CROISSANCE URBAINE ET AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

QU’EST-CE QUE LA VILLE ?

  Il faut d’abord préciser que la notion de ville est difficile à définir, car jusqu’à l’heure, il n’y a pas une définition officielle ou unique au concept de ville. Il existe en effet une myriade de définitions qui varie en fonction des auteurs mais aussi des Etats. La définition adoptée pour la majeure partie des pays est plutôt fondée sur le critère démographique et l’organisation administrative. La Taille de la population paraît être le critère le plus répandu pour dire ce qu’est une ville. Selon les pays on retient les seuils suivants :
 200 habitants en Suède Island et 300 habitants en Island ; 1000 habitants au Canada ;
 2000 habitants au Gabon, en Angola, en Allemagne ; 2500 aux Etats-Unis, au Mexique ;
 5000 habitants au Ghana, au Cameroun, en Autriche ;
 10000 habitants au Sénégal, au Portugal, en Suisse ; 20000 habitants pour l’O.N.U. ;
 40000 habitants en Corée et 50000 habitants au Japon.
Mais, ce critère fondé sur le poids démographique est insuffisant pour définir la ville car les seuils proposés sont largement hétérogènes. En effet, suivant ce critère une entité géographique peut ainsi être considérée comme ville dans un pays donné et ne pas l’être dans un autre. En plus, une agglomération rurale peut dans certains cas avoir une population supérieure à celle d’une ville sans pour autant être considérée comme telle. Donc, la seule taille de la population ne suffit pas pour définir avec exactitude la ville qui occupe de plus en plus une place centrale dans l’organisation, le fonctionnement et le développement durable des territoires, d’où la nécessité d’adjoindre au critère du nombre d’habitants d’autres critères d’ordres économiques ou fonctionnels pour apporter plus précision à la signification de la notion de ville. Aussi, le professeur DIOP Amadou (2004) , dans « Villes et aménagement du territoire », précise à cet effet que les seuls critères liés au poids démographique et aux fonctions de responsabilité sont relativement parcellaires pour justifier à la fois le caractère urbain d’une localité et son rôle stratégique dans le développement régional et local. Puisqu’il s’agit des villes, il convient de ne considérer essentiellement que les critères qui, par leur nature et les effets qu’ils induisent sur la localité, conduisent à une définition plus opérationnelle et plus fonctionnelle de la ville. Selon cet auteur, « Il y a ville, quand la localité est fortement agglomérée et peut fournir de façon pérenne une gamme très variée de fonctions dont la plupart sont relativement motrices ». La ville est avant tout caractérisée par la forte concentration de la population, la morphologie du bâti continu et en altitude, et par sa capacité à produire et à distribuer des biens et services nécessaires à l’épanouissement des populations urbaines et rurales grâce à une diversification des activités et services urbains. Cette définition de la ville est donc très proche de celle de Pierre GEORGES (1974), qui définissait la ville à partir de trois critères fondamentaux : la taille démographique, le caractère aggloméré des constructions et la présence d’activités du secondaire et du tertiaire, l’industrie devenant moins accommodante du fait de la propension à la délocaliser à la campagne. Selon l’auteur, la ville « est un regroupement de population agglomérée défini par un effectif de population et par une forme d’organisation économique et sociale ». Dans le dictionnaire Larousse la ville est définie comme une « agglomération d’une certaine importance où la majorité des habitants est occupée par le commerce, l’industrie ou l’administration ». Quant au Le Robert, la ville est une « réunion importante de construction constituant un milieu social autonome et une entité économique (commerce, industrie et administration) ». La ville est donc un lieu à activités multiples, bien organisé avec un bon niveau d’équipement et de services sociaux de base assurant la desserte des populations et où l’activité agricole est faiblement pratiquée. Il s’agit d’une agglomération dans laquelle une part importante des habitants ne travaille pas la terre mais plutôt dans l’administration et des activités de services. En outre, pour DIOP A. et DIALLO M.M. (2016)20 dans leur article « Pour mieux comprendre l’acte 3 de la décentralisation au Sénégal », « la ville est une agglomération caractérisée par la taille de la population, son architecture, son organisation spatiale, son rôle dans la vie régionale et nationale ». La ville joue ainsi un rôle déterminant l’organisation et l’animation de l’espace et favorise l’interconnexion des territoires avec le développement de dynamiques relations sociales, économiques, politiques et culturelles. Elle engendre aussi l’émergence de nouveaux modes de vie, de consommation, de s’habiller… BAILLY Antoine dans « Les concepts de la géographie humaine », affirmait que « la ville est considérée comme un ensemble morphologique, physionomique, social et culturel différentiel, fonctionnellement intégré dans un réseau hiérarchisé de complémentarité lui permettant d’organiser sa région et de l’intégrer dans l’économie global ». En outre, BAILLY A., soutient aussi que du point de vue géographique, le terme de ville recouvre deux sens :
 spatial : agglomération caractérisée par une certaine densité de l’habitat et population relativement nombreuse ; aspect morphologique, mode d’occupation du sol.
