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Les Mastigomycotina
Les Mastigomycotina qui sont très rarement impliqués en pathologie humaine, se répartissent en deux classes : les Chytridiomycètes et les Oomycètes. Ils sont caractérisés par la présence de spores munies de flagelles (un pour les Chytridiomycètes, deux pour les Oomycètes). Cependant, aujourd’hui la nomenclature ne retient dans le règne des champignons que les Chytridiomycètes, en raison de la présence de chitine dans leur paroi et de leur nutrition qui se fait par absorption [5].
Les Zygomycotina
Cette division qui est caractérisée par la production de spores sexuées appelées zygospores, comporte de nombreux pathogènes : les Mucorales, agents des mucormycoses et les Entomophthorales, agents des entomophthoromycoses.
Ils sont considérés, avec les Mastigomycotina, comme des champignons inférieurs. Deux caractéristiques les différencient des autres champignons dits «supérieurs » (Ascomycotina et Basidiomycotina) : le mycélium végétatif est plus large, souvent dilaté, peu ou pas cloisonné et la reproduction asexuée est dite endogène. Chez les Mucorales, par exemple, les spores sont produites à l’intérieur d’un sac appelé sporocyste, d’où le nom de sporocystophore donné aux filaments porteurs de ce sac. Chez les Entomophthorales, les spores asexuées sont produites à l’extrémité de filaments et sont habituellement projetées à distance, elles portent le nom de ballistospores [5].
Les Ascomycotina
Dans ce groupe qui comprend aussi un grand nombre de pathogènes de l’homme (levures ascosporées, champignons filamenteux tels que les Aspergillus, les dermatophytes,…), les spores issues de la reproduction sexuée (appelées ascospores) sont produites de manière endogène à l’intérieur d’un sac appelé asque[5].
Les Basidiomycotina
Ils sont caractérisés par la production de spores sexuées (appelées basidiospores) formées par bourgeonnement à l’apex de cellules allongées, les basides. Les Basidiomycètes ont un thalle cloisonné avec présence de «boucles» au niveau des cloisons. Les cloisons des filaments mycéliens («clamp connexion») comportent le plus souvent un pore central unique de structure complexe appelé dolipore.
Les Basidiomycètes comprennent deux groupes principaux : les Hétérobasidiomycètes (Ustilaginales) à basides divisées ou ramifiées et les Holobasidiomycètesà basides simples.
Chez les Holobasidiomycètes qui sont essentiellement des macromycètes, deux ordres sont exceptionnellement impliqués en pathologie humaine : les Aphyllophorales et les Agaricales [5].
Les Deuteromycotina
Les champignons appartenant à ce groupe sont qualifiés d’imparfaits ou Fungi imperfecti. C’est dans cette division qu’on retrouvera le plus grand nombre de ces espèces d’intérêt médical. Cet ensemble, très hétérogène, englobe toutes les espèces se multipliant sur le mode asexué. Des données récentes reposant d’une part sur la microscopie électronique, d’autre part sur la biologie moléculaire (comparaison des séquences d’ADN ribosomique par exemple), permettent d’établir des liens étroits avec de nombreux Ascomycètes ou Basidiomycètes. En pratique, le maintien de cette division s’avère utile car beaucoup d’espèces n’expriment pas en culture leur reproduction sexuée.
Les Deuteromycotina sont divisés en trois classes (Figure 2) :
· Les Blastomycètes qui regroupent l’ensemble des champignons levuriformes.
· Les Hyphomycètes qui regroupent tous les champignons filamenteux à thalle septé dont les cellules conidiogènes (productrices de spores ou conidies) sont libres.
· Les Coelomycètes qui rassemblent les champignons filamenteux dont les cellules conidiogènes sont contenues dans des organes protecteurs appelés pycnides ou acervules.
Schématiquement, on oppose deux types d’Hyphomycètes : les hyalins ou clairs (hyalohyphomycètes) appartenant à la famille des Moniliaceae et les foncés ou noirs appelés Dématiés ou phaéohyphomycètes appartenant à la famille des Dematiaceae[5].
