Cycle sexuel de la chienne
Le pro-oestrus Il correspond au début des chaleurs.
D’un point de vue clinique, on observe un oedème de la vulve, une congestion du vagin dont la muqueuse présente des plis, et, à la commissure vulvaire, des pertes de sang abondantes et fluides. Celles-ci sont dues à la congestion de l’utérus dont la muqueuse, très vascularisée, est épaissie (21). Certaines chiennes cependant perdent peu ou pas de sang (46). Sur le plan comportemental, la chienne refuse en général l’accouplement, jusqu’au pic de LH (Hormone Lutéinisante), situé en général à la jonction du pro-oestrus et de l’oestrus. Les phéromones libérées dans l’urine et les sécrétions vaginales attirent cependant déjà les mâles. Le statut hormonal est modifié par la croissance des follicules ovariens qui produisent alors surtout des oestrogènes. La durée moyenne du pro-oestrus est d’une dizaine de jours, avec des écarts allant de 3 à 20 jours selon les observateurs (52, 46, 35). Certaines races (berger allemand, léonberg, sharpeï) sont connues pour présenter fréquemment un pro-oestrus très long (42). La durée de celui-ci peut également varier d’un cycle à l’autre pour une même chienne (34).
Détermination du moment de la parturition
On peut se référer à la date de saillie, mais la détermination du moment de la mise bas est plus précise si l’on considère la date de l’ovulation. Celle-ci peut être estimée, on l’a vu, par le dosage de progestérone (utilisation de test Elisa semi-quantitatif). L’échographie donne aussi des indications : elle permet d’évaluer le nombre et surtout la vitalité des foetus, ainsi que certaines malformations. On a montré, de plus, qu’il existe, pour une race donnée (labrador), une relation linéaire entre le diamètre bi-pariétal (ou le diamètre tronculaire) des foetus et leur âge, ce qui permet d’estimer la durée de gestation restante (44). On constate une chute de température corporelle de 1°C en moyenne dans les 24 à 48 heures précédant l’accouchement (correspondant à la chute de progestéronémie, et à l’inversion du rapport oestrogènes/progestérone). Ce signe clinique est intéressant car facile à suivre, mais pas toujours fiable : il peut être trop fugace ou au contraire, plusieurs chutes peuvent être observées au cours des 4 derniers jours (62).
Expulsion des foetus et de leurs annexes
Ils sont confondus chez la même chienne (61). La chienne est, en général, couchée sur le côté.
Les contractions, s’intensifiant, provoquent le désengènement placentaire. Le chiot progresse dans les voies génitales sous l’effet des contactions utérines puis abdominales provoquées par son passage à travers le col (réflexe de Fergusson) et apparaît à la vulve, entouré de l’amnios. La présentation est antérieure dans 60 % des cas, postérieure dans 40 %, la première rendant la naissance plus facile par la dilatation du col entraînée par le passage de la tête. L’amnios peut se rompre spontanément, mais c’est en général la mère qui le déchire dans un délai de 30 s à 2 mn au-delà duquel il faut intervenir pour délivrer le chiot de ses enveloppes et éviter sa noyade. Le placenta suit habituellement immédiatement le chiot ou dans un délai allant jusqu’à 15 mn, est le plus souvent mangé par la mère, qui assure ainsi section et hémostase du cordon. L’expulsion des chiots se fait en alternance depuis l’une ou l’autre corne utérine.
Si les contractions sont très intenses, les expulsions sont très rapprochées et la naissance d’un chiot peut précéder l’expulsion du placenta du chiot précédent. La durée de l’expulsion d’un chiot varie de quelques minutes à 1h30, plus longue pour le premier chiot, et en général pour un chiot en présentation postérieure. Entre la naissance de 2 chiots, les contractions se calment, pendant environ 30 mn ; ce repos ne doit pas excéder 3 à 4 heures. La durée totale de la mise bas varie de 4 à 8 heures en moyenne, peut atteindre 24 à 36 heures pour une primipare (61). Pendant et après la mise bas, on peut observer un écoulement vulvaire verdâtre.
L’utéroverdine, produit de dégradation de l’hémoglobine, correspondant à l’élimination des hématomes placentaires, est à l’origine de cette coloration. L’apparition de ces pertes avant l’expulsion du 1er chiot signe le début du désengrènement placentaire, et donc l’imminence de la mise bas.
Hypoxie et acidose
Chez le foetus, les échanges gazeux ont lieu dans le placenta. Le poumon n’est pas fonctionnel. Des mouvements respiratoires existent néanmoins, d’amplitude très réduite, et non efficaces. Au moment de la naissance, le premier mouvement respiratoire est déclenché par l’augmentation de la pCO2 dans les vaisseaux ombilicaux (90), provoquée par leur compression lors du passage dans la filière pelvienne, et par la déhiscence placentaire. Cette augmentation de la pCO2, associée à la baisse de la pO2 et à l’acidose, neutralise le réflexe d’inhibition centrale et active les chémorécepteurs artériels, qui vont stimuler la respiration. La première inspiration détermine le volume des espaces alvéolaires, atélectasiés jusqu’à la naissance, et par conséquent, la capacité respiratoire.
Pour être optimale, elle ne doit pas se faire trop tardivement (expulsion lente, décollement placentaire précoce, ou dépression cardio-respiratoire induite par les anesthésiques utilisés lors d’une césarienne) ou avant que le chiot ne soit délivré des enveloppes foetales (présentation postérieure, ou chienne inexpérimentée ou inquiète qui ne déchire pas suffisamment rapidement la poche amniotique), le prédisposant à aspirer les liquides foetaux. Après la première inspiration, le collapsus alvéolaire est rendu impossible par le dépôt le long de la paroi du surfactant (constitué surtout de phosphatidylcholine) qui en rigidifie la structure (40). La synthèse du surfactant est stimulée par les corticoïdes et les catécholamines (60, 83). Elle est déficiente dans les cas de naissances prématurées, ce qui a pour conséquence d’entraîner une dépression respiratoire grave (81).
On observe alors apnée, ou/puis polypnée (fréquence respiratoire de 40 mouvements par minute, N = 20) et cyanose, parfois vocalisations aiguës. Ces chiots sont alors, mal maternés par la mère, voués à une mort rapide. La ventilation et l’oxygénation sont essentielles. Il convient alors de dégager rapidement les voies respiratoires, en stimulant délicatement l’organisme (en le frictionnant, ou tapotant), en retirant les déchets présents dans l’oropharynx, avec les doigts ou en les aspirant à l’aide d’une poire ou d’une seringue. Les manipulations doivent être douces et mesurées, pour ne pas engendrer de spasme laryngé ou une bradycardie (27, 67). L’hypochloride de doxapram (Dopram), stimulant rapide des centres respiratoires médullaires, peut être utilisé pour initier la respiration. Ventiler le chiot est cependant plus judicieux en première intention : cela permet le déploiement alvéolaire, particulièrement chez le prématuré où les poumons sont collabés (déficit en surfactant).
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Table des matières
INTRODUCTION
RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
1 Rappels généraux sur le cycle sexuel de la chienne
1.1 La puberté
1.2 Les différentes phases
1.2.1 Le pro-oestrus
1.2.2 L’oestrus
1.2.3 Le metoestrus ou dioestrus
1.2.4 L’anoestrus
1.3 Détermination du moment de l’accouplement
1.3.1 Analyse du comportement
1.3.2 Examen des écoulements vulvaires
1.3.3 Résistivité du mucus vaginal
1.3.4 Frottis vaginaux
1.3.5 Dosages hormonaux
1.3.5.1 Dosage de l’OEstradiol
1.3.5.2 Dosage de LH
1.3.5.3 Dosage de progestérone :
1.4 Facteurs influençant la fertilité et la prolificité
1.4.1 Facteurs physiologiques et pathologiques
1.4.2 Durée de l’interoestrus
1.4.3 Âge
1.4.4 Rang de gestation
1.4.5 Suivi des chaleurs
1.4.6 Type d’insémination
2 La gestation
2.1 Durée
2.2 Déroulement
2.3 Déterminisme hormonal
2.3.1 Progestérone
2.3.2 OEstrogènes
2.3.3 Gonadotrophines
2.3.4 Prolactine
2.3.5 Prostaglandines
