Madagascar fait partie des pays ayant un problème d’urbanisation inquiétant dans le monde. Antananarivo, la capitale, est parmi les nombreuses villes d’Afrique où la croissance démographique et les changements urbains ont évolué de façon spectaculaire ces quarante dernières années (MANDIMBIHARISON et RAHARISON, 2002). D’une superficie de 425 km² (AUBRY, DABAT, RAMAMONJISOA, 2006), la ville d’Antananarivo a, à l’origine, été conçue pour accueillir 400 000 habitants. Mais en 2001, elle abrite environ 1 500 000 habitants (MANDIMBIHARISON et RAHARISON, 2002), puis 3 000 000 en 2011 (Banque Mondiale, 2011).
Il résulte de cette explosion démographique, des problèmes d’urbanisation et d’environnement (MANDIMBIHARISON et RAHARISON, 2002) car les équipements et infrastructures existants (…) vers les années 1970 (…) n’ont plus été renouvelés (FAIVRE, 2000) ; ce qui a fait que les divers aménagements faits ne suffisent plus à la population.
La saturation de la ville-centre va donc logiquement conduire à une extension urbaine vers les zones périphériques de la capitale. De par sa situation géographique, la commune rurale d’Andoharanofotsy qui se trouve en effet dans les environs immédiats d’Antananarivo a aussi connue une croissance démographique fulgurante. Entre 1993 et 2010, sa population a triplé en allant de 13 556 habitants (RGPH, 1993) à 41 861 habitants (Mairie d’Andoharanofotsy, 2012). La densité de la population atteint les 3488 habitants au km² en 2010.
L’implantation massive des habitants actuels a été fortement favorisée par le coût relativement faible des loyers dû à la localisation périphérique de la commune rurale d’Andoharanofotsy par rapport à l’agglomération d’Antananarivo ainsi que l’implantation de plusieurs entreprises franches dans la localité et dans les communes voisines. Cela a entraîné la construction de nouvelles infrastructures, laquelle a en fait été réalisée au préjudice de l’agriculture, les espaces agricoles subissant une rectification de destination en allant de l’usage agricole à l’usage résidentiel. Ce changement de nature des espaces agricoles contraint l’agriculture à se replier voire à disparaître à plus ou moins longue échéance. Pourtant, eu égard à la planification urbaine, le développement et la création des villes doivent se faire de façon harmonieuse, dans le respect total du cadre de vie des habitants et des éléments constituant son environnement (activités, infrastructures) [WIKIPÉDIA, 2012]. Ce qui n’est pas le cas ici, l’espace agricole tendant à disparaître car englouti par l’expansion des villes.
SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
Notion d’urbanisation et de ville
D’après Larousse (2012), l’urbanisation est un phénomène démographique se traduisant par une tendance à la concentration de la population dans les villes. Une ville est, quant à elle, un milieu physique, où se concentre une forte population humaine, qui a aménagé cet espace pour faciliter et concentrer les activités humaines : habitat, commerce, industrie, éducation, politique, culture, etc. (WIKIPEDIA 2012). D’après Larousse (2012), sur le plan statistique, une ville compte au moins 2 000 habitants agglomérés. Mais ces chiffres peuvent varier d’un pays à un autre. Par exemple, en France, le seuil est de 2 000 habitants agglomérés, aux États-Unis il est de 2 500 habitants. À Madagascar, par contre, le code de l’urbanisme 2004 définit une ville comme étant une agglomération de 5000 habitants (Banque Mondiale, 2011).
Agriculture urbaine
Définition
Le terme agriculture urbaine (AU) désigne toute activité de production agricole (végétaux/animaux), à des fins de consommation privée ou pour les circuits commerciaux, au sein d’une aire urbaine. Il recouvre donc des réalités diverses, allant du jardin familial à la grande exploitation, avec des objectifs et des problématiques différentes : préservation de l’activité agricole face au phénomène d’artificialisation des terres, autonomie alimentaire, restauration de la biodiversité, intégration sociale (REZELMAN, 2009).
Fonctions
De nombreux auteurs admettent que l’agriculture a des fonctions prépondérantes pour le bon fonctionnement d’une agglomération urbaine et l’équilibre des diverses entités qui la composent. Sont notamment connues :
➤ les fonctions alimentaires : l’agriculture urbaine permet à la ville de lutter contre l’insuffisance alimentaire et de par sa proximité, de s’approvisionner en produits frais (TEMPLE et MOUSTIER, 2004 ; AUBRY et AL, 2010 ; BA et MOUSTIER, 2010 ).
