas complètement acquise. En effet, Aude ajoute que l’autorité tend à s’effacer et que l’enseignant a de moins en moins d’influence sur les élèves. On remarque ici une référence à ce qu’Hannah Arendt appelait la crise de l’autorité. Isabelle, elle, précise que l’autorité est « un problème principal pour un jeune enseignant ». L’autorité étant de plus en plus remise en question dans le monde de l’enseignement, il est tout à fait possible de faire un lien avec l’expérience de l’enseignant.
En effet, un enseignant ayant 30 ans d’ancienneté aura davantage de vécu et de recul par rapport à l’attitude qu’il devra adopter vis-à-vis de ses élèves alors qu’un enseignant qui débute sa carrière, tel qu’Aude ou Isabelle, aura plus de mal à se faire respecter, ne connaissant pas encore toutes les situations de classe possibles.
En conclusion, nous avons pu remarquer que la question de l’autorité à l’école est toujours présente, même si elle n’est pas évidente pour les élèves, comme le dit Véronique : « Je trouve [les élèves] un peu jeunes pour en parler ». Qui plus est, il n’y a qu’Aude et Isabelle, les deux plus jeunes enseignantes qui constatent des difficultés dans la mise en place de l’autorité dans leur classe tandis que pour Pascale et Véronique, cette autorité semble naturelle, innée.
Il est donc possible d’émettre un lien entre l’avancement de l’enseignant dans sa carrière et l’application rigoureuse mais honnête de l’autorité dans la classe.
Bilan des résultats
Cette étude de terrain nous a permis de mettre en évidence les différents degrés de compréhension des thèmes inhérents au sujet principal de ce mémoire.
Nous proposons désormais de faire la synthèse de nos observations lors de cette étude pour chaque concept vus.
En ce qui concerne les théories d’éthique et de morale, nous aurons constaté que les enseignants connaissaient chaque concept sans trop d’erreur. En effet, selon la majorité des cas, l’éthique correspond à une règle comportementale d’un professionnel, dans un cadre donné et cela découlant des règles morales, tandis que la morale correspond à un ensemble de règles, de valeurs universelles permettant le respect des individus et des structures sociales. Leur relation, quant à elle, se définit par une liaison purement étymologique et une divergence de par leur portée. En effet, la morale s’apparente à une pensée unique, qui guide les gens alors que l’éthique permet une diversité des idées, des opinions selon le contexte.
Bien entendu, nous avons constaté quelques erreurs de discernement quant aux différentes notions philosophiques étudiées.
Néanmoins, malgré de mauvaises interprétations de ce qu’est l’éthique, les enseignants parviennent à agir de façon éthique et responsable dans leur classe.
Afin de constater cela, nous avons traité de différents points en demandant aux enseignants ce qu’est un bon ou mauvais enseignant, comment définir la relation entrel’élève et l’enseignant, et s’il existe une relation de confiance entre eux. De plus, nous aurons posé la question de l’autorité à l’école, thème qui, comme nous l’avions vu précédemment, fait débat en France actuellement.
Ainsi, selon les enseignantes interrogées, un bon enseignant est celui qui privilégie les intérêts de l’élève avant tout, qui sait le motiver, lui donner confiance en lui, tenir compte de ses différences et de ses besoins afin de le pousser vers la réussite scolaire. Un bon enseignant est aussi quelqu’un de passionné et qui sait se remettre en question, dans le seul but d’offrir le meilleur de lui-même. Enfin, ils n’hésitent pas à communiquer avec ses collègues ou avec les parents des élèves. Ses intérêts sont secondaires comparés à ceux des élèves.
A l’opposé, elles ont spécifié qu’un mauvais enseignant est celui qui néglige la notion d’hétérogénéité de la classe et donc la pédagogie différenciée, qui est irrespectueux de ses élèves mais aussi de ses collègues, qui cherche ses intérêts avant ceux de ses élèves et qui refuse de communiquer avec qui que ce soit. Nous voyons donc que le « mauvais enseignant » est celui qui oublie qu’il fait ce métier dans le but d’amener les élèves aux savoirs et savoirs-faires nécessaires pour la vie en société.
Par la suite, nous aurons questionné ces enseignantes afin de connaitre leur point de vue quant à la relation enseignant / élève.
Quatre éléments importants seront ressortis de ces interrogations : La relation pédagogique en premier lieu, puis l’importance de la communication dans la relation éducative et enfin les thèmes de respect et de confiance entre l’enseignant et l’élève.
En effet, l’enseignant est avant tout là pour transmettre les différents savoirs aux élèves.
Néanmoins, la communication, le respect et la confiance jouent un rôle plus qu’importants dans ce processus car ils facilitent le rôle de l’enseignant, créent une ambiance propice à l’apprentissage et surtout à l’accompagnement des élèves en cas de difficulté.
