CYSTICERCOSE PORCINE ET TUBERCULOSE BOVINE A TRAVERS L’INSPECTION DE VIANDE

Cycle évolutif de Cysticercus cellulosae et mode de contamination

                   L’homme représente l’hôte définitif connu du ver adulte : Taenia solium. Le ver, mesurant 2 à 4 m, est constitué d’un long strobile, de scolex s’attachant à la muqueuse de l’intestin grêle de l’hôte, et de plusieurs centaines de segments ou proglottis. Deux mois après l’infestation, les proglottis matures, se détachent de la partie distale du ver et sont excrétés dans les fécès. Chaque segment mature contient entre 50 et 60 000 œufs [15, 16, 19]. La durée de vie de Taenia solium adulte est très longue, elle peut dépasser 10 ans [20]. Le porc qui est coprophage sera contaminé en ingérant les selles infestées. Les œufs ainsi formés éclosent et libèrent l’embryon qui va pouvoir traverser la paroi stomacale ou intestinale, pour se localiser dans tout l’organisme via la circulation sanguine. Seuls les embryons parvenus dans les muscles striés restent viables; ils s’immobilisent dans les fibres musculaires, s’accroissent et donnent les larves infestantes (Cysticercus cellulosae). Le cysticerque se forme en trois à cinq mois et reste infestant pendant environ un an. L’homme en consommant de la viande de porc crue ou insuffisamment cuite contenant les cysticerques développe la taeniase, c’est-à-dire une infection intestinale souvent asymptomatique causée par le ver adulte et le cycle se ferme (Cycle 1).

Situation mondiale de la cysticercose porcine

              Taenia solium, le ver solitaire de l’homme, est un important agent de zoonose en particulier dans les régions les plus pauvres de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine [22]. Cette maladie est cosmopolite ; elle sévit la plupart du temps, dans les pays non musulmans et en voie de développement. Il s’agit de pays à l’élevage porcin important et à l’hygiène vétérinaire insuffisante, permettant cette ladrerie [23]. La cysticercose porcine constitue un problème important dans un grand nombre des pays africains probablement ou les pays au Sud de Sahara, où les conditions d’apparition et de perpétution de cette zoonose sont généralement réunies : conditions hygiéniques pauvres, absence quasi-généralisée de latrines, surtout dans les zones rurales, divagation permanente ou saisonnière des porcs et absence totale d’inspection de viandes des porcs. Au Zimbabwe, 67,6% des carcasses des porcs saisies en un an dans les abattoirs étaient ladres. Au Nigéria, une prévalence de 20% a été rapportée dans l’Etat d’Enugu. En Tanzanie, le taux moyen d’infestation est de 13,3% dans trois communes du pays [5].A Madagascar, les derniers chiffres connus de la prévalence apparente de la cysticercose porcine datent de l’année 2002. L’exploitation des données a permis de montrer que 0,25% des carcasses inspectées ont fait l’objet d’une saisie totale. L’application du texte réglementaire sur le degré de l’infestation des viandes autorisées pour la consommation humaine pourraient être l’exploitation des 0,11% des saisies partielles dont 30,46% des langues, 22,52% des cœurs et de 19,21% des carcasses [24].