➤ les fonctions économiques et sociales : la pratique de l’agriculture au sein d’une aire urbaine permet à une catégorie de personnes sans emploi de travailler. Le taux d’emploi généré par l’agriculture urbaine ou sa contribution à la réduction des inégalités alimentaires sont loin d’être négligeables. (DUBBELING, 2009 ),
➤ les fonctions environnementales : l’agriculture joue une fonction importante dans le maintien d’un environnement urbain sain, notamment dans la protection contre les inondations , la récupération d’eaux usées , la valorisation des déchets organiques (Cirad et Crdi, 2004) et la protection des sols en pente contre l’érosion (FLEURY, 2005 ; BA et MOUSTIER, 2010 ). L’agriculture urbaine assure aussi la fonction de poumon vert au sein de la ville.
Critères de durabilité d’une exploitation agricole en zone urbaine
La durabilité d’une exploitation agricole dépend de 2 types de facteurs qui sont les facteurs internes et externes à l’exploitation agricole (AUBRY et BA, 2010):
a. Les facteurs internes : Ce sont des facteurs inclus dans l’exploitation agricole ellemême. Il s’agit des facteurs propres à l’exploitation agricole et desquels dépend son fonctionnement. Les facteurs internes pris en compte dans cette étude sont les caractéristiques socioprofessionnelles des ménages, les rentes foncières annuelles obtenues des terres et l’accès aux facteurs de production , notamment le travail .
b. Les facteurs externes : Ce sont des facteurs qui ne dépendent pas de l’exploitation agricole mais des acteurs et décideurs externes à l’exploitation . Ce sont certes des facteurs indépendants de l’exploitation agricole mais l’avenir de cette dernière peut fortement en dépendre. Les facteurs externes pris en compte dans ce travail sont les tenures foncières et les effets directs de l’urbanisation sur l’espace agricole dont la densité de la population et la valeur spéculative acquise par les terrains en zone urbanisée.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : GENERALITES SUR L’ETUDE
1. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. Notion d’urbanisation et de ville
1.2. Agriculture urbaine
1.2.1. Définition
1.2.2. Fonctions
1.2.3. Critères de durabilité d’une exploitation agricole en zone urbaine
2. PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
2.1. Localisation
2.2. Relief et type de sol
2.3. Climat
2.4. Zonage
PARTIE 2 : MÉTHODOLOGIE D’APPROCHE
1. MATÉRIEL
1.1. La cartographie de la zone
1.2. Les logiciels d’exploitation CSPro, Stata 12 et XlStat
2. MÉTHODE
2.1. Phase préparatoire
2.1.1. Recherches bibliographiques
2.1.2. Choix de la zone d’étude
2.1.3. Choix des indicateurs et élaboration du questionnaire d’enquête
2.1.4. Choix des personnes ressources
2.2. Phase opérationnelle
2.2.1. Enquêtes de terrain et entretiens
2.2.2. Observations directes
2.2.3. Triangulation
2.2.4. Analyse diachronique
2.2.5. Traitement et analyse des données par grande ligne des objectifs assignés
2.3. Limites de la méthode
2.3.1. Les difficultés observées lors des enquêtes
2.3.2. La rareté des données disponibles pour l’analyse diachronique
2.3.3. La difficulté à trouver des documents auprès des organismes étatiques
2.4. Synthèse de la démarche méthodologique
PARTIE 3 : RÉSULTATS ET INTERPRÉTATIONS
1. URBANISATION A ANDOHARANOFOTSY
1.1. Population et évolution
1.2. Évolution de l’urbanisation et situation actuelle
1.2.1. Évolution du mode d’occupation du sol
1.2.2. Occupation actuelle du sol et niveau d’urbanisation de la commune
2. CARACTÉRISTIQUES DES MÉNAGES
2.1. Caractéristiques sociodémographiques des ménages
2.1.1. Taille des ménages
2.1.2. Durée d’installation dans la zone
2.1.3. Niveau de scolarité
2.2. Caractéristiques socioprofessionnelles du chef de ménage
2.2.1. Occupations et activités professionnelles
2.2.2. Revenus mensuels des ménages
3. PRATIQUES AGRICOLES
3.1. Conduite de culture
3.2. Apports d’intrants
3.3. Problèmes connus au niveau des parcelles agricoles
3.4. Production agricole et débouchés
3.4.1. Rente annuelle obtenue de l’agriculture
3.4.2. Part de l’autoconsommation‐vente
3.4.3. Lieux d’écoulement des produits agricoles
4. DYNAMIQUES FONCIÈRES
4.1. Dynamiques d’occupation probables des parcelles
4.2. Projets de mise en valeur future des terres
4.3. Diagnostic des facteurs internes à l’exploitation
4.3.1. Ressources humaines
4.3.2. Ressources naturelles
4.3.3. Systèmes de production
4.4. Diagnostic des facteurs externes à l’exploitation
4.4.1. Pression de l’urbanisation
4.4.2. Statut juridique des terres
4.5. Synthèse des résultats
CONCLUSION