 Fonctionnel : la ville est un lieu d’échange, un nœud de flux de personnes, de capitaux, de marchandises, de « culture », d’information, d’idées, etc. Elle est l’élément fondamental de l’organisation de l’espace, du fait des relations qu’elle entretienne et de l’influence importante qu’elle exerce sur l’espace environnant.
Il se distingue ainsi plusieurs centres urbains dans un pays formant un réseau de ville avec une certaine hiérarchie : grandes, moyennes et petites villes ou villes secondaires etc. La ville est un milieu assez particulier, fortement artificialisé se distinguant de la campagne par son architecture, ses beaux paysages, son atmosphère, son animation, ses aménagement… Elle joue un rôle important dans le renforcement des relations entre villes et entre villes et campagne à l’échelle nationale. La ville permet une meilleure redistribution des richesses et des fonctions sur un territoire donnée. Les centres urbains sont des points focaux pour le développement des circuits de commercialisation des produits ruraux et urbains et pour l’implantation des petites et moyennes entreprises industries destinées à la première transformation des produits ruraux (DIOP A. 2004) Cependant, DERRUAU M. 197623 quant à lui insiste sur la dimension agricole dans l’appréhension de la notion de ville. Cet auteur considère ainsi que « la ville est une agglomération importante, aménagée pour la vie collective (cet aménagement constitue l’urbanisme) et dont une partie notable de la population vit d’activités non agricoles ou d’activité agricoles ». Ainsi, à la différence de bon nombre d’auteurs, DERRUAU affirme qu’une ville peut avoir comme activité dominante l’agriculture. De ces analyses, il convient de retenir qu’en somme, la ville est à la fois démographique, économique, sociale, politique, commerciale, culturelle, agricole, matérielle et fonctionnelle. Elle concentre de la population, crée de la richesse, produit et distribue des biens et services mais reçoit également de produits agricoles venant de la campagne, forge un mode de vie et une identité, et enfin organise, structure et anime les territoires.

URBANISATION

   Dans l’ouvrage intitulé « Urbanisation en Afrique subsaharienne », les termes croissance urbaine et urbanisation ont été utilisés plus ou moins distinctement car désignant des phénomènes spécifiques. Selon ces auteurs les deux phénomènes sont provoqués par des causes différentes et ont de ce fait des significations distinctes mais non moins complémentaires. En effet, selon les auteurs la croissance urbaine résulte de la seule différence entre la natalité et la mortalité, alors que l’urbanisation résulte des flux migratoires. Afin de distinguer plus clairement un phénomène de l’autre, dans ce qui suit, on retient le terme de « croissance urbaine » pour désigner l’accroissement absolue de la population d’une ville ou de l’ensemble des villes d’un pays et on réserve le terme « urbanisation » pour désigner la proportion de la population urbaine dans la population totale d’un pays et l’évolution de cette proportion conformément à la définition du Petit Robert. La croissance urbaine est, selon ces définitions « la conjugaison de la croissance démographique naturelle et l’urbanisation, elle-même résultant du solde migratoire du milieu rural vers les centres urbains ». Pour Bénédicte GROSJEAN (2010), l’urbanisation est « la concentration croissante de la population dans les agglomérations urbaines »28. Elle traduit un processus démographique important qui évolue dans le temps et dans l’espace des villes. GEORGE Pierre, VERGER Fernand (2004)29 vont aller plus loin en considérant ainsi que l’urbanisation « au sens strict, c’est le développement des villes en nombre d’habitants, en extension territoriale, en terme aussi de mode de vie ». Il s’agit d’un processus de croissance des centres urbains qui se manifeste à trois niveaux importants : la taille démographique, la croissance spatiale et l’évolution des modes de vie. Elle concerne l’augmentation de la population et de la surface bâtie mais aussi l’élévation du niveau de vie des citadins. Aujourd’hui, si les villes deviennent de plus en plus grandes et de plus en plus peuplées c’est aussi grâce aux possibilités de réussite qu’elles offrent à toute personne souhaitant vivre, travailler et s’épanouir en leur sein. Ces avantages sont permis grâce aux multiples fonctions de la ville et au développement des activités de services.

