LA DEVALAISON DE LA TRUITE FARIO
Salmo trutta fario : définition
La truite fario appartient à la famille des salmonidés, caractérisée par la présence d’une nageoire adipeuse entre la nageoire dorsale et la caudale. Il existe 3 types d’espèces de truite présente en France qui se différencient principalement grâce à leur caractère migrateur spécifique (elles sont génétiquement très proches) :
– Salmo trutta fario, appelée aussi truite fario, truite commune ou truite de rivière,
– Salmo trutta trutta, appelée aussi truite de mer,
– Salmo trutta lacustris, appelé aussi truite de lac.
On différencie plusieurs formes géographiques de Salmo trutta, dont :
– La forme méditerranéenne : cours d’eau ayant leur exutoire en méditerranée, sa robe présente beaucoup de taches noires, notamment sur les opercules,
– La forme atlantique moderne : dans quasiment tous les cours d’eau de la côte atlantique, en limite de la Garonne, cette forme est la base de toutes les souches issues de pisciculture. Sa robe est claire avec peu de taches. Des hybridations peuvent avoir lieu entre les différentes formes, et il apparaît aujourd’hui que la forme atlantique moderne supplante toutes les autres formes de truite plus ancestrales. Cette évolution est due à l’abondance de l’alevinage et de la pisciculture. Dans cette étude, c’est l’espèce Salmo trutta fario qui sera uniquement prise en compte car il s’agit de l’espèce repère des rivières étudiées : elle est l’espèce la plus fréquente dans ces cours d’eau.
Description
Une truite fario mesure entre 250 et 500 mm, pour un poids de 150g à 3000g, à l’âge adulte. Elle peut vivre jusqu’à 6 ans. Sa robe est variable en fonction du milieu dans lequel elle vit, de son bagage génétique, de son sexe et de son âge. Généralement elle présente un dos sombre, de brun foncé à gris verdâtre, dégradé sur les flancs mais tachetés de points noirs ou rouges cerclés de rose, de bleu ou de blanc. La truite fario est une espèce dite migratrice holobiotique potamotoque, c’est-à-dire qu’elle va effectuer des migrations mais dans un même milieu d’eau douce, à l’inverse des espèces amphibiotiques qui auront un cycle de vie dans plusieurs milieux strictement différents (mer/rivière par exemple). La migration des truites fario n’a été prise en compte que tardivement, car d’autre espèce migratrice comme l’anguille ou le saumon, ont un enjeu économique et halieutique plus fort. A cause de la méconnaissance de son caractère migrateur, la truite a longtemps été considérée comme un poisson sédentaire. Elle peut néanmoins parcourir jusqu’à 20 km dans le réseau hydrographique. Ces déplacements correspondent à des besoins bien précis qui s’incluent dans son cycle de vie.
Habitat et comportement
La truite fario vit principalement dans la partie supérieure des cours d’eau, dans les zones appelées zone à truites. Il s’agit de la partie en tête de bassin versant lorsque le courant est rapide avec une pente assez forte, que l’eau est fraîche (température inférieure en moyenne, à 18°C en été), claire (peu à pas chargée en matières en suspension) et riche en oxygène (taux supérieur à 5,5 mg.l-1 ). La truite fario va aussi préférer vivre dans des zones où la profondeur d’eau est relativement faible, avec un substrat minéral grossier. Même si elle est migratrice, la truite fario reste postée, immobile, pendant 86% de son temps à un poste bien spécifique. Elle nage dans le courant moins de 1% du temps. Ce comportement est expliqué par le souci d’économiser de l’énergie. Les postes de la truite fario sont précis de quelques centimètres voire millimètres, lui permettant de se maintenir avec précaution dans les veines de courant faible. Elle vit ainsi dans les eaux rapides mais à l’abri du courant, d’où l’importance d’un habitat très rocheux, avec de nombreuses caches. Elle possède généralement cinq à sept postes, parmi lesquels l’un est souvent préféré. Pour son alimentation, elle préfèrera des zones lotiques et, inversement, pour son repos des zones de type lentique. Son comportement territorial la mène à vivre sur une surface d’une dizaine de mètres carrés. On peut néanmoins trouver Salmo trutta fario sur une grande partie du territoire français, ce qui montre une certaine tolérance et une capacité d’adaptation de l’espèce au milieu.
