Emergence sur les nouveaux médias
Sur les nouveaux médias ont émergé et continuent d’émerger, se sont déployées et continuent de se déployer de nouvelles formes linguistiques avec, en particulier sur Internet, une nouvelle culture d’écriture et de communication. Les chercheurs en Sciences humaines et sociales, particulièrement en sciences du langage et en sciences de l’information et de la communication, se sont intéressés à la langue sur Internet, caractérisée par les concepts techniques du monde de l’informatique, à ces nouvelles formes de langue induites par la communication médiatisée. Sur ces supports, différents éléments se mélangent : langue maternelle et langue étrangère, langue parlée et langue écrite. Ce mélange de langues et de codes adapte la langue écrite aux exigences d’une transmission rapide. Des procédés d’écriture, figures de styles et symboles, telles des abréviations ou des acronymes, rendent possible une action locutrice rapide. Pour l’expression des sentiments on dispose de multiples moyens, tels les idéogrammes, les émoticônes les émojis. Chaque détenteur d’un smartphone en est le diffuseur, et participe de cette accélération dans ce processus d’évolution de la langue.
Dans les mails, les chats et les forums, dans la vie privée et professionnelle, la communication se veut plus informelle que dans l’échange de lettres. On écrit et répond rapidement et des gens qui ne se connaissent pas du tout, entrent en contact avec le monde entier. Ainsi on peut facilement arriver à des malentendus et des contrariétés. En effet, certains s’expriment parfois de façon grossière, tel le phénomène du « flaming ». Dans l’anonymat, la règle de politesse est souvent blessée, ce qui conduit à des agressions verbales. Par la « Netiquette », des aides sont créées, des règles sont fixées sur Internet. Comme le souligne Marcoccia (2000) dans sa présentation des principes généraux de la Netiquette, « les règles de politesse ont une place centrale parmi les normes d’usage du réseau Internet », sous la forme des principes de « savoircommuniquer » qui codifient et caractérisent la communication par Internet (Marcoccia, 2000).
Mutation et variations linguistiques
Chacun modifie sa langue au cours de sa vie, de la manière la plus remarquable, naturellement, à l’âge du nourrisson et de la petite enfance. De génération en génération, les enfants apprennent facilement des versions modifiées d’une langue et la modifient eux-mêmes. Les expressions verbales du même mot, de la même phrase, ne sont jamais semblables : la manière de parler, la rapidité de l’élocution, la concentration, l’ambiance sont autant d’éléments d’influence parfois imperceptibles qui conduisent à des variations linguistiques. Le noyau de la mutation linguistique est dans cette variation, par le registre linguistique, les styles fonctionnels, la région avec les dialectes, la couche sociale, la classe sociale, la caste avec les sociolectes. Souvent la langue écrite est comme un musée pour la prononciation et la grammaire des temps passés : les petites modifications dans la langue parlée sont à peine perçues, mais elles s’ajoutent au cours de quelques générations à des grands changements, Alors que l’écriture reste à peu près la même à travers la pression de différents facteurs sociaux, la langue orale subit des variations, ce qui pose la question d’une réforme de l’orthographe.
Le champ de variation linguistique
La mutation linguistique est le fait d’une généralisation sémantique ou d’une spécialisation sémantique (Ledegen et Léglise, 2013), les similitudes entre les langues provenant d’une parenté historique, d’une influence réciproque ou d’un emprunt, d’une similitude typologique en raison des universalités linguistiques (Evans et Levinson, 2009), et enfin du hasard (Monino, 1995). C’est ainsi que nous pouvons nous interroger sur la capacité des mots à constituer des passerelles entre deux communautés linguistiques .
Cyberinfluence sur la langue
Si la langue standard comprend des règles, la langue sur Internet semble incertaine, inconstante et sans règles officielles. En tant que membres de la cyberculture, les Hacker transfèrent à partir d’Internet, dans de nouvelles communautés, de grandes influences sur la société et sur la langue (Flichy, 2012). Les Chat-Rooms et les forums se sont révélés être des plates-formes de communication sur Internet avec des « basic rules », règles pour les nouveaux membres. Le non-respect de ces règles peut entraîner l’exclusion d’un forum. S’il est courant d’utiliser Internet à des fins autant formelles qu’informelles, dans les Chat-Rooms en particulier, on a tendance à utiliser une langue informelle et dans la presse à l’inverse une langue formelle.
Internet est ainsi devenu une plate-forme pour toutes les formes d’écriture. Au cœur de la mutation médiatique, à la lecture des informations hypertextuelles, les donnes sont nouvelles. A l’ère du numérique et à la lumière de la science de l’ergonomie cognitive, de nouvelles didactiques d’apprentissages se sont développées, pour les langues étrangères, en particulier le FLE (Français Langue Etrangère), pour les lettres et l’histoire. La langue bénéficie ainsi, dans le cyberespace, d’un nouvel élan pour renforcer son impact comme langue de communication. La « cyberlangue », terminologie générique qui regroupe les nouvelles formes de langue induites par la communication sur des supports médiatisés, devrait s’enrichir d’un vocabulaire nouveau, également dans les langages publicitaires et journalistiques.
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Table des matières
INTRODUCTION
DE LA LANGUE AU RISQUE DES SIC
Emergence sur les nouveaux médias
Mutation et variations linguistiques
Perspectives
MISE EN CONTEXTE
Introduction
Question de recherche
Ancrage en SIC
POSITIONNEMENT EPISTEMOLOGIQUE
Positionnement constructiviste
Démarche de théorisation ancrée
METHODOLOGIE
Terrain et approches de terrain
I. TERRAIN DE RECHERCHE – APPROCHE THEORIQUE
A. Les réseaux sociaux numériques
B. Production discursive sur un RSN
C. Scripturalités numériques
II.THEORIE DE LA CONVERSATION
A.De la conversation
B.De l’interaction
III.ANALYSE DU DISCOURS
A.De la phrase au discours
B.Place d’énonciation pour une approche scientifique
C. Du texte à l’hypertexte
IV.LA CYBERLANGUE
A.Langue et langage
B.Etat des lieux de la cyberlangue
C.Cyberlangue et maximes conversationnelles
D.Cyberlangue et réduction de l’incertitude
E.Langues sur Internet
V.LES DISPOSITIFS MEDIATIQUES
A.Concept de dispositif
B.Les DISTIC : Dispositifs sociotechniques d’information et de communication
VI.COMMUNAUTE ET RESEAUX
A.Concept de communauté
B.Concept de réseau
CONCLUSION
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