Importance de la cysticercose porcine

                   En tant que maladie zoonotique, à part la perte pour les éleveurs lors de la saisie et traitement des viandes ladres, la cysticercose induit des effets néfastes chez l’homme. La gravité dépend de la localisation du parasite. Les localisations les plus graves qui nécessitent une consultation sont en premier lieu le système nerveux central [26] et occasionnellement des signes oculaires ou musculaires chez l’homme [21]. En 1986 à Mexico, a peu près 15 millions de dollars américains ont été dépensé pour des soins hospitaliers pour les patients atteints de neurocysticercose [27]. Au Cameroun, l’évaluation du traitement de la neurocysticercose est estimée à 261 euros par cas [28]. Une étude réalisée à Madagascar en 2010 reflète les coûts totaux de santé humaine de la cysticercose qui sont de 981.512.448.000 Ariary [14]. Ceux-ci impliquent le coût de consultation, le dépistage et le traitement des malades, la perte de productivité (inaptitude de l’homme à travailler) due à la maladie. Chez le porc, le coût social engendré par la cysticercose du point de vue économique, et en termes de rendement en viande et la saisie totale de la viande infestée au niveau de l’abattoir. Parmi les pays pauvres, rien qu’en Inde, le coût social annuel de la cysticercose porcine est estimé à environ 150 millions de Dollar américains [4]. En Afrique de l’Ouest et Central, la perte due à la cysticercose porcine est évaluée à 25 millions d’Euros [29]. En Chine, la perte économique annuelle est estimée à peu près de 121 millions de Dollars américains. La perte pour la cysticercose porcine sur la saisie de la viande ladre dans les tueries est estimée à 35.254.292.034 Ariary à Madagascar en 2010 [14]

Résistance du bacille tuberculeux

Les agents chimiques : les mycobactéries sont plus résistantes aux antiseptiques et désinfectants que les bactéries usuelles. Les bacilles tuberculeux résistent aux acides et aux bases en solution, d’où la difficulté d’une désinfection efficiente. Mais d’un cas pratique, cette propriété permet la décontamination des matières virulentes avant l’ensemencement. Pour la désinfection des matériels et locaux, l’utilisation d’une solution de phénol à 30g/L ou des hypochlorites est plus courante. Les mycobactéries sont également sensibles au formol, à l’iode et à l’alcool.
Les agents physiques : les traitements thermiques ont fait leur preuve contre les mycobactéries ; ils sont tués 20 minutes à 60°C et 20 secondes à 75°C. Elles résistent au froid et à la dessiccation mais sont sensibles à la lumière et aux rayons UV. Une fois excrété dans le milieu extérieur, le bacille peut survivre pendant plusieurs mois. Les mauvaises conditions d’hygiène favorisent leur conservation et leur multiplication [52, 60, 70]. Le Centre National de Référence des Mycobactéries et de la Résistance aux Anti tuberculeux (CNRMyRMA) émet la possibilité que des protozoaires ubiquitaires de l’eau pourraient être des réservoirs de mycobactéries [71].

Principales lésions tuberculeuses chez les animaux de boucherie

 Bœuf : Le complexe primaire apparait le plus souvent au niveau des poumons. Des lésions caséo-calcaire sont alors observées. Il est par contre plus rare au niveau de l’intestin. Très souvent il y a stabilisation des lésions. Des complexes primaires dissociés sont alors observés. Mais au cas où les défenses de l’organisme sont diminuées, tous les tableaux lésionnels sont envisageables.
 Veau : Le complexe primaire se stabilise très rarement et il se situe préférentiellement au niveau du poumon puis du foie. C’est la tuberculose de généralisation progressive qui s’observe ensuite, la tuberculose miliaire aigüe étant rare. La difficulté dans l’inspection est de mettre en évidence la présence de caséum puisqu’il apparaît clair [54, 71, 73].

