Le diabète de type 2
Contexte
Bien qu’évoqué dans certains ouvrages de médecine chinoise, le diabète n’a été décrit pour la première fois que dans le papyrus Ebers datant d’environ 1500 ans av. J.-C. et mieux défini dans le traité indien Sushruta Samhita qui daterait de 500 ans av. J.-C. . Le terme diabetes vient du grec ancien et signifie passer au travers en référence à deux symptômes de la maladie, la soif (polydipsie) et le besoin fréquent d’uriner (polyurie). Le terme latin mellitus signifiant sucré comme le miel a été ajouté par le médecin anglais Thomas Willis après avoir noté le goût sucré des urines de patients diabétiques. Si le rôle du foie dans la régulation de la glycémie a été mis en évidence en 1855 par Claude Bernard , le rôle central du pancréas dans la pathogenèse du diabète n’a été compris que 34 ans plus tard par Mering et Minkowski . Cette découverte constitua la base de l’isolation de l’insuline et son utilisation clinique par Banting et Best en 1921 , et fut récompensée par un prix Nobel en 1923. Depuis, dix autres prix Nobel ont été attribués en lien avec le diabète avec notamment la détermination de la séquence en acides aminés de l’insuline en 1951 par Frederick Sanger et de la structure tridimensionnelle de l’insuline en 1969 par Dorothy Hodgkin .
Épidémiologie
Un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 2011 stipule que les maladies non transmissibles (MNT) sont la cause la plus importante de mortalité dans le monde avec plus de 63% de la totalité des décès annuels. En 2008, 36 millions de décès ont été imputés aux MNT (dont 1 million au diabète) et 80% d’entre eux surviennent dans les pays à revenu faible ou moyen. La fédération internationale du diabète (FID) estime que 8.3% des adultes, soit 382 millions de personnes, sont atteintes de diabète de par le monde. La parité est presque respectée puisqu’en 2013 198 millions d’hommes vs 184 millions de femmes sont diabétiques. La FID prévoit une augmentation de 55% d’ici 2035, soit 592 millions de diabétiques. Il y a plus de diabétiques vivant en zone urbaine (246 millions) qu’en zone rurale (136 millions) et cette différence devrait s’accroître d’ici 2035. Les zones rurales des pays à revenus très faibles subiront vraisemblablement la plus forte augmentation. Certains groupes ethniques sont plus touchés par le diabète, notamment les populations indigènes. En effet, la prévalence du diabète est plus élevée chez les Amis et Atayals taïwanais, les Aborigènes d’Australie, les Sioux nord-américains et les Pimas Nord-Amérindiens.
Actuellement, la FID estime à 19,8 millions le nombre d’adultes atteints de diabète dans la région AFR (Fig.1), un chiffre qui devrait plus que doubler d’ici 2035. L’urbanisation grandissante et le vieillissement de la population a induit une augmentation des taux de diabète et d’obésité. Ainsi, les estimations de prévalence du diabète dans les villes rejoignent et parfois même dépassent celles des pays à haut revenu. Une grande proportion (63%) des cas de diabète sont non diagnostiqués. De la même façon, un développement économique et social rapide couplé au vieillissement de la population a induit une forte augmentation de la prévalence du diabète de type 2 (DT2) dans la région MENA. La FID estime à 34,6 millions le nombre de diabétiques (Fig. 1), chiffre qui devrait presque doubler d’ici 2035. Cette région a la plus forte prévalence de diabète avec 10,9% de diabète. D’ailleurs, trois des pays de cette région sont dans le top 10 des pays ayant la plus forte prévalence : l’Arabie Saoudite (24%), le Koweït (23%) et le Qatar (23%).
Le nombre de diabétiques dans la région EUR est estimé à 56,3 millions (Fig. 1), soit 8,5 % de la population adulte. La Turquie a la plus forte prévalence (14,8%). C’est la région avec la plus forte prévalence de diabète de type 1 avec environ 129300 cas et 20000 nouveaux cas par an. La FID estime que 36,8 millions de diabétiques vivent dans la région NAC (Fig. 1) et que ce nombre devrait être porté à 50,4 millions en 2035. Les îles des Caraïbes sont les plus touchées et la prévalence est constamment au-dessus de la moyenne mondiale : Belize (15,9%), la Guyane (15,9%), Curaçao (14,5%) et la Martinique (14,3%). La prévalence dans la région NAC est de 9,6% ce qui en fait la deuxième région la plus touchée. Les dépenses de santé relatives au diabète sont élevées avec 42% des dépenses mondiales et dont la majeure partie provient des États-Unis et du Canada. La prévalence de la région SACA est estimée à 8% de la population adulte, soit 24,1millions de diabétiques. (Fig. 1) En 2035, la FID estime que ce nombre devrait augmenter de presque 60%, car cette région est en transition économique et l’urbanisation grandissante devrait influencer la prévalence. Environ 8,2% de la population adulte mondiale, soit 72,1 millions de diabétiques vivent dans la région SEA. (Fig. 1) En 2035, ce nombre devrait être porté à 10,1% soit 123 millions de diabétiques. Les îles Maurice ont la plus forte prévalence de diabète (14,8%), mais aussi le plus haut PIB. La région WP abrite 138,2 millions de diabétiques soit 8,6% des adultes. (Fig.1) Au cours des 20 prochaines années, l’augmentation de la prévalence est estimée à 11,1%. Les îles du Pacifique sont les plus touchées par le diabète : les Tokelau (37,5%), la Micronésie (35,0%), les îles Marshall (34,9%), les Kiribati (28,8%), et les Îles Cook (25,7%).