Principales moisissures d’intérêt médical
Les espèces étudiées vont appartenir principalement aux Deutéromycètes, et le plus souvent aux Hyphomycètes. Donc nous allons distinguer les hyalohyphomycètes des phaéohyphomycètes.
Les hyalohyphomycètes
Ce sont des micromycètes cosmopolites appartenant à la famille des Moniliaceae. Ils vivent pour la plupart en saprophyte, dans le sol ou sur les végétaux en décomposition, d’autres espèces colonisent plus volontiers des substrats telluriques divers.
Le biologiste sera donc toujours confronté à ces champignons « contaminants des cultures » mais ils peuvent parfois être incriminés dans des pathologies humaines nommées : hyalohyphomycoses.
On assiste actuellement à une augmentation du nombre d’infections humaines dues à ces champignons opportunistes [6,7].
Fusarium
Ce genre, décrit pour la première fois en 1809[8], très cosmopolite, est présent dans les zones tropicales, les régions tempérées, les zones désertiques, montagneuses et même arctiques [6]. Il regroupe des espèces telluriques saprophytes et des pathogènes de plantes. Ces organismes sont également impliqués en pathologie humaine(tableau I) causant des mycotoxicoses et des infections qui peuvent être locales ou disséminées [8].
Morphologie
Sur le plan macroscopique les Fusarium forment des colonies duveteuses ou cotonneuses de couleur variable (blanche, crème, jaune, rose, rouge, violette ou lilas) selon les espèces.
Le revers peut être crème, rouge à pourpre, lilas ou violet. Les pigments diffusent souvent dans la gélose (Figure 3a) [5].
Sur le plan microscopique, du thalle végétatif naissent des conidiophores courts et souvent ramifiés. Ils portent des phialides qui peuvent avoir un ou plusieurs sites de bourgeonnement pour la production des conidies. Le plus souvent, les phialides présentent un site de bourgeonnement unique (monophialide) situé à l’extrémité d’un col allongé(F. solani) ou court et trapu (F. oxysporum). Chez d’autres espèces comme F. proliferatum, les phialides présentent plusieurs sites de bourgeonnement (polyphialides).
Les micronidies sont uni (ou bi) cellulaires, de 4 à 8 µm de long, allongées, ovales ou cylindriques, isolées, solitaires ou groupées, disposées en verticilles ou plus rarement en chaînettes (F. moniliforme). Les macroconidies sont pluricellulaires à cloisons seulement transversales. Elles mesurent de 18 à 80 µm de long, et sont souvent groupées en paquets. Elles sont fusiformes, courbées, assez pointues aux extrémités, avec une cellule podale formant une sorte de talon plus ou moins visible. Enfin, des chlamydospores sont parfois présentes, terminales ou intercalaires (au sein des filaments ou déformant une macroconidie. La reproduction sexuée est possible pour certaines espèces, mais pas dans les milieux habituellement utilisés en mycologie médicale. Les formes sexuées appartiennent aux Ascomycètes, genres Gibberella, ou Nectria (Figure 3b) [5, 8, 9].
Infections profondes et disséminées
Ces infections surviennent essentiellement chez les patients atteints d’hémopathie (leucémie, lymphome, syndrome d’activation macrophagique, anémie réfractaire ou myélome) traités par chimiothérapie cytotoxique intense, avec ou sans greffe de moelle, et ayant entraîné une neutropénie ou une aplasie prolongée ; plus rarement lors de brûlures extensives, de tumeurs solides, d’infection à virus de l’immunodéficience humaine [17].
Les principales espèces responsables sont Fusarium solani, Fusarium moniliforme, et Fusarium oxysporum (Tableau I).
Dans les infections où le cathéter est considéré comme le point de départ, il n’existe en règle générale aucune inflammation locale.