DISCUSSION

                   En parlant de la méthodologie, c’est une étude descriptive de type prévalence, prospective, et transversale effectuée sur des bovins et porcins abattus au moment de l’enquête dans les trois tueries municipales du district d’Amparafaravola. Un biais de recrutement des animaux lié à la dissimulation des viscères par leurs propriétaires est intervenu. Tous les animaux abattus ont été retenus pour l’inspection mais certains bouchers n’appréciaient pas les incisions des organes comme le cœur pour les porcs et le foie pour les bovins en plus de crainte d’éventuelles saisies. Enfin, concernant la tuberculose bovine, l’inspection des ganglions nous a confronté quelquefois à des aspects douteux qui rappellent un tubercule fibreux. Cette confusion a pu biaiser le relevé de l’effectif total des porteurs de lésions. Ainsi pour avoir la certitude d’être en présence de lésions tuberculeuses, un couplage avec un diagnostic anatomo-pathologique pourrait se faire. Ici, le jugement de ce type de lésion a conduit à limiter les sujets douteux au profit des sujets négatifs. La sensibilité de l’inspection post mortem est difficile à évaluer. En Australie, une étude a montré que 47% des lésions ne sont pas détectées lors d’une inspection de routine par rapport à une inspection approfondie [83]. Cette étude concernant la cysticercose porcine et la tuberculose bovine à Amparafaravola à travers l’inspection des viandes a permis de révéler des prévalences instantanées respectives de 0,83% et de 30,67%. La variation de la prévalence de la tuberculose bovine est confirmée par l’étude effectuée par (Ranaivoson A. et Rakotozandrindrainy R., 2006) : le pourcentage d’animaux porteur de lésions tuberculeuses varie selon le technicien et les inspections sérieuses de viandes . Le résultat observé à la suite d’inspection méthodique et minutieuse par le spécialiste varie entre 20 à 30% au niveau de l’abattoir frigorifique d’Antananarivo contre 4% de porteurs de lésions au niveau des tueries et aires d’abattage [67]. Une étude de la tuberculose bovine à Antsiranana I à travers l’inspection des viandes a permis de révéler une prévalence instantanée de 11,8% en 2010, un chiffre qui se rapproche des résultats de la tuberculination effectuée en 1996 alors que les relevés d’abattoir observés pour la même période présentent 5% pour l’inspection des viandes [52]. Déjà en 1971, une enquête menée sur les relevés d’abattoir concernant la tuberculose a présenté une faible prévalence de 6% dans la circonscription d’élevage d’Antsiranana [84]. Les chiffres pour les autres circonscriptions d’élevage concordent cependant avec ceux de la tuberculination, ou du moins ne présentent pas un tel écart comme le cas d’Antsohihy avec 21, 4% de bovins tuberculeux en 1971 contre 21,22% par tuberculination. De septembre à novembre 2009, une étude menée sur la fasciolose bovine dans la tuerie d’Ampasika a déterminé la prévalence des autres maladies observées, dont la tuberculose qui présente une prévalence de 36% pour les bovins provenant de la région SOFIA, et 14,2% pour BOENY [86]. Ces chiffres sont élevés par rapport aux résultats de l’ID de 1996 avec une prévalence de 9,6% pour Mahajanga et 21,22% pour Antsohihy [65]. On s’interroge alors sur les raisons de ces décalages entre ID et l’inspection postmortem. En France en 2005, 64% des nouveaux foyers de tuberculose ont été découverts à l’abattoir contre 8% seulement par l’ID [73]. L’inspection post mortem est donc primordiale pour la lutte contre la tuberculose. La qualité de l’inspection et le respect des procédures de routine influencent beaucoup les résultats d’inspection. Dans les pays en voie de développement, l’enjeu économique de la tuberculose bovine repose sur les manques à gagner qu’entraînent les saisies à l’abattoir et la perte d’éventuels marchés au niveau des échanges commerciaux entre pays. Les saisies à l’abattoir frigorifique d’Antananarivo destinées à l’exportation en 1994 représentaient des pertes économiques de 765.798.960 Ariary par an [66]. Notre étude a révélé seulement en trois mois et demi pour le district d’Amparafaravola, une perte de 3.750.000 Ariary, ainsi pour une année, les pertes s’élèveront à 421.871.520 Ariary. Avec un manque à gagner de 9 Kg par animal dans la production et à cause des saisies dans les tueries, Madagascar perd 13.809.280.040 Ariary par an. Concernant la cysticercose porcine, les saisies par porc ladres dans les trois tueries sont estimées à 189.000 Ariary, donc une perte de 1.122.660.000 Ar en une année. Madagascar perd 26.962.173.000Ar par an. Les résultats montrent qu’il est rare de trouver des associations d’organes lésés par rapport aux localisations