La capacité d’accueil en truite fario d’une zone est fonction de deux facteurs :
– le nombre de proies disponibles pour son alimentation ;
– le nombre de caches proposées par le milieu.
Ainsi les densités de population de Salmo trutta fario vont varier en fonction de l’âge de celle-ci. Au stade alevin, le territoire de chaque individu sera de quelques centimètres carrés, tandis qu’au stade adulte il pourra atteindre plusieurs mètres carrés. De plus, les juvéniles vont préférer vivre dans des zones peu profondes (inférieures à 50 cm) et avec des vitesses de courants plus faibles (inférieures à 0,5 cm.s-1).
Alimentation
La truite est un carnivore assez vorace qui se nourrit essentiellement d’invertébrés dérivants (diptères : Chironomidae, Simuliidae ; éphéméroptères : Baetidae, Ephemerellidae ; mollusques : Ancylidae ou amphipodes : Gammaridae) ou de petits poissons (vairons, loches et juvéniles de sa propre espèce) (Roussel et Bardonnet, 2002, Bridcut et Giller, 1993). C’est un prédateur visuel chassant à l’affût : elle choisit une position bien spécifique, en général à l’aval d’un rocher immergé, d’où elle effectue de courts déplacements (moins de 2m) pour capturer les proies dérivant dans la colonne d’eau (Bachman, 1984). Elle chasse aussi bien la nuit que le jour, mais les truites dominantes vont préférer se nourrir au moment du crépuscule et au début de la nuit. Son régime alimentaire varie en fonction de l’habitat, de la saison, de sa taille et de son âge, on dit qu’elle est un prédateur opportuniste. (Bridcut et Giller, 1995) .
Cycle de vie de salmo trutta fario
Salmo trutta fario est holobiotique : elle effectue tout son cycle biologique en rivière. Il est ponctué de différentes étapes et de différentes migrations. La reproduction se déroule en hiver (d’octobre/novembre à janvier/février). La truite fario est sexuellement mature à partir de 2 ans pour les femelles et de 1 an pour les mâles. Les adultes migrent vers les zones de frai qui se situent en amont des rivières, c’est la période de montaison. Quelques centaines ou milliers d’oeufs (environ 2000 œufs/kg de poids de truite femelle) sont pondus parmi les graviers (d’un diamètre 2 à 5 cm) de la frayère. Relativement gros, leur développement dure environ 420 degrés-jours (par exemple 42 jours à 10° C). Ils sont déposés sur un substrat de gravier, à une température comprise entre 6 et 12°C, 6°C est le seuil thermique minimum pour la reproduction (Maisse et Baglinière, 1987). Après la ponte, les frayères et zones d’incubation ressemblent à des dômes de graviers précédés d’un surcreusement en amont.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. LA DEVALAISON DE LA TRUITE FARIO
I.1. Salmo trutta fario : définition
I.2. La dévalaison
II. LES SITES D’ETUDE
II.1. La prise d’eau de Queige
II.2. Le Rivier d’Allemont
III. LES DONNEES ICHTYOLOGIQUES
III.1. Méthodologie employée pour l’échantillonnage et l’analyse
III.2. Résultats de l’analyse des peuplements
IV. MATERIEL ET METHODE
IV.1. La mesure des composantes abiotiques
IV.2. La mesure des composantes biotiques
IV.3. Les spécificités de chaque site
IV.4. Démarche statistique générale de l’analyse des résultats
V. RESULTATS ET DISCUSSIONS
V.1. La prise d’eau du Rivier d’Allemont
V.2. La prise d’eau de Queige
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES FIGURES ET TABLEAUX
TABLE DES MATIERES DETAILLEE
ANNEXES
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