Physiologie du cycle menstruel
Le cycle menstruel est l’ensemble des phénomènes physiologiques, survenant de façon périodique et préparant l’organisme de la femme à une éventuelle fécondation [47]. Il commence à la puberté et se termine à la ménopause par un épuisement de la réserve ovarienne. Il dure en moyenne 28 jours et la menstruation en est la manifestation la plus visible [24]. C’est un écoulement sanguin incoagulable par les voies génitales provenant de la desquamation de la partie superficielle de l’endomètre [46]. La physiologie du cycle menstruel met en jeu des interactions complexes entre les organes centraux (cortex cérébral, hypothalamus, hypophyse) et les organes cibles (ovaire, endomètre et col de l’utérus, vagin, vulve) (Figure1).
Cycle hypothalamo-hypophyso-ovarien
Il fait intervenir l’hypothalamus, l’hypophyse et les ovaires.
L’hypothalamus
C’est une petite région de la base du cerveau, située entre le chiasma optique, l’espace inter-pédonculaire et le 3éme ventricule. C’est le centre de coordination de toute l’activité génitale féminine. Il régule l’activité de l’hypophyse et secrète, de façon pulsatile, une hormone : la Gonadotrophine Releasing Hormone ou Gonadolibérine (GnRH). Cette dernière commande la sécrétion de l’hormone folliculo-stimulante (FSH) et de l’hormone lutéinisante (LH) par l’hypophyse. L’hypothalamus est étroitement relié au système nerveux, dont il reçoit des informations. Ainsi le stress, les perturbations psychologiques, certains médicaments (pilules), certaines substances toxiques, peuvent modifier la physiologie du cycle menstruel [46].
L’hypophyse
Elle est située à la base du cerveau et constitue la principale glande du système endocrinien [19]. Elle est reliée à l’hypothalamus par le tronc porte hypothalamo hypophysaire. Elle secrète plusieurs hormones, dont l’hormone folliculo-stimulante (FSH) qui contrôle le développement des follicules ovariens et l’hormone lutéinisante (LH) qui déclenche l’ovulation et participe au développement du corps jaune [46].
Les ovaires
Ce sont des organes pairs et symétriques. Les ovaires sont situés de part et d’autre de l’utérus, leur face interne correspond au pavillon de la trompe. Ils sont reliés aux organes voisins (utérus, trompes) par des ligaments ; mais, ils restent libres dans la grande cavité péritonéale [22]. Ils ont deux fonctions principales : une fonction endocrine de sécrétion hormonale (œstrogènes, progestérone, androgènes) et une fonction exocrine de développement folliculaire [46].
Fonction endocrine
Les ovaires sécrètent les œstrogènes, la progestérone et les androgènes. Ils produisent également d’autres substances hormonales : l’inhibine et l’activine synthétisées au niveau des cellules de la granulosa [18]. Le cycle ovarien se déroule en 3 phases : la phase folliculaire, l’ovulation et la phase lutéale.
Phase folliculaire
Elle correspond à la folliculogenèse ou croissance folliculaire. Elle s’étend du 1er jour du cycle à l’ovulation, soit en moyenne 14 jours. Sous l’influence de la FSH, les follicules préantraux vont entamer leur croissance et leur développement. Ils commencent à secréter des œstrogènes dont le taux augmente dès le 5ème jour du cycle, occasionnant une chute du taux de FSH : c’est le rétrocontrôle négatif et la plupart des follicules, qui ne sont plus stimulés par cette FSH, vont commencer à dégénérer : c’est le phénomène de l’atrésie folliculaire. Un follicule, le plus sensible à la FSH, va poursuivre sa croissance et arriver à maturité à la fin de cette phase : c’est le follicule mûr ou follicule dominant ou follicule de De Graaf [48].
L’ovulation
Elle correspond au 14 ème jour d’un cycle de 28 jours. L’ovulation se caractérise par la libération de l’ovocyte mature par l’ovaire. A la fin de la phase folliculaire, la sécrétion d’œstrogènes atteint un seuil et stimule la sécrétion de LH par l’hypophyse. Cette hormone atteint rapidement des taux élevés : c’est le pic de LH qui déclenche l’ovulation en moyenne 36 à 48h plus tard [48].