La présence de moisissures dans les circuits hospitaliers de distribution d’eau : essentiellement Aspergillus spp. et Fusarium spp., s’intégrant dans le biofilm, peuvent expliquer, par un système d’aérosols, la persistance d’infections dans les services à risques malgré la présence d’un traitement d’air par filtre efficace[17].
Allergies
L’hypersensibilité à Fusarium spp a été retrouvée dans 25 % des cas lors d’allergie aux moisissures démontrée par tests cutanés. Son rôle a été également reconnu dans les sinusites allergiques fongiques avec taux d’IgE élevé et un test cutané positif ainsi que dans des manifestations de bronchopneumonie allergique type aspergillose broncho-pulmonaire allergique (ABPA) [8].
Mycotoxines
Le genre Fusarium est impliqué dans la synthèse de plusieurs mycotoxines (les fumonisines) responsables de mycotoxicoses, où fumonisine B1 a été corrélée à une plus grande incidence du cancer de l’œsophage dans certains pays [8, 13] .
Il faut rappeler que ces infections ne relèvent pas de la mycologie médicale mais plutôt de la mycotoxicologie.
Traitement
Les Fusarium sont parmi les champignons les plus résistants. Bien que le traitement optimal ne soit pas codifié, le voriconazole, l’itraconazole et l’amphotéricine B, surtout dans ses formulations lipidiques, ont été associés à des succès thérapeutiques[18]. Le voriconazole est notamment reconnu à la fois par l’US Food and Drug Administration aux États-Unis et par la European Medicines Agency en Europe pour le traitement des infections sévères à Fusarium [18].
Aspergillus
Les aspergilloses sont des affections opportunistes provoquées par la prolifération dans l’organisme de champignons filamenteux appartenant au genre Aspergillus. Ce genre comprend environ 300 espèces ; seules quelques-unes sont pathogènes pour l’homme et provoquent des affections opportunistes, fréquentes et souvent mortelles chez le patient immunodéprimé [19].
Morphologie
Macroscopiquement l’Aspergillus spp. donne des colonies blanches au début et qui varient avec l’apparition des spores des formes sexuées et des sclérotes devenant ocre, brune, noire, verte, jaune avec un aspect poudreux, broussailleux, granuleux et l’existence parfois d’un pigment au verso qui diffuse dans la gélose [5]. Microscopiquement ils sont caractérisés par un thalle végétatif formé de filaments mycéliens hyalins, de diamètre fin et régulier, septés et ramifiés, des têtes aspergillaires. Sur les filaments végétatifs, prennent en effet naissance des filaments dressés, non cloisonnés. Ces derniers, qu’on appelle conidiophores, se terminent par une vésicule de forme variable sur laquelle sont disposées les cellules conidiogènes ou phialides. La conidiogénèse s’effectue en effet sur le mode blastique phialidique, par bourgeonnement à l’apex des phialides d’une série de spores ou conidies qui restent accolées les unes aux autres en chaînes non ramifiées, basipètes, la plus jeune étant à la base de la chaîne.
Les spores, toujours unicellulaires, sont de forme variable, globuleuses, subglobuleuses ou elliptiques. Diversement pigmentées, elles peuvent être lisses ou recouvertes d’aspérités plus ou moins marquées.
Les phialides peuvent être insérées directement sur la vésicule (têtes unisériées), ou portées par des petits articles insérés sur la vésicule, les métules (têtes bisériées).
L’ensemble vésicule (± métules) + phialides + conidies constitue la tête aspergillaire qui caractérise le genre Aspergillus.
En effet, pour certaines espèces, apparaissent parfois en culture des formations sexuées (stade téléomorphe). Ce sont des cléistothèces contenant des asques arrondis renfermant chacun 8 ascospores. Les « Hülle cells », ou cellules en noisette, sont des formations arrondies, réfringentes à paroi épaisse qui accompagnent souvent les formes sexuées, mais qu’on peut également observer isolément, indépendamment de la reproduction sexuée(Tableau. II ; Figure 6) [5, 20, 21].
Acremonium
Ce genre jadis connu sous le nom de Cephalosporium regroupe des champignons cosmopolites vivant en saprophytes dans le sol, sur des végétaux et sur d’autres champignons [34, 35].
Les principales espèces responsables de lésions humaines sont A. strictum, A. kililense, A.potronii, A. falciforme et A. albamense [36]. La plupart des Acremonium isolés au laboratoire sont considérés comme des contaminants des cultures, mais ils peuvent parfois être responsables d’onyxis, de kératites ou de mycétomes à grains blanc A(. kiliense, A. falciforme). Certaines espèces ont par ailleurs un comportement opportuniste assez marqué. Ainsi, A. strictum est à l’origine de pneumopathies et de septicémies, A. alabamensis d’abcès cérébraux, et A. roseogriseum d’arthrites du genou [35].
Le thalle végétatif est constitué de filaments septés, isolés ou disposés parallèlement les uns aux autres. Les phialides naissent directement des filaments végétatifs, elles sont fines et cylindriques, plus étroite à l’extrémité apicale qu’à la base (phialides aciculaires). Elles sont solitaires plus rarement groupées en 2 ou 3. Les conidies cylindriques ou elliptiques unicellulaire et hyalines [26].
Scedosporium
Ce sont des champignons cosmopolites isolés du sol, de substrats variés riches en matières organiques (litières animales, fumiers, boues, eaux salées, etc.). L’inoculation se fait à partir d’une lésion traumatique.
L’espèce S. apiospermum présente un rôle pathogène réel. Ces conidies de couleur brune, de forme ovoïde, à base tronquée sont formées de façon isolée, directement sur des filaments ou sur des conidiophores cylindriques (ou en forme de bouteilles). [37]. Elles sont unicellulaires. Une forme graphium peut être associée.
La reproduction sexuée (Pseudallescheria boydii) est caractérisée par des cleistothèces bruns à jaunes, arrondis, contenant des asques sphériques octosporés de teinte cuivrée [20].
Agent de mycétome à grains blancs (Amérique, Afrique du Nord, Europe Centrale), S. apiospermum (Pseudallescheria boydii) est à l’origine aussi d’atteintes pulmonaires (broncho- pneumopathies), il colonise fréquemment les bronches d’enfants atteints de mucoviscidose. C’est un opportuniste chez l’immunodéprimé, provoque des atteintes viscérales (système nerveux central, endocardite), des arthrites, kératites et endophtalmies [38].
Scedosporium spp. est également rapporté comme agent d’onychomycose dans plusieurs études [39]. Il peut aussi être à l’origine d’atteintes respiratoires (sinusites, tumeurs pulmonaires) [40].
Du fait de sa grande variabilité génétique, la phylogénie actuelle deS. apiospermum et P. boydii est en pleine évolution. Récemment une étude a montré qu’il existait un complexe d’espèces ce qui a entraîné la dénomination de nouvelles espèces telles queScedosporium aurantiacum et Pseudallescheria minutispora [40].
Phaéohyphomycètes
Les phaéohyphomycètes (hyphomycètes dématiés) sont des moisissures issues du sol, de la terre ou de végétaux en décomposition. Ils sont parfois parasites de plantes et certains sont de véritables opportunistes chez l’homme.
Leur caractéristique commune est de produire des pigments de type mélanine qui imprègnent la paroi des filaments, d’où l’aspect foncé ou noir des colonies en culture et des filaments dans les tissus parasités.
Le pouvoir pathogène de ces champignons (phaéohyphomycoses) inclut un vaste spectre d’atteintes cliniques qui vont de la simple colonisation superficielle de la peau, de la cornée ou des muqueuses oto-rhino-laryngologiques (ORL) aux lésions sous-cutanées (kystes) et aux localisations profondes touchant un ou plusieurs organes [5].
Neoscytalidium (ex Scytalidium) : N. dimidiatum
C’est un parasite de plantes et d’arbres fruitiers, trop fréquent dans les régions tropicales ou subtropicales et absent dans les régions tempérées [41].
Morphologie
Macroscopiquement, les colonies sont extensives, aériennes et de couleur grise à noire. Le verso se caractérise, comme pour la plupart des phaéohyphomycètes, par la présence d’un pigment noir (Figure 11a) [42].
Microscopiquement, on observe in vitro des filaments végétatifs hyalins étroits, ainsi que des filaments épais, à paroi pigmentée, se dissociant en arthrospores uni ou bicellulaires, rectangulaires ou en forme de tonnelet, très évocatrices (Figure 11b). La présence de pycnides est associée à l’autre forme asexuée du champignon, Nattrassia mangifera [42].
Manifestations cliniques
Neoscytalidium dimidiatum est responsable de lésions pseudodermatophytiques de la peau et des ongles. La contamination se produisant vraisemblablement par le biais de la marche pieds nus. Il est responsable d’intertrigo interdigitoplantaire, d’onyxis et d’hyperkératose palmoplantaire simulant une dermatophytie. Les onychomycoses sont habituellement au départ de type sous-unguéal distal (Figure 12) [39, 42].
De rares atteintes profondes ont également été rapportées : lésions sous-cutanée, mycétome, fongémie et abcès abdominal, endophtalmie, sinusites ou encore spondylodiscite. Dans la majorité des cas, on retrouve des facteurs favorisants, tels qu’une neutropénie ou un diabète. Ce champignon peut également se disséminer dans l’organisme en cas de granulopénie. [42, 43, 44].
Traitement
Aspiroz et al. [45] proposent, dans le traitement des atteintes unguéales à Neoscytalidium, une thérapie photodynamique. Après application pendant cinq jours d’une pommade combinant urée et bifonazole, une crème à base d’aminolévulinate de méthyle (Metvixia®) est appliquée pendant 3 heures sous pansement occlusif sur l’ongle pathologique, puis ce dernier est nettoyé à l’alcool. L’ongle est ensuite illuminé avec une lumière polychromatique rouge émise par des diodes à 630 nm. La molécule active, absorbée sélectivement et accumulée sous forme d’une molécule photosensibilisante (photoporphyrine de type IX), détruit alors la partie atteinte de l’ongle. Plusieurs séances sont nécessaires pour éliminer la kératine parasitée, mais les résultats s’avèrent très probants.
Alternaria
Les Alternaria sont des saprophytes ou des parasites de plantes très répandus. Chez l’immunodéprimé, ils sont impliqués dans des lésions de phaéohyphomycoses cutanées ou sous-cutanées, plus rarement profondes (sinusites). Ce sont très rarement des agents d’onychomycoses [46].
Sur le plan morphologique, les hyphes, septés, sont ramifiés et tardivement certains filaments sont pigmentés en brun. Les conidiophores sont cloisonnés, bruns, septés, simples ou ramifiés, plus ou moins droits ou flexueux (géniculés)[26]. Les conidies ou porospores sont brunes, pluricellulaires, d’aspect piriforme ou ovoïde, avec une partie basale arrondie et une extrémité apicale allongée en bec plus ou moins important. Ce sont des dictyospores. A maturité, elles présentent à la fois des cloisons transversales, obliques ou longitudinales. Ces spores à paroi lisse ou verruqueuse et de taille importante (50-100 µm x 3-16 µm), sont souvent disposées en chaînes [5].
Autres moisissures en émergence
D’autres moisissures sont de plus en plus impliquées en pathologie humaine, responsables de hyalohyphomycoses tels que les Penicillium, les Paecilomyces, les Beauveria, Onychocola canadensis, et de phaéohyphomycoses tels que les Aureobasidium pullulans, les Bipolaris, et Cladophialophora, le genre Curvularia et le genre Exophialia [5].
Démarche diagnostique d’une moisissure d’intérêt médical
La démarche diagnostique d’une moisissure d’intérêt médical est identique à celle des champignons de façon générale sauf au niveau de l’interprétation.
Réalisation du prélèvement
Anamnèse et examen clinique
L’interrogatoire et l’examen clinique du patient font partie intégrante du prélèvement en facilitant la confrontation clinico-mycologique et permettent ainsi de préciser :
· l’ancienneté des lésions, leur mode d’évolution dans le temps (rapide pour une candidose, lent pour un dermatophyte ou une moisissure), leur forme et enfin l’existence de traitements antérieurs avec leurs durées et leurs efficacités ;
· les facteurs favorisants qu’ils soient professionnels, liés à la pratique d’un sport etc. ;
· les antécédents dermatologiques (psoriasis, eczéma, …) ;
· l’existence de lésions superficielles ou profondes anciennes ou préalablement traitées, qui peuvent nécessiter un prélèvement si elles sont de nature à modifier le traitement [50, 51, 52, 53, 54].
Prélèvement mycologique proprement dit
C’est l’étape capitale : de sa qualité découle la qualité de l’ensemble de l’examen mycologique (examen direct et culture).
Il doit être réalisé avec un grand soin. La technique doit être adaptée au type de lésion clinique. Il fait appel à une bonne connaissance de la clinique afin de sélectionner au mieux la zone à prélever, là où le champignon est bien vivant.
Le matériel utilisé pour cet examen est simple et doit être stérile : instrument de grattage tel qu’un grattoir de Vidal, ciseaux, pince à ongle, pince à épiler, vaccinostyle ou instrument équivalent, boîte de Pétri. Le prélèvement est parfois désagréable mais il n’est pas traumatisant [55].
Étude histologique
L’examen histopathologique est très contributif au diagnostic, surtout dans une suspicion d’onychomycose à moisissure, mais peu utilisé en pratique par les biologistes en dehors de certains centres spécialisés pratiquant les techniques d’anatomopathologie. Il convient de prélever au niveau de la partie atteinte de l’ongle un fragment de 3 mm d’épaisseur qui sera inclus dans la paraffine pour ensuite être coloré à l’acide periodique-Schiff (PAS). Cet examen est surtout destiné à mettre en évidence la pénétration du parasite dans la kératine unguéale et/ou hyponychiale. Son intégrité permet de considérer comme simples saprophytes, les champignons non dermatophytiques découverts en culture. L’étude microscopique de la tablette unguéale précise également le niveau de l’atteinte parasitaire [59].
La biologie moléculaire
Les techniques traditionnelles de diagnostic ont des lacunes qui peuvent retarder l’initiation du traitement.
La réaction en chaîne de la polymérase (PCR) est une technique de biologie moléculaire avec une large utilisation dans la recherche scientifique et la médecine diagnostique. Dans le diagnostic des moisissures, la PCR peut être utilisée pour amplifier rapidement de petites quantités d’ADN fongique isolé directement à partir d’échantillons cliniques. L’analyse de ces fragments d’ADN amplifiés permet l’identification quantifiable des espèces fongiques présentes dans l’échantillon d’origine à travers la PCR quantitative.
Bien que ces techniques moléculaires sont plus sensibles et produisent des résultats beaucoup plus rapidement que les méthodes traditionnelles de culture (24 heures au lieu de plusieurs semaines ou même des mois), ils nécessitent des équipements spécialisés de laboratoire et des réactifs coûteux. En outre, basés sur la PCR, les techniques moléculaires sont limitées en ce sens qu’elles ne peuvent amplifier l’ADN présent dans l’échantillon d’origine, et donc ne peut pas différencier les agents responsables de contaminants, ou de déterminer la viabilité des organismes identifiés. Il faut donc veiller à la technique d’échantillonnage approprié, et les résultats doivent être interprétés avec prudence. Des analyses répétées peuvent être nécessaires pour confirmer la présence de moisissure identifiée[60, 61, 62, 63].
CRITERES D’IMPLICATION D’UNE MOISISSURE DANS UN PROCESSUS PATHOLOGIQUE
Compte tenu du contexte de survenue d’une mycose opportuniste, nosocomiale ou communautaire, tout champignon filamenteux isolé en culture pure ou en plusieurs reprises d’un produit biologique (produits d’expectorations, LBA, LCR, urines, sérosités, pus, fragments de peau, de phanères et biopsies de tissus, …) doit être a prioriconsidéré comme un agent pathogène [20]. La notion de contaminant ou de colonisateur saprophyte ne sera retenue qu’après avoir écarter l’hypothèse d’une mycose opportuniste [26].
Les critères de pathogènicité sont actuellement bien codifiés.Ils n’ont pas nécessairement besoin d’être tous présents pour affirmer le caractère pathogène de l’isolat. Ils comprennent :
Présence à l’état parasitaire dans les produits pathologiques ;
Isolement à plusieurs reprises ;
Croissance en plusieurs points d’ensemencement (au moins 2/3 des points) ;
Absence d’un autre pathogène primaire classique ;
Pathogènicité pour l’animal de laboratoire ;
Réponse immunitaire spécifique ;
Réponse à une thérapeutique spécifique.
Dans toutes les situations, l’interprétation sera avantageusement facilitée après la lecture et l’analyse du dossier médical du patient. La confrontation clinico- biologique et le dialogue avec le praticien prennent ici toute leur valeur.
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Table des matières
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I) GENERALITES SUR LES MOISISSURES
1.1. Définition des moisissures
1.2. Position taxonomique des moisissures
1.2.1. Les Mastigomycotina
1.2.2. Les Zygomycotina
1.2.3. Les Ascomycotina
1.2.4. Les Basidiomycotina
1.2.5. Les Deuteromycotina
1.3. Principales moisissures d’intérêt médical
1.3.1. Les hyalohyphomycètes
1.3.1.1. Fusarium
a. Morphologie
b. Manifestations cliniques
c. Traitement
1.3.1.2. Aspergillus
a. Morphologie
b. Manifestations cliniques
c. Traitement
1.2.1.3. Chrysosporium keratinophilum
a. Morphologie
b. Manifestations cliniques
c. Traitement
1.2.1.4. Acremonium
1.2.1.5. Scedosporium
1.3.2. Phaéohyphomycètes
1.3.2.1. Neoscytalidium (ex Scytalidium) : N. dimidiatum
a. Morphologie
b. Manifestations cliniques
c. Traitement
1.3.2.2. Alternaria
1.3.2.3. Cladosporium
1.3.3. Autres moisissures en émergence
1.4. Démarche diagnostique d’une moisissure d’intérêt médical
1.4.1. Réalisation du prélèvement
1.4.2. Prélèvement mycologique proprement dit
1.4.3. Examen direct
1.4.4. Culture
1.4.5. Étude histologique
1.4.6. La biologie moléculaire
II) CRITERES D’IMPLICATION D’UNE MOISISSURE DANS UN PROCESSUS PATHOLOGIQUE
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL EXPERIMENTAL
I) CADRE ET PERIODE D’ETUDE
1.1. Cadre d’étude
1.2. Type et période d’étude
II) MATERIEL ET METHODES
2.1. Population d’étude
2.1.1. Critères d’inclusion
2.1.2. Critères de non inclusion
2.2. Matériels de l’étude
2.2.1. Matériels classiques
2.2.2. Milieux de culture
2.2.3. Réactifs
2.3. Méthodes d’études
2.3.1. Prélèvement
2.3.2. Examen direct et culture
2.3.3. Identification
III) RESULTATS
3.1. Analyse descriptive de la population d’étude
3.1.1. Répartition des cas d’atteinte par les moisissures selon l’âge et le sexe
3.1.2. Répartition des cas selon les années
3.2. Prévalence des moisissures incriminées en pathologie humaine
3.3. La fréquence d’isolement des moisissures
3.4. Fréquence des genres de moisissures pathogènes isolés au laboratoire
3.5. Aspects cliniques rencontrés
3.5.1. Intertrigos
3.5.2. Onychomycose
3.5.3. Association d’intertrigo et d’onyxis
3.5.4. Kératite
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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