uniques. Les associations poumon-foie et foie- intestin grêle sont les plus fréquentes touchant 6,5% des bovins suspects de la tuberculose ou 54,6% des cas d’association montrant l’expansion préférentielle de proche en proche des bacilles sur ces organes. Ces résultats sont en désaccord avec plusieurs études où la grande majorité des lésions se trouvent dans la cavité thoracique et la tête [50, 51, 52, 73, 76, 77]. Cependant, l’étude rétrospective des cas de saisies pour tuberculose bovine dans les trois tueries municipales montre que le poumon est plus touché par rapport aux autres organes (voir figure 46). De 2011 à 2013, le foie représente 27,70% à 40,40% des saisies pour tuberculose et l’intestin grêle représente 13,85% à 16,4%. L’étude des corrélations interrégionales des lésions tuberculeuses faite par Blancou en 1976 a également montré que la région de la tête est plus atteinte par rapport à la région abdominale (24% contre 9,85%). L’inspection de routine est de nouveau mise en cause. Plusieurs études ont déjà rapporté que le sexe n’avait pas d’influence sur l’apparition de la tuberculose. Concernant certains résultats prouvant une association, il s’est avéré que la proportion des femelles touchées présentait surtout des facteurs débilitant leurs défenses comme la mise bas ou l’allaitement. Dans notre étude, il y a eu une différence non significative entre les 2 sexes. L’étude de la tuberculose bovine à Madagascar en 1971 a montré que les mâles castrés étaient plus sensibles que les mâles non castrés et les femelles. Blancou en déduit que les mâles castrés parqués pendant la nuit sont plus en contact avec la maladie, contrairement aux non castrés [84]. En 2005, Ngandolo démontre une sensibilité à la maladie différente par sexe suivant la classe d’âge au Tchad. Les mâles ont été plus nombreux dans la classe d’âge [1 – 3 ans] contrairement aux femelles, plus nombreuses dans les classes d’âge [4 – 6 ans] et [7 – 9 ans] [55]. Dans notre étude, l’âge indiqué dans les dossiers relatifs aux animaux varie de 5 à 14 ans. Pour les districts d’origine, la taille des échantillons ne permet pas de mettre en évidence une différence significative entre les proportions mais sur les 241 bovins provenant des élevages d’Amparafaravola, 75 ont présenté des lésions tuberculeuses. L’association entre la tuberculose et l’origine des bovins est plus probablement liée au mode d’élevage qui varie selon les régions. Plusieurs études ont montré que le mode d’élevage intensif représentait un important facteur de risque quant à la propagation de l’infection [84, 86, 87]. Étant une ville rurale, le parcage des bovins la nuit est plus sécurisante mais augmente par contre les risques de transmission par promiscuité. Pour la recherche d’association entre la maladie et l’état de carcasse, des différences significatives ont été notées. La maladie étant chronique, des répercussions sur les performances à développer la musculature est notable chez ces bovins. Par contre, pour la comparaison des moyennes de poids chez les tuberculeux et les non tuberculeux, la méthodologie n’a pas été adaptée à cause des conditions d’inspection aux tueries. Il aurait effectivement fallu que les bovins soient répartis en groupes : âge et format. Les formats de ces bovins abattus étaient très variés même pour des animaux de même tranche d’âge. Des études en Afrique sur le rendement en carcasse ont montré que le périmètre thoracique des bovins est proportionnel au poids vif de ces derniers [88]. De plus, un protocole de pesée a été possible, les poids ont été relevés lorsque les bouchers eux-mêmes pesaient les carcasses. Les poids sont donc directement demandés aux bouchers, ce qui augmente les risques d’erreurs. En principe, tout ce qui tend à affaiblir l’organisme de l’animal est susceptible de favoriser l’apparition de la maladie. Nous n’avons pas pu effectuer une recherche d’association entre les autres maladies bovines et la présence de lésions tuberculeuses ; et entre les autres maladies porcines et la présence des larves cysticerques. Notamment pour la douve de foie et l’oesophagostomose pour les bovins et la peste porcine pour les porcs car pour le groupe des bovins tuberculeux, la recherche des autres lésions a été plus ou moins bâclée à cause de la cadence d’abattage. En parlant de l’étude rétrospective, nos recherches se sont limitées aux données disponibles auprès des archives de l’inspection de viande chez les trois vétérinaires sanitaires. Elles ne nous ont pas permis d’avoir une évolution sur une dizaine d’année au moins compte tenu du caractère enzootique de ces deux maladies dans le pays. Ce fait révèle une défaillance de la conservation de tous les rapports et