2.3.6 Thyroxine et cortisol
2.3.7 Relaxine
2.4 Modifications physiologiques
2.4.1 Modifications hématologiques et biochimiques
2.4.2 Modifications respiratoires
2.4.3 Augmentation du débit cardiaque
2.4.4 Activité myoélectrique de l’utérus
3 La mise bas
3.1 Déroulement normal
3.1.1 Détermination du moment de la parturition
3.1.2 Prodromes du part
3.1.3 Stade 1 : dilatation et relâchement du col
3.1.4 Stade 2 et 3 : expulsion des foetus et de leurs annexes
3.2 L’accouchement pathologique
3.2.1 Diagnostic de dystocie
3.2.2 Les différentes dystocies
3.2.3 Déclenchement de l’accouchement
3.2.4 Traitement médical de l’inertie utérine
3.2.5 Interventions obstétricales
3.2.5.1 Extraction forcée
3.2.5.2 Épisiotomie
3.2.5.3 Césarienne
4 Mortalité néonatale
4.1 Anomalies congénitales
4.2 Immaturité du nouveau-né
4.2.1 Hypoxie et acidose
4.2.2 Hypothermie
4.2.3 Déshydratation
4.2.4 Hypoglycémie
4.3 Mortalité liée à la mère
4.3.1 Infections bactériennes
4.3.1.1 Septicémie
4.3.1.2 Syndrome du lait toxique
4.3.1.3 Affections localisées les plus fréquentes
4.3.2 Causes hormonales et métaboliques
4.3.2.1 Équilibre hormonal général
4.3.2.2 Hypoglycémie
4.3.2.3 Eclampsie
4.3.3 Alimentation
4.3.3.1 Équilibre vitaminique
4.3.3.2 Insuffisance en sodium
4.3.3.3 Insuffisance lipidique
4.3.3.4 Syndrome du chiot nageur
4.3.3.5 Syndrome hémorragique
4.4 Mortalité liée à l’environnement (collectivités)
4.4.1 Viroses
4.4.1.1 Herpès Virus
4.4.1.2 Hépatite de Rubarth, Maladie de Carré congénitale
4.4.2 Maladies bactériennes
4.4.2.1 Brucellose
4.4.2.2 Mycoplasmose
4.4.3 Parasitoses
4.4.4 Gastro-entérites multifactorielles
ETUDE RETROSPECTIVE DES DOSSIERS DU CERCA
1 Matériels et méthodes
1.1 Dossiers étudiés
1.1.1 Le CERCA : activités et clientèle
1.1.2 Dossiers du CERCA
1.2 Constitution de la base de données
1.2.1 Critères de choix des dossiers
1.2.2 Collecte et saisie des données.
1.2.3 La base de données
1.3 Analyse statistique
1.3.1 Étude descriptive des données
1.3.2 Tests statistiques utilisés (85
2 Résultats
2.1 Description de la population étudiée
2.1.1 Âge
2.1.2 Races
2.1.3 Poids
2.2 Étude descriptive des données concernant la gestation et la mise bas
2.2.1 Gestation
2.2.1.1 Rang de gestation
2.2.1.2 Durée de gestation
2.2.2 Mise bas
2.2.2.1 Durée
2.2.2.2 Conditions de la mise bas
2.2.3 Caractéristiques des portées
2.2.3.1 Taille
2.2.3.2 Mortalité néonatale
2.2.3.3 Sex-ratio
2.3 Étude des facteurs de risque
2.3.1 Mise bas dystociques (césariennes incluses
2.3.1.1 Age des chiennes au moment de la mise bas
2.3.1.2 Race
2.3.1.4 Rang de gestation
2.3.1.5 Durée de mise bas
2.3.1.6 Taille de la portée
2.3.2 Mortalité néonatale
2.3.2.1 Âge de la chienne
2.3.2.2 Groupe de race
2.3.2.3 Poids de la lice
2.3.2.4 Durée de gestation
2.3.2.5 Rang de gestation
2.3.2.6 Conditions de la mise bas
2.3.2.7 Durée de mise bas
2.3.2.8 Taille de la portée
3 Discussion
3.1 Protocole
3.1.1 Difficultés liées à la récolte d’information et données manquantes
3.1.1.1 Accès au fichier
3.1.1.2 Taux de remplissage des dossiers :
3.1.1.3 Données manquantes
3.1.2.1 Biais liés à la catégorisation des races
3.1.2.2 Données déduites : pertinence des choix
3.1.3 Particularités de l’échantillon et représentativité
3.2 Résultats et prise en charge de la mise bas
3.2.1 Caractéristiques de la mère incitant à une surveillance accrue
3.2.1.1 La race
3.2.1.2 L’âge de la chienne
3.2.1.3 Le rang de gestation.
3.2.2 Suivi de la gestation
3.2.2.1 La durée de gestation
3.2.2.2 La taille de la portée
3.2.3 Gestion médico-chirurgicale de la mise bas
3.3 Bilan et suggestions
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
ANNEXES
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