EPIDEMIOLOGIE DU CANCER DU SEIN
Le risque absolu (RA) exprime le pourcentage des personnes atteintes sur un temps donné (5ans, 10ans, ou cumulé sur la vie). Ainsi, le RA d’une femme dans la population générale de développer un cancer du sein au cours de sa vie est de 10 à 12%, soit une femme sur 8 à 10 (5). Le cancer du sein est en constante progression et affecte environ 10% des femmes dans les pays occidentaux (6). En France, il est le premier cancer de la femme avec 49000 nouveaux cas par an en 2005 (25000 nouveaux cas en1985) (7)(8). À Madagascar, aucune donnée n’est disponible pour estimer le taux réel de l’incidence et la prévalence du cancer du sein. Cependant, les données de l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM) peuvent confirmer l’étendue du problème, même si ce n’est pas à l’échelle nationale. En effet, une étude rétrospective menée en 2002 par Raharisolo et son équipe sur les examens histologiques effectués au Laboratoire d’Anatomie Pathologique de l’IPM, pendant 7 ans a trouvé 2 337 cas de cancer tout confondu dont 16 % (373) sont des cancers du sein (9). Le cancer du sein reste une des causes majeures de morbidité et de mortalité dans les pays en voie de développement. A Madagascar, en raison de nombreux facteurs de risques liés aux conditions sociales et sanitaires défavorable, le cancer du sein est présent dans des proportions importantes (9). Cependant, avec l’amélioration des prises en charge actuelles, on note une baisse du taux de mortalité de 10% (10). Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés dans la survenue du cancer du sein dont les plus importants sont : le sexe féminin, l’âge > 50ans (11), les gènes mutés (BRCA1 ou BRCA2) (12), les antécédents personnels ou familiaux de cancer du sein ou de l’ovaire chez deux parentes du 1er degré (13)(14), les lésions histologiques à risque qui se définissent comme des lésions associant une prolifération des cellules épithéliales (hyperplasie) avec des atypies architecturales et cellulaires (hyperplasie canalaire atypique, hyperplasie lobulaire atypique, néoplasie lobulaire in situ) (15)(16). D’autres facteurs moins importants sont : un antécédent de cancer du sein ou de l’ovaire chez une parente du 1er degré (13)(14), un traitement hormonal de la ménopause (17)(18), une forte densité mammaire radiologique (19)(20), une longue durée de vie génitale (puberté < 12 ans, ménopause > 50 ans, nulliparité, absence d’allaitement) (21), première grossesse > 35ans, obésité, grande taille (21), une classe socio-professionnelle élevée.
NB : L’usage d’œstroprogestatifs est de risque minime = 1,1 seulement durant l’usage et 10 ans après (22).
Mammographie
Elle est considérée comme l’approche diagnostique de premier choix pour la pathologie du sein (27). Le développement et l’efficacité des campagnes de dépistage systématique de masse, jointe à l’amélioration de la qualité et de la définition de la mammographie, font que le diagnostic à un stade infra clinique tend à prendre le pas. La mammographie numérique, en constante amélioration, permet désormais d’obtenir une définition comparable à celle des clichés argentiques tout en en améliorant la lisibilité. Selon les recommandations de l’ANAES, le compte-rendu mammographique doit faire l’objet d’un classement utilisant la grille établie par l’American College of Radiology (ACR) (28). Le classement de l’ACR comporte usuellement cinq degrés classés de 1 à 5 selon la probabilité de malignité, un classement ACR 0 signifiant une insuffisance de données et la nécessité d’informations complémentaires. Elle sera bilatérale et réalisée en 3 incidences : face (cranio-caudale), oblique externe et profil strict (5)(29). Elle retrouve typiquement une opacité spiculée, des foyers de microcalcifications, une rupture de l’architecture mammaire, un épaississement ou une rétraction cutanée.
LES CARACTERISTIQUES DU CADRE DE L’ETUDE
Notre étude s’est déroulée au sein de l’UPFR Anatomie et Cytologie Pathologiques du CHUA/JRA. C’est un Hôpital de référence. Il reçoit différents types de prélèvements en provenance des CHU, des CHD, des cabinets médico-chirurgicaux et des cliniques privés d’Antananarivo et de ses environs, et parfois des autres provinces pour des examens anatomo-pathologiques et cytologiques. Le Service d’Anatomie et Cytologie Pathologiques participe également à la formation des médecins généralistes et spécialistes (internes de l’Internat Qualifiant) en Anatomie et Cytologie Pathologiques et en Histologie Embryologie et Cytogénétique. Pour compléter nos données, nous avons consulté les dossiers cliniques des patientes traitées au sein de l’USFR Oncologie du CHUA/JRA avec l’accord du Chef de Service. Le département de Laboratoire comporte plusieurs Unités, qui sont sous la responsabilité d’un Chef de Département : Le Service dispose actuellement comme personnel :
– un chef d’unité,
– internes de l’Internat Qualifiant (IQ)
– un major de service,
– quatre techniciens de laboratoire,
– deux secrétaires,
– deux agents d’appui
Il est muni en outre :
– d’un Laboratoire d’Anatomie Pathologique
– d’un Laboratoire de Cytologie
Méthodologie de l’étude
Nous avons recruté de façon exhaustive tous les prélèvements cytologiques correspondant à une cytoponction mammaire ou à un écoulement mamelonnaire examinés à l’UPFR Anatomie et Cytologie Pathologiques du CHUA/JRA pendant la période d’étude. La collecte des cas est réalisée en dépouillant le cahier de registre du Service. En effet, l’unité de Cytologie ne dispose de matériel informatique que depuis l’année 2008. Tous les examens effectués au Laboratoire de Cytologie étant enregistrés dans le cahier de registre (avant et après la dotation de matériel informatique), nous avons jugé bon d’effectuer nos recherches à partir de celui-ci et de relever tous les numéros d’examens correspondant à une cytoponction mammaire ou à un écoulement mamelonnaire. Nous avons ensuite regroupé les fiches individuelles correspondant aux numéros relevés et nous y avons recueilli les données nécessaires pour l’analyse de chaque cas : la date de l’examen, l’identité et l’âge de la patiente, le nom du médecin préleveur qui correspond en général au prescripteur, le type de prélèvement, les renseignements cliniques, la cellularité des étalements et le résultat de l’examen cytologique. Jusque-là, nous n’avons pas procédé à une relecture des lames pour ne pas modifier ce qui a déjà été établi au moment du diagnostic et pour permettre une évaluation rigoureuse non biaisée de chaque cas. Pour la confrontation des résultats cyto-histologiques, nous avons effectué une recherche à partir du nom et du numéro d’enregistrement de chaque patiente auprès de l’UPFR Anatomie et Cytologie Pathologiques et auprès de l’USFR Oncologie du CHUA/JRA. En effet, l’USFR Oncologie du CHUA/JRA est le seul service habilité pour prendre en charge les cas de cancers diagnostiqués à Madagascar et surtout à Antananarivo. Aussi, toutes les patientes déclarées porteuses d’une tumeur maligne du sein devraient avoir consulté au moins une fois en Oncologie. Dans la réalisation de cette étude la difficulté réside dans le fait que les dossiers cliniques des patientes ne sont pas informatisés, nous obligeant à fouiller dans les archives de l’USFR Oncologie pour les récupérer un à un.