L’étude ENTRED réalisée entre 2000 et 2009 a permis d’estimer le taux de prévalence du diabète traité en France. Ce dernier a progressé de 2,6% à 4,4% soit de 1,6 à 2,9 millions de personnes pour la France entière. Ce taux est estimé par la FID à 8,2% pour 2035. Des variations géographiques importantes des taux de prévalence du diabète étaient observées en 2009. (Fig. 2) Les taux étaient particulièrement élevés dans les DOM, dans le nord et le nord-est de la métropole, notamment au Nord-Pas-de-Calais avec 5,4 % et faibles dans l’ouest de la métropole. Des taux contrastés étaient observés au sein de la région Ile-de-France avec par exemple 5,8 % en Seine-SaintDenis, mais seulement 3,2 % à Paris. Si un risque génétique élevé permettait d’expliquer la forte prévalence dans les régions d’outre-mer, des conditions socioéconomiques défavorables sont davantage en cause pour les autres départements les plus touchés. En effet, un niveau socioéconomique défavorisé est corrélé avec une progression plus forte de l’obésité. À noter que l’origine ethnique joue aussi un rôle puisque les femmes d’origine maghrébine avaient un risque de diabète plus de 2 fois supérieur à celui des femmes d’origine française.
La FID estime que presque la moitié (46%, soit 175 millions) des personnes ne sont pas diagnostiquées pour le diabète de par le monde. Cependant, cette prévalence varie drastiquement selon les régions du monde et serait autour de 20% en France alors qu’elle peut atteindre 90% dans les pays à revenus très faibles. Cette proportion élevée s’explique d’une part, par un manque de moyens pour le dépistage ou un mauvais diagnostic dû à la grande variété de complications, et d’autre part, par le fait que les stades de prédiabète peuvent durer plusieurs années en restant asymptomatiques. De plus, la difficulté d’appliquer des résultats de recherche du traitement du DT2 et des changements de comportement de quelques patients à une population demeure un véritable défi.
Les frais de santé relatifs au diabète représentent 10,8% des dépenses totales liées à la santé dans le monde en 2013, soit environ 548 milliards de dollars. La menace de submerger les systèmes de santé à travers le monde est bien réelle sachant que ce coût pourrait excéder 627 milliards de dollars d’ici 2035. Ces dépenses sont loin d’être homogènes et 20% des dépenses globales sont faites dans les pays à revenus faibles et moyens, là où 80% des diabétiques résident. En moyenne, 5621$/an sont dépensés par diabétique dans les pays à hauts revenus alors que 356$/an sont dépensés dans les pays à revenus moyens et faibles. En France, le remboursement moyen annuel était estimé en 2007 à 5300€ par diabétique. En 2007, l’hôpital et les médicaments représentaient les plus gros postes de dépenses, soit 37 % (4,7 milliards €) et 27% (3,4 milliards €) des dépenses totales.
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Table des matières
I. Introduction
A. Le diabète de type 2
1) Contexte
2) Épidémiologie
3) Définition
4) Complications
5) Critères de diagnostic du diabète
6) Physiopathologie
7) Traitements
8) Facteurs de risque
9) Causes génétiques des formes communes
10) Causes génétiques des formes rares
B. L’obésité
1) Contexte
2) Définition
3) Épidémiologie
4) Complications
5) Physiopathologie
6) Traitements
7) Facteurs de risque
8) Causes génétiques des formes communes
9) Causes génétiques des formes rares
C. Génétique des maladies rares
1) Analyse de liaison
2) Séquençage Sanger
3) Séquençage nouvelle génération
II. Présentation des travaux
A. Article 1: Whole-Exome Sequencing and High Throughput Genotyping Identified KCNJ11 as the Thirteenth MODY Gene
B. Article 2: Highly sensitive diagnosis of 43 monogenic forms of diabetes or obesity through one-step PCR-based enrichment in combination with next-generation sequencing
C. Article 3: A nonsense loss-of-function mutation in PCSK1 contributes to dominantly inherited human obesity
III. Discussion générale et perspective
A. Le séquençage d’exome
B. Le séquençage ciblé
C. Perspectives thérapeutiques
D. Perspectives technologiques
E. Perspectives scientifiques
IV. Bibliographie
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