LA CROISSANCE SPATIALE DE DIAOBE DE 2010 A 2018

   Aujourd’hui, avec son érection en commune le rayonnement de Diaobé dépasse les limites administratives de la commune car la polarisation de ses équipements et activités économiques se mesure plus à l’échelle régionale voire sous régionale qu’au niveau local. La ville de Diaobé est devenue plus attractive qu’auparavant. Les flux migratoires s’intensifient davantage avec un marché qui occupe une place prépondérante dans les zones frontalières. Les flux de marchandises se développent à un rythme très soutenu entre plusieurs pays de la sous-région. Mais, Diaobé est confrontée aujourd’hui à une explosion urbaine sans précédent. En effet, la commune de Diaobé-Kabendou a connu une forte urbanisation durant cette dernière décennie. L’urbanisation, un phénomène universel, a connu une accélération croissante qui s’est faite dans un contexte économique particulier marqué, ces dix dernières années, par des politiques de rigueur. Les effets des programmes d’ajustement structurel ont certainement amplifié les mutations concernant les structures et les comportements démographiques, ainsi que l’évolution des structures familiales. Ainsi, la croissance urbaine résulte classiquement de trois mouvements : l’accroissement naturel de la population, les migrations des campagnes vers la ville et le reclassement d’établissements humains considérés auparavant comme ruraux. La majeure partie en est maintenant imputable à l’accroissement naturel de la population vivant déjà en ville. La population de Diaobé qui était de 699 habitants au recensement général de la population de 1988 est passée à 2 997 habitants en 2000. Toujours selon le RGPHAE, la commune de DiaobéKabendou compte depuis 2013 une population de 26 165 habitants structurés et répartis sur une superficie d’environ de 12 Km². Elle représente 9% de la population totale du département de Vélingara et elle est la quatrième commune en termes de population. Cependant, par rapport aux communes urbaines (Vélingara, Kounkané et Diaobé-Kabendou), Diaobé représente la deuxième commune la plus importante avec 38% de la population totale des communes urbaines du département. L’évaluation comparée des effectifs de population de l’ensemble des communes (rurales et urbaines) montre l’importance de la place de Diaobé dans ce département. D’abord, concernant l’accroissement naturel on note que la fécondité y est assez élevée et assurée par les citadins déjà installés (originaires) d’une part et, d’autre part, par les migrants venant non seulement de la campagne sénégalaise et de certains pays de la sous-région notamment les pays frontaliers du Sénégal. Les mariages précoces constituent un phénomène récurrent dans la commune. Les filles sont en général très tôt données en mariage par leurs parents où elles ne tarderont pas à faire des enfants; ce qui peut représenter parfois un obstacle à leurs études scolaires et, de ce fait, accroître la population totale. Les cas de grossesses précoces ou non désirées enregistrés à l’échelle de la commune sont également assez importants. Beaucoup de filles se donnent actuellement des enfants avant le mariage. Toutes ces situations contribuent à l’évolution démographique de Diaobé-Kabendou. A cela s’ajoute la faible utilisation des méthodes contraceptives modernes (planning familial, espacement et limitation des naissances etc.), la prolongation de la durée de scolarisation des filles et de l’âge au mariage, qui peuvent influer significativement sur la croissance de la population. Ensuite, il y’a la migration des populations de la campagne vers la ville favorisée par sa position géographique et l’importance de son marché hebdomadaire qui attire une partie importante