La phase lutéale
Elle s’étend de l’ovulation à la menstruation et dure 14 jours. Cette phase est caractérisée par deux phénomènes essentiels : la formation du corps jaune et le développement de l’endomètre qui se prépare à une éventuelle nidation. Le follicule de De Graaf qui a libéré l’ovocyte mature se remplit de sang et donne le corps jaune. En cas de fécondation, le corps jaune persiste, on parle de corps jaune gestatif ; alors qu’en l’absence de fécondation, il dégénère et donne le corps blanc ou corpus albicans [48]. L’endomètre quant à lui va s’épaissir sous l’action de la progestérone. En l’absence de fécondation, la dégénérescence du corps jaune s’accompagne d’une chute du taux de progestérone qui déclenche les menstruations : il s’agit d’une hémorragie de privation [46].
Fonction exocrine
Les follicules sont contenus dans le cortex ovarien. Il en existe deux types : les follicules évolutifs dont un seul par cycle atteindra la maturité et donnera l’ovocyte et le corps jaune et les follicules involutifs qui dégénèreront. Les follicules évolutifs sont répartis en plusieurs stades de maturation progressive que sont : le follicule primordial, le follicule primaire, le follicule secondaire, le follicule tertiaire (préantral puis cavitaire) et le follicule mûr (ou follicule de De Graaf) [46]. La ponte ovulaire a lieu 36 heures après le pic ovulatoire. Le follicule de De Graaf vidé de son contenu s’affaisse et se plisse, il va se transformer en corps jaune. Il atteint son développement maximal en 10 jours environ puis dégénère. La disparition de la fonction du corps jaune est responsable de l’apparition de la menstruation et du début d’un nouveau cycle menstruel [48].
Cycle des effecteurs
Il s’agit du cycle endométrial, du cycle cervical ; du cycle vaginal et du cycle mammaire.
Cycle endométrial
Au cours de la vie génitale, de la puberté à la ménopause, l’endomètre va subir des modifications sous l’influence des œstrogènes et de la progestérone. Les œstrogènes permettent la prolifération de la muqueuse qui va alors augmenter en épaisseur. La progestérone ne peut agir que si les œstrogènes ont « préparé » l’endomètre. La progestérone a alors un double rôle : une action antiœstrogènique et donc antiproliférative et une action spécifique sur les cellules endomètriales préparant l’utérus à la nidation [65]. On distingue, plusieurs phases dans l’évolution cyclique de l’endomètre :
➤ Phase de desquamation (J1-J4)
La chute des taux plasmatiques d’œstrogènes et de progestérone, due à la dégénérescence du corps jaune, provoque un affaissement de la zone fonctionnelle de l’endomètre avec une ischémie (due aux contractions rythmiques des artérioles) entraînant une nécrose des glandes, du chorion et des vaisseaux responsable de la menstruation.
➤ Phase de régénération et de transformation (J5- J14) La sécrétion de 17-bêta-estradiol stimule la croissance de l’endomètre à partir des culs-de-sac glandulaires. L’épithélium de surface se reforme, les glandes s’allongent un peu, ainsi que les artérioles ; les mitoses sont nombreuses dans l’épithélium de surface, les glandes et le chorion. Les cellules épithéliales augmentent de hauteur et ont un pôle apical clair.
➤ Phase de transformation et de sécrétion glandulaire (J15-J28) Sous l’action combinée des œstrogènes et de la progestérone, les glandes deviennent plus longues et plus sinueuses, la spiralisation des artérioles s’accentue [22].