documents chez ces vétérinaires sanitaires. La prévalence de la tuberculose bovine dans les trois tueries municipales est toujours faible de l’ordre des 5% et celle de la cysticercose porcine est toujours inférieure à 1%. Les remarques faites précédemment sur les méthodes d’inspection des inspecteurs peuvent laisser supposer que plusieurs cas de tuberculose et de cysticercose porcine leur échappent. En comptant tous les cas enregistrés durant notre étude et en ignorant même tous ceux qui ont pu nous échapper, la prévalence se situe à 10% pour la tuberculose bovine et 0,25% pour la cysticercose porcine. Les prévalences annuelles de la tuberculose bovine et de la cysticercose porcine sont restées constantes depuis ces 5 dernières années. Par contre, l’effectif total des bovins et porcins abattus par an augmente fortement depuis 2010. A partir de 2008, le nombre de porteur de lésions et des larves de cysticerques est resté proportionnel à l’effectif total abattu. L’OIE affirme pourtant que l’augmentation de la taille des troupeaux a joué un rôle important dans l’augmentation des cas de tuberculose bovine dans les premières décennies du XXème siècle [75]. Le tableau indiquant l’évolution des saisies dans les trois tueries municipales montre qu’en 3 ans aucune carcasse n’a été concernée pour la tuberculose bovine. Même étant rares, les lésions dans les ganglions des carcasses ne sont pas inexistantes. Parmi les 300 bovins intégrés dans notre étude, 1,29% présentaient des lésions granulomateuses au niveau du nœud lymphatique pré scapulaire. Blancou rapporta 2,5% en 1976 [77]. Les saisies totales non plus ne sont pas mentionnées pour les bovins, les bouchers « épluchèrent » les lésions sur les carcasses pour les rendre plus présentables. En parlant l’état des tueries, les mauvaises conditions d’hygiène commencent dès le début de la chaîne d’abattage jusqu’à la livraison des carcasses par des moyens de transports inadaptés. Tous les points cités précédemment compromettent non seulement la santé des consommateurs mais aussi ne permettraient pas de retracer l’étiologie d’un problème en cas de survenue de danger. Les bacilles tuberculeux sont très résistants dans le milieu extérieur, surtout dans des conditions non hygiéniques. Aucun assainissement n’est effectué. Ainsi le consommateur peut être contaminé au cours de la préparation des viandes à lésions tuberculeuses ainsi que les animaux élevés au voisinage des tueries vont être en contact continue avec le bacille. L’identification des animaux par ailleurs se fait par différents marquages, l’utilisation de la boucle n’étant pas appliquée. Certains pratiquent l’incision des oreilles et ou le marquage au fer chauffé. On comprend donc que ce système ne résout rien quant aux vols de zébus puisqu’il est facilement modifiable. En regard de cela, les systèmes d’enregistrement ne sont pas informatisés et les marques non uniformisées donc il serait démesuré de retrouver le marquage d’un zébu dans tout un registre. C’est pourtant par ce système d’identification et de traçabilité que commence un réseau d’épidémio surveillance. Ce réseau n’aura d’intérêt que lorsque la prévalence réelle de la maladie aura diminué significativement. Si on veut éradiquer complètement la cysticercose porcine, l’amélioration apportée à l’élevage devrait se baser surtout sur la suppression de l’élevage en divagation selon l’Arrêté Interministériel 2082/00 du 08-03-00 (ANNEXE 4) portant interdiction de la divagation des animaux de l’espèce porcine. Cependant, il ne faut pas forcer les paysans à abandonner cette pratique mais les sensibiliser sur le mode d’infestation et les aspects zoonotiques et pathologiques du parasite afin qu’ils prennent conscience des dangers et des pertes que la cysticercose porcine peuvent entraîner. La lutte contre la taeniase consiste à traiter les porteurs de ténia suivi de mesures de surveillance, notamment l’amélioration du diagnostic de la taeniase dans les structures hospitalières et leur traitement systématique. A cet effet, des techniques de diagnostic beaucoup plus sensibles et spécifiques sont recommandées pour améliorer la détection des porteurs de Taenia solium qui pourront ainsi être traités. L’éducation sanitaire est un outil important dans chaque programme de contrôle de maladies parasitaires afin d’améliorer l’hygiène sociale. Il est possible de réduire significativement la prévalence de la cysticercose porcine par une campagne d’éducation sanitaire dans une communauté rurale. Un tel programme pourrait être exécuté par les agents du service régional de l’élevage. Le test sérologique est une méthode de détection de la cysticercose porcine plus sensible que l’examen lingual en