La suite de l’enquête porte sur cette idée de relation de confiance entre l’enseignant et ses élèves.
Selon les enseignantes, la confiance est une attitude générale qui est nécessaire dans une classe et qui doit être réciproque. En effet, l’élève et l’enseignant doivent se faire confiance mutuellement. De plus, elles ajoutent que cette confiance est indispensable pourfaciliter l’apprentissage car sans confiance, l’élève devient méfiant et se repli sur l uimême.
Mais cette confiance existe-t-elle vraiment ?
Grâce aux réponses des enseignants, nous avons remarqué que celle-ci n’est pas toujours appliquée en classe. Pour certains, certaines tensions subsistent dans leur classe, tandis que pour d’autres, cette confiance s’applique avec des degrés différents selon les élèves. Enfin, une enseignante a affirmé que les élèves de l’école primaire étaient beaucoup trop jeunes pour comprendre la notion de confiance.
Enfin, la dernière notion abordée a été la question de l’autorité à l’école.
Nous avons pu observer que les conceptions actuelles des enseignantes étaient différentes de celle des sociologues et philosophes actuels.
Ainsi, d’après les personnes interrogées, l’autorité à l’école est perçue comme naturelle, légitime et surtout indispensable pour l’apprentissage des élèves.
Cependant, on remarque que pour deux enseignantes, la notion d’autorité pose problème.
Effectivement, pour l’une, l’autorité peut poser problème pour les jeunes enseignants, pour l’autre, l’autorité tend à s’effacer et l’enseignant a de moins en moins d’influence sur ses élèves. On remarque que ces deux enseignantes sont les plus jeunes et celles qui ont le moins d’expériences dans le métier. On peut en conclure que l’avancement dans la carrière offre plus de recul aux enseignants quant à la marche à adopter dans leur classe.
Toutefois, la question de l’autorité n’est pas la seule où l’on peut observer des différences en fonction de la progression des enseignantes dans leur carrière.
En effet, selon l’avancement de l’enseignant dans sa carrière, on constate des priorités différentes en ce qui concerne le comportement d’un bon enseignant. On voit donc, qu’en début de carrière, la passion pour le métier est une priorité alors que pour une enseignante bien avancée, la préférence est mise sur la remise en question de l’enseignant, élément important pour pouvoir s’adapter à toutes les situations possibles et ainsi faire évoluer son enseignement.
Pourtant, en dehors de ces deux problématiques, la question de l’expérience joue peu dans les réponses données. En effet, chaque enseignante y va de son expérience personnelle mais sans que nous puissions constater une évolution de la pensée en fonction de l’âge de chacune d’elles.
CONCLUSION
Le métier d’enseignant demande beaucoup de rigueurs et de compétences. En effet, en plus de maitriser le savoir à transmettre, l’enseignant doit être capable de gérer d’autres aspects plus humains et donc plus complexes de son métier, et cela tout en respectant les personnes autour de lui.
Mais dans quelle mesure le métier d’enseignant relève-t-il d’une réflexion éthique ?
A travers ce travail, nous avons pu exposer dans un premier temps, grâce à des ouvrages de références, ce qu’étaient les notions d’éthique et de morale d’un point de vue philosophique et sociologique pour ensuite nous diriger vers une vision davantage portée sur le monde de l’enseignement.
Ensuite, nous avons concentré notre réflexion sur l’évolution de cette pensée dans le monde de l’éducation, en analysant le changement de la morale professionnelle vers l’éthique de l’enseignement.
Par la suite, nous nous sommes attardés sur le postulat d’éducabilité, théorie préconisée par Philippe Meirieu afin de tenir compte des besoins de chaque individu et ainsi atteindre la réussite scolaire. Et enfin, la question de la crise de l’autorité dans la société actuelle a été étudiée au travers de l’ouvrage d’Hannah Arendt, qui pointe à partir des années 1960, une remise enquestion de la tradition et de l’autorité de façon générale puis, plus précisément, dans lemonde de l’éducation.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. QU’EST-CE QUE L’ETHIQUE ?
A. L’éthique
B. L’éthique dans le monde de l’éducation
II. COMMENT AVOIR UNE POSITION ETHIQUE DANS CE METIER ?
A. De la morale professionnelle à l’éthique de l’enseignant
B. Le postulat d’éducabilité
C. La question de l’autorité à l’école
D. Bilan
III. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE TRAVAIL
A. Problématique
B. Hypothèses de travail
IV. ENQUETE DE TERRAIN
A. Présentation de l’enquête
B. Limites de l’étude
C. Résultats
D. Bilan des résultats
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE