Cysticercose porcine a travers l’inspection de viande

Tænia soluim est un ver plat qui parasite l‟homme lors d‟ingestion de viande de porc ladre crue ou insuffisamment cuite ou lors d‟ingestion d‟un aliment ou d‟eau de boisson contaminée par les fèces humaines [1]. L‟appellation de la maladie est différente selon l‟évolution du parasite impliqué, cysticercose ou « ladrerie » pour l‟infestation à la larve de cysticerque, et téniasis pour le ver adulte. La cysticercose est une zoonose c‟est à dire une maladie transmissible à l‟homme par les animaux vertébrés et vice versa [2] qui figure dans la liste des Maladies Tropicales Négligées ou MTN [3]. Elle est fatale avec deux formes : neurologique et médullaire chez l‟homme [4]. La situation mondiale de la prévalence de la cysticercose et du téniasis est différente selon la variabilité des ressources de chaque pays [5]. D‟après l‟Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cette parasitose infeste plusieurs états : en Amérique centrale, et en Amérique du sud (région des Andes, Brésil, Mexique), en Asie : la Chine, la Papouasie, Nouvelle Guinée et le sud de l‟Asie [6]. Les chinois sont des personnes très particulières dans la consommation des porcs car ils détiennent le record des consommateurs dans le monde avec une prévalence en cysticercose de 15%, allant jusqu’à 40% selon les régions avec une prévalence de 0,14% a 3,2% en téniasis [7, 8]. En Europe, la cysticercose est considérée comme une parasitose contrôlée et presque éradiquée grâce aux progrès sociaux et à l‟inspection minutieuse des viandes [9]. Dans le monde il existe encore des pays quasi totalement indemnes de la maladie comme l‟Afghanistan, l‟Iran, l‟Irak, et le Pakistan cela est dû à la dominance de la religion musulmane qui évite tous contacts avec les porcs [10 ,11]. L‟Afrique avec un nombre inestimable de pays sous développés, est le foyer principal de cette parasitose [7]. Le taux de prévalence est impossible à déterminer à cause de l‟insuffisance de matériels et à l‟existence de la forme asymptotique de la maladie [12]. A Madagascar, avec une prévalence de 0,7% chez les êtres humains, la cysticercose affecte surtout les femmes. Cette prévalence s‟élève jusqu‟à 20% dans les districts d‟Ihosy, d‟Ambositra, et de Mahasolo alors qu‟elle est inferieure à 10% à Mahajanga et à Toamasina [13]. Chez les porcs, les données d‟abattoirs en 2010 montraient que parmi 269573 porcs inspectés, 1378 ont été porteurs de cysticerques dont 439 saisies totales et 909 saisies partielles [14].

Dans le district de Mandritsara, aucune étude de prévalence de la cysticercose n‟a été menée, jusque là, ce qui nous amène à poser la question suivante : « Quelle serait la prévalence de la cysticercose porcine dans ce district ? ». Les réponses à ces questions apportent des nouvelles bases de données et de nouvelles connaissances. Sur le plan médical, elles consistent à protéger la santé publique. Les résultats obtenus pourraient être utilisés par d‟autres chercheurs pour valider la présente étude.

QUELQUES DEFINITIONS

Zoonose
D‟après l‟Organisation Mondiale de la Santé (OMS), en 1959, les zoonoses sont définies comme étant « des maladies et infections transmissibles naturellement des animaux vertébrés à l‟homme et vice versa ». Le terme vice versa signifie que l‟on retrouve l‟infection à la fois chez l‟homme et chez l‟animal et qu‟elle se transmet indifféremment de l‟homme à l‟animal et de l‟animal à l‟homme, on parle alors d‟amphixénose comme le cas de téniasis [15].

Taenia solium
Plus connu sous le nom de « ver solitaire » [16], T. solium est l‟agent responsable de la maladie. La forme adulte du ver est responsable de téniasis et la forme larvaire, appelée Cysticercus cellulosae ou Cysticercus racemosus de la cysticercose qu‟on trouve normalement chez le porc [17].

Téniasis
C‟est une infestation due au ténia adulte, spécifiquement humain et à localisation intestinale. Elle est due a l‟ingestion de viande de porc crue ou mal cuite contenant des cysticerques infectants [18, 19]. Il existe également un autre ver plat responsable de l‟infestation et qui se trouve normalement chez le bovin nommé Taenia saginata mais l‟étude se concentre uniquement sur le ver Taenia solium[20,21].

Cysticercose
La cysticercose ou « voavary » dans la langue malgache est due au parasitisme du porc et de l‟homme par la forme larvaire de Tænia solium appelée Cysticercus cellulosae, [18, 22, 23]. C‟est une maladie habituelle du porc mais qui peut affecter accidentellement l‟homme [24].

Cysticerque
C‟est une vésicule d‟aspect blanchâtre mesurant de 5 à 12 mm, renfermant un seul scolex invaginé avec quatre ventouses et une couronne de crochets. Sa paroi possède trois couches, une externe syncitiale pourvue de fines villosités, une moyenne musculo-fibreuse et une interne sécrétoire (sécrétion d‟un liquide qui maintient la vésicule sous tension) [21].

DESCRIPTION DU VER 

Caractéristiques morphologiques de Tænia solium 

Le ver adulte

C‟est un ver plat blanc brillant (2 à 8 m), rubané et segmenté en 1000 à 2000 anneaux ou proglottis. L‟ensemble des proglottis forme le corps de ténia ou strobile. La tête ou le scolex est sphérique, d‟un diamètre de 1 mm. Le scolex possède 4 ventouses arrondies. Le rostre est court et muni d‟un double couronne de crochets (ténia armé) au nombre de 22 à 32 avec alternance de gros crochets (160 à 180 μm) et de petits crochets (110 à 140 μm). Le système reproducteur est constitué de 2 lobes ovariens, d‟un amas de 300 à 1200 glandes testiculaires et d‟un utérus très développé. La durée de vie du ténia adulte est très longue, de l‟ordre de plusieurs années, en absence de traitement [21,22].

La larve de cysticerque

Aspect macroscopique
On distingue trois aspects différents [23, 24]: Le type classique et habituel est le type correspondant à Cysticercus racemosus, une vésicule sphérique ou ovoïde, mesurant de 0,5 à 1,5 cm de diamètre ; Les formes sphériques mesurent 8 à 12 mm et 5 à 6 mm pour les vésicules ovoïdes. La forme ovoïde existe en particulier dans les muscles. Ces formes ne contiennent pas de scolex et sont dites larves acéphalocystes. Elles sont ramifiées et présentent des petites vésicules secondaires lui donnant un aspect en grappe de raisin de 10 à 20 cm de large. La 3ème forme possède un scolex qui peut être invaginé et une vésicule de plus grande taille que Cysticercus cellulosae.

Aspect microscopique
La vésicule est caractérisée d‟une paroi à une épaisseur de 100 à 200 μm. Elle est constituée de quatre couches : une externe formée d‟un syncytium parsemé de fibres de collagène, pourvue à sa face externe des microvillosités ; trois couches musculaires et fibrocellulaires munie de corpuscules calcaires et d’un stroma lâche [18,23].

Les œufs

Les œufs sont retrouvés dans le milieu extérieur après le délitement des proglottis. Les anneaux mûrs de l‟extrémité distale, constitués du sac utérin rempli d‟œufs, se détachent par fragment de chaînes (de 15 à 20 proglottis) [18]. Les anneaux libres sont alors mélangés aux matières fécales et libèrent souvent les œufs qui seront alors découverts lors de l‟analyse des selles. Le rythme de croissance des vers est d‟environ de 16 anneaux par jour, chaque anneau gravide contient entre 6 000 et 10 000 œufs. T. solium élimine donc 100 000 à 200 000 œufs par jour dont la majorité sera perdue car il n‟y aura pas de rencontre avec l‟hôte intermédiaire [22]. Ces œufs résistent et peuvent survivre dans le milieu extérieur pendant plusieurs mois et même plusieurs années tout en restant infestantes [20].

Classification
Tænia solium, appartient [23] :
– A l‟embranchement des Helminthes (vers) ;
– Au sous-embranchement des Plathelminthes (vers plats) ;
– A la classe des Cestodes (vers plats à corps segmenté) ;
– A l‟ordre des Cyclophyllidea (scolex : c’est-à-dire l‟extrémité antérieure avec 4 ventouses, tocostome absent) ;
– A la famille des Taeniidés ;
-Du genre Taenia ;
-Espèce solium.

Cycle évolutif de Tænia solium

Lors de sa maturité, les proglottis se détachent un à un du strombile, les anneaux sont éliminés dans les selles. Cependant, des œufs ou des embryophores peuvent rester dans les plis de la marge anale [21]. Après l‟ingestion par un porc, un animal volontiers coprophage, les embryophores sont digérés et les embryons hexacanthes libérés traversent la muqueuse, migrent dans la sous-muqueuse du tube digestif et gagnent une veinule ou un canalicule lymphatique. Arrivés au cœur droit, ils passent par la petite circulation puis arrivent dans le cœur gauche. La grande circulation les envoie alors vers les muscles striés. Ils sortent des capillaires, se logent entre les fibres musculaires, et forment des vésicules de 15 x 7 mm [21, 22]. Les larves des cysticerques (Cysticercus cellulosae) peuvent rester vivantes pendant environ un an chez le porc infecté (appelé ladre) [18, 22 ,23]. Le cycle débute chez l‟homme porteur de Tænia solium qui est l‟hôte définitif du parasite. L‟homme, en déféquant dans l‟environnement, élimine les œufs. Le porc, hôte intermédiaire normal du parasite, se contamine en consommant la matière fécale humaine ou des aliments souillés par des déjections humaines. L’homme, en consommant de la viande de porc ladre, crue ou mal cuite [22], sera atteint de téniasis. Dans l’intestin grêle, particulièrement dans le jéjunum, le scolex s’invagine et donne un adulte en 3 à 4 mois. Cependant, l‟homme peut devenir un hôte intermédiaire accidentel soit en consommant des aliments souillés par des déjections humaines ou de l’eau contaminée par des matières fécales humaines infectées. Les personnes porteuses de ténia adultes dans l‟intestin (téniasis) peuvent s‟autocontaminer par le phénomène de régurgitation ou par contamination oro-fécale [23].

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Table des matières

INTRODUCTION
I PREMIERE PARTIE : GENERALITES ET RAPPEL THEORIQUES
I-1 QUELQUES DEFINITIONS
I-1-1 Zoonose
I-1-2 Tænia solium
I-1-3 Téniasis
I-1-4 Cysticercose
I-1-5 Cysticerque
I-2 DESCRIPTION DU VER
I-2-1 Caractéristiques morphologiques de Taenia solium
I-2-2 Classification
I-2-3 Cycle évolutif de Tænia solium
I-2-4 Prévalence et répartition géographique
I-2-5 Clinique : Distribution du téniasis à Taenia solium
I-2-6 Symptômes et lésions
I-2-7 Diagnostic
I-2-8 Epidémiologie
I-2-9 Prophylaxie
I-2-10 Traitement
II DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
II-1 METHODES
II-1-1 Cadre de l‟étude
II-1-2 Type, période de l‟étude
II-1-3 Population d‟étude
II-1-4 Choix de la zone d‟étude
II-1-5 Mode d‟échantillonnage
II-1-6 Matériels et équipements durant la descente sur le terrain
II-1-7 Conduite des travaux sur terrain
II-1-8 Collecte des données
II-1-9 Paramètres étudiés
II-1-10 Analyse statistique
II-1-11 Interprétation des mesures d‟association
II-1-12 Limite de l‟étude
II-1-13 Considération éthique
II-2 RESULTATS
II-4-1 Description de l‟échantillon
II-4-2 prévalence de la cysticercose porcine à travers l‟inspection de viande
II-4-3 Degré de l‟infestation
II-4-4 Facteurs de risque
II-4-5 Conséquences économiques liées à l‟infestation
III TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
III-1 REFLEXIONS SUR LA METHODOLOGIE
III-1-1 Discussion sur la méthodologie
III-1-2 Problèmes rencontrés dans les tueries
III-2 DISCUSSION SUR LES RESULTATS
III-2-1 Prévalence de la maladie cysticercose porcine
III-2-2 Degré de l‟infestation
III-2-3 Analyse des facteurs de risque
III-2-4 Impactes économiques
III-2-5 Suggestions
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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