utilisant les techniques de l’ELISA [36, 37] et/ou l’EITB [38]. En 2008, les analyses économiques et financières des plans de lutte contre les principales maladies animales à Madagascar, ont révélé que la tuberculose bovine a un fort impact et devrait faire l’objet d’une attention particulière en matière de lutte et de mobilisation de moyens [89]. L’état de lieu et le suivi des maladies comme la tuberculose bovine devraient faire l’objet de recherches au niveau des établissements d’enseignement supérieur (tels que le Département d’Enseignement des Sciences et de Médecine Vétérinaire, le Département Elevage de l’Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques…) afin que des données biologiques et économiques soient disponibles et renouvelées. Elles devaient ainsi être restituées et prises en compte lors des séances de redéfinition d’une politique par les autorités compétentes. Jusqu’à maintenant, la tuberculose bovine ne fait l’objet d’aucune mesure de lutte à Madagascar. Rappelons que la prévalence nationale est de 10,22% et à Amparafaravola, cette étude a montré que 30,67% des bovins abattus étaient suspectés de la tuberculose. Ce taux élevé de l’infection entraîne des conséquences économiques importantes sur la filière bovine, causées par des pertes directes provenant des animaux malades, des saisies aux abattoirs et des pertes indirectes par la baisse de performance des animaux infectés. L’urgence serait donc de réduire cette prévalence. Il faut faire une tuberculination progressive du cheptel mais les financements ne permettront pas de couvrir une tuberculination/abattage à court terme vu la prévalence élevée de la maladie. De plus, Valette explique qu’il existera toujours 3 à 5% d’animaux anergiques qui recontamineront les troupeaux [84]. 11 foyers sur 45 déclarés tuberculeux en Côte-d’Or (France) en 2010 ont été sujets à une recontamination à la suite d’abattage total de leurs cheptels [90]. La méthode applicable pour Madagascar est la tuberculination progressive de son cheptel en commençant par les vaches laitières pour ensuite étaler le programme sur les zébus si les financements le permettent. Une recherche de coopération internationale favorisera la mise en place d’un projet de dépistage collectif et d’abattage des animaux testés positifs avec indemnisation des éleveurs. En plus de ceux-ci, il faut inciter l’Institut Malgache de Vaccin Vétérinaire ou IMVAVET à fabriquer de la tuberculine localement. Les recherches sur la vaccination des bovins contre la tuberculose devraient être encouragées car elle semblerait être la méthode la plus acceptée psychologiquement par les éleveurs. Effectivement, comment expliquer à un éleveur que son animal apparemment sain devrait être abattu ? Elle permettrait également de faire baisser significativement la prévalence de la maladie et ainsi rendre possible la méthode de dépistage/abattage rendue moins pesante pour l’économie. A Madagascar, la durée de vie économique d’un zébu est de 7 à 8 ans. Les essais vaccinaux effectués en 1973 par Cheneau sur des zébus malgaches ont également permis d’observer que la disparition de l’allergie post vaccinale s’obtenait au bout de 2 ans [91]. Il serait donc intéressant de vacciner les veaux pour réduire les risques d’infection et d’expression d’une tuberculose évolutive et généralisée. Pour les pays industrialisés où les animaux de rente ont un cycle de vie court, cette vaccination n’est pas recommandée puisqu’elle interfère sur les résultats tuberculiniques. Elle est plutôt intéressante dans la perspective d’interdire l’abattage des animaux sauvages tuberculeux. En attendant un succès sur la recherche vaccinale, le moyen de lutte le plus approprié serait de faire en sorte que la morbidité de la tuberculose diminue. La tuberculose après son introduction dans l’organisme du bovin, évolue en un complexe primaire qui se stabilise facilement à condition d’une bonne réaction immunitaire venant de l’hôte. Ainsi, le premier stade vers l’éradication de la maladie consiste en l’amélioration des pratiques zootechniques des éleveurs et l’augmentation de la résistance des animaux par les déparasitages et l’application correcte de la vaccination. Il est donc recommandé de :
 Améliorer l’alimentation aussi bien en quantité qu’en qualité par l’installation des pâturages et la maîtrise des feux de brousse, vulgariser la pratique de l’embouche semi-intensive et de la culture fourragère. L’ajout de compléments alimentaires serait également un atout. Une étude menée sur des zébus d’Adamaoua au Cameroun a révélé que le groupe ayant reçu des compléments alimentaires avait mieux résisté à la saison sèche que l’autre groupe n’ayant pas pris de compléments [92].
