Le régime ZAFY Albert (27 Mars 1993- 05 Septembre 1996)
a- Les problèmes rencontrés par le régime : Dès le début, le régime ZAFY a rencontré des problèmes constitutionnels. En effet, d’après la nouvelle Constitution, le Premier Ministre n’est pas choisi par le Président de la République mais doit être élu par l’Assemblée Nationale. Or, les deux dirigeants respectifs, tous deux élus, ne s’entendaient pas parfaitement, ce qui entraîna des conflits au sein de l’exécutif. Le Président ZAFY demanda donc une révision de la Constitution. Par un référendum, il fit adopter le droit au Président de la République, de choisir et de mettre fin au mandat du Premier Ministre proposé par l’Assemblée Nationale. Cet amendement, une fois adopté, provoqua cependant par la suite des mécontentements parce que le Président choisit parmi les proposés pour être Premier Ministre un membre de son propre parti. Or, les Forces Vives composées de plusieurs partis politiques, étaient convenues avant les élections que les trois principaux postes, Président de la République, Premier Ministre et Président de l’Assemblée Nationale devraient être tenus par trois partis politiques différents. Pour montrer leur refus, les députés déposèrent donc une motion de censure à l’encontre du Premier Ministre nouvellement nommé. Cette motion fut votée à l’Assemblée, le Président dut s’y soumettre, mais il exigea encore la majorité des membres du gouvernement pour son parti. Cette attitude fit augmenter son impopularité aux yeux de ses interlocuteurs. En outre, il effectuait trop souvent des tournées qualifiées de « Mada raid » dans l’arrière pays, retardant la prise de décision dans les affaires nationales. Il perdit complètement la confiance des partis politiques. Aussi les députés avancèrent-ils une motion d’empêchement pour le destituer de son poste.
b- Fin du régime : Le régime ZAFY prit fin par cet empêchement voté par l’Assemblée Nationale et entériné par la Haute Cour Constitutionnelle ou HCC. Les motifs évoqués étaient le non respect flagrant de la Constitution. Après avoir étudié la motion conformément à la loi, la HCC proclama que la saisine faite par le Président de l’Assemblée Nationale est régulière et recevable. Elle a constaté la violation de la Constitution et déclaré l’empêchement définitif du Président de la République. Le pouvoir fut ainsi confié au Premier Ministre Norbert Lala RATSIRAHONANA.
La politique des missionnaires anglicans
Nous avons déjà vu que le village d’Ambatoharanana s’est construit parallèlement à l’installation de la mission anglicane. Cette dernière a joué un rôle important dans le développement de la vie socio-économique et culturelle du village. Les missionnaires ont construit non seulement une église pour la région, mais également un collège théologique pour former les clergés de l’église anglicane de tout Madagascar et des laïcs, et ceci jusqu’à aujourd’hui. Mis à part ce côté ecclésiastique ou spirituel, ils ont aussi bâti une école d’enseignement général pour les enfants du village et entretenait la santé de la population par la mise en place d’un dispositif sanitaire efficace et permanent. En outre, ils n’ont pas négligé la construction d’un atelier d’apprentissage de différents métiers pour aider les paysans à se développer eux-mêmes. On constate que les missionnaires britanniques, surtout dans les vingt premières années de leur installation, c’est-à-dire avant la colonisation, ne se sont pas contentés de forger la foi des Malgaches. Ils se sont aussi efforcés de transformer leurs conditions de vie matérielle et économique. Ces objectifs peuvent être vérifiés même dans le programme des matières enseignées à l’école et au Collège où l’on remarque entre autres l’économie politique, la physique et la chimie, la physiologie, la littérature des célèbres écrivains comme Shakespeare,…Toutes ces matières ont été enseignées en malgache pour être vraiment acquises et maîtrisées par les élèves malgaches. Malheureusement, ces actions ont été arrêtées ou fortement perturbées par la politique de la colonisation française. Les premiers missionnaires qui ont travaillé à Ambatoharanana ont été tous de très haut niveau et avec diverses spécialités. L’exemple le plus frappant est celui du Révérend Francis Ambrose Gregory qui a dirigé la station dès son ouverture jusqu’en 1900. Il avait le diplôme de Master of Art et son épouse aussi était une universitaire. Ils étaient venus à Madagascar en 1874 juste après leur mariage. Ils appartenaient à la noblesse anglaise et étaient très riches. A eux seuls, ils avaient pris en charge presque la totalité de l’argent nécessaire à la construction du bâtiment en pierre du Collège théologique, dont le montant s’élevait à des milliers de Livres sterlings. Ils ont également donné gratuitement beaucoup d’ouvrages à la bibliothèque pour l’usage des étudiants. Gregory, en tant que Principal ou directeur du Collège, avait réussià former pendant son mandat une quarantaine de catéchistes, de diacres et de prêtres nationaux. Il avait pu construire avec ses collaborateurs plus d’une trentaine d’églises dans le District7 d’Ambatoharanana. Après son départ en 1900, le nombre des missionnaires anglicans a progressivement diminué parce que les responsables de Londres ne voulaient plus trop s’imprégner à Madagascar devenue entretemps une colonie française.
Analyse des données
Nous pouvons tirer du tableau que la majorité de la population vit maintenant de l’agriculture. Or, il faut noter qu’un certain nombre d’entre eux, en plus du travail de la terre, avaient trois ans auparavant d’autres occupations. Beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles allaient en ville travailler dans des entreprises surtout les zones franches. Suite à la fermeture de nombreuses entreprises due à la crise sociopolitique, la plupart de ces jeunes, devenus brusquement chômeurs sont retournés à la campagne. Ils n’avaient d’autre choix que de se mettre au travail de la terre au village, afin d’éviter disent-ils de tomber dans les mauvaises tentations urbaines comme les bandes organisées pour les jeunes hommes et la prostitution pour les jeunes filles. Certes, le travail dans ces zones franches n’était pas de tout repos : les ouvriers et ouvrières étaient quelquefois obligés de venir à l’usine même le samedi et le dimanche et y rester tard jusqu’au milieu de la nuit. Le salaire également était très bas. Cependant, ils gagnaient un peu d’argent et arrivaient tant bien que mal à survivre. Lors des enquêtes, nous avons souvent entendu dire : « Avant, nous n’avions pas du temps pour nous reposer car il y avait toujours des travaux à faire. Il était rare de nous voir au village. Maintenant, on reste tout le temps ici ». En effet, il faut reconnaître que le travail de la terre est dur, long -plus de six mois d’attente, fatigant, alors que le rendement est bien faible et les prix non payants. Le paysan ne gagne pas beaucoup de bénéfice, puisqu’il n’a pas les moyens d’utiliser ni engrais ni matériels agricoles qui permettraient d’augmenter la productivité. Il travaille toujours d’une façon traditionnelle. Il n’existe aucune assurance de garantie contre les dégâts cycloniques ou les maladies, entre autres le paludisme qui affaiblit souvent le cultivateur. Les mêmes conditions de travail sont aussi valables pour l’élevage à caractère extensif peu soigné. Ces différentes raisons font que les jeunes préfèrent autant que possible quitter le village, considéré comme lieu de pauvreté. Ils aspirent à une vie meilleure, à d’autres métiers plus rémunérateurs, impossible à trouver au village. La fermeture de la plupart des grandes, moyennes et petites entreprises a donc fait en sorte que des villageois, surtout les jeunes, se sont retrouvés brusquement sans travail, et ont décidé de retourner malgré eux dans l’agriculture et l’élevage. Les autres types de métier, faute de vraies entreprises, sont rares et certains n’arrivent pas à faire vivre leurs employés.
Effets sur le Collège théologique d’Ambatoharanana
Le cas du Collège doit absolument être pris en considération, tout d’abord, du fait que le village n’existerait pas si le Collège théologique n’existait pas. Ensuite, il faut rappeler que le Collège procure du travail aux villageois. Et enfin il assure la formation des futurs prêtres anglicans. L’anglicanisme compte un nombre important de fidèles. Il fait aussi parti du FFKM qui a toujours joué des rôles importants dans l’histoire de la nation malgache. La crise a eu un effet dévastateur sur le Collège. Vu qu’il dépendait pratiquement de subventions extérieures, la coupure brutale de ces subventions au début de l’année 2012 a anéanti, tout comme la suspension d’autres subventions extérieures accordées à Madagascar d’ailleurs. Le Collège fait donc face à un grand problème de financement actuellement. Les frais de fonctionnement étaient jusqu’alors couverts par cette ressource extérieure : les cours dispensés, le salaire du personnel, les bourses octroyées aux étudiants, la JIRAMA,… Tous ont été profondément affectés et le nombre des étudiants a été réduit en conséquence. On se demande comment le collège va faire pour ne pas fermer ses portes. Qui va subvenir à toutes les dépenses alors que tout le monde est dans l’impasse? Comment va-t-on payer les employés ou les factures d’électricité ? Qui va accepter de donner sans recevoir en retour car le Collège ne produit pas mais engendre des dépenses comme tout établissement de formation ? Les étudiants ont été les plus touchés. Si auparavant, ils ont reçu une bourse mensuelle, ce n’est plus le cas actuellement. Ils doivent maintenant s’assumer. Les responsables essaient tant bien que mal de trouver des solutions au problème en sensibilisant tout un chacun et surtout les chrétiens anglicans. Cette année-ci, il n’y avait plus eu de concours d’entrée en première année. La crise a empêché le recrutement bien que des jeunes gens aient manifesté le désir d’y entrer. D’une certaine manière, la vocation de ces jeunes a été étouffée par la crise. Cette dernière a aussi créé des tensions chez ces étudiants habitués à être pris en charge.
Considérations sur la vie politique chilienne
Nous pouvons constater par cette chronologie sommaire que la vie politique chilienne n’a pas connu de paix durable. Elle a été la plupart du temps mouvementée, marquée par de fréquentes successions de dirigeants. Le passage du régime royal à un régime démocratique n’est pas facile. Cette difficulté réside dans le fait que les élites naissantes de l’indépendance s’affrontent dans des combats interminables. Tout le monde veut s’emparer du pouvoir et diriger le pays. Ce phénomène n’est pas nouveau. Il faut cependant remarquer que dans le cas du Chili, malgré les conflits entre les élites, la majorité aspire quand même à un régime politique démocratique plutôt que dictatorial depuis l’indépendance. Cette aspiration est vérifiée par l’apparition de différents partis politiques et également par le rejet de toute forme de dictature effectuée par les dirigeants. Dès l’apparition d’un abus de pouvoir ou d’une autorité déviante, la réaction populaire ne se fait pas attendre et les manifestations ne s’arrêtent qu’après le renversement de ces dictateurs. Pour un pays qui a pendant longtemps souffert sous le joug d’une autorité coloniale, il n’est pas étonnant si la population n’accepte plus toute forme de dictature et que sa vie politique s’oriente vers la démocratie. Ils obligent les dirigeants à se soumettre et à réaliser cet objectif commun. Cependant, dans cette marche vers la démocratie, l’armée a été quelque peu mise à l’écart. Elle a été confinée dans un espace très réduit. Cette restriction a été longtemps entretenue par les dirigeants successifs. Or, pareille situation a d’une certaine manière contribué à l’avènement au début des années soixante dix du gouvernement autoritaire de Pinochet. L’armée, réduite à un rôle seulement de spectateur de la vie politique, alors qu’elle a été maintes fois sollicitée auparavant pour régler les crises politiques, éprouvait un sentiment de frustration. Aussi, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, Pinochet a-t-il fait en sorte que les militaires détiennent tous les pouvoirs et les civils ont été écartés du gouvernement. En conclusion, nous pouvons dire que globalement trois types de régimes se sont succédés dans la vie politique chilienne : la royauté, une période de démocratie assez mouvementée, qui s’est terminée par un long régime autoritaire avant de revenir actuellement à un système plus démocratique. Tout ceci nous permet d’avoir un aperçu sur la vie politique chilienne. On y retient la difficulté d’avoir un régime politique stable pour un pays en voie de développement. Nous allons maintenant procéder à l’étude du cas très intéressant d’un autre pays en développement de l’Amérique latine, le Brésil.
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Table des matières
REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
1-Généralités
2-Choix du village d’enquête
3-Problématique
4-Objectifs
5-Hypothèses
6-Méthodologie
7-Limites du travail
8-Plan du document
PREMIERE PARTIE : HISTOIRE SOCIOPOLITIQUE NATIONALE ET MONDE RURAL
CHAPITRE I : APPROCHE CONCEPTUELLE
Section I.1 : Définition de la politique
Section I.2 : La philosophie politique
Section I.3 : Politique et religion
Section I.4 : Athéisme et convictions politiques
CHAPITRE II : LES REGIMES POLITIQUES A MADAGASCAR
Section II.1 : La Première République
II.1.1. Le Président Philibert Tsiranana (01er Mai 1959-11 Octobre 1972)
a-Déclaration de l’indépendance de Madagascar
b-Signature de différents accords
c-Fin du régime Tsiranana
II.1.2. Le Gouvernement RAMANANTSOA (11 Octobre 1972-05 Février 1975)
a-Objectifs du Gouvernement
b- Réalisation des objectifs
c-Fin du Gouvernement Ramanantsoa
II.1.3. Le Gouvernement RATSIMANDRAVA (05 Février1975-11 Février 1975)
