Criblage viral et identification des repas sanguins

Criblage viral et identification des repas sanguins

PRร‰SENTATION DU VIRUS DE LA FIรˆVRE DE LA VALLร‰E DU RIFT

La fiรจvre de la Vallรฉe du Rift (FVR) est provoquรฉe par un arbovirus (VFVR) appartenant ร  la famille des Bunyaviridae et au genre Phlebovirus (Bird et al., 2009). Ce virus transmis par des Culicidae (moustiques) possรจde une enveloppe lipidique avec 2 glycoprotรฉines de surface G1 et G2 et son gรฉnome est constituรฉ de 3 segments ยซ large (L) ยป, ยซ medium (M) ยป et ยซ small (S) ยป. Ce virus ร  ARN est capable de supporter un cycle avec des rรฉplications alternatives chez des hรดtes vertรฉbrรฉs et invertรฉbrรฉs grรขce ร  une grande plasticitรฉ gรฉnรฉtique et ร  un taux รฉlevรฉ de mutation (Holland et al., 1998).
Le virus de la FVR circule habituellement chez les animaux sauvages selon un cycle sauvage (cycle selvatique) dont les modalitรฉs sont encore mal dรฉfinies. Le virus peut รฉgalement adopter un cycle domestique et atteindre des animaux domestiques ou de rente (bovins, ovins, caprins) et provoquer d’importantes รฉpizooties accompagnรฉes d’un fort taux de mortalitรฉ et d’avortement. Le virus FVR est zoonotique, signifiant qu’il peut รฉgalement affecter lโ€™homme qui est considรฉrรฉ comme un hรดte accidentel. Chez ce dernier, le virus peut รชtre ร  l’origine de fiรจvres hรฉmorragiques d’issue souvent fatale (Davies et al., 2006).

TRANSMISSION VECTORIELLE

Bien que les Phlรฉbovirus sont en gรฉnรฉral transmis par des phlรฉbotomes (Diptรจres,Psychodidae ), le virus FVR est transmis par des Culicidae (Flick et al., 2005). Les moustiques connus pour รชtre vecteurs de ce virus sont nombreux (tableau 1). En gรฉnรฉral, ils appartiennent aux genre Culex et Aedes (Chevalier et al., 2005) mais le virus a รฉgalement รฉtรฉ dรฉtectรฉ chez les genres Anopheles, Mansonia, Eretmapodites et Coquillettidia (Bird et al., 2009). Ces moustiques jouent le rรดle de vecteurs biologiques qui sont essentiels au maintien du virus. La transmission du virus se fait principalement de maniรจre horizontale (le moustique s’infecte lors d’une piqรปre sur un vertรฉbrรฉ virรฉmique), mais chez des espรจces comme Aedes mcintochi la transmission verticale (transmission
trans-ovarienne: une femelle infectรฉe peut infecter sa descendance) a รฉtรฉ mise en รฉvidence (Chevalier et al., 2008). Les moustiques du genre Culex jouent aussi un rรดle important car ils possรจdent une capacitรฉ vectorielle รฉlevรฉe (Bird et al., 2009). Le pathogรจne est transfรฉrรฉ du lieu de
l’injection aux noeud lymphatiques. Il y a ensuite rรฉplication puis dรฉclenchement de la virรฉmie. Le cycle de transmission de la FVR le mieux caractรฉrisรฉ est le cycle domestique (Figure 2).
Les pรฉriodes d’รฉpizooties, durant lesquelles la transmission est intense, sont entrecoupรฉes de pรฉriodes dites d’inter-รฉpizooties qui peuvent durer plusieurs annรฉes, avec une subite rรฉapparition du virus. Bien que le rรดle de transmission verticale dans le maintien du virus ait รฉtรฉ dรฉmontrรฉ, l’existence d’un cycle sauvage jouant le rรดle de rรฉservoir de virus a รฉgalement รฉtรฉ รฉvoquรฉ (Geering et al., 2003 ; AFSSA, 2008 ; Bird et al., 2009). Cette hypothรจse est confirmรฉe par des รฉtudes qui mettent en รฉvidence une circulation du virus chez l’homme dans des zones oรน le bรฉtail est absent (Nakounne et al., 2000). Par ailleurs, le virus a รฉgalement รฉtรฉ isolรฉ chez des moustiques exclusivement forestiers (Aedes (Neomelaniconion) gr. palpalis) (Cordellier et al., 1976), et des anticorps spรฉcifiques au virus de la FVR ont รฉtรฉ dรฉtectรฉs en Rรฉpublique d’Afrique Centrale chez des vertรฉbrรฉs sauvages comme le zรจbre et l’รฉlรฉphant (Evans et al., 2007). En dรฉpit de toutes ces informations, la comprรฉhension de la circulation du virus entre le cycle sauvage et le cycle domestique n’est pas encore totale. En effet, les hรดtes et les vecteurs intervenant dans le maintien du virus dans le cycle sauvage restent encore largement mรฉconnus. Le virus pourrait circuler grรขce ร  des contacts directs entre animaux sauvages et domestiques, par des vecteurs ou par l’intermรฉdiaire d’espรจces qui circulent dans les deux milieux (rongeurs).
Le VFVR a aussi รฉtรฉ isolรฉ ร  partir dโ€™autres arthropodes (phlรฉbotomes, simulies, cullicoides, tiques (Fontenille et al., 1998 ; Gerdes, 2004 ; AFSSA, 2008 ; Bird et al., 2009) qui pourraient permettre une transmission mรฉcanique bien que celle-ci n’aie jamais รฉtรฉ dรฉmontrรฉe.

TRANSMISSION DIRECTE

La transmission peut aussi se faire de maniรจre directe. En effet, quand les bovins, les ovins et les caprins prรฉsentent une forte virรฉmie, et sont en grand nombres, ils peuvent jouer le rรดle d’hรดtes amplificateurs. Ces hรดtes vont permettre la transmission directe d’un animal infectรฉ ร  un animal sain grรขce ร  la capacitรฉ du virus ร  se transmettre par des aรฉrosols . La contamination se fait par contact avec des animaux morts, des avortons ou tissus biologiques souillรฉs (placenta) (Geering et al., 2003 ; AFSSA, 2008 ; Chevalier et al., 2008 ; Bird et al., 2009). De la mรชme maniรจre, l’homme peut se contaminer au contact d’un animal infectรฉ via le sang, la viande fraรฎche, le lait …)
Les personnes les plus exposรฉes ร  ce virus sont les professionnels de la filiรจre de l’รฉlevage, et en
particulier ceux chargรฉs de l’abattage et de la dรฉcoupe de la viande.

MESURES DE CONTRร”LE DE LA FVR

La dรฉtection de la FVR est possible grรขce ร  la mise en place de systรจmes de surveillance passive et active. Ces systรจmes vont permettre de centraliser et d’analyser les informations qui leur parviennent afin de dรฉtecter au plus vite le dรฉclenchement d’รฉvรฉnements รฉpizootiques ou รฉpidรฉmiques. Les informations qui sont collectรฉes peuvent provenir de nombreuses sources: les professionnels de l’รฉlevage, les mรฉdecins. Cette surveillance implique donc de former et d’informer les personnes ร  risques. Lors de suspicions, il est essentiel de confirmer rapidement qu’il s’agit bien du VFVR car il existe de nombreuses pathologies avec une expression clinique similaire (ex:
maladie de Wesselsbron, fiรจvre catarrhale ovine, fiรจvre aphteuse…) (Geering et al., 2003, Davies et
al., 2006). Chez lโ€™homme, la FVR peut รชtre confondue avec une mรฉningite (AFSSA, 2008). La confirmation peut se faire grรขce ร  l’isolement du virus (culture cellulaire) ou par l’emploi de mรฉthodes molรฉculaires (RT-PCR ou sรฉrologiques (dรฉtection IgM ou IgG).
Pour les animaux, le vaccin vivant attรฉnuรฉ ยซ Smithburn ยป, peu coรปteux ร  produire, peut รชtre utilisรฉ lors d’รฉpizootie. Bien qu’assez efficace, ce vaccin ne peut cependant pas รชtre utilisรฉ sur les femelles gestantes, car il provoque des avortements et peut causer des effets neurologiques chez les jeunes animaux (Geering et al., 2003 ; Gerdes, 2004; OIE, 2005 ; AFSSA, 2008 ; Bird et al., 2009).
Concernant l’homme, il existe un vaccin humain (virus inactivรฉ) contre la FVR. Cependant sa fabrication est coรปteuse et difficile et il est donc utilisรฉ pour protรฉger les personnes ร  risque (Gerdes, 2004 ; OIE, 2005). D’autres vaccins candidats sont en cours d’รฉlaboration (MP-12, Clone 13) (Geering et al., 2003 ; Gerdes, 2004 ; OIE, 2005 ; AFSSA, 2008 ; Bird et al., 2009).

CONDITIONS DE L’ร‰MERGENCE DE LA FVR

L’รฉpidรฉmiologie complexe de la FVR et les รฉchanges commerciaux internationaux en constante augmentation รฉlรจvent le risque de dissรฉmination de la maladie (et dโ€™autres arboviroses telles que la dengue, le chikungunya,โ€ฆ) dans toute lโ€™Afrique et dans lโ€™Ocรฉan Indien (Zeller, 1997 ; InVS, 2009). La capacitรฉ du virus ร  infecter de nombreux vecteurs et de nombreux hรดtes lui permet de se propager facilement dans des pays indemnes (cas de la pรฉninsule arabique). L’existence d’un cycle sauvage encore mal connu est aussi un frein ร  la comprรฉhension de cette zoonose. La force de transmission de la FVR est basรฉe sur des interactions complexes entre moustiques vecteurs, vertรฉbrรฉs non-humains et humains(Wilson, 1994). En effet, l’impact de la FVR va dรฉpendre de nombreux facteurs: La densitรฉ des populations d’hรดtes et de vecteurs compรฉtents prรฉsents, les conditions climatiques et des conditions environnementales.
En Afrique orientale et australe les conditions climatiques influencent directement les รฉpisodes รฉpizootiques et/ou รฉpidรฉmiques. En effet cโ€™est lors de pluies abondantes quโ€™il y a une augmentation
des populations de moustiques. Dans ces conditions il peut y avoir une amplification virale importante. La pรฉriodicitรฉ de ces รฉpisodes รฉpizootiques et/ou รฉpidรฉmiques est donc influencรฉe par
de nombreux facteurs (Lithicum et al., 1987, 1999). Des systรจmes de prรฉdictions basรฉs sur l’รฉtude des variations de la tempรฉrature de surface des ocรฉans (FAO, 2008; AFSSA, 2008) et sur l’รฉtude de la vรฉgรฉtation (Lithicum et al., 1999) permettent de prรฉvoir de nombreux mois ร  l’avance le dรฉbut
d’รฉpizooties et/ou รฉpidรฉmies (Anyamba et al., 2009). Mais ces systรจmes de prรฉdictions ne sont pas adaptรฉs ร  toutes les situations. En effet ces systรจmes ont รฉtรฉ mis en รฉchec dans des zones oรน la circulation du virus reste incomprise. Les changements climatiques entrainent la modification de nombreux facteurs. Ces changements sont donc source d’inquiรฉtude car ils ont une influence sur la
rรฉpartition et la densitรฉ de populations des vecteurs et donc sur l’รฉpidรฉmiologie du virus. Mais d’autres facteurs comme le commerce du bรฉtail sont ร  l’origine de l’introduction du virus dans des zones indemnes (cas de l’Egypte). L’anthropisation du milieu est aussi un facteur important ร  prendre en compte. Dans le cas du Sรฉnรฉgal la fermeture d’un barrage a offert aux moustiques de nouveaux gรฎtes et a en mรชme temps modifiรฉ la densitรฉ des populations d’hรดtes en modifiant les ressources accessibles (Ndione et al., 2005). Les changements dans les modes d’รฉlevage, avec par exemple la sรฉdentarisation des populations d’รฉleveurs, l’importation de races europรฉennes sensibles sont des facteurs qui influencent l’รฉpidรฉmiologie du virus (Wilson, 1994). La frรฉquence des รฉpidรฉmies risque donc d’augmenter dans les prochaines annรฉes (Wilson, 1994).

FVR EN AFRIQUE CENTRALE

Des รฉtudes effectuรฉes dans des pays d’Afrique Centrale comme la RCA montrent que le virus est parfois retrouvรฉ chez des animaux et des vecteurs sauvages (Cordellier et al., 1976, Evans et al., 2007, Nakounne et al., 2000). Une รฉtude sรฉrologique menรฉe sur l’homme en milieu rural (Pourrut et al., 2010) suggรจre une circulation importante du virus au Gabon. En effet, sur 212 villages surveillรฉs, le taux de sรฉroprรฉvalence en IgG varie de 0 ร  38 %. Ces rรฉsultats correspondent ร  des taux enregistrรฉs durant des pรฉriodes d’inter-รฉpidรฉmie dans des pays ou la FVR est endรฉmique (LaBeaud et al., 2007; Wilson et al., 1994; Woods et al., 2002). Ces rรฉsultats laissent ร  penser que
le VFVR circule au Gabon, mais les modalitรฉs de cette circulation sont encore inconnues. Le nombre d’animaux domestiques (ovins, caprins, bovins) รฉtant presque nul, il est donc probable que
le virus se maintienne grรขce ร  un cycle sauvage forestier. Cette hypothรจse est appuyรฉe par l’isolement du VFVR chez des moustiques forestiers Aedes (Neomelaniconion) gr. palpalis (Cordellier et al., 1976) en RCA. Par ailleurs, dans ce mรชme pays des traces sรฉrologiques (IgG) chez des pygmรฉes vivants dans des rรฉgions de ce pays oรน les animaux domestiques sont virtuellement absents ont รฉtรฉ dรฉtectรฉes (Nakounne et al., 2000). La FVR รฉtant souvent confondue avec le Paludisme, le nombres de cas dรฉclarรฉs est faible. Toutes ces informations montrent qu’il est
essentiel d’รฉtudier les modes de circulation du virus.

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Table des matiรจres

Rร‰SUMร‰
ABSTRACT
REMERCIEMENTS
ABRร‰VIATIONS
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
I.INTRODUCTION
I.1.Prรฉsentation du virus de la Fiรจvre de la Vallรฉe du Rift
I.2.Historique et rรฉpartition
I.3.Transmission
I.3.1.Transmission vectorielle
I.3.2.Transmission directe
I.4.Impact
I.4.1.ร‰conomique
I.4.2.Sanitaire
I.5.Mesures de contrรดle de la FVR
I.6.Conditions de l’รฉmergence de la FVR
I.7.FVR en Afrique Centrale
II.OBJECTIFS DU STAGE
III.MATร‰RIEL ET Mร‰THODES
III.1.Site d’รฉtude
III.1.1.Lieux et dates de captures
III.1.1.1.Lambarรฉnรฉ
III.1.1.2. Lopรฉ
III.1.2.Collecte des Culicidae
III.1.2.1.Piรจge lumineux (CDC)
III.1.2.2.Capture sur Homme
III.1.3.Identification et mise en lot.
III.2.Analyse
III.2.1.Criblage viral
III.2.1.1.Broyage
III.2.1.2.Extraction dโ€™ARN
III.2.1.3.PCR Pan-Phlรฉbo
a)RT-PCR
b)PCR nichรฉe
III.2.1.4. Migration et rรฉvรฉlation
III.2.1.5. PCR en temps rรฉel
III.2.1.6.Sรฉquenรงage
III.2.2.Identification des repas sanguins
III.2.2.1.Extraction
III.2.2.2.Amplification, rรฉvรฉlation
III.2.2.3.Sรฉquenรงage
IV.Rร‰SULTATS
IV.1. Captures
IV.1.1.Lambarรฉnรฉ
IV.1.2.La Lopรฉ
IV.2. Criblage viral et identification des repas sanguins
IV.2.1.Criblage viral
IV.2.1.1.RT-PCR pan-phlรฉbo
IV.2.1.2.QRT-PCR
IV.2.1.3.Sรฉquenรงage
IV.2.2.Repas sanguin
IV.2.2.1. Sรฉquenรงage
V.DISCUSSION
V.1.Mรฉthodes de captures
V.2.Mรฉthodes de biologie molรฉculaires
V.2.1.Criblage viral
V.2.2.Identification des repas sanguins
VI.CONCLUSIONย 
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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