 Encourager les éleveurs à investir dans la prévention des maladies et augmenter la couverture vaccinale. En 2011, cette couverture vaccinale peinait à atteindre les 100% dans le district d’Amparafaravola.
 Vulgariser les bonnes conduites d’élevage : hygiène de l’étable, des parcs.
Pour la réduction de la diffusion des bacilles tuberculeux, le contrôle des circuits commerciaux des bovins est de mise dans les communes rurales d’Ambohijanahary et de Morarano Chrome. En tenant compte le circuit commercial des bovins, une collaboration avec les districts limitrophes sur la lutte anti- tuberculeuse demeure indispensable. Une délimitation officielle de ce circuit permettrait une meilleure maîtrise des troupeaux [87]. Lors d’une conférence en 2005, l’OIE cite la tuberculose bovine comme l’une des principales maladies à redouter pour les animaux et l’Homme au cours d’une transhumance [93]. Les mesures minimales d’hygiène dans les tueries devraient être exigées et contrôlées par les autorités compétentes. L’adduction d’eau potable facilite le nettoyage régulier des aires d’abattage, cependant un programme de nettoyage-désinfection plus adapté devrait être mis en place. Finalement, c’est l’organisation des inspections au niveau des trois tueries municipales d’Ambohitrarivo, de Tanambe, de Morarano Chrome dans le district d’Amparafaravola qui doit être améliorée au niveau de la sécurité des intervenants et au niveau de la cadence d’abattage. Une collaboration avec le responsable de l’établissement (commune) et des bouchers est nécessaire pour le bon déroulement des inspections.
 L’application les textes relatifs à la lutte contre la tuberculose bovine à Madagascar nécessite la collaboration de plusieurs acteurs :
 Ministère de l’Elevage et de la protection animale
 Ministère de Finance et du Budget
 Ministère de la Santé publique
 Ministère de la défense nationale
 Ministère de la décentralisation
 Parallèlement, lutter contre les parasites afin de contribuer au renforcement de la résistance à tuberculose. Rappelons que le parasitisme élevé constitue non seulement, un terrain privilégié pour la maladie, mais aussi augmente le risque de confusion avec cette maladie cachéctisante.
 Mettre en place des postes de sécurité aux alentours des « kijany ».
 Lutter contre les abattages clandestins et le renforcement des conditions d’inspection de salubrité des viandes à la tuerie, au marché, et à l’étal du boucher.
 Réaménager les tueries suivant le principe de marche en avant.
