La hernie inguinale se dรฉfinit comme un diverticule du sac pรฉritonรฉal (sac herniaire) pouvant contenir des viscรจres et qui se dรฉveloppe au travers dโun point faible naturel de la rรฉgion inguinale [70]. Cโest une pathologie chirurgicale bรฉnigne et trรจs frรฉquente. Mais le retard diagnostique dรป ร la consultation tardive des patients expose au risque dโรฉtranglement qui est la principale complication pouvant engager le pronostic vital [89]. Plusieurs techniques chirurgicales sont actuellement disponibles dans la des hernies inguinales de lโadulte. Schรฉmatiquement on peut les regrouper en deux groupes: les techniques de rรฉparation pariรฉtale par raphie (Bassini, Mac VAY, Shouldice, โฆ) ; les techniques de rรฉparation pariรฉtale par plastie (Lichtenstein, Plug, Stoppa, Dรฉsarda, โฆ) [in 69]. De nos jours, il nโexiste pas de consensus rรฉel dans le traitement des hernies inguinales. La technique utilisรฉe est alors conditionnรฉe par plusieurs facteurs : choix du chirurgien, rรฉsultats en termes de douleurs chroniques et de rรฉcidive. A lโheure actuelle, le meilleur traitement reste la mise en place dโune prothรจse gรฉnรฉralement synthรฉtique dont le but est de renforcer la paroi de maniรจre stable et durable pour diminuer les risques de rรฉcidive. En effet comme le disait Thรฉodore Billroth : ยซ Si nous pouvions produire artificiellement un tissu de la densitรฉ et de la rรฉsistance des fascias et tendons, le secret de la cure radicale des hernies serait dรฉcouvert ยป [Thรฉodore BILLROTH, traitรฉ de chirurgie 1878]. Il sโagit des techniques de Lichtenstein, de Stoppa, de Gilbert Plug ; ou encore plus rรฉcemment de la voie cลlioscopique [57]. La technique de Lichtenstein est une cure sans tension, utilisant une prothรจse. Elle constitue le ยซ gold standard ยป dans la chirurgie herniaire. Dans nos rรฉgions le risque infectieux et le coรปt du matรฉriel prothรฉtique peuvent constituer un frein dans lโutilisation de cette mรฉthode. Lโobjectif de notre travail est dโรฉtudier les aspects รฉpidรฉmiologiques cliniques et chirurgicaux de la technique de Lichtenstein.
BASES ANATOMIQUES
Anatomie descriptive
La rรฉgion de lโaine est une rรฉgion frontiรจre entre lโabdomen et la cuisse encore appelรฉe rรฉgion inguino-fรฉmorale. Elle constitue une zone de fragilitรฉ architecturale de la paroi abdominale reprรฉsentรฉe par un large trou musculopรฉctinรฉal dรฉcrit par Fruchaud et expliquant bien la frรฉquence des hernies ร ce niveau. L’orifice musculo-pรฉctinรฉal est limitรฉ par (Figure 1) :
โค en dedans, le muscle grand droit et sa gaine renforcรฉe ร ce niveau par le tendon conjoint (tendon de terminaison des muscles oblique interne et transverse) ;
โค en dehors, le muscle psoas iliaque recouvert par le fascia iliaca sous lequel chemine le nerf fรฉmoral dans lโinterstice sรฉparant ses deux chefs ;
โคย en bas, la crรชte pรฉctinรฉale du pubis, doublรฉe du ligament de Cooper ;
โค en haut, les muscles larges de la paroi antรฉrolatรฉrale de lโabdomen qui sโorganisent en deux plans :
o un plan superficiel : formรฉ par le grand oblique dont les insertions basses constituent lโaponรฉvrose du grand oblique, divisรฉe ร ce niveau en deux piliers interne et externe. La terminaison de ce muscle sur le tubercule pubien forme le ligament de Gimbernat (figure 3) ;
o un plan profond : constituรฉ par les muscles oblique interne et transverse qui forment la faux inguinale. Les parties aponรฉvrotiques de ces deux muscles se rejoignent pour former le tendon conjoint [57].
Superficiellement, le trou musculo-pรฉctinรฉal est divisรฉ en deux รฉtages par le ligament inguinal (ou arcade crurale) :
– l’รฉtage supรฉrieur qui livre passage au cordon spermatique chez lโhomme, ou le ligament rond chez la femme : cโest le canal inguinal. Globalement oblique en haut, en arriรจre et latรฉralement, ce dernier prรฉsente ร dรฉcrire quatre parois et deux orifices (Figure 1) :
o une paroi antรฉrieure, constituรฉe par lโaponรฉvrose du grand oblique ;
o une paroi supรฉrieure, constituรฉe par le bord infรฉrieur des muscles petit oblique et transverse ;
o une paroi infรฉrieure, constituรฉe par la partie mรฉdiale du ligament inguinal ;
o une paroi postรฉrieure, formรฉe par :
Le tendon conjoint en dedans et le fascia transversalis en dehors.
– un orifice superficiel dรฉlimitรฉ par les piliers du muscle grand oblique ;
– un orifice profond, situรฉ plus latรฉralement au-dessus du 1/3 moyen de lโarcade crurale. Ainsi est mรฉnagรฉ entre ces deux orifices, un trajet en chicane livrant passage au cordon.
– l’รฉtage infรฉrieur qui livre passage aux vaisseaux fรฉmoraux : cโest le canal fรฉmoral, un orifice grossiรจrement triangulaire, situรฉ entre le bord interne de la veine fรฉmorale en dehors, le ligament de Cooper en arriรจre, la bandelette ilio-pectinรฉe en avant, en dedans par le ligament lacunaire de Gimbernat et en bas par le muscle pectinรฉ. Ainsi peut sโengager ร ce niveau une hernie dite fรฉmorale (ou crurale).
Profondรฉment, le trou musculo-pรฉctinรฉal est fermรฉ par le fascia transversalis qui va s’รฉvaginer autour des รฉlรฉments spermatiques ou fรฉmoraux traversant la rรฉgion .
Le plan musculo-fascial est sรฉparรฉ du pรฉritoine par un grand espace clivable bilatรฉral composรฉ de lโespace de Retzius mรฉdian et des deux espaces de Bogros, latรฉralement. Ce grand espace rรฉtro-pariรฉtal clivable est une intรฉressante voie dโabord postรฉrieure de la zone faible de lโaine et un site idรฉal de placement des prothรจses en extra-pรฉritonรฉal. Le fascia transversalis se trouve renforcรฉ par deux formations fibreuses : le ligament inter-fovรฉolaire (Hasselbach) latรฉralement, et la bandelette iliopubienne, en bas. Il est divisรฉ en deux fossettes, l’une interne, l’autre externe, par un รฉlรฉment vasculaire vertical : le pรฉdicule vasculaire รฉpigastrique [42].
Anatomie Chirurgicale
La structure anatomique de la rรฉgion inguino-fรฉmorale est disposรฉe en plusieurs plans. Par dissection classique d’avant en arriรจre, on trouve:
– le plan cutanรฉ sous cutanรฉ ;
– lโaponรฉvrose du muscle grand oblique, dont les fibres obliques en bas et en dedans se divisent en deux piliers, interne et externe, dรฉlimitant l’orifice inguinal superficiel ;
– le plan du petit oblique et du cordon : lโincision de lโaponรฉvrose du grand oblique ouvre le canal inguinal. Sous le feuillet supรฉrieur rรฉclinรฉ vers le haut, on dรฉcouvre le muscle petit oblique dรฉcrivant une arche audessus du cordon.
Des รฉlรฉments nerveux sensitifs entourent le cordon :
โค le nerf ilio-hypogastrique qui naรฎt du L1, descend en bas et en dehors en croisant la face antรฉrieure du carrรฉ des lombes, perfore le muscle transverse de lโabdomen et se divise en deux branches :
o une branche abdominale cheminant entre le transverse et le petit oblique;
o une branche gรฉnitale perforant le petit oblique prรจs de lโรฉpine iliaque antรฉro-supรฉrieure et cheminant parallรจlement au cordon pour quitter le canal inguinal par son orifice superficiel.