II.1.4. Le Directoire Militaire (11 Février1975-15 Juin 1975)
a- Formation du Directoire Militaire
b- Objectifs et réalisations
c-Fin du Directoire Militaire
II.1.5. Le Gouvernement RATSIRAKA (15 Juin 1975- 21 Décembre 1975)
Section II. 2 : La Deuxième République (21 Décembre 1975 – 27 Mars 1993)
II.2.1. Objectifs du régime RATSIRAKA
II.2.2. Réalisation de ces objectifs
II.2.3. Fin de la Deuxième République
Section II.3 : La Troisième République
II.3.1. Le régime ZAFY Albert (27 Mars 1993- 05 Septembre 1996)
a- Les problèmes rencontrés par le régime
b- Fin du régime
II.3.2. Le Gouvernement RATSIRAHONANA (05 septembre 1996-09 Février 1997)
a- Objectif du Gouvernement
b-Réalisations de l’objectif
c-La fin du gouvernement
II.3.3. Le nouveau régime Ratsiraka (09 Février 1997- 05 Juillet 2002)
a- Actions du régime RATSIRAKA
b- Fin du régime
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE: LE VILLAGE D’AMBATOHARANANA ET LA CRISE SOCIOPOLITIQUE
CHAPITRE III : PRESENTATION DE LA COMMUNE RURALE MERIMANDROSO
Section III.1 : Historique
Section III.2 : L’administration
III.2.1. Les Fokontany
III.2.2. Organigramme de la Commune rurale de Merimandroso
III.2. 3 : Croquis du chef lieu de la commune rurale de Merimandroso
Section III.3 : L’Education
Section III. 4 : L’électricité et l’eau potable
Section III.5 : Le dispositif sanitaire
Section III.6 : Croyances et religions
CHAPITRE IV: LE VILLAGE D’AMBATOHARANANA
Section IV.1 : Origine du village d’Ambatoharanana
IV.1.1. Historique
IV.1.2. Croquis du village d’Ambatoharanana
IV.1.3. La politique des missionnaires anglicans
IV.1.4. Accessibilité
IV.1.5. Sécurité
Section IV.2 : Les activités économiques
IV.2.1. L’Agriculture
IV.2.2. Le Commerce
IV.2.3. L’Artisanat et l’Industrie
Section IV.3 : Education et Santé
IV.3.1. Ecole et Eglise
a- Le Collège théologique Saint Paul Ambatoharanana
b-L’Ecole Saint Paul
IV.3.2. Eglise
IV.3.3. Santé
CHAPITRE V : EFFETS DE LA CRISE SOCIOPOLITIQUE SUR L’EMPLOI
Section V.1 : Impacts sur l’emploi
V.1.1. Interprétation des données
V.1.2. Analyse des données
Section V.2 : Impacts sur les revenus
V.2.1. Comparaison des revenus par métier
a-Interprétation des données
b-Analyse des données
V.2.2. Comparaison des revenus des maçons
a-Interprétation des données
b-Analyse des données
CHAPITRE VI : EFFETS SUR LA POPULATION
Section VI.1 : Impacts sur le revenu des paysans
VI.1.1. Interprétation des données
VI.1.2. Analyse des données
Section VI.2 : Impacts de la crise sur la vie quotidienne
V1.2.1. Changement sur le travail des paysans
VI.2.2. Effets sur le Collège théologique d’Ambatoharanana
VI.2.3. Effets sur l’école
VI.2.4. Effets sur la santé de la population
VI.2.5. Impacts psychologiques
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
TROISIEME PARTIE : COMMENT SORTIR DE LA CRISE?
CHAPITRE VII : PERSPECTIVES POUR L’AMELIORATION DU NIVEAU DE VIE DE LA POPULATION
Section VII.1 : Point de vue des villageois
VII.1.1. Au niveau local
VII.1.2. Au niveau national
Section VII.2 : Prise en considération des besoins du peuple
VII.2.1. Stabiliser la situation politique
VII.2.2. Approfondir au maximum les aspirations de la population
VII.2.3. Remettre en confiance les villageois
CHAPITRE VIII : EXEMPLES DE DEUX PAYS EN CRISE ET PERSPECTIVES
Section VIII.1 : le cas du Chili
VIII.1.1. Historique
VIII.1.2. Evolution de la vie politique chilienne
VIII.1.3. Les dates marquantes de la vie politique Chilienne
VIII.1.4. Considérations sur la vie politique chilienne
Section VIII.2 : Le cas du Brésil
VIII.2.1. Histoire de la vie politique brésilienne
VIII.2.2. Considérations sur la vie politique brésilienne
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES ABREVIATIONS ET DES SIGLES
LISTE DES PHOTOS D’ILLUSTRATION
LISTE DES CROQUIS
ANNEXES
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