Les tueries doivent être réaménagées de façon à ce que l’installation de ses équipements permette un mode de fonctionnement, des règles d’hygiène et une organisation du service d’inspection garantissant la sécurité des consommateurs et du personnel. Il devra comporter au moins un parc d’attente, un couloir d’acheminement des animaux, un local d’abattage, d’habillage, un local pour les triperies et boyaux, une salle frigorifique qui servira de salle de stockage et un secteur sanitaire qui seront disposés de façon à ce que la marche en avant soit respectée. Les aménagements permettront surtout l’application des mesures de prophylaxie générale, en l’occurrence la destruction des saisies dans les tueries. Il doit également être équipé en matériel de relevage et de manutention nécessaires aux opérations de préparation des carcasses. Un réseau aérien de manutention permettra de réduire au minimum la manipulation des viandes. Les paillasses et les bacs à boyaux doivent être en nombre suffisant pour les vidanges des organes abdominaux et le premier lavage. Les canaux d’évacuation doivent être de diamètres conséquents à l’abondance de déchets et d’eaux usées à évacuer. Finalement un système d’assainissement des eaux usées et la construction d’un incinérateur devraient être mis en place afin de limiter la pollution de la ville. Les lieux d’abattage des bovins et des porcins doivent être séparés dans les trois tueries municipales.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. Rappels sur la cysticercose porcine
I.1. Historique
I.2. Définition de la cysticercose porcine
I.3. Agent pathogène de la cysticercose porcine
I.4. Cycle évolutif de Cysticercus cellulosae et mode de contamination
I.5. Situation mondiale de la cysticercose porcine
I.6. Importance de la cysticercose porcine
I.7. Diagnostic
I.8. L’examen ante mortem
I.9. Examen post mortem
I.10. Le test sérologique
I.11. Traitement de la cysticercose porcine
I.12. Prophylaxie de la cysticercose porcine
II. Rappels sur la tuberculose bovine 
II.1. Historique
II.2. Définition et importance de la tuberculose bovine
II.2.1. Définition
II.2.2. Importance économique
II.2.3. Problème pour la santé publique
II.3. Situation de la tuberculose
II.3.1. Dans le monde
II.3.2. En Afrique
II.3.3. Situation de la tuberculose à Madagascar
II.4. Etiologie et pathogénie de la tuberculose bovine
II.4.1. M. bovis
II.4.2. Pouvoir pathogène du bacille
II.4.3. Contamination et dose infectante
II.4.4. Evolution de l’infection tuberculeuse
II.5. Immunité tuberculeuse
II.6. Lésions de la tuberculose bovine
II.6.1. Les formes évolutives
II.6.2. Les formes stabilisées
II.6.3. Principales lésions tuberculeuses chez les animaux de boucherie
II.7. Symptômes de la tuberculose bovine
II.8. Diagnostic de la tuberculose bovine
II.8.1. Clinique
II.8.2. ID-TEST
II.8.3. Bactériologique
II.8.4. Post- mortem
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I. Méthodes
I.1. Caractéristiques du site d’étude
I.1.1. Cadre de l’étude
I.1.2. Présentation du site
I.1.3. Justification du choix des trois tueries municipales
I.1.4. Type d’étude
I.1.5. Période d’étude
I.1.6. Durée d’étude
I.1.7. Population de l’étude
I.1.8. Mode d’échantillonnage
I.1.9. Taille de l’échantillon
I.1.10. Modes de collecte, de saisie, et d’analyse des données
I.1.11. Considérations éthiques
I.2. Matériels
I.2.1. Animal
I.2.2. Documents d’archive
I.2.3. Matériels d’inspection et de récolte de données
I.3. Méthodes
I.3.1. L’inspection sanitaire des viandes
I.3.2. Description des tueries
II. Résultats
PORCS
II.1. Résultats de l’inspection
II.1.1. Résultat de l’inspection ante mortem
II.1.2. Résultats de l’inspection post mortem
II.2. Etude rétrospective
II.2.1. Evolution des cas de la cysticercose dans les trois tueries municipales d’Ambohitrarivo, de Tanambe et de Morarano Chrome
II.2.2. Evolution des cas de saisie dans les trois tueries municipales
II.2.3. Evolution des maladies observées dans les trois tueries municipales
BOVINS
II.3. Résultat de l’inspection
II.3.1. Résultat de l’inspection ante mortem
II.3.2. Résultats de l’examen post mortem
II.4. Etude rétrospective
II.4.1. Evolution des cas de tuberculose dans les trois tueries municipales de 2009 à 2013
II.4.2. Evolution des cas de saisies dans les trois tueries municipales de 2011 à 2013
II.4.3. Evolution des différentes maladies observées dans les trois tueries municipales
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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