โค le nerf ilio-inguinal qui suit un trajet parallรจle au prรฉcรฉdent, un peu audessous de lui. Ces deux nerfs sont largement anastomosรฉs et les branches gรฉnitales sont souvent confondues en une seule.
โค le nerf fรฉmoro-cutanรฉ : nรฉ du L2, descend en bas et en dehors sur le muscle iliaque avant de traverser le ligament inguinal et de devenir superficiel 1 ร 4 cm en dedans de lโรฉpine iliaque antรฉro-supรฉrieure.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
1. BASES ANATOMIQUES
1.1. Anatomie descriptive
1.2. Anatomie Chirurgicale
1.3. Anatomie en cลlio-chirurgie
2. BASES ETIO-PATHOGENIQUES
2.1. Physiopathologie
2.2. Facteurs รฉtiologiques
2.2.1. Facteurs anatomiques
2.2.2. Facteurs dynamiques
2.2.2.1. Causes dโhyperpression abdominale
2.2.2.2. Faiblesse de la paroi abdominale
2.2.3. Facteurs histo-mรฉtaboliques
3. HISTORIQUE
4. BASES DIAGNOSTIQUES
4.1. Diagnostic positif
4.1.1. Circonstances de dรฉcouverte
4.1.2. Examen clinique
5. CLASSIFICATION
5.1. Classification anatomique
5.2. Classification de Nyhus
6. RAPPELS SUR LES PROTHESES
6.1. Gรฉnรฉralitรฉs
6.2. Types de prothรจses
6.3. Prothรจse idรฉale
7. TRAITEMENT
7.1. But
7.2. Moyens et mรฉthodes
7.2.1. Anesthรฉsie
7.2.2. Techniques chirurgicales
7.2.2.1. Cure des hernies inguinales par voie antรฉrieure
7.2.2.1.1. Temps communs
7.2.2.1.2. Rรฉparation pariรฉtale
7.2.2.1.2.1. Cure avec tension
7.2.2.1.2.1.1. Procรฉdรฉ de Shouldice
7.2.2.1.2.1.2. Procรฉdรฉ de Bassini
7.2.2.1.2.1.3. Procรฉdรฉ de Mac Vay
7.2.2.1.2.2. Cures sans tension
7.2.2.1.2.2.1. Plastie prothรฉtique par voie inguinale
7.2.2.1.2.2.1.1. Prothรจse superficielle (Procรฉdรฉ de Lichtenstein)
7.2.2.1.2.2.1.2. Prothรจse sous-pรฉritonรฉale
7.2.2.1.2.2.1.3. Procรฉdรฉs mixtes
7.2.2.1.2.2.2. Cures par plastie aponรฉvrotique
7.2.2.2. Cure des hernies inguinales par voie postรฉrieure
7.2.2.2.1. Technique de Stoppa
7.2.2.2.2. Hernioplastie laparoscopique
7.3. Indications
7.3.1. Les principes de base
7.3.2. Critรจres de choix des diffรฉrentes techniques
7.3.3. Schรฉma dโindications opรฉratoires de Nyhus
7.3.4. Recommandations de la sociรฉtรฉ europรฉenne de hernie inguinale
7.4. Rรฉsultats
7.4.1. Complications per-opรฉratoires
7.4.1.1. Lรฉsions nerveuses
7.4.1.2. Lรฉsions vasculaires
7.4.1.3. Lรฉsions du cordon spermatique et du canal dรฉfรฉrent
7.4.1.4. Lรฉsions viscรฉrales
7.4.2. Complications post-opรฉratoires gรฉnรฉrales
7.4.3. Complications post-opรฉratoires locorรฉgionales
7.4.3.1. Douleur post-opรฉratoire
7.4.3.2. Rรฉcidive
7.4.3.3. Infection pariรฉtale
7.4.3.4. Hรฉmatome
7.4.3.5. Sรฉrรดme
7.4.3.6. Complications scrotales
7.4.3.6.1. Hydrocรจle
7.4.3.6.2. Atrophie testiculaire
7.4.3.6.3. Rรฉtention aigue dโurine
7.4.4. Dรฉlai de reprise des activitรฉs courantes et professionnelles
7.4.3.7. Mortalitรฉ
CONCLUSION