Lésions négatives pour la malignité
• Lésions tumorales bénignes : Dans notre étude, tout prélèvement confondu (écoulement et ponctions), les adénofibromes sont retrouvés dans 34 cas soit 12,59% dans les lésions tumorales bénignes. Le diagnostic cytologique des adénofibromes est généralement facile. En outre, il est utile car elle conforte le diagnostic clinique et mammographique, d’autant que sous réserve de ponctions techniquement correctes, il n’y a guère de faux négatifs (25)(39)(41). Toutefois, on ne peut pas écarter l’éventualité de faux-positifs liée à la complexité des anomalies cytologiques telle que la présence d’atypies cytonucléaires et une anisocytose parfois importante dans les lésions bénignes (25) (42).
• Lésions inflammatoires : Dans notre étude, seuls les mastites et les abcès sont mis en évidence avec 1,48% des cas. Ce faible taux pourrait s’expliquer par le fait que le diagnostic des mastites et des abcès est clinique et ne requiert de confirmation cytologique que quand l’aspect clinique pose un problème de diagnostic différentiel avec un carcinome inflammatoire (43).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS THEORIQUES
I- EPIDEMIOLOGIE DES CANCERS DU SEIN
II- RAPPELS
II-1. RAPPELS SUR LA STRUCTURE DE LA GLANDE MAMMAIRE
II-2. RAPPELS HISTOPHYSIOLOGIQUES DE LA GLANDE MAMMAIRE
II-3. LES MOYENS DE DIAGNOSTIC DES CANCERS DU SEIN
II-3-1. Clinique
II-3-2. Cytologie
II-3-3. Imagerie
II-3-4. Histologie
III- CLASSIFICATION
III-1. CLASSIFICATION CLINIQUE (TNM) DES CANCERS DU SEIN
III-2. CLASSIFICATION RADIOLOGIQUE ACR
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
I- MATERIEL ET METHODE
I-1. LES CARACTERISTIQUES DU CADRE DE L’ETUDE
I-2.TYPE D’ETUDE
I-3. PERIODE DEL’ETUDE
I-4. POPULATION D’ETUDE
I-5. MODE D’ECHANTILLONAGE
I-6. PROCEDURES TECHNIQUES INTERVENTIONNELLES
I-6-1. La réception des lames au Laboratoire
I-6-2. Les techniques de préparation des lames
I-6-3. La coloration des lames
I-6-4. Lecture des lames
I-7. LES PARAMETRES ETUDIES
I-7-1. L’âge du patient
I-7-2. La nature du prélèvement cytologique
I-7-3. Les renseignements cliniques
I-7-4. L’expérience du préleveur
I-7-5. Le lecteur
I-7-6. La cellularité du prélèvement
I-7-7. Le diagnostic cytologique
I-7-8. Le contrôle histologique
I-8. TRAITEMENTS ET ANALYSES DES DONNEES
II- LES RESULTATS
II-1. LA FREQUENCE
II-2. LA REPARTITION SELON L’AGE
II-3. LA RICHESSE CELLULAIRE
II-4. LES RESULTATS CYTOLOGIQUES EN FONCTION DES LECTEURS
II-5. LES RENSEIGNEMENTS CLINIQUES
II-6. LA RICHESSE CELLULAIRE ET PRELEVEURS
II-7. COMPARAISON DES RESULTATS DE CYTOLOGIE ET DE L’HISTOLOGIE
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRE, DISCUSSION, RESULTATS
I- COMMENTAIRES ET DISCUSSION
I-1. SUR L’ETUDE GENERALE
I-I-1. Justificatif de l’étude
I-I-2. Méthodologie de l’étude
I-I-3. Techniques de prélèvement
I-I-4. Techniques de Laboratoire
I-I-5. Lecture des lames
I-2. SUR LES RESULTATS
I-2-1. Fréquence
I-2-2. Age des patientes
I-2-3. Indications
I-2-4. Diagnostic cytologique
I-2-5. Nature du prélèvement
I-2-6. Richesse cellulaire
I-2-7. Ponctionneur/ préleveur
I-2-8. Lecteur
I-2-9. Corrélation histologique
II- SUGGESTION
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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