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Définition
II. Physiologie du cycle menstruel
II.1. Cycle hypothalamo-hypophyso-ovarien
II.1.1. L’hypothalamus
II.1.2. L’hypophyse
II.1.3. Les ovaires
II.1.3.1. Fonction endocrine
II.1.3.1.1. Phase folliculaire
II.1.3.1.2. L’ovulation
II.1.3.1.3. La phase lutéale
II.1.3.2. Fonction exocrine
II.2. Cycle des effecteurs
II.2.1. Cycle endométrial
II.2.2. Cycle cervical
II.2.3. Cycle vaginal
II.2.4. Cycle mammaire
II.3. Régulation du cycle menstruel
III. Principes généraux de la contraception
III.1. Critère de qualité d’une méthode contraceptive
III.1.1. Efficacité
III.1.2. Acceptabilité
III.1.3. Innocuité
III.1.4. Réversibilité
III.2. Stratégies de choix des méthodes contraceptives
III.3. Critères d’éligibilité à la contraception
IV. Différentes méthodes contraceptives
IV.1. Méthodes hormonales
IV.1.1. Contraceptifs oraux
IV.1.1.1. Contraceptifs oraux combinés (COC)
IV.1.1.1.1. Types
IV.1.1.1.2. Mode d’action
IV.1.1.1.3. Mode d’emploi
IV.1.1.1.4. Indications et contre-indications
IV.1.1.1.5. Avantages et inconvénients
IV.1.1.1.6. Effets secondaires
IV.1.1.2. Pilules progestatives (PP)
IV.1.1.2.1. Types
IV.1.1.2.2. Mode d’action
IV.1.1.2.3. Mode d’emploi
IV.1.1.2.4. Indications et contre-indications
IV.1.1.2.5. Avantages et inconvénients
IV.1.1.2.6. Effets secondaires
IV.1.2. Contraceptifs injectables (CI)
IV.1.2.1. Types
IV.1.2.2. Mode d’action
IV.1.2.3. Mode d’emploi
IV.1.2.4. Indications et contre-indications
IV.1.2.5. Avantages et inconvénients
IV.1.2.6. Effets secondaires
IV.1.3. Implants
IV.1.3.1. Mode d’action
IV.1.3.2. Indications et contre-indications
IV.1.3.3. Avantages et inconvénients
IV.1.3.4. Effets secondaires
IV.1.4. Autres méthodes hormonales
IV.1.4.1. Patch contraceptif
IV.1.4.2. Anneau vaginal
IV.2. Dispositifs intra-utérins
IV.2.1. Dispositif intra-utérin au lévonorgestrel (DIU-LNG)
IV.2.1.1. Mode d’action
IV.2.1.2. Indications et contre-indications
IV.2.1.3. Avantages et inconvénients
IV.2.1.4. Effets secondaires
IV.2.2. Dispositifs intra-utérins au cuivre (DIU-Cu)
IV.2.2.1. Types
IV.2.2.2. Mode d’action
IV.2.2.3. Indications et contre-indications
IV.2.2.4. Avantages et inconvénients
IV.2.2.5. Effets secondaires
IV.2.3. Méthodes non hormonales
IV.3.1. Méthodes barrières
IV.3.1.1. Préservatif masculin
IV.3.1.2. Préservatif féminin
IV.3.1.3. Spermicides
IV.3.1.4. Diaphragme
IV.3.1.5. Cape cervicale
IV.3.1.6. Contraception d’urgence (CU)
IV.3.2. Méthodes naturelles
IV.3.2.1. Le Retrait ou coït interrompu
IV.3.2.2. Méthodes d’abstinence périodique
IV.3.2.2.1. Méthode du calendrier ou ‹‹OGINO-KNAUS››
IV.3.2.2.2. Méthode de la température basale
IV.3.2.2.3. Méthode des jours fixes (MJF) et méthode du collier
IV.3.2.2.4. Méthode de la glaire cervicale ou méthode ‹‹ Billings››
IV.3.2.2.5. Méthode sympto-thermique
IV.3.2.3. Méthode de l’Allaitement Maternel et de l’Aménorrhée (MAMA)
IV.3.3. Méthodes chirurgicales
IV.3.3.1. Stérilisation tubaire
IV.3.3.2. Vasectomie
V. Définition de concepts en contraception
VI. Contraception des cas particuliers
VI.1. Diabète
VI.2. Hypertension artérielle (HTA)
VI.3. Cardiopathies
VI.4. Pathologies dermatologiques
VI.5. Insuffisance rénale chronique (IRC)
VI.6. Infection au Virus de l’Immunodéficience Humaine
VI.7. Epilepsie
VI.8. Drépanocytose
VI.9. Cancers
CONCLUSION