de la population régionale et sous régionale. La ville de Diaobé est animée par d’importants flux de migrants venant de différentes origines. Si la majorité des migrants soit 73% sont issus des localités sénégalaises, d’autres viendraient de la sous-région représentant ainsi 27% des ménages. Concernant la migration sous régionale on peut relever par ordre d’importance que les migrants guinéens de Conakry sont plus importantes dans la commune, ils sont suivis par des Bissau guinéens, des maliens, des gambiens etc. Plusieurs autres migrants de l’Afrique l’ouest se trouve aussi dans la commune.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
I.1. Contexte
I.2. Justification
II. PROBLEMATIQUE
II.1. Objectif général
II.2. Objectifs spécifiques
II.3. Hypothèses spécifiques
III. ANALYSE CONCEPTUELLE
IV. METHODOLOGIE
IV.1. Recherche bibliographique
IV.2. Revue documentaire
IV.3. La collecte des données
IV.4. Traitement des données
PREMIERE PARTIE : CROISSANCE URBAINE D’UNE VILLE FRONTALIERE
INTRODUCTION PARTIELLE
CHAPITRE 1 : PRESENTATION GENERALE DE LA COMMUNE
I. PRESENTATION ET LOCALISATION DE LA COMMUNE DE DIAOBEKABENDOU
I.1. Présentation
I.2. Localisation
II. L’ORGANISATION URBAINE
II.1. Le centre historique
II.2. La périphérie
III. COMPOSITION DE LA POPULATION
III.1. Répartition par sexe de la population
III.2. Répartition ethnique de la population
III.3. Répartition selon l’âge et le niveau d’étude
III.4. Structure du revenu et de la fonction des ménages
CHAPITRE 2 : PRINCIPALES PHASES DE CROISSANCE SPATIALE DE DIAOBE
I. LA CROISSANCE SPATIALE DE DIAOBE JUSQU’EN 1974
II. La croissance spatiale de Diaobé de 1974 à 1988
III. La croissance spatiale de Diaobé de 1988 à 2010
IV. La Croissance spatiale de Diaobé de 2010 à 2018
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : CONSEQUENCES DE LA CROISSANCE URBAINE 
Introduction PARTIELLE
CHAPITRE 1 : CONSEQUENCES DE LA CROISSANCE URBAINE
I. Les conséquences sur le plan spatial
I.1. L’évolution du bâti
I.2. L’accès au foncier
I.3. La typologie de l’habitat
II. LES CONSEQUENCES SUR LE PLAN SOCIAL
II.1. L’accès à l’eau potable
II.2. L’accès à l’éducation
II.3. L’accès à l’électricité
I.4. L’accès aux soins
II.5. L’accès aux équipements sportifs, culturels et de loisir
III. Les Conséquences sur le plan environnemental
III.1. La gestion des ordures ménagères
III.2. Le problème d’assainissement et d’hygiène publique
IV. Les Conséquences sur la mobilité
IV.1. L’état de la voirie
IV.2. Le problème de transport
V. Les Conséquences sur l’agriculture
V.1. Le problème d’accès aux terres arables
V.2. Le recul de l’agriculture
VI. Les Conséquences sur l’emploi
V.1. Les difficultés d’accès à l’emploi
V.2. La problématique de la sécurité alimentaire
VI. Les conséquences sur la sécurité des biens et personnes
VI.1. Le niveau de sécurité de la ville
VI.2. Le développement du banditisme
CHAPITRE 2 : RÔLE DES ACTIVITES ECONOMIQUEs
I. Le Commerce
II. L’agriculture
III. Le maraichage
IV. L’élevage
V. La pêche
VI. L’artisanat
VII. Le transport
VIII. LE SPORT, LA CULTURE ET LE TOURISME
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE :  DEFIS ET ENJEUX D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
Introduction
CHAPITRE 1 : DEFIS DE LA GOUVERNANCE
I. Les Défis et enjeux
II. La Bonne gouvernance
III. La gouvernance locale et participation citoyenne
CHAPITRE 2 : PERSPECTIVES D’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
I. Le renforcement des équipements sociaux de base
II. L’amélioration du cadre de vie, protection et préservation de l’environnement
III. La maîtrise de l’urbanisation et l’amélioration de la gouvernance
IV. Le renforcement du tissu économique
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *